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FERRY — FÊTES

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lut publiée en 1882-1883, avec la collaboration de M. Ferry sous le titre : Theotogia dogmalica et moralis in compendium redacta, auclore A. Vincent, etc. Dans la 4e édition, en 1886, l'œuvre était tellement modifiée et augmentée qu’on supprima le nom de M. Vincent et on l’intitula : Theotogia dogmatica et moralis ad mentem S. Tliomæ Aqiiinatis et S. Alphonsi de Ligorio, emctoribus professoribus tlieologiæ seminarii Claromontani, e Societale S. Sulpitii. Désormais l’ouvrage prit le nom de Théologie de Clermont et eut de nombreuses éditions. Les trois volumes de la partie dogmatique étaient l'œuvre de M. Jean Ferry ; la morale avait pour auteur M. Thibaut, avec la collaboration du frère aîné de M. Ferry, Biaise-Antoine (1833-1898), qui fut professeur de théologie morale à Dijon et au séminaire SaintSulpice à Paris. Jean Ferry, qui avait quitté sa chaire de théologie de Clermont en 1890, était allé demander au climat d’Hyères le rétablissement de sa santé. Revenu durant les vacances à la campagne du séminaire de Clermont-Ferrand, il y mourut, le 12 août 1896.

L. Bertrand, Bibliollièqae siilpicienne, Paris, 1900, t. Il p. 522, 527, 532.

E. Levesque.

FÊTES. — I. Origine et institution. II. Réduction de leur nombre. III. Observance. IV. Raison d'être des fêtes. V. Questions diverses.

I. Origine et institution.

L’institution des fêtes remonte aux origines de l’humanité religieuse ; aussi 1 s fêtes font-elles partie de la religion sociale de tous les peuples. Tous les peuples ont connu des jours consacrés tout particulièrement au culte de la divinité. Les Juifs avaient, en plus du sabbat, des fêtes, comme celles de la Pâque, de la Pentecôte, des Tabernacles, de l’Expiation, de la Dédicace, des Pourim, etc., qui toutes rappelaient des événements marquants de leur histoire. Les autres peuples avaient aussi leurs fêtes fixes ou mobiles, néoménies, solstices, anniversaires d'événements particulièrement heureux, anniversaires de victoire, de l’clection l’u chef, de sa naissance, etc. Le monde gréco-romain, dans lequel le christianisme obtint sa première expansion, avait lui aussi ses fêtes, les fcriæ, jours qui appartenaient en propre aux dieux, « institués à cause des dieux, » et qui s’opposaient aux jours qui appartenaient aux hommes. Ce jour-là, continue M. C. Jullian, voir Feiise, dans le Dictionnaire de Daremberg et Saglio, l’homme devait aux dieux toutes ses actions, tous ses sentiments, toutes ses pensées. Ce n'étaient pas des jours d’oisiveté, mais plutôt des jours de relâche pour toute occupation purement humaine. Et ce culte comprenait des fêtes privées, comme celles de la famille, des collèges ; des fêtes publiques, comme celles de l'État romain, des quartiers, des fêtes d’anniversaires historiques, qui toutes arrêtent tout travail et suspendent toutes les affaires publiques et privées.

Les fêtes chrétiennes se formèrent sur ce double modèle juif et gréco-romain. On eut d’abord les fêtes juives transposées, Pâques et la Pentecôte, fêtes générales de toutes les communautés chrétiennes, et qui, surtout à ce titre, furent longtemps les seules. Puis, s’adjoignirent, dès le II'e siècle, dans les diverses communautés, des fêtes particulières et locales, celles des martyrs de qui on célébra le dies natulis, le jour de leur naissance au ciel, c’est-à-dire de leur martyre, avec anniversaire. Cf. Epist. Eccles. Smijrncn. de martijrio Pohjcarpi, P. G., t. v, col. 1043. Tertullien confirme cette discipline pour le commencement, et saint Cyprien pour le milieu du iii*e siècle, et désormais les documents abondent. Les nalalilia des martyrs sont partout célébrés dans leur église, sur le lieu où reposent leurs, ossements, dans les monuments élevés à -eur mémoire. Certains nalatitia dépassent même les

limites de l'Église locale, et s’il n’est pas suqjrenant de voir le culte de saint Cyprien s'étendre en Afrique hors de Carthage, par exemple, à Hippone, au temps de saint Augustin, Serm., cccxii, P. L., t. xxxviii, col. 1420 sq., et de même celui d’autres martyrs africains, Scrni., cccxxv, ibid., col. 1447, il paraît mx)ins normal d’y constater le culte de saint Laurent. Serm., ccciii, ibid., col. 1393. On se communiquait les fêtes un peu comme on se communiquait les Actes desmartyrs, et cet échange devait peu à peu amener à la généralisation ou mieux à l’universalisation de certaines fêtes.

