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FANATISME — FAREINISTES

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iiit : vos triomphes sont plutôt ceux du déisme que <le la vraie foi. Je voudrais que vous entendissiez ceux qui n’ont d’autre religion que celle de l’équité naturelle. Ils regardent votre conduite comme un argument irrcfutalile ; et lorsqu’ils remontent plus haut, « t qu’ils considèrent les ravages et les violences sanguinaires que votre religion catholique a commises pendant six ou sept cents ans par tout le monde, ils ne peuvent s’empêcher de dire que Dieu est trop bon essentiellement pour être l’auteur d’une chose aussi pernicieuse que les religions positives ; qu’il n’a révélé à l’homme que le droit naturel, mais que des esprits (.nnemis de notre repos sont venus de nuit semer la -Zizanie dans le champ de la religion naturelle, par l’cîtablissement de certains cultes particuliers, qu’ils savaient bien qui seraient une semence éternelle de guerres, de carnages et d’injustices. » Le CommenUiirc philosophique sur le Compelle inlrare ne fit qu’aggraver les premières déclarations. Le vieux calvinisme, non moins exclusif que la religion romaine, ne s’y trompa point ; il se sentit frappé du même coup que Bayle avait porté au catholicisme et connnença de se croire « trop vengé par cette plume indiscrète. » Mais c’est en vain que.Jurieu, eiTrayé de ces idées nouvelles, publia contre Bayle son Traité des deux souverains pour détruire le dogme de l’indifférence, et que, de toutes parts, on s’essayait à distinguer soigneusement la tolérance civile ou polilique de la tolérance ccclésiasiique. Voir Morellct, Mémoires inédits, t. i, c. ii, p. 33, 34, dans la collection des Ménwircs relatifs à la Révolution française. En dépit de ces discussions subtiles, l’idée n’en continua pas moins de faire son chemin ; il €st impossible de ne pas la reconnaitre derrière toute ? les querelles qui furent faites à la religion au cours du xviiie siècle ; et c’est ainsi que le déisme a commencé, et qu’il s’est particulièrement développé, par la démonstration non pas de l’absurdité, mais du fanatisme de la religion catholique. « C’est un tort à une religion d’être absurde, écrit Helvétius ; son absurdité peut avoir des conséquences funestes. Cependant ce tort n’est pas le plus grand de tous, et si ses principes ne sont pas entièrement destructeurs du bonheur public et que ses maximes puissent s’accorder avec les lois et l’utilité générale, c’est encore la moins mauvaise de toutes. » De l’homme, dans Œuvres complètes, Londres, 1775, t. iii, p. 53. Recherchons donc la religion qui tendra le plus directement au bonheur puplic et à l’utilité générale ; la religion qui unit les hommes, et non pas celle qui les divise ; la religion qui tolère, et non celle qui persécute ; la religion « qui dit <iue toute la loi consiste à aimer Dieu et son prochain, et non celle qui fait de Dieu un tyran et de son prochain un amas de victimes. » Helvétius, toc. cit. On se tromperait donc du tout au tout si l’on voulait ramener le déisme français du yLViW siècle à un pur et simple rationalisme qui n’eût eu d’autre efl’et que de supprimer la révélation pour nous laisser à chacun la liberté de philosopher sur les matières de la religion. Ce que les philosoplies voulurent atteindre, ce ne fut point seulement la » superstition » , mais ce fut premièrement le fanatisme. En s’attaquant à la sujierstition, ils établirent sans doute le principe du déisme, qui est la raison, « ce bon sens qui n’est pas encore instruit par la révélation ; » mais en s’attaquant au fanatisme, ils dégagèrent la forme de cette nouvelle religion qu’ils eurent l’ambition de donner comme étant, par le moyen des idées de tolérance et d’utilité générale, la seule religion véritablement universelle.

