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FILIOQUE


381, parce que le concile d'Éphèse de 431 l’ignore absolument. Pour le concile d'Éphèse il n’y a qu’un symbole, celui de Nicce. Églises séparées, p. 79. Si le symbole de Constantinople est donc ignoré par le concile d'Éphèse, la défense de rien ajouter au symbole porte sur le symbole de Nicée, non pas sur celui de Constantinople. Dès lors, il s’ensuit que cette défense a été violée, non pas par l'Église romaine, mais par le concile de Chalcédoine, qui, le premier, donne une place d’honneur au symbole de Constantinople, c’està-dire à un symbole qui est le remaniement et l’accroissement verbal du symbole de Nicée. Le Quien, Pannplia contra schisma græcorum, p. 231 ; De Rubeis, De additione vocis Filioquc ad symbolum, P. G., t. cxlii, col. IGO.

Nous avons dit : paraît historiquement fausse, parce que Prokopovitch s’efforce d'échapper à l’objection latine par cet argument : Sub nomine nicsenæ fidei comprehenditur symbolum, ut est edituni Nicese et auctum Conslantinopoli ; sed uno comprehenditur nomine propter faciliorem, breviorem, magisque expeditam loquendi rationcm. Op. cit., p. 435. Il pourrait sembler étrange qu’au moment même où l’on propose l’inviolabilité verbale du symbole ou de la foi nicéenne, le concile d'Éphèse jette la confusion dans les âmes en proposant comme symbole de Nicée deux symboles qui diffèrent en longueur et au point de vue de la rédaction, bien qu’ils soient identiques quant à la substance. Le concile d'Éphèse n’a pas identifié le symbole de Nicée au symbole de Constantinople. Son décret ne fait allusion qu'à la formule nicéenne. C’est seulement plus tard, et surtout après le concile de Chalcédoine, que, sous le nom de symbole de Nicée, on entend aussi le symbole de Constantinople. Voir De Rubeis, Disserlulio II de additione, 4, P. G., t. cxlii, col. 160.

En outre, l’interprétation orthodoxe au sujet du décret du concile d'Éphèse repose sur une fausse interprétation des mots ïtépav Tiio-Tiv. — La théologie orthodoxe déclare que ces mots siripav ttîittiv se rapportent à toute addition, doctrinale ou verbale, faite au symbole. Le concile aurait défendu non seulement d’ajouter au symbole les vérités dogmatiques que les Pères de Constantinople n’y ont pas comprises, mais aussi d’y insérer le plus petit mot explicatif d’une vérité qui s’y trouve énoncée. Mais il suffit de bien saisir la portée, le sens des deux mots étépav et Ttii^nv pour se convaincre de la fausseté absolue de cette interprétation et s'étonner du l’obstination de la théologie orthodoxe à vouloir la défendre. Prokopovitch déclare qu'à la rigueur une explication grammaticale n’ajouterait rien au symbole, mais qu’il faut absolument en écarter les explications logiques, parce qu’elles y ajoutent une nouvelle croyance. Op. cit., p. 443. Mais une formule dogmatique, approuvée et promulguée par l’autorité légitime, n’est jamais une nouvelle crdyance ; elle est tout simplement renonciation plus étendue et plus précise d’une vérité ancienne. Elle ne touche pas à la doctrine, mais à la formule, et une formule nouvelle n’est pas une doctrine nouvelle. Or le mot âtÉpav, au point de vue grammatical, pose une différence essentielle entre deux termes de comparaison. 'Etépav TrtfTTtv est une foi contraire, une foi opposée à une autre foi, et pour être plus précis, dans le décret du’concile d'Éphèse, les mots ÉTÉpav Ttiorcv signifient une foi contraire, opposée à la foi du concile et du symbole de Nicée, une foi qui diffère essentiellement de celle-ci. Fidrm cdiam di.rcrunt, explique Manuel Calécas. Non igitur communeni fidem dcclarare interdictum est ; sed vcl aliani, vel conlruriam inducere, ni ipsse quoquc litteræ testantur ; sive quibuslibel hominibus interdictum est, ne quisque horum passim proprium sibi sijmbolum conscribat. Op. cit., l. 1, P.G., t. ciii, col. 187.