Entre temps s’opérait l’institution d’autres fêtes universelles par leur objet : la fête de Noël sous sa double forme : l’Epiphanie en Orient et en Gaule, Xoël proprement dit en Occident. L Epiphanie était la Noël orientale, la manifestedion du Seigneur. Attestée en Thrace au commencement du ie siècle, à l'époque de la persécution de Dioclétien, elle est, au cours de ce siècle, célébrée partout en Orient ; en Occident nous la constatons à Vienne en 361, Ammien Marcellin, XXI, 3 ; en 380, à Saragosse où sont réunis des évêques d’Espagne et d’Aquitaine. Concile de Saragosse (380), can. 4. A Rome et en Afrique on célèbre d’abord la Noël du 2.5 décembre, qui est attestée au moins en 336 dans le calendrier philocalien. Dès le commencement du V siècle, l'échange est fait entre les deux fêtes : elles sont acceptées partout. Vient ensuite la fête de l’Ascension, « mais il est impossible d’en trouver trace avant le milieu du iv siècle. » Duchesne, Origines du culte chrétien, 1909, p. 244. Les autres fêtes de Notre^ Seigneur sont de beaucoup postérieures : la Circoncision, d’abord nommée jour octave du Seigneur, octabas Domini, apparaît en Gaule dans le dernier tiers du VI « ^siècle (au concile de Tours de 567, can. 17), et en Orient coïncide avec la fête de saint Basile dès le viiie siècle ; celle de l’Invention de la croix est constatée aussi vers la fin du viii<e siècle en Occident ; celle de l’Exaltation, célébrée en Palestine au ive siècle, est introduite à Rome au vu ; la Transfiguration, vers la fin du xie siècle en Espagne, mais n’entre dans le calendrier de l'Église universelle que beaucoup plus tard ; celles de la Fête-Dieu et du Sacré-Cœur sont encore beaucoup plus récentes.

Les fêtes de la sainte Vierge ont apparu elles-mêmes successivement. La plus ancienne, la Purification, que l’on rencontre à Jérusalem dès la seconde moitié du iv siècle, Duchesne, op. cit., p. 278, doit sans doute ce privilège d’ancienneté au fait qu’elle état considérée plutôt comme fête du Seigneur, sous le titre de Présentation de Jésus au temple ; d’aucuns aflirinent l’existence d’une fête de l’Assomption ou Dormition en Orient dès le iv » siècle ; en Occident, nous la constatons au vu*" ; au Vsiècle peut-être remonterait, en quelques endroits d’Orient, la fête de l’Annonciation, et certainement au vii « e siècle en Occident. Au vue siècle aussi la fête de la Nativité. Si l’on excepte une fête placée, en Espagne, le 18 décembre, jour où l’on fête, d’après le supplément pro aliquibus locis, 'E.tspectatio partiis, et qui est mentionnée par le can. 1 du X'^ concile de Tolède (656), les autres sont plus récentes. Au ix'e siècle, scmble-t-il, on voit apparaître en Irlande la fête de la Conception, qui s’implanta ensuite en Angleterre et en Normandie, puis dans l'Église entière.

Parmi les fêtes des saints, on voit apparaître, comme fêtes générales et assez tôt, celles de saint JeanHaptiste, attestées à Tours ver ; la fin du V siècle dans le calendrier de saint Perpet, puis, certainement, et comme fête de précepte, la Nativité du précurseur, concile d’Agde, can. 21, 63 ; celle de saint Pierre et saint Paul a des attestations plus anciennes puisqu’elle est mentionnée à Rome dès l’année 336 dans le calendrier philocalien, ainsi que leNcdale sancti Pétri de cathedra.