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FILS DE DIEU
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ordre ; » 12, 24 ; S. Théophile, Ad Aulolycum, i, 7 ; II, 10, 15, 18. Les apologistes à diverses reprises affirment non pas plus explicitement, mais plus clairement et plus directement, la divinité du Verbe. Ainsi saint Justin, Apol., i, 63, o un Fils qui est Acerbe, premier-né de Dieu, Dieu ; » Dial. cum Tryphone, 36-38, divinité du Messie par des textes de psalmistes ; 48, « ce Christ est Dieu » et surtout les n. 56-64 destinés ex professa à prouver, comme l’a demandé Tryphon, 50, 55, « qu’il y a un autre Dieu à côté de celui qui a fait l’univers : » Justin le prouve par les théophanies anciennes de Dieu, d’un Dieu qui ne peut être le Père invisible, mais qui est le Logos, Dieu, 56-60 ; puis par la doctrine de la Sagesse engendrée, 61 ; par le pluriel de la Genèse, en parlant de Dieu, 62 ; enfin par les psaumes, 63-64 ; dans toute la suite, d’ailleurs, on retrouve des aflirmations parfois splendides de ce point désormais acquis, 68, 71 (Dieu et homme), 72, 73, 87, 110, 113, 115, 125-129, et Justin répétera devant le ju’ie le témoignage de sa foi en « l’infinie divinité » de JésusChrist, fils de Dieu. Acla S.Jiistini, dans Otto, Corpus apologel., t. iii, p. 266 sq. On remarquera que ces textes donnent presque toujours au Verbe le nom de 6=0 ;, mais non de à Oîôç, approprié au Père, dans toute l’ancienne littérature chrétienne, parce qu’il est le Dieu-principe ; ô Oîô ; de Dial., 56, 113, signifie le Dieu (Logos) dont il est ^question ; cependant observons que les textes anciens nommant Jahvé, Osor.Dieuau sens absolu, sont appliqués sans scrupule au Christ, au Verbe, par les apologistes comme par les écrivains inspirés, par exemple, Dial. cum Trijph., 36-38, 63-04 ; ce qui démontre que cette appropriation ne réserve pas pour le Père seul la divinité proprement dite, mais n’est qu’une appropriation. Voir t. i, col. 1710, 1713.

On trouve la même foi explicite à la divinité du Verbe et du Christ dans Tatien, Oral., 5, 13 (Dieu souffrant), 21 (')cbv èv àvOpwTro’j iJ-opo/, ), p. G., t. vi, col. 816, 836, 852 ; Athénagore, Supplie., x, xxiv, ibid., col. 909, 945 ; Théophile, Ad Autolyc., 11, 10, 22, ibid., col. 1064-1065, 1088. Enfin notons ici l’unique passage de Minucius Félix, Oclavius, xxix, P. L., t. iii, col. 331-332, qui parle du Clirist pour l’affirmer clairement le vrai Dieu adoré des chrétiens.

b. Autant que sa divinité, la personnalilé distincle du Verbe est mise en relief. Nous avons vu que le Dialogus eum Tryphone, 56-64, tend précisément à démontrer l’existence d’un sTôpoç 6côç, autre, précise le docteur chrétien, àptOij.w, numériquement, bien qu’il soit toujours d’accord avec le Dieu suprême Créateur et Père, à>, ).à oj yv'ôij.r, , 56. Plus loin encore, 128, 129, est expressément réfutée l’opinion qui n’aurait voulu voir dans le Logos qu’une vertu du Père, lorsqu’il agit, semblable seulement au rayonnement du soleil, lequel disparaît lorsque celui-ci n’agit plus, et peut-être faut-il voir dans les « quelques-uns » qui parlaient ainsi des ancêtres judéochrétiens du modalisme, L. Duchesne, Histoire aneienne de l'Église, t. i, p. 308-309 ; mais il est possible aussi que ce soient des juifs, de l'école de Philon. Cf. De somniis, I, xiii ; voir Harnack, Dogmengeschichte, t. i, p. 187 sq., note. Des affirmations semblables se rencontrent dans Tatien, Oral., 5 ; Athénagore, Supplie., X, XII ; Théophile, Ad Autolyc., 11, 22. Athénagore, lac. cit., admet la comparaison du rayonnement du soleil rejetée par saint Justin, mais certainement, comme lÉcriture, Ileb., i, 3 ; Sap., vii, 26, en ce qu’elle est juste, tandis que le maître romain voyait surtout en elle la partie qui cloche.

