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FEU DU PURGATOIRE — FEUARDENT

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il’une censure grave ; il suffît de dire qu’elle est improbable. Et cependant, en conservant à la doctrine des latins son caractère d’opinion théologique, Suarez essaie de nous en démontrer la certitude. Cette certitude repose sur quatre raisons : 1° consentement unanime des théologiens latins ; 2° affirmation unanime des Pères latins au concile de Florence ; 3° fondement assez probable dans I Cor., iii, 13-15 ; 4° enfin, révélations et visions particulières. De sacranienlis, part. II, disp. XLVI, scct. ii, n. 2.

Les théologiens qui, comme Catharin, voir Pio l’crilnle, iv, Môhler, Dieringer, Kléc, etc., admettent le feu métaphorique ou spirituel dans l’enfer, penchent évidemment vers cette solution pour le feu du purgatoire. Xous n’avons rien à ajouter, à leur sujet, à ce qui a été dit, soit ici soit à l’art. Feu de l’enfer.

On ne peut pas donner ici la longue liste des auteurs qui ont écrit sur le purgatoire. Voir Purgatoire. En se restreignant au feu, il fautse contenterd’indiqi : er, fauted’ou rages écrits spécialement sur la matière, quelques traités ou articles d’où l’on pourra extraire les principaux éléments de la question. 1° Sur la doctrine des grecs comparée à celle des latins, Mansi, Concil., t. xxxi, xxxviii, loc. cit., et les différents liistoriens du concile de l’iorence, en particulier Syropulos, Vera historia tinionis non veree inler Greecos et Latinos, trad. Creyghton, La Haye, 1660 ; Mgr Cecconi, SIndi sloriri siil concilio di Firenze, Florence, 1869 ; Le Quien, Dissciialiunes danmscenicfe, diss. V, dans P. G., t. xciv ; Arcudius, De purcjalorio iyne aduersus Bailaam, Rome, 1637 ; Allatius. De ntrinsqne Ecclesiw occidentoUs alqiie orientalis perpétua in docjniate de purgatorio consensione, dans Migne, Theologiw tnrsiis complétas, Paris, 1841, t..xviii ; Perpétuité de. la foi, édit. Migne, t. iii, 1. VIII, c. vi-x. Mais il faut consulter surtout Valentin Loch, Dus Dogma der griechischen Kirclie l’oni Purgatorium, Ralisbonne, 1842. Voir aussi M..Jugie, La peine temporelle due au péché d’après les théologiens ortho<loj : es, dans les Échos d’Orient, novembre 1900. On trouvera quelques bonnes indications patristiques dans Bellarmin, De purgatorio, I. I, II ; dans.Suarez, De sacramentis, part. II, disp. XLVI, sect. i, et dans plusieurs auteurs allemands modernes : I"r. Schmid, Das Fegfeuer nach katholische Lettre, Brixc-n, 1904 ; Bautz, Das Fegfeuer, Mayence, 1883 ; dans Turniel, Histoire de la théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, Paris, s. d., p. 194, 363, 48.5, 487 ; dans Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 19091912, t. I, p. 303 ; t. ii, p. 198 sq., 345 sq., 433 sq. ; t. iii, p. 428 sq., et, pour les trois premiers siècles, dans Atzberger, Geschichte der christlichen Eschatologie innerhalb der vornitdnischen Zeit, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 190, 358, 405, 504, 536, 605.

2° Sur le feu du purgatoire dans I Cor., iii, 13-15, Suarez, loc. cit. ; Bellarmin, De purgatorio, 1. I, c. v ; 1. II, c. i ; Estius, Comment, in S. L’anli epistolas. Douai, 1612 ; In IV Sent., 1. IV, ilist. XXI, S 1> et les autres théologiens citrs au cours de l’article ; J.Corluy, Spicilegiuni dogmatico biblicum, Gand, 1884, t. I, p. 269-277 ; Cornely, Commentoj-ius in S. Pauli epistolas, Paris, 1890, t. ii ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. i, note G.

3° Sur les visions et révélations du feu du purgatoire, sainte Catherine de Gênes, Traité du purgatoire ; voir P. Lechner, G. S. B., I.eben und.Schriften der hl. Katharina von Genua, Ratisbonne, 18.59 ; Louvel, Le purgatoire <l’après les révélations des saints, Paris, 1883, c. m.

A. Michel. 4. FEU François, théologien, né à Massiac, en Auvergne, en 1633, mort à Rouen le 26 décembre 1699. Docteur en théologie le 15 février 1667, il fut le précepteur de Jacques-Nicolas Colbert, puis son grand-vicaire quand ce dernier devint coadjuteur, puis archevêque de P.ouen. En 1686, il fut nonmic curé de Saint-Gervais. Il a laissé : Theologici traclattts ex Sdcris codicibiis et sanctoriini Palriim moniiinentis e.vcerp/i, 2 in-4°, Paris, 1692-1695 : ouvrage demeuréinachevé ; deux autres volumes devaient traiter des sacrements.

