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FILIOQUE

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gréco-russe contre les lalins, Saint-Pétersbourg, 1878, p. 137. L’addition du Filioquc a été la source de toutes les hérésies latines, Syméon de Thessalonique, Dialoqus adversus lalinos, xix, P. G., t. clv, col. 97, la cause permanente du schisme. Ibicl., xxi, col. 109. Depuis la séparation des Églises, on a posé aux latins qui voulaient entrer dans l'Église grecque la condition de lire une profession de foi anathematisant l’addition du Filioqite au symbole : ' A-Koèillop ai tv' Tiapà "(ùv -VaTtvwv yE^/O’jv/r, '/ 7tpCioO>îv.r|V âv to’jtw T(Ï> aYio) c-ju.goA(o. Miklosich et Millier, Acla patriarchatus conslantinopolitani, Vienne, 1862, t. ii, p. 8. Au concile de Florence, on consacra plusieurs sessions à la discussion de la légitimité du Filioque au symbole, et Marc d'Éphèse ne cessa de répéter que cette addition a été la cause du schisme, l’origine de tous les scandales, la ruine de la charité, une initiative illicite. -Mansi, ConcU., t. xxxi, col. 510, 511, 516, 518.

Les théologiens grecs modernes rivalisent de violence avec leurs ancêtres dans leurs attaques contre le Filioque. « Ce Filioque, écrit Mgr Chrysostonie, métropolite de Drama, est une sentence arbitraire, une nouveauté hérétique, un dogme impie, mauvais, faux, contraire à l'Évangile, révélé par le diable qui est le père du mensonge. » Ilspi 'Ey.y.Xv-.fri’aç, Athènes, 1896, t. ii, p. 389. Le symbole de la foi ne doit pas être altéré ou changé. Les canons ecclésiastiques et les décrets des Pères et des papes défendent d’y rien ajouter ou d’en rien retrancher. Quiconque y ajoute une syllabe tombe dans l’hérésie, se soulève contre les conciles, est frappé d’anathéme, mérite l’exconnnunication. Même si le Filioque n'était pas une doctrine impie et très opposée à la vérité, même s’il avait toute la noblesse des vraies dogmes orthodoxes, on pourrait peut-être l’enseigner dans les écoles, l’introduire dans les catéchismes, dans les professions de foi, dans les lettres dogmatiques ; mais il serait toujours défendu de l’insérer au symbole, qui est l'œuvre des Pères. Ibid., p. 397-398. « Il est évident, écrit Mesoloras, que le symbole de Constantinople n’a pas le Filioque. Les latins (catholiques et protestants) ont commis donc un crime horrible en l’introduisant au symbole sans une juste raison. Par là, ils ont déformé l'Église chrétienne et provoqué d’innomljrables dissensions. «  2-j-jioo).txïj tri ; fjofjrjcioiov àvaToXtxriî 'l'>/./.>, r, (j : aç, Athènes, 1883, t. I, p. 52. Dans sa lettre encyclique en réponse à l’encyclique Præclara de Léon XIII, le patriarche de Constantinople Anthime déclare que, dès le is.e siècle, l'Église occidentale a commencé à falsifier le symbole et qu’elle y a introduit une formule illicite et antiévangélique. 'Eyyvy.Ucç ! iaTpiap-/i/.r| -/.al cruvo£tx-/|, n. 7, Constantinople, 1895, p. 8.

II. Légitimité de l’insertion du fiuuque ai ; SYMKOLE. — La théologie orthodoxe exagère outre mesure l’importance de l’addition du Filioque au symbole de Constantinople. Cette addition, à bien y réiléchir, ne mériterait pas d'être rangée au nombre des divergences dogmatiques ou liturgiques entre les deux Églises d’Orient et d’Occident. Si le Filioque, en elTet, exprime une doctrine dogmatiquement vraie, et nous en avons donné la preuve en traitant de la procession du Saint-Esprit du Fils, il est évident que son introduction au symbole par une autorité légitime n’est aucunement contraire ni aux traditions, ni aux lois de l'Église. Dans leurs démêlés avec les latins, les grecs auraient donc dû se borner à faire valoir les arguments, qui, à leur avis, montrent la fausseté du Filioque, et ne pas mettre en question la légitimité de son insertion au symbole. Cette insertion ne saurait, en effet, constituer un obstacle à l’union des Églises, si les latins prouvent que son contenu doctrinal est conforme aux témoignages de l'Éciiture sainte et de la tradition.

