Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/533

Cette page n’a pas encore été corrigée
2365
2366
FILS DE DIEU


morées et, en un sens complétif, l’apparition messianique. Cf. Trochon, Jérémic et Baruch, Paris, 1878, p. 416 ; Knabenbauer, In Jcremiam et Baruch, Paris, 1891, p. 488. Mais en rcaliié, avec Maldonat, Corneille de la Pierre, Eslius, doni Calmet, Knabenbauer, Hetzenauer, Theol. biblica, t. i, p. 481, etc., il faut donner comme sujet à cette phrase non pas Dieu, mais la sagesse. Voir les références indiquées et Baruch, t. ii, col. 440. Le contexte est, en effet, celui-ci : qu’Israël cherche la vraie sagesse, ii, 9-14 ; l’homme par lui-même ne saurait la trouver, 15-31 ; Dieu seul la possède, 32-36, et il l’a donnée à Israël, 37, 38.

Il a trouvé toutes les voies de la Sagesse.

Il l’a doimée à Jacob son serviteur

Et à Israël son bien-aimé.

Après cela (ainsi donc) elle (la Sagesse) a appara svir la

Et elle a conversé parmi les hommes. [ terre

Cette sagesse, qu’est-elle ? L'écrivain l’explique luimême aussitôt. IV, 1 :

La Sagesse, c’est le livre des commandements

Et la loi qui subsiste à jamais. [de D13U

Cf. Eccli., XXIV, 22 ; Job, xxviii, 27, 28 ; c’est là une pensée familière au peuple juif après l’exil. Au sens mystique, cette sagesse est aussi indubitablement le Fils de Dieu incarné qui est venu parmi les hommes donner la pleine révélation de la sagesse divine. Cf. Heb., I, 1. Voir t. ii, col. 440, plus de trente références patristiques sur ce texte.

Avec Miellée, v, 2-4 (1-3), nous avons une nouvelle prophétie des origines du Messie, origine humaine à Bethlélicm Ephrata, origine divine, cgrcssiis ejus ab inilio, a cliebus œtcrnilalis : ses origines (pluriel de majesté) sont dès les temps anciens, dès les jours de l'éternité. Cette double expression, le plus souvent, Amos, IX, 11 ; Is., li, 9 ; Deut., xxxii, 7, et cliez Michée lui-même, vii^ 14, 20, désigne simplement l’antique histoire d’Israël ; elle peut avoir le même sens ici aussi, S. Jérôme, in h. loc, P. L., t. xxv, col. 1197 ; S. Cyrille d’Alexandrie, in h. loc, P. G., t. Lxxi, col. 713 ; Keil, Trochon. Jahn, Schegg, Hetzenauer, etc. ; en sorte qu’il ne faut pas lui donner trop absolument une valeur métaphysique. Ces origines, ces « sorties » , môsâ'ôl, pourraient alors être les antiques révélations du Messie par Jahvé à son peuple (Trochon), ou mieux l’antiquité de la race davidique du Messie (Jahn, Schegg). Pourtant il semble préférable de voir dans ce verset l’origine et la préexistence du Messie en Dieu « dès les jours de l'éternité. » Cf. Prov., viii, 22, 23. S’agit-il d’une préexistence purement idéale ? Le texte de Michée dil davantage et il indique ime préexistence réelle et une origine divine : de quelle nature"? Il ne l’exphque pas. Voir plus loin la préexistence du Messie dans la théologie juive. Cî. Fillion, Trochon, Knabenbauer, In prophelas minores, t. i, p. 440-443 ; Corluy, op. cit., t. i, p. 442-446 ; L. Reinke, Die messictnischen Weissagungen, Giessen, 1862, t. iii, p. 349-364 ; J. Lebreton, op. cit., p. 123 ; A. Van Hoonacker, Les douze pelils prophètes, sur ce passage. On peut observer dans les deux versets suivants une allusion à Is., vii, 14 ; ix, 6, « jusqu’au temps où la mère aura enfanté… ; il (le Messie) se tiendra là et il paîtra ses brebis dans la force de Jahvé, dans la majesté du nom de Jahvé son Dieu ; » Miellée explique le Deus forlis comme nous l’avons fait plus haut. Voir A. Van Hoonaclcer, dans la Revue biblique, 1904, p. 220.

