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FILS DE DIEU

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l’union du Verbe avec le Dieu de l’univers, car le Père et moi, dit-il, nous sonmics un et je suis dans le Père et le Père est en moi. Ainsi seront sauvegardées et la Trinité divine et la sainte prédication de la monarchie. » P. L., t. V, col. 109-116.

C'était bien la doctrine consubstantialiste imposée par Rome à l’Orient pour autant que celui-ci en avait besoin ; peut-être même le mot ôaoojcrt’j ; y était-il inculqué, si l’on en juge par les excuses de Denys de ne l’avoir pas employé ; c'était, de plus, une condamnation expresse du subordinatianisnie au moins rigide.

Toutefois, quelle était la doctrine du patriarche alexandrin, disciple d’Origène ? Il se défend d’avoir jamais nié l'éternité du Fils ; il s'était, au contraire, efforcé de la prouver par ces raisons que le Père toujours fut Père et toujours resplendit sa lumière,

l(ôç Èx cpwTo ;, avxp-/ov, àîi^cvi ;. A propOS dU COn substantiel, il concède avoir employé, mais en passant, quelques comparaisons impropres (sans doute pour s’adapter aux esprits qu’il voulait convaincre) et n’avoir pas employé le mot ôjj.oojTtor, parce qu’il n'était pas biblique ; mais il en admettait pleinement la doctrine et s'était servi d’autres comparaisons plus justes : père et enfant, source et fleuve, etc. ; il développait de nouveau en particulier celle de la parole et de l’esprit pour en montrer l’application orthodoxe : « la parole est une émanation de l’esprit ; l’esprit, c’est la parole immanente ; la parole, c’est l’esprit exprimé, tous deux sont une chose tout en en étant deux, î-i l'.ii-i ovre ; oV., » ainsi le Père et le Fils procédant du Père sont un et l’un dans l’autre, ï'i y.ix : Èv iXir^Koic. Il ne divisait donc pas la Trinité, mais l’affirmait « indivisible unité étendue en Trinité ou Trinité indivisible ramenée à l’unité. » Cette doctrine ne peut se restreindre à une unité spécifique ; l’opioY^ ; et l’oij.oyjÉ ; de Denys signifient donc unité ontologique et non pas seulement abstraite ; il n’y a aucune raison de dire comme J. Burel, op. cit., p. 108, 110, que le patriarche grec ne comprit pas le sens de l'6(j.GOJc-to ; romain. Il n’y eut pas davantage malentendu sur rjTiô'7Ta<ji ;  ; de part et d’autre on condamne les hypostases divisées, étrangères l’une à l’autre, |Jî|j.cp'.<>p.=vai ;. ?Évaç à), ), r|), tov, et Denys eut raison de maintenir les trois hypostases, « que cela plût à ses adversaires ou non. »

Enfin, assurait-il encore, jamais il n’avait songé à faire du Père le créateur du Fils (noi-rix-fiç, Sïiixto-jpY6 :) ; le Père est Père. Cependant Trocvitr, ; a pu être employé dans ce sens large vulgaire qui s’applique même à la paternité. Cf. S. Athanase, De sent. Dionys., 15-23.

Si telle était la pensée de saint Denys avant la lettre du pape, comment a-t-on pu accuser le patriarche des erreurs indiquées plus haut ? Évidemment il avait employé certaines expressions excessives, entraîné qu’il avait été par son zèle à combattre l’impiété libyenne, S. Basile, Episi., ix, P. G., t. xxxii, col. 267, bien que saint Athanase mette tout sur le compte d’une certaine diplomatie polémique, De senl.Dyonisii, 6-12 ; mais on avait aussi excédé, en interprétant avec trop de rigueur ces expressions, surtout en en tirant des conclusions bien éloignées de la pensée, au fond orthodoxe, de saint Denys. Il n’y a aucun fondement à contester ce jugement de saint Athanase, ou du moins celui de saint Basile, et à prétendre connaître mieux qu’eux la doctrine de Denys le Grand pour l’accuser de scmi-arianisme. J. Burel, op. cit., p. 111.

J. Tixeront, op. cit., t. i, p. 404-413 ; Ilageman, op. cit. (sur le monarcliianisme), p. 411-453 ;.1. Burel, Dcnijs d’Alexamlrie, Paris, 1910, p. 95-113 ; les nnics del'édiliou de Ch. L. Foltoc, The kllers and other remains o/ Dijonisius of Alexandrin, Camtjridge, 1904 ;.J. Schwanc, op. cit., t. i, 191-199.