Ce n’est donc pas sans raison qu’au concile de Florence le cardinal Cesarini réduisait au silence les grecs par le dilemme suivant : Si ostenderc potcrilis ex Filio non procedere Spiritum Sanctum, tune ego aperte dixerim esse addilamenUim, et sanctæ romanee Ecclesiæ non licuissc addere quod est verse fidei oppositum ; sed si falsum hoc esse probare non poluerilis, imo vero demonstratum fuit utile et verum, tune concedendum erit licuissc in symbolo explicarc. Mansi, Concil., t. XXXI, col. 655. Le cardinal Bessarion adjurait aussi ses compatriotes d’examiner d’abord si le Fz'/iogne était, oui ou non, conforme à la révélation divine. Car, si on avait pu démontrer que le dogme latin était faux, la cpiestion de l’insertion du Filioque n’aurait plus eu besoin d'être posée. Que si, au contraire, le Filioque était appuyé sur de bonnes raisons, robjectioii des grecs tournait au ridicule, car l'Église n’a jamais renoncé au droit d’ajouter au symbole l’explication légitime de la doctrine révélée. De processionc Spiritus Sancti ad Alexiuni Lascarin Philanthropinum, P. G., t. clxi, col. 337.

1° L’addition du Filioque n’a pas été la cause du schisme grec. — La première question à éclaircir, avant d’aborder les preuves de la légitimité de l’introduction du Filioque au symbole, est la suivante : le Filioque a-t-il réellement provoqué le schisme entre les deux Églises ? La réponse à cette question ne saurait être que négative.

Il est hors de doute, en effet, que, bien longtemps avant Photius, la doctrine du Filioque était connue et professée dans les Églises d’Esjiagne et des Gaules. Les grecs cependant, toujours à l’affût de nouvelles hérésies, ne protestent pas contre cette nouveauté antiévangélique. Par la bouche de ses docteurs les plus illustres (Photius lui-même cite comme favorables au Filioque saint Augustin, saint Ambroise, saint Grégoire le Grand, Mystagogia, 66-72, P. G., t. cii, col. 344-353), la théologie latine se prononce pour le Filioque. Le Filioque pénètre dans les professions de foi conciliaires de l’Occident, dans le symbole même de Constantinople. Mais l'Église grecque ne trouve rien à redire. Les moines grecs de la Palestine s’effarouchent en entendant leurs collègues francs chanter le symbole avec le Filioque. Mais la hiérarchie grecque ne se range pas de leur côté pour la défense de l’orthodoxie.

Photius est élevé au siège patriarcal. Il se rend compte qu’il y a des griefs contre lui et que le SaintSiège lui demandera des explications sur sa conduite. Mais il devance ses adversaires et envoie à Nicolas 1° sa profession de foi et une lettre savamment rédigée. Il lui demande de l’aider de ses prières, de l’honorer de son amitié, d’agréer les marques de sa vénération et de son respect. Voir Jager, Histoire de Photius, p. 34-38. Or Nicolas I" était le chef de ces Églises d’Occident que Photius ne devait pas hésiter à appeler hérétiques à cause du Filioque. Comment donc expliquer ces sentiments de vénération de Photius à l'égard du siège de Rome, si réellement il était convaincu de la fausseté hérétique du Filioque et de son caractère de nouveauté CvUtraire à l'Évangile ? Il y a donc lieu de croire que, si Nicolas l^^ avait épousé la cause de Photius et abandonné Ignace aux persécutions de ses ennemis, Photius n’aurait pas touché à la question du Filioque, n’aurait pas rompu ses relations avec l'Église romaine. Si ante Pliotium, remarque avec raison Manuel Calécas, symbolum a latinis cum udditione legebatur ipseque primus, cum voti non potirrtur additioncm descessionis rcpe il ccuisani ut passim sibi liccret votis perfrui : compos autem sni desidcrii cfjcclus, nullum ultra ea de re verbuni movit, subjectionemque débit : m peromnia summo pontifici rcddidit, nonne liquet ex onuiibus, non additioncm, sed super-