Moréri, Z)ic ; io ; inr((rc historique, 1759, t. v, p. 122 ; Journal des savants, t. xx, p. 716 ; t. xxiir, p. 55 ; Hurter, Xomenclator, 1910, t. iv, col. 324.

B. Heurtebize.

    1. FEUARDENT François##


FEUARDENT François, fière mineur observant, naquit à Coutanccs, au mois de décembre 1539, d’une famille noble qui portait d' argent à l’aigle éploijé de sable membre et l ; ee(/ué d’or. Encore enfant, il allait ; i Bayeux, où il commençait ses études sous les auspices et grâce aux libéralités de l'évêciue Charles d’Humières et du chanoine Germain du Val : plus tard, il dédiera un de ses ouviages à ce dernier en gage de reconnaissance pour ses bienfaits continus. Le couvent de saint François l’attirait, il se plaisait avec les cordeliers et bientôt il demandait son admission chez eux. Vers l'âge de vingt ans, on renoya à Paris se perfectionner dans la philosophie, puis il revenait en Normandie, était ordonné prêtre et se consacrait à la prédication (1561). Meaux, Chartres, Tours, Mantes, Laon, Soissons, Amiens, Bcauvais, Péronne, Sentis, Nantes l’entendront au cours de sa longue carrière, sans parler de la capitale et de beaucoup de villes de Normandie, il prêcha même en Dauphiné, en Lorraine et dans 'es Flandres. Ses supérieurs, toutefois, voulant profiter de ses heureuses dispositions, l’avaient renvoyé à Paris où il était reçu docteur en théologie, le 5 mai 1576. Cette même année, notre cordelier publiait son premier volume et jusqu'à sa mort il ne cessa plus d'écrire, occupant ses loisirs entre ses leçons et ses prédications à étudier les manuscrits, compulser les livres, prendre des notes. Écriture sainte, patrologie, I théologie, histoire, son esprit absorbe tous les sujets, mais il fait converger principalement ses études à I découvrir et démasquer les hérésies, à « rembarrer les [ hérétiques » comme il écrit sur le titre d’un de ses ouvrages. Feuardent, aucun autre nom ne lui pouvait , mieux convenir, avait hérité de ses ancêtres un esprit batailleur, il était sans cesse en guerre contre les calvinistes qui ne lui répondaient pas assez à son gré. S’il était revenu à Bayeux après son doctorat, il retourna ensuite à Paris comme professeur et il était gardien du grand couvent des cordeliers à l'époque de la Ligue. Son humeur combative le destinait [à jouer un rôle actif dans ce mouvement politico-religieux, et l’Estoile, dans son.Journal, nous lo dépoint comme un des plus fougueux prédicateurs du parti des Seize. Il nous a mémo conservé quelques échantillons de ses diatribes contre le Béarnais. Il disparut de la scène au moment do l’abjuration d’Honri IV quillet 1593). Une maladie, arrivée très à propos, l’avait obligé à so rendre aux eaux de Spa ; de là, exilé volontaire, dit-il, il alla passer sept mois en Lorraine, puis il se fixa à Cologne où, avec son compagnon, il avait trouvé asile chez ses frères en religion (1594-1596). L’année suivante, il rentrait en France et se retirait dans son cher couvent do Bayeux qu’il se plaisait à entretenir, consacrant les ressources cjuc lui procuraient ses prédications incessantes à le restaurer et à enrichir sa bibliothèciue. Le cardinal d’Ossat ayant été nommé évêquc de Bayeux, Feuardent lui fut chaudement recommandé ; il lui dédia un de ses derniers ouvrages, la Tbcomuehiu calvinistiea, et tout fait croire que c’est lui qui le présenta au roi et lui fil obtenir une pension. Si, à soixante-quatre ans, notre cordelier jouissait d’une santé parfaite, s’il ne faisait pas encore usage do lunettes et avait conservé toutes ses dents, il ne tarda pas à ressentir quelque fatigue, comme il avoue que cela lui arriva après les prédications du carême de 1606. Le P. Augustin Superbi écrit qu’il mourut l’année suivante à Paris, bien que Wadding et beaucoup d’autres prolongent sa vie jusqu’au ! « ' janvier 1610.

Les ouvrages du P. Feuardent ont été loués sans mesure par les uns, ils ont été moins appréciés par d’autres ; ses traités de polémique sont remplis de violence, connue cela était trop fréquent alors ; sa poursuite des hérétiques est fastidieuse et ses livres.