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FENELON


iisme ; Hépoiisc de IVT. l’archevêque de Cambrai aux Remarques de M. l’cvêque de Mcaux sur la Réponse à la Relalion ; Lettres de M. l’archevêque de Cambrai pour servir de réponse à la Lettre pastorale de M. l'évêque de Chartres, sur le livre intitulé : Expliealion des maximes des saints ; Lettre de M. l’archevêque de Cambrai à M. l’cvêque de Chartres, en réponse à la Lettre d’un théologien ; Lettre de M. l’archevêque de Cambrai à M. l'évêque de Meaux, pour répondre à son ouvrage latin intitulé : De noua quæslione tractatus très ; Les principales propositions du livre des Maximes, justifiées par des expressions plus fortes des saints auteurs ; Lettres de M. l’archevêque de Cambrai à 1I. l'évêque de Meaux en réponse à l'écrit intitulé : Les passages érlaircis ; Préjugés décisifs pour M. l’archevêque de Cambrai contre M. l'évêque de Meaux : Lettre de M. l’archeVêque de Cambrai sur la Réponse de M. l'évêque de Meaux à l’ouvrage intitulé : Préjugés déeisifs ; Lettres de M. l’archevêque de Cambrai à M. l'évêque de IMeaux sur les douze propositions qu’il veut faire censurer par les docteurs de Paris.

On a reproché à Bossuet la véhémente âpreté de sa controverse ; c’est qu'à ses yeux ; 7 y allait de toute la religion (à l’abbé Bossuet, lettre du 18 novembre 1097). C’est pour le même motif que Bossuet, dans sa Relation sur le quiétisme quin 1698), porta la controverse de la région des idées sur le terrain des faits ; il voulait enlever tout crédit au champion d’une erreur qu’il jugeait redoutable, et à la fausse prophétessc qui l’avait inspiré. Fénelon, dans sa Réponse à la Relation sur le quiétisme, déploya toutes les ressources d’une dialectique habile et pressante, d’une ironie fine, parfois d’une indignation éloc|uente. Un point avait particulièrement et très justement blessé l’archevêque de Cambrai dans la Relation sur le quiétisme. A propos de Fénelon et de M™" Guyon, Bossuet avait rappelé les noms de Montan et de Priscille. Sect. xi, 8. En vain, pour atténuer l’odieux d’un tel rapprochement, Bossuet écrira-t-il plus tard : « On n’a jamais soupçonné entre eux qu’un pur commerce d’illusion de l’esprit, » Remarques sur la réponse de M. l' archevêque de Cambrcuj, a. 11 ; il n’en avait pas moins fait une blessure inguérissable au cœur de l’ancien ami qui pouvait ré{)liquer : « …Ma prétendue illusion ne ressemble point à celle de Montan. Ce fanatique avait séparé de leurs maris deux femmes qui le suivaient. Il les livra à une fausse inspiration qui était une véritable inspiration de l’esprit malin… Tel est cet homme, l’horreur de tous les siècles, avec lequel vous comparez votre confrère…, et vous trouvez nmuvais qu’il se plaigne d’une telle comparaison. Non, Monseigneur, je ne m’en plaindrai plus. Je n’en serai adligé que pour vous. Il Réponse aux remarques de ^f. Véocque de Me(uix. Conclusion.

Le fait le plus grave qu’au cours de cette longue et affligeante controverse la critique, même une critique bienveillante, ait relevé chez Fénelon, c’est le rcproclie adressé ; Bossuet d’avoir révélé la confession de Mme Guyon et la sienne propre..Sans doute, l’archevêque de Cambrai ne prétendait parler que d’une pure confidence — et l’apologiste de Fénelon a mis en lumière certaines expressions qui écartèrent l’idée d’une confession sacramentelle : « Je lui ai laissé par écrit cette confession générale de toute ma vie… M. de Meaux doit avoir oublié que je lui ai laissé quelque temps par écrit une confession générale de toute ma vie, Il H. Brémond, Apologie pour Fénelon, p. 313 ; mais la remarque de Bausset subsiste : « Le mot de confession, prononcé d’une manière absolue et sans aucune restriction, ne pouvait, selon l’acception commune, offrir au public que l’idée d’une confession sacramentelle, » Histnire de Fénelon, 1. 111, 4 ; et l’ar chevêque de Cambrai dut donner les explications que nous avons rapportées. Cf., dans la Quinzaine du 1° août 1903, l’article de M. Charles Urbain : Bossuet et les secrets de Fénelon, article indulgent pour celui-ci.

