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FEU DU PURGATOIRE


Au v<^ siôclc, saint Isidore de Péluse exhorte le pcclicur à considérer où le mène son inconstance, Epist., I. l, cpist. cccL, Lampelio, P. G., t. i.xxviii, col. 381 : 'Opa toi’vjv on itûp ïyi : tsî.î-jttiV xo aosSatov, y, y.aOaïpov, r, s’t ; xiÀo ; ixxaïov.

Dans la deuxième moitié du v siècle, Basile de Sèlcucie exhorte les pécheurs à détester leurs fautes, à l’exemple de David repentant, ne mancamus, diirn ah ignc cureniiir, [i.r^ iizi-noij.vj 8Epa7r£-jOr, vai r.jç, î. Oral., XVIII, in Davidem, P. G., t. lxxxv, col. 225.

Au ix'e siècle, Tliéodore Graptus, Orulio de dormienlibus, s’exprime ainsi : Teiiium lestimoniiim erat : « ipse vero salrabiliir tanr/uam per iyncm ; » et dicebanl : Eecc hic est sains condeninatornm : in hoc dicil : Ilhid, SAi.vADiTin, Cad inlcllifjilnr de condeninatis qui salvanliir, hoc est, rémanent scdi’i et inlegri intcr flanunas nias œldnas ; unt intclligitur de illis qui spein salulis possident, qneniadmoduni et Gregorius Nyssemis dictum illad inicrprctatus est ; licet nonnulli illum calumniati sunt tanqnani Otigeniani dogmatis asseclnm. Ce court fragment, que Grégoire, hiéromoine de Chios (xvi<e siècle), a sauvé de l’oubli en l’intercalant dans sa Synopsis dogmatam, Bibl. Vatie., II. 837, et qui est surtout connu parce cprvllatius, op. cit., dans Migne, loc. cit., col. 425, n’a eu garde de l’omettre, témoigne de la distinction très nette que faisaient, au ix'e siècle, les théologiens grecs entre le feu réel temporaire, celui admis par saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, et le feu éternel de l’enfer. Admettre le premier n’est point, pour autant, tomljcr dans l’origénisme.

Enfin, au x^e siècle, Œcumenius, dans son commentaire de la f^ aux Corinthiens, laisse entendre clairement qu’il s’agit ici d’un feu purificateur destiné à enlever les souillures du péché, dont Dieu seul est parfaitement exempt, P. G., t. cxviii, col. 676 : SwOï-i^cTat ôs ye ÈTrwS-jvdji ; v.txi aùro ;, (ô ; eIxô ; tôv ôtà irupoî TTXpiévra, xa £y.x.aOa'.pô(A£v&v tôv èvovra a-JTtî) ppa/j-jv pvnov. 0£o’j yàp |j.ôvov, tô TîÀs’toç ava[j.iipTï]T&v.

Sans doute, ces textes ne sont ni assez nombreux, ni, dans l’ensemble, assez explicites pour former une tradition irréfragable dans l'Église grecque. Mais ils sont suffisants pour démontrer l’inanité des affirmations de Marc d'Éphèse et des auteurs du lilielle dit de Barlaam, et la légitimité de la croyance latine.

2. Après le schisme, la doctrine catholique du purgatoire garde de nombreux représentants chez les grecs, et quelques-uns même professent encore la croyance au feu purificateur. Tandis que Nil Cabasilas, Gennade, Maxime Planudes, Siméon de Thessalonique et d’autres favorisent, au xive siècle, la division des grecs et des latins, d’autres, comme Manuel Calécas († 1410), essaient de toutes leurs forces de ramener la concorde et l’union. Aussi, dans la question du purgatoire, ce théologien s’attache à faire ressortir la vérité de la doctrine des latins. Voici un passage significatif de l’ouvrage Adversus Grœcos, 1. IV, De ignc purgalorio, dont le texte grec se trouve à la bibliothèque royale de Munich, cod. yr., 261, et a été publié en partie par V. Loch, op. cit., p. 34-42 ; cf. P. G., t. clii, col. 227, 235 : "Ov or, TÔTTûv ir-jp elvat <pa(Ttv, o-jx èxeVvo tÔ TtCp, oitEp Tipb TTpOITtÔTIOU XptO-TO-J Èv TT) ÈTriçavEtx, (î)? 6 Aavir|), (pv, (Tt’v,

E/.y.cTai, y.al 6 -Op reÉvv^] ; -r^ ypoitfr, y.a).£t, Toï ; yàp èv to-jto) y.aTX/.ptftEîTtv, o’jy È'aTtv àvâô'jtrt :, a).).' eteoov, o KaOapTV] piov Sià T'/jv y.dtOapcrtv ô vo i^âîlETa t, y.a zh v.aOârsp Èv j(u)v£uT-/ipt(i) Tov tlaù.fiôv-a ; xa9ac’pE(76at, -/al toOto Tipô Tr, ; Te), £'JTaia ; xpi’aew ; … Loch, p. 37. Et INIanuel Calécas donne, quelques pages plus loin, son avis sur le feu du purgatoire, avis motivé par l’interprétation de I Cor., m : Koc’toi y£ sî -h rf, ; TEÉwr, ;

