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FILS DE DIEU


faut observer que Jésus est dit plusieurs fois dans ces documents iiaî ; dio-'j ; même s’il fallait y voir le sens de « serviteur de Dieu » , on ne pourrait rien en conclure contre la divinité du Christ, car dans son humanité, celui-ci a vraiment réalisé la prophétie d’Isaïe, xlii, 1 sq. ; mais plusieurs fois certainement il faut traduire Fils de Dieu : / Cor., lix, 2, 3 (4), Ttaï ; Yiyanciij.Evo ;  ; Martyr. Polyc, xiv, 1, 3 (àyaTr/jTo-j itatôô ;) ; xx, 2 (noLion : p.ovrjY£voj ;) ; sans doute que le même sens, ou un sens vague renfermant à la fo ; s l’idée de fdiation et celle de service, cf. Sap., ii, 13, 18 ; Act., iii, 13, 26 ; IV, 27, 30, est à mettre dans Didaché, ix, 2, 3 ; x, 2, 3, et dans VÉpUre de Barnabe, vi, 1 ; ix, 2, d’autant que ces passages sont des formules liturgiques ou des citations. Cf. Is., L, 10. Voir Athénagore, Légal., 10 ; Clément d’Alexandrie, Sirom., Vil, 1, 4.

Sur la filiation divine du Christ quelques textes de saint Ignace restent à expliquer. Il semble que parfois cette filiation est rapportée à la conception de Spirilu Sunclo, Ad Smyrn., i, 1 ; Ad Eph., xx, 2 ; bien plus, cela paraît être en opposition avec le caractère inengendré, àyévwiTo ;, de sa nature divine. Ad Eph., vii, 2 ; cf. J. "Tixeront, Histoire des dogmes, La théologie anténicéennc, p. 136. Observons cependant que les textes assez nombreux du même saint, rappelés plus haut, attribuent au Christ la qualité de Fils absolument, sans relation avec son incarnation ; que la préexistence auprès du Père et la divinité de Jésus sont, d’après lui, incontestables et que, Arf Magn., viii, 2, il semljle même associer Fils et Logos. D’ailleurs, Ad Eph., XX, 2, il affirme le Christ fils de David selon la chair, et ainsi fils de l’homme (contre les docètes) et de plus, mais non pas nécessairement pour la même raison de conception Immaine, fils de Dieu ; enfin. Ad Eph., vii, 2, il oppose nature humaine et nature divine ; or celle-ci est vraiment inengendrée (Deus pcrsona, non diuinitas generaliir) ; ainsi Jésus est « Dieu fait chair » et comme tel « né de Marie et de Dieu, » passible, mais maintenant impassible (dans son humanité). Seul le passage Ad Smyrn., i, 1, semble donc fonder clairement la filiation divine sur la conception par la vertu de Dieu ; mais cela pourrait ne pas exclure un fondement autre et plus divin et ne serait dès lors qu’une expression outrée de la naissance virginale.

3. De plus, les Pères apostoliques se réfèrent deux ou trois fois à quelque formule plus profonde de saint Paul ou même de saint Jean ; mais l’objet de leurs écrits ne les attirait pas en cette direction. La / Cor., XVI, 2, fait allusion à Phil., ii, 5-7, quand elle parle de l’humilité de Jésus-Christ, appelé « le sceptre de la majesté de Dieu, » cf. Heb., i, 8, et Ps. xliv, 7 ; au c. xxxvi, 2-5, en citant largement Heb., i, 3 sq., le Christ est dit « comme le miroir dans lequel nous voyons le visage immaculé et plein de noblesse de Dieu, » « le rayonnement de la majesté divine, » « le Fils » du Ps. II, 7, 8, assis à la droite de Dieu, etc. Saint Ignace appelle le Fils de Dieu « qui était avant les siècles auprès du Père, » AdMagn., i, 1 ; la pensée du Père, Yv<.'ijj.r| Toj r.a-pôç, Ad Eph., iii, 2 ; son verbe sorti

du silence, o : àcrcv aOtoC Xôyo ; aTcb iiyr, ; TtpoeXOrov, et « l’exécuteur fidèle des volontés de celui qui l’a envoyé, » Ad Magn., viii, 2 ; comme l’indique ce second membre de phrase, il s’agit ici de l’incarnation du Logos de Dieu, non d’une procession éternelle àTtà pty ?, :, comme dira plus tard Valentin. Cf. A. Lelong, Les Pères apostoliques, Paris, 1910, t. iii, p. xxvi-xxviii.

Sur toutes les questions précodenles, on consultera dans la collection Hemmer-Lejcay, Les l'éres apostoliques, t. i, ii, III, Paris, 1907, 1910, Icsinlroductionsi.S. Btu'/iaW, p. lxxv Lxxvi ; S. Clément, p..xlix-li ; ^S. Ignace, p. xx.xiv-xxxv ; J. Tixeront, Histoire des dogmes. La théologie anténieéenne, 6e édit., Paris, 1912, p. 118-156 ; H.YlemtieY, Le dogme de la Trinité dans r Êptire de saint Clément de Rome et le Pasteur

d’Hermas, Lyon, 1900 ; J. Schwane, Histoire des dogmes trad. Degert, Paris, 1903, t. i, p. 52-61 ; H.-A. Montagne, I^a doctrine de saint Clément de Rome snr la personne et l'œjvre du Christ, dans la Revue thomiste, 1905, p. 296-312. Les ouvrages généraux de Freppel, Lightfoot, Funk, Hcnnecke ;  ; ^les art. Barnabe, Apôtres (Doctrine des douze). Clément (de Rome), avec leur bibliogTaphie, ainsi que Esprït-Saint, t. V, col. 753-754.

