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FEU DU PURGATOIRE


culpabilité. « TcMc est encore, sous une autre forme la thèse actuellement professée par M. Dyovouniotis, de l’université d’Athènes, 'II [xé<rri /.aziairGi ; twv 'Jy-j/tôv, Athènes, 1904, p. 70-71. S’il en est ainsi, il faut bien reconnaitrcque, de toute nécessité, la doctrine du feu purificateur, antérieur à l’admission des âmes au paradis, doit, elle aussi, refléter l'éloigncment de perspective générale, et que l’action de ce feu, dans l’hypothèse des grecs, ne peut se concevoir qu’au jugement dernier. Sans doute, une telle hypothèse est aujourd’hui inadmissible, puisqu’elle a été solennellement réprouvée à Florence, et l’on sait que la plubart des grecs, Bessarion en tête, ont admis cette réprobation ; mais il est tout à fait logique de supposer que, dans les premiers siècles, elle a influencé la croyance, encore assez rudimenlaire, au feu du purgatoire et qu’elle a abouti à la théorie du feu réel du jugement. Tel est le motif qui nous fait croire que cette doctrine primitive du feu réel du jugement n’est que la première forme de la croyance au feu réel du purgatoire.

2 » La tradition yrecque. — D’ailleurs, il n’est pas vrai, quoi qu’en ait dit Marc d'Éphèse, que la tradition grecque ignore complètement la doctrine du feu purificateur, même avant le jour du jugement. Sans doute, beaucoup des grands docteurs, et en particulier, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Jean Chrysostome, saint Épiphane, saint Jean Damascène, se sont tus sur le feu du purgatoire (quoique la plupart enseignent qu’il faut prier pour les morts), mais ils ne l’ont pas nié non plus. Par contre, d’autres, et non des moindres, y ont nettement fait allusion ou l’ont explicitement enseigné.

1. Avant le schisme, on peut invoquer l’autorité de Clément d’Alexandrie, Slrom., V, 14 ; VII, 6, P. G., t. IX, col. 13.3, 449 ; voir Atzberger, Geschichle der ehvisllichen Eschatologie innerhalb der vornicànischen Zeil, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 358 ; et celle d’Origène, proclamant, l’un et l’autre, la nécessité, pour les justes, d'être purifiés par le baptême de feu avant d’entrer au ciel. Voir Feu du jugement, col. 2241 ; Atzberger, op. cit., p. 405 ; G. Anrich, CIcmens iind Origencs als Bcf/rUnder der Lehrc nom Fetjfeucr, dans Tlicohgischen A bhandhin yen, Tubinguc, 17 mai 1902. Mais ces deux écrivains ecclésiastiques sont suspects aux grecs orthodoxes à cause de leur doctrine de l’apocatastase universelle, condamnée au II concile de Constantinople, et dont le feu du purgatoire ne serait, au dire de Marc d'Éphèse et des théologiens grecs modernes, qu’une réminiscence. On trouve aussi des allusions au feu purificateur dans les pseudo-Clémentines. Recoynitioncs, 1. IX, 9, 13, P. G., 1. 1, col. 1404 sq. Voir Atzberger, op. cit., p. 190. Saint lîasile, qui alfirnie très énergiquement l’existence du feu éternel de l’enfer, In Is., , 14 ; x, 20, P. G., t. XXX, col. 392, 549, réservé à ceux qui ne veulent pas faire pénitence, ibid., v, 14, col. 229, reconnaît aussi un autre lieu destiné à la purification des âmes, -/MÇiio'/ y.aOapttrixoO ituyiôv, d’où l’ange a pris le charbon ardent cjui purifia les lèvres du prophète Isaïe. Ibid., vi, 6, col. 436. C’est là que se trouve le feu purificateur qui consumera les péchés que la pénitence a déjà desséchés comme le foin. Ibid., IX, 10, col. 521. Voir Pesch, op. cit., n. 594. 'Kàv oîiv Y’jfj.vÔTtoixîv TYiv àiJ.apTt’av 6tà ty) ; eÇojxoXoyriCttoi ;, îitO'.riTaiJ.ïv aÙTT|V ^Vipàv aypwirrtv, àÇiav totj Otiô ToO xaOapTixoC Ttupô ; y.aTayp(oGT|Vai…'Eàv (xàv o’jv [j./| YÉvrjTa ! 'o ; ctypcoi"'- ; Sr, pà rj ô|j.O(pT ! a r, J.(ïvi ou PpcoO-po-eTa ; jTîô Toû Ti’jpo ;, rj’jTî y.aTaxauSVîaETat.