TiCp EvTaOOa [io’jXsrai Xéysiv, tzwç S-jvîctov èv aÙTàJ aiù-rpi’a ; ÈTïiT-jy/jvTa owOrivaf oO yâp èctti trwrrjpt’a ; 'j'/eîv èv TO’jTto y-vo|x£vov à) ; 8È SïiXov KS.p’i ToO Ttvipci ; "O’J y.aOai’povTo :, yat 50xi|j.â'ovTo ? (ouiiEp /p-jijbv év -/(ovEUTTipûi) to’jc EÎtj'.fJvTa ; EÎvai tov Xôyov aùxCo' tô yàp tr, ? Teewt, ; njp O’jTE y.a6apicî Tcvâç, O’jts £oy.i[j.â(J£i. Ec ôk ti ; tù)v 'Ayûov xb (7(1)6 y-|(T£Tat (jù ; 51à Tzupô^, TO’jTÈdriv Èv 7(0 Ttupi [lEv EÏ, ÈE-/)yT ; (TaTO, o-Jô' : v Èvav : i(jv* rb yàp xaBxipôiiEvov y.al Êoy.i|j.a(o[jiEvov ôtzuxso-jv bi T(ô y.aôatpovTt ; i£tvat 8s ;, c’v « Tïiv y.iêÔY|/, t’av àTtoO-zirai* yai a^.a xb oià u-jpb ; E'.pr, irOa ;, xb).£y(j^.£vrjv ÈTtioEêaioc' r, (jÈv yàp Aiâ, Si&ôôv Tiva y.at yt’vi, (jiv i|jiçai’vEC. Tbv 6è UTzct^ iv tjo nyp’i Tr, ç r££vvi-, c EicTEXOrJvxa (J.ÉvEtv àci 8e ;. Locli, p. 41.

Et c’est ainsi que rinlerprétalion de saint Jean Chrysostome ne s’oppose nullement à la doctrine du feu purificateur, et que ni saint Basile, ni saint Grégoire de Nysse, en soutenant cette doctrine, ne sont tombés dans l’origénisme. Quel latin a défendu jamais aussi clairement le dogme du purgatoire et l’opinion du feu purificateur ? Cette mentalité latine, plusieurs théologiens grecs la retrouvèrent à l’occasion du concile de Florence. Le patriarche Grégoire surnommé Mammas († 1459), partisan de l’union, réfuta les sophismes de Marc d'Éphèse. Dans son Apologie Contra Ephesii confessionem, P. G., t. clx, col. 180, il dit expressément : Cseterum eos etiam qui in hac vila non satisfeccrunt, iynis crucicdum ante communcm rcsurrectioncm poli (ot ; y.a èv n-jpi x'/Aâ'ovTa ; Tipb tt, ? yocvrjç àvaaTà'jEooç) probabinms ex narndione Pcdrum. Nous possédons également la Defensio quinque capitnm synodi Florenlinæ, attribuée à Gennade (Georges) Scholarius, mais en réalité de Joseph de Méthone, P. G., t. CLix ; l’auteur appuie, col. 1260-1261, la doctrine du feu purificateur sur I Cor., iii, 13-15, et confirme son explication par l’autorité de saint Basile. Sa pensée n’est pas toujours très nette et laisse percevoir parfois une interprétation métaphorique, mais elle ne laisse pas, en somme, que d'être très favorable à l’opinion des latins. Cf. col. 1227 sq., 1265 sq.

Mais à mesure que les bons effets de l’union proclamée à Florence disparaissent, disparaissent aussi les témoignages en faveur du feu purificateur. Au XVI'e siècle, Gabriel Severos, métropolite de Philadelphie, dont Richard Simon a traduit en latin bon nombre d’ouvrages, Fides Ecclesiec orientalis, Paris, 1671, a cependant encore, malgré ses attaques contre le dogme du purgatoire des latins, une affirmation favorable et qui nous est fort utile pour juger de la mentalité grecque par rapport au < feu » de l’autre vie. Dans son traité, Co/î/ra quinque concilii Florentini capita, Londres, 1624, c. iv. De purgalorio, il repousse la conception latine du purgatoire, bien distinct du paradis et de l’enfer ; il n’y a pour lui qu’un endroit où les âmes soient châtiées, c’est l’enfer ; mais ce lieu renferme divers genres et divers degrés de supplices, le feu éternel, les ténèbres extérieures, les grincements de dents, le ver rongeur qui ne meurt point, etc. A ces tourments sont vouées les âmes pécheresses, les âmes non seulement des impies et des hérétiques, mais encore des chrétiens qui n’ont pas fait pénitence sur terre et qui cependant se nourrissent de l’espércmcc d'être délivrées de leurs tourments, grâce au sacrifice de la messe, cnix aumônes et cnix prières que l’on fait pour eux. Il ne faut pas appeler ces lieux « purgatoire » , pour ne pas paraître accepter de Platon (Phédon) la doctrine de la « purification » des âmes, mais « lieux satisfactoires » . Cette distinction entre la satisfaction qui a pour but unique d’apaiser Dieu et de le rendre propice, et la purification de l'âme, est encore un aspect de la doctrine des grecs, et sera approfondie à l’art. Purg.toire ; elle ne saurait constituer, au moins dans la forme