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FILS DE DIEU


lùslorique du quatrième Évangile, Paris, 1910, t. ii, p. 326.

J. Lebreton, op. cit., p. 242-251 ; La révélation du Fils de Dieu, dans les Études, t. cxiv (1908), p. 722-749 ; E.Mangenot. Les Évangiles synoptiques, l’avis, 1^11, vu' conférence, p. 279-299 ; M. Lepin, Jésus, Messie et Fils de Dieu, p. 281338 ; P. Batiflol, L’enseignement de Jésus, .p. 214-223, 233240 ; Mailhct, Jésus Fils de Dieu d’après les Évangiles, Paris, 1906, p. 103-141 ; V. Rose, Études sur les Évangiles, Paris, 1905, p. 183-217 ; W. Sanday, The life of Christ in récent research, Oxford, 1907, v^' conférence ; art. Son of God, dans le Dictionary oj the Bible ; H. Lesêtre, Fils de Dieu, dans c Dictionnaire de la Bible, t. ii, col. 2253-2255 ;

A. Cellini, 7/ valore del titoloa Figliodi Dio » nella sua altribuzione a Gesù presso gli Eiiangeli Sinotlici, Rome, 1907 ;

B. Jansen, Die Gotlheil Christi bel den Synoptikern, dans Zeitschrijl fiir katholisclie Théologie, 1909. t. xxxiii ; A. Steitz, Dis Euangelium vom Gottessohn, Fribourg-enBrisgau, 1908 ; F. Tillmann, Methodisches und Sachliches zur Darsiellung ilcr Gotlhcit Christi nach den Synoptikern gegeniiber dcr niodevnen Kriiik dans Biblische Zeitschrijl, 1910, t. VIII ; H. Schumacber, Die Selbstoffenbarnng Jesu hei Mat., xi, 27(l^uc., x, 22), Fribourg-en-Brisgau, 1912, etc. ; S. Weber Die Golllieit Jesu in den Evangelien, dans Jésus Christus, Fribourg-en-Brisgau, 1908. p. 85-104.

2. Enseignement de Jésus d’après saint Jean. — Personne ne conteste que Jésus ait enseigné sa divinité au sens strict d’après le quatrième Évangile ; seulement cette doctrine serait mêlée de subordinatianisme d’après quelques-uns : Harnack, Ucber das Verhàltnis des Protogs des vierlen Evangeliums zum ganzen Werl<, dans Zeilschrift fiir Théologie und Kirche, t. ii (1892), p. 189-231 ; H. J. Holtzmann, Lelvbuch der neutestamentliche Théologie, Fribourg-enBrisgau, 1897, t. II, p. 435 ; Ed. Reuss, Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, 3^ édit., Strasbourg, 1864, t. ii, p. 440-444. Nous insisterons donc davantage sur la manière dont Jésus s’attribue la divinité que sur le lait lui-même.

fl) Le Messie préexistant et transcendant. — Dans les discussions dogmatiques et les cpanchements intimes conservés par saint Jean, Jésus affirme d’abord nettement sa préexistence, viii, 56, 58 ; XVII, 5 ; cf. I, 15, 30. Les expressions de « venir, être envoyé, descendre du ciel, y retourner » sont ici fréquentes et plus précises, iii, 13 ; vi, 63 ; vii, 33, 38, 51, 59 ; viii, 42 ; xvi, 27, 28, 30 ; xvii, 8 ; iii, 16, 17, 19 ; XII, 46 ; xviii, 37 ; vii, 28, 29, 33 ; viii, 42 ;

XVI, 5 ; xvii, 18. Bien plus, c’est dans cette existence auprès du Père avant le monde, dans l'élernité, que Jésus a vu ce que maintenant il révèle et en premier lieu le Père, i, 18 ; vi, 46 ; iii, 11-13 ; viii, 38 ; cf. iii, 32, 34 ; >iii, 26, 28, 40 ; xv, 15 ; xvii, 8 ; xii, 49, 50 ; xiv, 10, et vraiment de fait, surtout en saint Jean, comme tous ont dû toujours le reconnaître, Jésus parle de Dieu, d’une façon divine, en Dieu. Cf. M. Lepin, op. cit., p. 377 ; J. Lebreton, op. cit., p. 398-399.