Dans un autre passage. In Is., iv, 4, P. G., t. xxx, col. 341, saint Basile, sur le texte : Si abluerit Deiis sordes filiarum Sion, et sanynincni Jérusalem tavcrii de medio ejiis in spiritn judicii et spirita ardo ris, expose" qu’il y a trois acceptions "du] baptême : Mr, TtoT£ Tpeïç eciTiv ai èTic’vo'.ai toû pa7rTi'7|j.aTci ;  ; ote toO p^jTTOv y.a6apt17|xô ; y.ai }] Sià t&O Ilvs’jivaTo ; àvaYg’w/iTt :, xaî }] bt T’T) Tiupl TÎi ? xpï'ueto ; pâ^avo ;, oSitte to [J.Èv éxttXûI vsiv TTpbç Tr, v (LSc àitôôciT'.v "criç â(AapTi’a ;).aiJ.ê(ivEijOa'.' I TÔ 5s 71veij[jiaTi xpt’dewç, xal Ttveû [xatt xaûtrcw ; » îtpb ; -criv bi zm [j.é), XovTi aîoivi 51à toû Ttupô ; 50xc|j.a(jîav… Oi [j.Èv nâvTT) àvr|y.ooi tôjv Oîttov [j.aO/)(jLaTa)v, : rplv |j, a6ïïv TÔv Xôyov r|ij.apTr, xÔT£ ;, oiovôl èpp’J7 : (i)|xévot, toO aTtô toO uSa-o ; îiovrat xa6ap'.i ! J.oO" ot Se ^.i-'j. tÔ Xaosîv t/jV X, ui’r ; -i ÈTtioouXs’JovTc ; la’JTor ? aî(J.aTi ovte ; ï'ioyoi, ToCi iv. tov 'k, pô ; Sô'ovTai xaôapio-jj.o-j.

On cite également de saint Basile le texte De Spiritn Sancto, xv, n. 36, P. G., t. xxxii, col. 131 ; mais le sens de ce texte est métaphorique, voir Feu du jugement, col. 2242 ; pour les autres textes ci-dessus rapportés, le contexte ne permet évidemment pas de restreindre au seul feu du jugement les affirmations de saint Basile relatives au feu purificateur de l’autre vie ; encore moins peut-on leur donner une interprétation métaphorique.

Saint Grégoire de Nysse a deux textes qui se rapportent vraisemblablement au feu du purgatoire. Dans le premier, Orcdio de infantibus qui preemature abripiuntur, P. G., t. xLVi, col. 168, il se demande si l'âme humaine -jyslî'. tàiv peoiwfiE’vwv Tr, v /.piViv ; X'/jtl/ETat rriv xar' à^iav avTt’SoTiv, yj Tiup’i xaOa'.poij.Év/] xarà Ta ; toù cùayyEXiou çwvâç, rj Toi 8pù(7<i) tt, ; e-jàoyia ; ÈvavTO’VJyrj-jira. La parabole évangélique (xa-à ràç ToO eOayyeic’ou cpwvdcç) à laquelle saint Grégoire fait allusion est celle de mauvais riche, Luc, xvi, 19, ce qui justifie les deux termes de l’alternative, igni purgeda ou in rare benediclionis rcfrigercda. L’exemple sans doute est mal choisi, et prête à l’accusation d’origénisme, mais la doctrine est exacte.

Dans VOrcdio de morluis, P. G., t. xlvi, col. 525, après avoir établi, col. 524, que Dieu, voulant conserver à l’homme sa liberté et cependant enlever de lui le mal du péché, lui laisse le choix entre se purifier dès la vie présente par les prières et la pratique de la vertu, ou expier après la mort, dans la fournaise du feu purificateur, Stà lîiî toO xaOapdio-j Tr-jpb ; ytovEia ;, saint Grégoire explique comment le pécheur pourra, même sans avoir satisfait ici-bas pour ses péchés, entrer au ciel : aX).(o ;  ; i£Tà xaùxa po-jXEjo-£îat Tipô ; -h xpEÏTTOv, ixEtà Tr|V Èx ToO <îO)|xaT0ç eÇoSov yvou ; Tr, ; àpetri ; TÔ upôç TT, v xaxiav oiâcpopov, èv Tw i/i] ôùvatrôat [).f : cx.ay_il' Tfj ; 6eiÔTviTo ;, [J/q toO y.aOapTto’J 7 : upôç tÔv âij, p.ixOs’vîa -r^ 'l/uyr, pÙTTOv àTcoy.aOv-ipavTor.

Saint Grégoire de Nazianze oppose. Oral., xl, in sanctnm baptisma, n. 30, P. G., t. xxxvi, col. 411, le feu de l’enfer, vengeur, non purifiant, au feu purificateur, feu métaphorique évidemment, que le Christ, qui est appelé lui-même mystiquement un feu, est venu affirmer sur la terre. Mais Grégoire de Nazianze ne nie pas pour autant la réalité d’un feu purificateur après cette vie, feu qu’il appelle tEXsutatov paTiTiaya, et qui ressemble bien, pour les pécheurs, au feu du purgatoire. Tu/bv âxEÏ tiô Ttup’i |3a7rTi(T9T|(70vTai, tû teXevtaûi) pa7tTciT|j, aTi, tio ÈirinovtoTêpii) te xal [xaxpOTEpw, o £(j9 : ei co ; -/.ôpiov tïjv vXr|v, xal SaxavS KO.'jrfi xaxi’aj xo-jçô-viTa. Cf. Orat., iii, ad eos qui ipsnm acciverant ncc occurrercmt, où l’auteur entend I Cor., iii, 13-15, d’un feu purificateur de nos actions. P. G., t. xxxvi, col. 524. Nous omettons les deux textes attribués àThéodoret, l’un par saint Thomas d’Aquin, Opuscul., I, c. lxix, l’autre par de Gagnée dans ses scholies des Pères grecs, et reproduits par Nicolaï dans les annotations à la Sonvne théologiqnc, IIP Suppl., Appendice, De purgatorio, q. ii, a. 6. Ces deux textes, introuvables dans les œuvres de l'évêque de Cyr, semblent apocryphes. Voir la note dans P. G., t. lxxxiv, col. 445.