Condamnation des Maximes.

 La cause s’instruisait à Rome « avec une majestueuse lenteur, » 

Lanson, Bossuet, c. viii, laquelle décourage ou irrite parfois les impatiences, mais rassure et garantit tous les droits. L’archevêque de Cambrai, défendu auprès d’Innocent XII par le bon renom de sa théologie docile aux enseignements du Saint-Siège, défendu aussi par le cardinal de Bouillon, Reyssié, Le cardinal de Bouillon, Paris, 1899, avait pour mandataire son parent, l’abbé de la Cropte de Chanterac, âme pieuse et candide, « ne regardant que Dieu, » comme le lui reconnnandait son illustre ami (lettre du 29 octobre 1698), mais que déconcertait parfois la sublimité et aussi la subtilité fénelonienne. Le principal agent de Bossuet était son neveu, l’abbé Bossuet, non encore prêtre, qui « poursuivait Fénelon avec la passion d’un chasseur. » Lanson, Bossi/e/, c. viii. Il écrivait de l’auteur des Maximes ; « C’est une bête féroce qu’il faut poursuivre pour l’honneur de l'épiscopat et de la vérité jusqu'à ce qu’on l’ait terrassée et mise hors d'état de faire aucun mal. » Lettre du 2.5 novembre 1698. Un autre agent de l'évêque de Meaux, c’est l’abbé Phélipeaux, théologien savant mais retors, qui hait Fénelon et qui dénigre Rome. Lettre à Bossuet du 18 février 1698. Le procureur général des minimes, Roslet, partisan des jansénistes d’après le P. Daubenton (lettre à Fénelon du 23 octobre 1711 ; J’appelle un chat un ched et Rolct un fripon, écrira de lui, en 1732, l’abbé de Beaumont), le bénédictin dom Estiennot, le prélat Giori, familier d’Innocent XII, combattaient Fénelon de toutes leurs forces.

LJnc année entière fut emploj'ée à l’examen du livre de l’archevêque de Cambrai et des écrits publiés pour l’attaquer ou pour le défendre. Soixante-quatre séances, de six ou sept heures chacune, furent consacrées à l’analyse du livre des Maximes. Les seuls examinateurs assistèrent aux douze premières séances ; Innocent XII chargea les cardinaux Noris et Ferrari de présider leurs réunions. Trente-sept propositions, extraites du livre, furent examinées du 12 octobre 1697 au 25 octobre 1698. Sur les dix examinateurs, cinq votèrent constamment en faveur de l’ouvrage incriminé ; il est vrai que leur opinion se fondait en partie sur les explications fournies par l’auteur. D’après L’s usages romains, un tel partage des voix équivalait à ce que nous appellerions un non-lieu. Vers cette date, Noailles faisait signer par soixante docteurs de Paris la censure de douze propositions extraites du livre des Maximes. Le pape, pressé sans doute par les instances de Louis XIV, mais décidé aussi et jihis encore par le désir de terminer une controverse qui troublait les âmes — lui-même avait déclaré qu’il voulait juger cette affaire ex catliedru, Phélipeaux, Relation du quiétisme, part. 1, 1. II — le pape confia l’examen du livre incriminé au Saint-Ofilce. Après des discussions qui remplirent trente-sept séances, les cardinaux, membres de cette Congrégation, s’accordèrent à juger répréhensibles vingt-trois des trente-sept propositions qui avaient été soumises aux premiers examinateurs. Les cardinaux Albani (le futur Clément XI), Noris, Ferrari et Casanate, écarté d’abord comme trop étroitement lié avec l’abbé Bossuet, furent chargés de rédiger le décret. Les partisans de Fénelon eussent voulu qu’au lieu d’une censure qui l’atteignît directement, on se bornât à formuler douze canons où la doctrine quiétiste aurait été condamnée. Quel qu’ait pu être il’abord le désir du souverain pontife, Bausset, Histoire de Fénchn, 1. III, 114 ; Algar Griveau, Étude sur la condamnation du livre des Maximes des saints, t. ii.