Être pour les hommes le grand révélateur de Dieu est une partie de la mission de Jésus, une fonction messianique ; ce que nous avons dit plus haut sur le ]Iessie ayant des pouvoirs personnellement divins doit s’entendre de l’enseignement johannique autant et plus encore que de l’enseignement synoptique. Jésus est lumière et vérité, c’est-à-dire docteur, VIII, 12 ; IX, 5 ; xii, 35, 36, 46 ; iii, 19-21 ; xiv, 6 ;

XVII, 3 ; cf. IX, 39 ; xi, 9, 10 ; v, 35, etc. ; vie et résurrection ou principe vivifiant, v, 21 ; vi : discours sur le pain de vie ; xi, 25-26 ; xiv, 6 ; iii, 16 ; v, 24 ; xv : la vigne ; xi, 25 ; v, 21, 25, 28 ; vi, 39, 40, 55, etc. ; sauveur, m, 17 ; XII, 47, et juge, v, 22, 27, 30 ; cf. ix, 39 ; thaumaturge, médiateur, type de sainteté, etc. Cf. J. Lebreton, op. cit., p. 399-409 ; M. Lepin, op. cit., p. 185-195. Cependant, comme l’avoue malgré lui A. Loisy, op. cit., p. 161, dans le quatrième Évangile, à la différence du prologue, tous ces attributs ne sont

pas considérés comme absolus, comme appartenant à la nature intrinsèque du Christ, mais comme relatifs « conçus par rapport aux hommes » et donc non immédiatement divins.

b) Le Fils de Dieu. — Jésus à l'égard du Père a des relations de filialité spéciale même dans son humanité qui est aussi réelle pour le quatrième Évangile que pour les trois Synoptiques : dépendance, service, amour, louange, etc. ; le texte central ici est : Pater major me est, xiv, 28, que Jésus dit certainement en tant qu’homme, car il se l’applique allant et venant entre ses disciples et son Père. Nous n’avons pas à nous arrêter sur ce point de vue, pas plus que sur l’union intellectuelle et morale qui fait le fond de cette filialité. Cf. J. Lebreton, op. cit.. p. 410-412 ; M. Lepin, op. cit., p. 367-376.

Outre cela, Jésus se donne pour le propre Fils éternel de Dieu, soit par la façon dont il parle de « son Père » , du « Père » , soit par les déclarations qui le concernent lui « le Fils de Dieu » , « le Fils » ; il est inutile de citer des textes : tout cet Évangile, écrit pour qu’on croie que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, XX, 31, en est tissu ; cf. spécialement les entretiens après la cène, xiii, 31-xvii.

Ce Fils est évidemment unique, iii, 16, 18 (monogène), car il est « le Fils » . Quant à sa nature, Jésu en a traité dans plusieurs discussions ex professa ; cela ne veut pas dire d’ailleurs qu’alors il ait fait des thèses ; le Christ johannique suit la méthode douce et insinuante du Christ synoptique ; mais pour des auditeurs différents, les déclarations sont plusieurs fois plus nettes. La première discussion rapportée eut lieu après la guérison du paralytique (seconde année du ministère) laite un jour de sabbat, v, 17-47 ; pour se justifier d’agir ainsi pendant le sabbat, Jésus expose que, ses pouvoirs extraordinaires, il les a reçus du Père ; bien plus que son action, c’est l’action même du Père qui toujours agit, 17, 19-23 ; les Juifs comprirent « qu’il se faisait égal à Dieu » en se donnant Dieu comme son propre Père. Une deuxième controverse eut lieu pendant la fête des Tabernacles, vii, 28-viii, 59 : Jésus y exposa les doctrines que nous connaissons déjà, surtout son origine éternelle. A la fête de la Dédicace, devant de nouvelles interrogations, Jésus dit, x, 25-38 : I Le Père et moi nous sommes un » (sv une seule réalité, 31) ; alors on veut le lapider, parce qu’il blasphème, car étant un homme, il se fait Dieu. Jésus répond que, si les magistrats d’Israël furent appelés dieux autrefois, comment donc celui que le Père a sanctifié (qui préexistait dans l'éternité et qui a été destiné à l'œuvre sainte du salut du monde) et qui ainsi a été envoyé dans le monde, ne pourrait-il pas s’appeler le Fils de Dieu ? réponse ad hominem qui ne doit pas restreindre la portée des précédentes déclarations ; Jésus, en elfet, ajoute : Par les œuvres de mon Père, connaissez donc que le Père est en moi et que moi je suis dans le Père. Enfin, à l’entrée de la grande semaine, quelques mots encore, xii, 44-50 : « Celui qui me voit, voit aussi celui qui m’a envoyé, » et c’est tout pour les Juifs.

Pour les disciples, restaient à entendre ces sublimes illuminations sur la vie divine intime du discours après la cène, xiii, 31-xvii. Avec la claire distinction des trois et bien que le discours ait le plus souvent pour sujet Jésus-homme, leur consubstantialité est là clairement insinuée. Cf. xiv, 0-11, qui videl me videl et Patrent… ; Ego in Paire… ; Pater in me mancns ipse facit opéra, xvi, 28 ; xvii, 10, omnia tua mea sunt… etc., et les textes sur les rapports de l’Esprit avec le Fils. Voir Esprit-Saint, col. 691, 765 sq.

Une dernière série de textes va plus loin dans le mystère. S’il y a Père et Fils en Dieu, n’cst-il pas