4. Jusqu'à présent, nous avons laissé de côté Hermas : sa doctrine sur le Fils de Dieu est, en effet, très obscure et mérite une considération spéciale.

a) Hermas ne nomme jamais Jésus, ni le Verbe, ni le Christ (cependant des formules répétées, iSî'/n., VIII, IX, supposent ce dernier nom connu : être appelé du nom du Fils de Dieu, condamné pour son nom, le porter, etc. ; il s’agit évidemment du nom de « chrétiens » ). Il appelle peut-être Jésus-Christ deux ou trois fois Seigneur, V(s., III, vii, 3 ; Sim., IX, xiv, 3 : « Jt remerciai le Seigneur d’avoir eu pitié de tous ceux qui tirent son nom du sien (ou qui invoquent son nom) ; » Sim., IX, xxviii, 5, 6, qui identifie « soufirir pour le nom du Seigneur » et « pour le nom du Fils de Dieu, » expression à noter ; mais « Seigneur » est le nom ordinaire de Dieu chez Hermas.

b) Hermas parle du Fils de Dieu, !, l’trj ; toj 0 ; oO, une première fois en passant dans cette phrase remarquable, Yis., H, II, 8 : « le Seigneur l’a juré par son Fils, » ce qui s’entendrait difficilement d’une créature ; et puis Sim., V, v, 6 ; VIII, iii, 2 ; xi, 1 ; IX, i, 1 ; xii-xviii, très souvent ; enfin xxviii, 2, 3. Il faut dire d’abord qu’il s’agit dans tous ces textes d’un Fils unique et d’un Fils de Dieu par nature : c’est le Fils de Dieu, le Fils, le Fils bien-aimé, etc. ; Fils préexistant par conséquent ; « il est né (-poyivsT-spo ;) avant toute créature et il a même été le conseiller de son Père dans l'œuvre de la création, » IX, xii, 2 ; « au.x derniers jours du monde il s’est manifesté, » ibid., 3 ; « son nom, c’est-à-dire sa personne, est grand et infini (ou incompréhensible, à/tiprirov) et soutient le monde entier ; toute la création est soutenue par le Fils de Dieu. » Ibid., XIV, 5. Cf. Heb., i, 3. Ce sont des notions et des. expressions traditionnelles sur le Fils de Dieu ; Hermas les emploie, non pas en passant, mais comme doctrine largement développée et enseignée.

c) Mais quel est ce Fils de Dieu et qu’est-il ? Le Fils de Dieu, pour Hermas, c’est Jésus-Christ ; c’est son nom propre ; presque unique, avons-nous dit, comme dans î'Épître aux Ilébreux, la I" lettre de saint.Jean ou le pseudo-Barnabe, dans Sim., V, v, 2, 3 ; vi, 1, 2 ; VIII, m, 2 ; XI, 1 ; IX, xii-xviii ; ce dernier passage assez étendu parle continuellement de ceux qui portent le nom ou le sceau (par le baptême) du Fils de Dieu, qui soulïrent pour lui, qui prêchent le nom, les enseignements du Fils de Dieu, s’endorment dans la vertu et la foi du Fils de Dieu, etc., xv, 4 ; xvi, 3, 5, 7 ; xvii, 1, 4 ; xviii, 4 ; xxiv, 4 ; xxviii, 2, 3. Ces textes désignent clairement le Christ ; l’ensemble insiime une nature transcendante, divine ; pas un ne fait la moindre allusion à l’Esprit-Saint ou à un ange quelconque.

d) Cependant il reste quelques textes qui font plus quj des allusions, et qui mettent directement en relation le Fils de Dieu avec le Saint-Esprit ou peut-être même avec l’ange suprême, appelé aussi saint Michel.

a. Comparons d’abord le Fils de Dieu et cet ange suprême dans le Pasteur. Ils semblent parfois s’identifier ; il est, en effet, curieux que Hermas ne parle toujours que de six anges principaux. Vis., III, ii, 5 ; iv, 1 ; Sim., IX, 111, 1, tandis que l'Écriture en compte sept. Tobie, XII, 15 ; cf. Apoc, i, 4 ; iii, 1 ; v, 5 ; viii, 2. Au-dessus d’eux, tout à fait séparé, il y a « l’ange très vénérable » , Vis., V, ii ; Mand., V, i, 7 ; « l’ange saint » , Sim., V, IV, 4 ; « l’ange glorieux » . Sim., VII, i, 3, 5 ; VIII, I, 2, 3, 5, 1.6, 17, 18 ; ii, 1, 5, 6 ; iii, 3 ; iv, 1 ; IX,