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FILS DE DIEU


nicrs textes l’irtules, creatæ (ou prodiiclæ : la terminologie grecque sur ce point était moins rigide que la latine) accusent des imperfections de vocabulaire, dues à plusieurs influences bibliques, traditionnelles et philosopliiques, mais non erreur certaine de pensée. Il faut juger de celle-ci par la doctrine générale de cet auteur sur la consubstantialité du Père et du Fils. Or nous avons vu que, contrairement à celle de Tertullien, par exemple, elle est si parfaite qu’elle ne comporte guère de subordination quelconque ; le Fils n’est pas Dieu par transmission de la nature divine, mais par l’identité d’une seule réalité divine.

J. Tixeront, op. cit., t. i, p. 267-209 ; de Faye, Clément d’Alexandrie, 2e édit., Paris, 1906, p. 231-256 ; A. Aal, Geschichle der Logosidee, Leipzig, 1899, t. ii, p. 396-427 : J. Schwane, op. cit., t. i, p. 143-146 ; Freppel, Clément d’Alexandrie, Paris, 1865, xii » leçon, p. 281-288.

2. Origène.

Le grand Alexandrin entendit Hippolyte vers 212 à Rome, S. Jérôme, De viris illustr.,

61, où il était allé sans doute s’informer de la sûre doctrine de l'Église. Évidemment, il dut y prendre connaissance des discussions trinitaires ; mais il n’y a aucune raison, dès lors qu’on lui refuse la paternité des Philosophoumena, de supposer qu’il épousa les opinions d’Hippolyte, encore moins ses animosités contre Calixte. En tout cas, lui aussi, en Orient, dut faire de la controverse et lutter à la fois contre les modalistes et contre les gnostiques, grands maîtres à Alexandrie. Cf. Periarch., iv, 28 ; In Joa., ir, 20 ; In Epist. ad TH., P. G., t. xiv, col. 1303-1306. Contre les premiers, il afiirme énergiquement la distinction réelle du Père et du Fils ; contre les seconds, il défend avec non moins d’ardeur la stricte divinité du Fils et par conséquent sa consubstantialité et aussi sa génération éternelle. Origène met tout cela, admirablement en lumière, mieux qu’aucun de ses devanciers ; cela est certain. Mais que, pour concilier ces deux séries de dogmes, il ait admis un certain subordinatianisme. ou même un franc subordinatianisme, c’est un problème très embrouillé et très discuté.

Établissons d’abord ce qui est sûr et ce qui suffit à faire en définitive d’Origène, comme des apologistes. un témoin substantiellement orthodoxe du dogme trinitaire.

a) Divinité du Fils de Dieu. — Origène croit à la Trinité chrétienne, Periarch., præf., I, i-iv, P. G., t. XI, col. 115-121 ; conclusion IV, 28, ibid., col. 401403 ; In Epist. ad TH., t. xiv, col. 1303-1306 ; In Joa., fragm. xxxvi, Tpià ; ayt^, dans Preuschen, p. 512, l.X, 23, t. xiv, col.384, To-'x : a’uivio ;  ; InMaiih., l.XV ; 31, Tptàç àp/r/.ri, t. XIII, col. 1345 ; In Joa., vi, 17, Tp'.à ; uooTy.jvriTr, adorable, t. XIV, col. 257 ; la Trinité est l’unique principe simultané de la sainteté. In Jer., homil. VIII, 1 ; xviii, 9, t. xiii, col. 336, 481 ; In il/aW(., xii, 42, ibid., col. 1081 ; Periarch., I, iii, 5, etc.

Ce qui est ici plus suggestif, c’est que cette Trinité est tout entière per modum unius, essentiellemeni et absolument séparée de toute créature par ses caractères exclusifs d’immatérialité absolue, Periarch., iv, 27, t. XI, col. 401 ; cf. I, vi, 4 ; II, ii, 2 ; iv, 3 ; IV, 32, etc. ; de science infinie, Periarch., I, iii, 4, t. xi, col. 149 ; IV, 35 ; In Rom., viii, 13, t. xiv, col. 1201 ; et cette science est spécialement affirmée du Fils, qui, étant la Vérité, ne peut rien ignorer de ce que sait le Père, car rien n’est en dehors de la vérité. In Joa., i, 27, t. xiv, col. 73 ; qui est le voyant de ce qui est dans le Père, avirÔTiT/i ; tûv èv tm Ila^p', ibid., XX, 7 ; et qui connaît le Père v-ar' à? : 'av, comme le Père le connaît, Cont. Cels., VI, 17, t. XI, col. 1317 ; de sainteté substantielle, essentielle et par conséquent immuable. In Nurn., homil. xi, 8 ; cf. Periarch., I, v, 4, t. xi, col. 164 ; vi, 2, ibid., col. 106 ; VIT, 3, col. 178, etc. ; d'éternité essentielle. In