J. Bouché.

    1. FANLO Vincent##


FANLO Vincent, religieux auguslin, né à Valence, fut prieur des couvents de Alcoy et de Saint-Philippe, et mourut en 1767. Il publia un ouvrage pour défendre le culte des saintes images : Xi et pensador, ni

la pensadora, sobre assumpto de las sanlas imagenes. Respuesta en rinco carias de 1res scmtos Padres de la Iglesia latina y Griega, Valence, 1764. Il est l’auteur aussi de plusieurs ouvrages théologiques inédits, à savoir : Dissertacion contra et prctendido catholicisma de Eusebio Cesariense ; La Sciiora y la Criada, csto es, la Fc ij la Razon naturcd ; Ideas lus menas improprias para hacer ulgun concepto menas disconforme de ser incompréhensible del verdadero Dios y sus perfccciones ; Historia crilico-dognudica del origen de tas imagenes : su nso, su almso, sus persecuciones, sus triunfos y la debida y limitada veneracion de las de los Santos, segun las sagrados coneilios y santos Padres de la Iglesia griega y latina.

Fustcr, BiblUilecii palciu-i(uui. Valence, 1830, p. 59.

A. Palmieri.

    1. FANTONO Jérôme##


FANTONO Jérôme, dominicain italien qui florissait vers le commencement du xvie siècle. Il naquit à Vigevano, en Lombardie, vers 1402, et semble avoir appartenu au couvent des.

ges à Ferrare. Vers 1513,

nous le trouvons au studium générale de Bologne en qualité de régent et à la même date il figure comme inquisiteur de la foi dans la même région. Nous savons par Leandro Albcrti, Descrillione di lutta Iledia, Venise, 1568, p. 442, qu’il mourut à Ferrare, au couvent des Anges en 1532, âgé de soixante-dix ans. Il composa : l°//îdicem in qucduor volumina Caprcoli, seu tabulam, ut dicitur, tam accurate, ut si quis eam habuerit, totum habere se Capreohim sub epitomale perspicue, gloriari possit. Leandro Albcrti, Uomini itlustri, fol. 141 b. Nous ignorons si cet index mérite tout l’éloge qu’en fait Alberti. Il parut avec l’édition de 1519, Venise. L’édition de 1589, faite par Math. Aquario, a servi de base pour les tables à la toute nouvelle édition de Caprèolus par les Pères Paban et Pègues, Tours, 1901. Les éditeurs ont usé aussi des tables de Fantono, mais en y apportant de très importantes modifications ; 2° Reperlorium loeupletissimum tam librorum quam Sententiarum, quam Quodlibetornm docloris sublilis Joannis Duns Scoti, olim a dociissimo P. M. F. Hieronymo de Fcrrcuiis Fantono Viglenancnsi ordinis prædicalorum cl hærclicæ pravitatis inquisitore, 111-4°, Venise, 1588 ; l’éditeur Julius Hissopius Cesenas a dressé la liste de toutes les propositions soutenues contre saint Thomas par Duns Scot ; 3° Compenduim universæ lecturæ abbatis Panormilani super decrelales, 111-4°, Venise, 1564.

Echard, Scriplores ordinis prædicalorum, Paris, 1719, t. ii, p. 84 ; Hurler, Nomenclator, Inspruck, 1906, t. ii, col. 859.

R. COULO.N.

    1. FAREINISTES##


FAREINISTES, petite secte janséniste, qui se constitua, à la fin du xviiie siècle, à Fareins, bourg du département actuel de l’Ain. Il en a déjà été question au sujet de leurs fondateurs, les frères Bonjour, t. ii, col. 1008-1009 ; mais il y a heu d’y revenir et de préciser son histoire mieux connue depuis la publication récente de documents originaux. Cette secte a passé par trois phases diflèrcntes : l°elle s’est rattachée aux jansénistes convulsionnaires ; 2° aux jansénistes possibilistes ; 3° elle est peu connue dans son état actuel.

1°.lansénisles convulsionnaires. — 1. Histoire. — La secte fut fondée par les deux frères Bonjour, nés à Pont-d’Ain et élevés tous deux au séminaire Saint-Charles de Lyon, dirigé par les Pères de l’Oratoire. L’aîné, Claude, aussitôt après son ordination sacerdotale, fut professeur de théologie au séminaire Saint-Charles pendant quatre ans. Il était doux, affable, doué du don de la parole, très instruit. Il fut ensuite curé de SaintJustlesVelay (Haute-Loire), puis, en 1775, de Fareins. Il avait souscrit le Formulaire et adhéré à la constitution Unigenitus. Le cadet François, dès sa sortie du séminaire, fut