Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/501

Cette page n’a pas encore été corrigée
2301
2302
FIGURISME


sition des deux alliances. Il n’y a entre ces deux systèmes, si foncièrement différents, que des ressemblances accidentelles au point de vue exégétique : 1° l’abus du sens figuratif ; 2° l’annonce prophétique de la conversion finale des juifs, le règne millénaire de Jésus-Christ sur terre et la destruction de l’Antéchrist. C’est seulement par ces rencontres fortuites, notamment dans l’interprétation de l’Apocalypse, qu’il faut expliquer le rapprochement que Bergier a fait du système de Coccéiusetde ses disciples avec le ligurisme du xviiie siècle. Dictionnaire de théologie, art. Coccéiens, cdit. Le Noir, Paris, 187 1, t. iii, p. 2728. Sur le système biblico-théologique de Coccéius, voir Realencydopàdie fiir protestantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1898, t. iv, p. 189-194, et sur sa manière d’entendre l’Apocalypse, voir W. Bousset, Die Offenbarung Joliannis, 2<= édit., Gœttingue, 1896, p. 109-110.

Auteur du système.

L’auteur du figurisme précédemment exposé est un janséniste du xviii'e siècle,

un appelant célèbre contre la bulle Unigenitus, l’abbé d'Étémare, qui croyait avoir reçu le don d’intelligence des saintes Écritures. Jean-Baptiste de Sesnc de Ménilles, abbé d'Étémare, était né le 4 janvier 1682, au château de Méuilles (diocèse d’Evreux). Dès sa plus tendre jeunesse, il avait médité l'Écriture. En 1710 et 1711, il avait entendu Duguet expliquer les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament sur la conversion future des juifs. II en fut extrêmement frappé et il se mit à étudier, à sa façon, cet intéressant sujet. En 1712, il fit là-dessus des conférences au séminaire Saint-Magloire. lùi réalité, plusieurs des ouvrages qu’il publia plus tard datent de cette année ou de 1 année 1714. Les principes exégétiques de l’abbé d'Étémare n’ont rien de commun avec les Règles pour l’intelligence des saintes Éerilurcs, que Duguet publia en 1716 et qui ont été reproduites par Migne dans le Cursus complétas sacræ Scripluræ, t. xxvii, col. 15-74, sinon quelque analogie sur le sens prophétique des figures bibliques et leur application au retour des juifs, col. 73-130. Ils sont exposés en trois opuscules, dont l’un, sous forme de lettre, est daté du 6 août 1712, qui sont intitulés : Principes pour l’intelligence de V Èerilure sainte, pour le second : tirés des saints Pères, p. 13-43, et qui ont été publiés d’après les manuscrits aullientiques, avec un Recueil de divers écrits sur le même sujet, in-18, Paris, 1805. Ces divers écrits sur le même sujet sont : 1° Réflexions sur l’histoire de Judith, p. 231-267 (lettre datée du 29 août 1712), dont la suite : Parallèle abrégé de l’histoire du peuple d’Israël et de l’histoire de l'Église avait paru, in-12, 1723 ; 2° Réflexions sur plusieurs tliapitres de la Genèse, p. 269-355 ; 3° Vues générales sur l’histoire de Joseph, p. 357-387 ; 4° Explic(dion de l’Iiistoire de Joseph, p. 389-423 ; 5° Explication des chapitres ix et x du premier livre des Rois, p. 42$1-$247. D’autres écrits de même nature avaient été publiés au xviii'e siècle par l’auteur ou par ses amis : Réflexions sur l’iiisloirc des Mæcliabées comparée à celle des défenseurs de la vérité dans le dernier siècle, ouvrage composé en 1713 et imprimé en 1760, avec des changements considérables faits par l'éditeur, l’abbé Joubert ; neuf Mémoires sur les propositions renfermées dans la constitution Unigenitus, qui regardent la nature de l’ancienne et de la nouvelle alliance, rédigés en 17Il et imprimés en 1714 et 1710 ; l’auteur y a fait des additions manuscrites ; Tradition des saints Pères sur la conversion future des juifs, fondée sur les témoignages des Écritures, 1724 ; L’explication de quelques propliétics sur la conversion des juifs, composée dès 1712, et publiée peu après le précédent ouvrage ; Essai d’un parallèle du temps de Jèsus-Clirist et des nôtres, composé en 1725 et publié en 1732 ; Observations géné rcdes sur Joël, Avignon, 1733. D’autres écrits de l’abbé d'Étémare ont vu le jour, au moins intégralement, au xixe siècle, probablement par les soins d’un éditeur janséniste, qui ne s’est pas fait connaître et qui ne renseigne pas sur les manuscrits authentiques qu’il édite. Ce sont : 1° Explication du discours de NotreSeigneur Jésus-Cluist après la cène, rédigée en 1729 et publiée, in-18, Paris, 1800 ; 2° Ressources de la piété dems les maux de l' Église, ouvrage composé vers 1740et imprimé, in-18, Paris, 1800 ; 3° Histoire de la religion représentée dems l'Écriture sainte sous divers symboles, 2 in-8°, Paris, 1862. Des parties de cet ouvrage avaient été imprimées au xviii<e siècle : le premier symbole : Le ciel et les astres, et le septième : La vigne et son fruit, en 1727 ; le second avec la préface, sous ce titre : Enchaînement des vérités proposées dans l'Écriture sainte sous le symbole des épouses fidèles et infidèles, et sous celui des vases d’argile, pour servir à l’intelligence des prophéties et des figures de l’Ancien Testanvnt, en 1734. Les cinq autres symboles étaient restés inédits. Enfin, l’Explication de l’Apocalypse parut, in-18, Paris, 1866. L’abbé d'Étémare mourut, le 29 mars 1770, dans sa quatre-vingt-neuvième année, à Rhynwyk, maison de campagne du village de Zeyst, auprès d’Utrecht, en Hollande, où il s'était réfugié, (^f. l’Introduction de l’Histoire de la religion, t. i, p. xxi-xxii. Tous ses écrits exposent le ligurisme, tel que nous l’avons précédennnent résumé.