Exod., homil. vi, 5 ; Periarch., I, iv, 28, etc. ; d’invisibilité naturelle, Periarch., II, vi, 3 ; S. Athanase, De decr. nie, 27 ; de transcendance unique enfin. In Reg., homil. 1, 13, t. XII, col. 1009 : « Parler de Dieu… Père… Fils… Saint-Esprit, c’est parler de choses sublimes… Tout est humble et bas, comparé à l’incomparable Trinité. Ne visez donc point au subliine si ce n’est en parlant du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

Le Verbe, le Fils de Dieu, est donc Dieu ; Origène le dit encore directement de cent manières ; il substitue le Verbe au Jahvé de l’Ancien Testament, Exod., XX, 5, dans Exhorl. ad martyr., 9 ; Exod., xxxiii, 20, dans In Malth., x^ii, 45 ; Deut., xxxii, 21, dans Cont. Cels., II, 78 ; Ps. xxiii, 7, dans In Matlh., xvi, 19 ; Jer., II, 13 ; xxii, 24, ibid., xii, 19 ; Malach., i, 6, dans In Joa., i, 31, etc., et nous savons la valeur de cette substitution. Marie est appelée Oîotô/.oc, cf. Socrate, H. E., VII, 32, P. G., t. Lxvii, col. 811-812. Le Fils, le Christ, le Verbe est Dieu, ôeôç, non ô Q16 : d’après In Joa., Il, 2, et même Se-jTepoç âeô ; en un certain sens, comme disait Celse, Cont. Cels., v, 39, texte que nous étudierons plus loin ; mais aussi et souvent 6 Aôyoç 0e6ç, 6 ©sb ; -Voyôç, dans les commentaires sur saint Jean, par exemple, i, 22, etc., ou l’apologie Conl. Cels., iii, 27, 37, 41 ; vi, 61 ; vii, 17, etc. ; Dieu non par une participation extrinsèque, v.axà (jetooiTc’av, mais par essence, y-ax' o-JTt’av, In Psalm. selecla, t. XIII, col. 134 ; le Dieu souverain, le vrai Dieu, ô ira TcâvT(ov 08Ô ;, ô à).r, 61vô ; ©£& ;. In Rom., vii, 13, t. xiv, col. 1140 ; Homil. de engastrim., 9, édit. Klostermann, p. 293. On comprend dès lors qu’il ait tous les attributs divins énumérés plus haut et d’autres encore et qu’il reflète lui seul toute la gloire du Père, alors que les créatures n’en sont que des reflets partiels. In Joa.„ xxxii, 18, t. XIV, col. 817, image parfaite du Père, même dans sa grandeur. Cont. Cels., vi, 49. A Celse qui trouvait absurde l’incarnation d’un Dieu infiniment immuable, beau, bienheureux, absolument transcendant, Origène ne répond pas que le Fils incarné n’est pas ce Dieu infini ; il expose, au contraire, sereinement que ce Dieu, en se faisant homme, pi’end une nature mortelle, mais reste immuable dans sa nature immortelle Cont. Cels., iv, 14-15, t. xi, col. 10441048. Cette doctrine suppose la consubstantialité du Verbe.

b) Consubstantialité divine du Fils avec le Père. — Origène, outre les textes implicites cités plus haut, l’enseigne expressément. Il emploie peut-être le premier le mot o|xooj710 ;, qui sera bientôt le drapeau de l’orthodoxie. In Epist. ad Heb., fragment dans l’Apologie de saint Pamphile, v, t. xvii, col. 521-524, 580.581 ; Rufin, De adultcr. libr. Origen., ibid., col. 619. Comme le note Pamphile et comme rexjjrime le contexte, le mot signifie possession de la substance même de Dieu. Cf. In Joa., xiii, 25, t. xiv, col. 441. En tout cas, la doctrine de l’unité substantielle et numérique du Père et du Fils est bien la doctrine d’Origène. Par de la les personnes, il voit enfln la nature, la substance, l’essence divine commune, non abstraite, mais concrète, celle du monothéisme. Una subslanda est et natura Trinitatis. In Num., homil. xii, 1. Deus… intellectualis natura simplex ; uti ne majus aliquid el injerius in se habere crcdatur, sed ul sit ex omni parie i.(jyy. :, et Ul Ha dicam hà ; et mens ac fons ex quo inilium lolius intellectualis naturæ vel mentis est ; Periarch., I, I, 6 ; IV, 27, parle de la substantia Trinitedis immatérielle ; un peu plus loin, 35, il dit : illa natura (divina) soli sibi cognita est. Solus enim Pater novit et sulus Filius novit Patrem et solus Spirilus Sanclus perscrutatur etiam cdta Dei. Ailleurs, In Is., homil. i, 4, t. xiii, col. 223 : Ut unilatem dcilatis in Trinitate cognoscas solus Christus in præsenti leclione nunc peccata dimillit et tamen cerlum est a Trinitate peccata dimitti ; on peut