Après des visions de ruine, en Zacharie, xi, 4-17, l’espérance messianique est ainsi présentée par le prophète post-exilien, xii, 8. « En ce temps-là Jahvé protégera les habitants de Jérusalem ; relui

qui chancelle (le plus faible) sera (vaillant) comm^ David et la maison de David sera comme Dieu » {domus David quasi Dei) ; De/, Élohim, est un pluriel ou un génitif ; comme des dieux, des héros à force divine, ou commii la maison, la cour de Dieu, les anges, ainsi que le texte l’explique, comme un ange de Jahvé en leur présence (ou comme l’ange de Jahvé qui autrefois conduisit les Israélites). Puis au ji. 10 : « Je répandrai… un esprit de grâce et de supplication et ils regarderont vers moi qu’ils auront transpercé ; ils pleureront sur lui comme on pleure sur un fils premier-né. » Les leçons « vers moi » et « transpercé » ne sont pas douteuses et comme c’est Jahvé qui parle, il y aurait là une saisissante prophétie non seulement de la crucifixion du Messie, mais de sa divinité. Cf. Trochon, Fillion, Knabenbauer, op. cit., t. ii, p. 372-37.5. Cependant, sans insister sur la violence de l’expression : tuer Jahvé sans qu’aucune mention ait été faite d’incarnation préalable, ne faudrait-il pas, avec Lagrange, Revue biblique, 1906, p. 75, après Van Hoonacker, ibid., 1902, p. 348, suppléer la conjonction et, ], devant ns : ils regarderont vers moi « et » celui qu’ils auront transpercé « ils pleureront sur lui » ? ce dernier mot l’bv semble l’exiger ; le texte afiirmerait donc le supplice du Messie, non sa divinité, au moins distinctement, car « moi » et « lui » pourraient désigner le même sujet.

Enfin Malachie clôt le prophétisme ancien par une nouvelle assurance de la venue du Messie qui semblait tarder, iii-iv. « Voici que j’envoie mon messager et il préparera le chemin devant moi et soudain il viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez et l’ange de l’alliance que vous désirez. Voici il vient… » Il faut d’abord bien distinguer le messager, angelum meum, qui est précurseur, cf. MaUh., XI, 10 ; Marc, i, 2 ; Luc, vii, 27, de l’ange de l’alliance. Celui-ci ne semble pas être autre que « le Seigneur » , comme l’exigent le parallélisme et le singulier qui est employé dans la suite. Ce Seigneur {hâ' Adôn avec l’article) qui vient dans son temple est certainement Jahvé lui-même qui emploie la troisième personne après la première, ce qui n’est pas rare chez les prophètes, pour mettre en relief sa réponse aux Juifs incrédules qui demandaient : « Où est le Dieu de justice ? » ii, 17. Comment comprendre alors cette expression >- l’ange de l’alliance » ? Ce n’est pas un pur synonyme de Jahvé, bien qu’il soit identifié avec lui ; serait-ce le maleWk Jalwé entendu comme simple distinction d’attributs divins ayant un rôle spécial ? voir Lagrange, Revue biblique, 1900. p. 82 ; et dans un sens accommodât ice seulement ou approprié, le Messie, ministre du jugement divin ? Il nous semble difiicile d’identifier ainsi ange de l’alliance et ange de Jahvé ; le mieux est donc de voir dans ce texte une précision plus décisive des anciennes affirmations sur la nature transcendante du Messie : l’ange de l’alliance que désirent les Juifs, cf. Is., xi.ii, 6 ; Jer., XXXI, 31, c’est Jahvé lui-même lorsqu’il viendra dans son temple. Cf. Heb., ix, 15. Voir Corluv, op. cit., t. i, p. 5'24-529.

Notre conclusion répétera ce que nous avons dit au début : ce n’est pas directement par le messianisme que le peuple juif a été préparé à la révélation de la trinité, du Fils éternel de Dieu. Cependant fréquemment, peut-être même dans deux ou trois textes avec une lumière frappante, on trouve, dans les textes messianiques, des expressions mystérieuses, ayant une valeur surhumaine, transcendante, attendant leiuexplication : celle-ci se trouvera dans l'Évangile « dans la lumière du Christ ; en lui tous ces traits s’accusent et s’unissent : il est Fils de Dieu, Dieu for', né de toute éternité, assis à la droite du Père… Ainsi, comme les Pères aiment à le constater, il interprète ; par sa