30 Ses disciples. — L’abbé d'Étémare s'était fait des disciples. Quelques-uns publièrent des écrits sur la conversion future des juifs : ainsi, l’abbé Joubert, La connaissance des temps par rapport à la religion, 1727 ; de Fourquevaux, L’introduction abrégée à l’intelligence des propliéties de l'Écriture, par l’usage qu’en fait saint Paul dans l' Épttre cmx Romains, 1731. Les nouvelles idées se répandirent, dès 1731, chez les convulsionnaires. Dans ces groupes exaltés, on ne rencontrait que des enthousiastes qui déploraient la situation de l'Église et ne rêvaient que le triomphe de la doctrine de la grâce efficace et du règne de JésusChrist sur terre. Élie allait venir. On fixait le temps de son arrivée ; on se mettait en route pour aller à sa rencontre. La guerre que la Bête de l’Apocalypse avait reçu pouvoir de faire aux saints avait commencé à la Déclaration du 24 nmrs 1730, et elle devait finir au mois de septembre 1733. Les convulsions paraissaient être l’accomplissement ou au moins le présage du renouvellement général qu’on attendait dans l'Église. "Voir Convulsionnaires, t. iii, col. 1757-1762 ; FaREiNisTEs, t. V, col. 2077. Les réfugiés transportèrent ces espérances en Hollande et jetèrent le trouble dans l'Église janséniste. Un des plus ardents propagateurs des secours et des figures était Jean-Baptiste des Essarts, plus connu sous le nom de Poncet, ainsi que son frère, Alexis des Essarts. Voir t. v, col. 830-831. L’abbé Mérault (f en 1742) avait composé un Commentaire sur l’Apocalypse, dans le goût de celui d'Étémare, mais plus étendu que ce dernier. Il est resté inédit, mais les c. Il et m ont été insérés dans l’Explication d'Étémare, Paris, 1866, p. 31-97. Boursier (voir t. II, col. 1116), Le Gros, Montgeron, La Roche, les évêques de Montpellier, de Senez et de Babylone répandaient et soutenaient dans leurs écrits les principes et les applications du figurisme. Le P. Boyer, l’abbé de Fernanville, l’abbé Coudrette (voirt. iii, col. 19301931), l’abbé Nivelle s’en faisaient les propagateurs. Le parti des figuristes prédomina pendant quelque temps parmi les appelants. Le diacre Paris passait pour avoir été très attaché au figurisme ; il croyait arrivée de son temps la grande apostasie prédite par saint Paul et il soupirait après la venue d'Élie. L’ne des dévotions du parti était de demander à Dieu la venue de ce prophète, « le libérateur des persécutés et le répa-