3. Quand Denys devint évêque (248), Théognoste devint chef du Didascalée. Il publia des Hypotyposcs, vrai manuel de théologie systématique dont le 1. II traitait du Fils. Photius, qui lut et analysa l’ouvrage, l’accusa de subordinatianisme, Bibliollieca, cod. 106 ; il appelait le Fils Kricrpa et restreignait son influence aux '/.oyiy.à. Mêmes accusations dans saint Grégoire de Nysse, Contra Eunom., iii, 3. Pourtant les fragments conservés dans saint Athanase, De decrelis nicœn. syn., 25 ; Epist. ad Serapion., iv, 11, P. G., t. x, col. 240-241 ; et ceux que Diekamp a publiés en 1902 (voir A. Harnack, Die Hypolyposen des Tlieognost., dans Texte und Uniers., 1903, t. ix, fasc. 3) sont orthodoxes ; le Fils procède de l’essence du Père, ki xf^c TùC llaToôi ; o-jryioiç (il n’est donc pas une créature au sens strict) et il a une ressemblance parfaite, exacte, avec le Père selon l’essence (son pouvoir n’est donc limité que de fait comme Fils rédempteur). Avec des expressions équivoques, c’est tout au plus le subordinatianisme mitigé, comme chez Origène.

Il faut en dire autant de Pîerius, le second Origène pour la science et la fécondité littéraire, à la tête du Didascalée, à la fin du m'e siècle. Il écrivit probablement un traité sur Marie ôsotôxo ; (divinité du Christ). PlioVms, Bibliollieca, cod. 119, lut de lui douze ouTages et déclare son enseignement orthodoxe sur le Fils avec quelques expressions un peu vieillies : ainsi il disait que le Père et le Fils sont deux nJai’ai et deux (flinuç, voulant dire deux réalités distinctes. P. G., t. ciii, col. 400 ; t. v, col. 244-245.

4. Quittant le Didascalée, Origène était allé à Césaréc, où il se fit d’autres disciples. Parmi eux, un des plus illustres, Grégoire le Thaumaturge (évêque dans le Pont vers 240-270), lui fit, en le quittant, ce discours panégyrique bien connu où il s’unissait d’abord à l’action de grâces du Verbe luimême, seule digne de Dieu, n. 4, P. G., t. x, col. 1060 sq., du Verbe créateur et providence, du Verbe vérité, sagesse et puissance du Père, parfaitement uni et égal au Père, bien plus dans le Père comme le Verbe Dieu, le Verbe vivant de son intelligence. Plus tard cependant, il se servit de plusieurs expressions trinitaires qu’on lui reprocha ; c'était sans doute diuse Dialogue avec JElianus elle Traité à Tliéopompe (sur la providence). Mais saint Basile, Epist., xxviii, 1, 2 ; cciv, 2 ; ccvii, 4 ; ccx, 5, défendit avec insistance l’orthodoxie de celui qui avait instruit sa grand’mère sainte Macrine ; des expressions telles que : le Père et le Fils sont deux ÈTtivocï, un CiTTorrrao-ct, disait-il, s’expliquaient par la polémique de l'évêque insistant sur l’unité de Dieu dans un pays tout païen ; d’autres mots, tels que /.Tiffj.a, TtoiTiiJ.^, s’appliquaient au Christ en tant qu’homme, ou le texte était corrompu. La foi du Thaumaturge était, en effet, très claire dans sa Formule de foi, "Ey.bzai ; jtr’c-Tso) ;, que, dans la famille de Basile, par Macrine, cf. la biographie du saint par Grégoire de Nysse, P. G., t. xlvi, col. 903-913, on savait lui avoir été révélée par la sainte Vierge (vers 260). Cette formule est en effet brève, mais claire et précise et jouit d’une grande autorité ; le Père est dit Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante, de la Puissance et du Charactère éternel ; le Verbe est affirme Dieu de Dieu, son iinage, vrai Fils d’un vrai Père, invisible d’invisible…, éternel d'éternel ; la sainte Trinité parfaite est dite indivise et inséparée, i ;.r| |j.£pi’oiJ.£vr ; p.ïioà àTra), ).oTpio-jarvi, dans la gloire et l'éternité et le règne. « Il n’y a donc rien de créé, v.TtTrdv Tc, ni de sujet, 50v).ov, dans la Trinité ; il n’y a rien de surajouté comme si, n’existant pas d’abord, il était survenu plus tard… cette même Trinité est toujour.5 immuable et inaltérable. » P. G., t. x, col. 984-988. Ces formules sont assuiément