Le décret du concile d'Éphèse ne défend donc pas d’abord d’insérer au symbole des explications grammaticales, les périphrases purement verbales d’une vérité qui y est déjà contenue ; en second lieu, il défend de la manière la plus absolue d’ajouter au symbole des croyances dogmatiques qui contredisent les croyances définies et promulguées par le concile d'Éphèse. C’est ainsi que la tradition chrétienne, que le suprême magistère de l'Église, peu importe qu’il soit exercé par un concile œcuménique ou par le siège de Rome, a toujours entendu l'ÉTspav nî'ji'.v. Lin mot d’explication qu’on ajoute au symbole ne produit pas l’inconvénient tant déploré par la théologie orthodoxe, c’est-à-dire la pluralité des symboles. Si les conciles œcuméniques, selon Prokopovitch, sous le nom de foi nicéenne comprennent à la fois le symbole de Nicée et celui de Constantinople, bien qu’il y ait, entre ces deux symboles, une divergence considérable de rédaction verbale, rien ne s’oppose à ce qu’on comprenne aussi sous le nom de foi nicéenne le symbole de Constantinople auquel on a ajouté le Filioque. La différence, en effet, entre le symbole de Constantinople en grec et le même symbole en latin est bien moins considérable que la différence qui existe entre le symbole de Constantinople en grec et le symbole de Nicée. Voir Maminas, op. cit., P. G., t. clx, col. 133. La question est donc de savoir si réellement le Filioque représente une doctrine dogmatique contraire à celle des conciles de Nicée et de Constantinople, érépav TiiVriv, car, en ce cas, le droit divin s’oppose à ce qu’il soit inclus dans le symbole. Mais s’il est vrai, son insertion dans le symbole de Constantinople ne change pas la substance doctrinale de ce même symbole, et par conséquent, ne constitue pas ÉTÉpav ntarcv par rapport au concile de Nicée. Le Quien, op. cit., p. 239.

5° La pratique constante des conciles œcuméniques démontre que l’interprétation orthodoxe du décret du concile d'Éphèse est contraire à la vérité. — Si le concile d'Éphèse, remarque Manuel Calécas, avait défendu de rien ajouter au symbole, aucun concile œcuménique ne serait exempt de blâme. Adversus græcos, 1. IV, P. G., t. GLU, col. 190. Le concile de Chalcédoine lui-même, déclare Grégoire Mammas, mériterait le reproche d’avoir violé son décret, parce qu’il a introduit dans les professions de foi la formule : union hijpostatique, Apologia, etc., P. G., t. clx, col. 197 ; parce que, malgré la défense du concile d'Éphèse, il a développé la foi nicéenne et prescrit aux eutychiens désireux de revenir à l'Église catholique de professer que JésusChrist est un seul Seigneur en deux natures. Rozaven, . op. cit., p. 41. De même, les autres conciles qui ont suivi le concile de Chalcédoine, malgré la défense du concile d'Éphèse, ont accepté et approuvé à côté des symboles de Nicée et de Constantinople d’autres symboles plus développés et plus directement opposés aux hérésies qu’ils frappaient d’anathéme. Franzelin, op. cit., p. 550-552 ; Palmieri, Theologia dogmatica orihodoxa, Florence, 1911, t. i, p. 348. Voir plus haut, t. v, col. 151. Nous pouvons donc conclure avec Manuel Calécas : « Si toute addition au symbole constitue une hérésie, nous devrions combler de louange Arius, Macédonius, Nestorius, qui, sous le prétexte de la vénération due aux anciennes formules de foi, rejetaient les nouveaux termes et les nouvelles explications dogmatiques des conciles de leur âge. » Op. cit., P. G., t. ciii, col. 191. Cf. Vekkos, De unione et pace Ecelesiarum, n. 4C, P. G., t. cxli, col. 109, 112 ; Ratramne de Corbie, Contra græcorum oppositu, ii, 2, P. L., t. cxxi, col. 240 ; S. Anselme de Cantorbéry, De processione Spiritus Sancti, c. xxii, P. L., t. clviii, col. 317 ; Anselme de Havelberg, Dialogi, U, 22, P. L., . t. cLxxxviii, col. 1198.

6° Le décret du concile d'Éplicse n’a pas défendu à