e. D’ailleurs, il est bien évident que le Verbe-Dieu est distinct de Dieu le Père, puisque essentiellement il est son Fils ; les textes cités et bien d’autres encore le répètent sans cesse ; et ils insistent sur la qualité

unique de cette filiation divine, puisqu’elle donne à Dieu le Père un Fils Dieu. Cf. S. Justin, Apol., i, 23 ; ApoL, II, 6 ; Dial., 63 ; Athénagore, Supplie., x ; Théophile, ' Ad AuloL, 11, 22. On applique parfois au Fils, il est vrai, par exemple, D(aI. cinn Tryph., l, le texte des Prov., viii, 22 : -/.ûpio ; k’xTps |j.s, d’après la traduction des Septante (qui gêna toute la littérature chrétienne jusqu'à Eusèbe, lequel adopta TixTriO-aTo, posséda, d’Aquila, Theol. eceles., iii, 2, P. G., t. XXIV, col. 976), ce qui n'était pas pour favoriser la mentalité consubstantialiste ; mais c’est une citation et le Verbe, Dieu et Fils de Dieu, n’est certainement pas pour les apologistes une créature, y.xtT(j.a ; il a été, au contraire, avant toute créature. S. Justin, Dial. eum Tryph., 125, 129, etc. ; Athénagore, Supplie., x ; S. Théophile, Ad AuloL, 11, 10, 22. Comment a-t-il été? il a été engendré : c’est le mot uniformément répété pour exprimer son origine ; voir S. Justin, Apol., 1, 22, 23, 33, etc. ; Apol., 11, (i, 13, etc. ; Dial. cum Tryph., 61-G3, 105 (proprement îoio) ;, engendré), 129 : « le Père l’a engendré avant toute créature et l’engendré difière numériquement de l’engendrant, comme tout le monde doit en convenir, » etc. Tatien, Oral., 5, 7, et les derniers textes cités de Théophile et d’Athénagore.

Cette génération divine est mise rarement en relation avec l’incarnation virginale, Apo/., 1, 21 ; Dial. cum Tryph., 63 ; une fois avec le baptême, ibid., 88 (qui cite Luc, iii, 21, 22, avec Ps. 11, 7 : filius meus es tu, ego hodie genui te ; voir plus haut ce qui est dit de ce psaume et les remarques d’Archambault, op. C ! 7., sur ce passage) ; mais d’ailleurs il est manifeste et par ces textes mêmes (lire tout le n. 88 du Dialogue) que le baptême n’est pour Justin qu’une « manifestation » de la filiation divine du Christ. En effet, celui-ci n’est que le Logos, fait homme (cf., par exemple, Dial., 105, qui semble se référer à Joa., i, 14, 18), le Logos Fils de Dieu, engendré avant toute créature, d’une génération purement divine qui a précédé tous les temps : il est le npwTOT-ôzoç, c’est-à-dire le premier engendré, Apol., i, 21, etc., ou mieux l’engendré avant la création ellemême, voir plus haut à peu près tous les textes parlant du Fils et de sa génération ; bien plus, il est dit engendré par le Père pour la création, ce que nous expliquerons plus loin. Cette génération n’est guère expliquée ; les mots « fils 1, « engendré » sont acceptés de la tradition et de la révélation écrite, mais ils ne sont pas encore sondés. Saint Justin dit, Apol., i, 22, qu’il s’agit d’une génération toute particulière. Cependant c’est une vraie génération, Dial., 105 ; à qui est appliqué le ps. cix, 3, ex utero ante luciferum genui te (traduction des Septante), ibid., 63, etc. ; il écarte, Dial., 128, et de même Tatien, Orat., 5, toute idée de génération par séparation, amputation, et ce dernier dit que c’est simplement une communication comme le feu est communiqué d’un fiambeau à l’autre sans diminution du premier ou comme nous produisons hors de nous notre parole sans nous en priver : double comparaison empruntée à son maître. Dial. cum Tryph., 61. Athénagore, pour montrer qu’il n’y a rien de ridicule ni de fabuleu.K dans cette doctrine, insiste sur la nature intellectuelle de cette filiation qui se fait en quelque façon dans l’intelligence divine. Légat., x, xxiv. Enfin Théophile appuie sur son essentielle immanence divine in visceribus insitum, ii, 10, non ut poelec fdios deorum… ex concubitu genilos, sed ut veritas narrât, Verbum semper cxislens et in corde Dei insitum. Ibid., 11, 22.

d. Second Dieu, Fils de Dieu, Verbe, Jésus-Christ désignent la même réalité, Aristide, 2 ; Justin, Apol., i, 23, 46, 5, 32 ; Apol., 11, 6, 8, 10 ; Contra Marcionem, cité par S. Irénée, Conl. Iiœr., IV, vi, 2, P. G., t.vii. col. 987, etc. ; et les autres apologistes, loc. cit. Mais il semble que, pour les apologistes, c’est le mot Verbe^