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FABRI (HONORÉ)


voua formellement. Il avait cependant envoyé, dès le 29 novembre 1668, à un cardinal, probablement le savant Albizzi, son ami, une lettre latine, moins virulente dans sa forme que la lettre française, mais où la paix de Clément IX n’est pas appréciée autrement. Cette appréciation est, du reste, aujourd’hui, celle de l’histoire impartiale. Parmi les productions certaines du P. Fabri, la théologie peut réclamer d’abord un écrit pseudonyme pour la défense de l’immaculée conception : Corolla virginea. Opusculum, in qiio nova melhodo qiiid de conlroversia immaculatiB conceptionis V. Dciparæ ccnsendiim sit, piamqiie sententiam certani omnino esse et injallibilem, ex decrelis et constilutionibus apostolieis coneluditur, auctore Hugonc Sifdino, in-12, l’alerme, 1655, et ailleurs ; puis, Una fides iiniiis Ëcelesiie romanæ contra indifférentes hujus sœculi tribus libris facili mellmdo asserta, in-S", Dillingen, 1657 ; Hermanni Conringii concussio excnssa et romanæ fidei ftrmitas ineonciissa, in-12, Augsbourg, 1664 ; Summald theologiea in qiia quæsiiones omnes <dicujus rnonienli, qux a scholasticis ayitari soient, breviter discutiuntur ac defininniur, in-4, Lyon, 1669. C’est surtout la morale, en particulier la défense du probabilisme, qui exerça la verve combative du P. Fabri, non sans détriment de son repos. Il publia d’abord un exposé clair des principes du probabilisme légitime, dans Pitlianophilus seii Dialogus vel opusculum de opinione probabili in que pruxima morum régula, scilicet conscienlia, ad sua principia reducitur, in-8", Rome, 1659. Il y eut plus de bruit, dix ans plus tard, pour son Apologelicus doetrinie inorcdis (ejusdem ) Socielatis [Jesu] in qua (sic) variis Iractalihus diversorum auetoruin opuscula conjutantur, in-fol., Lyon, 1670. Cet ouvrage, dédié comme le précédent au cardinal Albizzi, se compose de deux parties : dans Sa première, le Pitlianophilus est réédité et suivi d’autres dialogues, où sont vivement réfutés divers adversaires du probabilisme, notamment le P. Vincent Baron, dominicain, et le fameux canoniste Fagnan ; Uans la seconde, Fabri a reproduit plusieurs opuscules dont il n’est pas l’auteur, mais ayant pour objet, les uns l’apologie du probabilisme et de certains docleurs probabilistes, les autres la question de la suffisance de l’attrition dans le sacrement de pénitence. La publication de V Apologelicus à Lyon, sans visa romain, fut considérée comme contrevenant à la constitution d’Urbain VIII, qui défendait aux auteurs liabitant Rome de rien publier en dehors sans permission du cardinal vicaire et du maitre du sacré palais. Quoique le P. Fabri déclarât avoir composé ou (lu moins terminé son livre durant les treize mois qu’il était allé passer à Lyon pour sa santé, il dut expier ce délit par plusieurs jours de prison. En outre, V Apologelicus fut prohibé par un décret du Saint-I )nice, daté du 20 janvier 1672, mais promulgué seulement vers la fin de mars 1672. Voir la Correspondance de dorn A. Durban, dans la Revue Mabillon, novembre 1910, p. 294, et mai 1911, p. 14. Dans l’intervalle, l’ouvrage paraissait en Allemagne, fort augmenté, surtout par l’insertion d’autres opuscules, anciens et nouveaux, pour la défense du probabilisme. Cette seconde édition, dite duplo auctior, est en 2 in-folio, imprimés à Cologne en 1671. Parmi les additions qu’elle contient, est une réfutation des Provinciales de Pascal et des notes de Wcndrock (Nicole), qui reproduit les écrits suivants : Nolæ in [notas Willelmi Wcndrockii ad Ludovici Montallii litleras ci in disquisilioncs Puuli Irensei inuslæ a Bernardo Slubrockio Viennensi theologo, m-8°, Cologne, 1659 ; Ludovici Montallii epistolares libclli ad Provincicdem rcfutati a Bernardo Slubrockio Viennensi theologo, in-8°, Cologne, 1660. Les deux ont été attribués au P. Fabri, qui cependant ne les a jamais avoués. Le Notas in

notas… a reçu ; part la llétrissure de l’Index, seulement le 27 juin 1678. Un autre opuscule réédité dans V Apologelicus de 1672 et qui a été également prohibé à part, mais le 2 octobre 1673, est Ludovici Carlcrii Voconlii s. th. et j. u. doctoris Justa cxpostulatio de P. ilI. Xantes Mariâtes O. Pr. caithore bibliolhecæ interpretuni ad Summam D. Thomx, in-8<’, Gergovire Vocon tiorum. Sous le pseudonyme Carterius se dissimulait probablement Fabri, qui défendit aussi VExposlulalio contre une réplique du P. Vincent Baron. On lui attribua également Prodronms velitaris, in quo S. Aurel. Augustinus Hipponensis, sanctissimi Galliarum cpiscopi, eminentissimi cardincdes Baronius et BeUarminus, etccnteni Socieledis scriptorcs vindicantnr a calumniis, conviens, imposturis, quibus scatet opus tripartitum Henrici de Noris in Hisloriam pelagianam, de quinla synode cecumenica et Vindicias auguslinianas, auctore F. Brunone Neusser O. F. M. Recoll…, in-fol., Mayence, 1676. Il pourrait bien y avoir eu part, d’après certaines indications de ses manuscrits ; cependant il a affirmé n’être pas l’auteur de cet ouvrage, Clarorum Venetorum ad Ant. Magliabechium nonnullosque alios epislolæ, Florence, 1745, t. i, p. 69 : et Bruno Neusser est un personnage réel, franciscain, connu comme bon auteur moraliste. Voir Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 297. Si le P. Fabri eut des difficultés avec le Saint-Office, elles eurent pour cause, semble-t-il, moins ses doctrines à lui, que l’excès de vivacité qu’il mettait dans des controverses oii il croyait l’honneur de tout son ordre engagé, alors qu’il s’agissait seulement d’individus méritant plus ou moins la critique. Aussi elles ne l’empêchèrent pas de rester pénitencier de la basilique vaticane jusqu’en 1680. A cette date, où le confiit entre Innocent XI et Louis XIV prenait de plus en plus d’acuité, le P. Fabri fut accusé de manifester trop de partialité pour le gouvernement français. Il reconnaît, dans ses mémoires inédits, que la régale, qui fut le premier objet du conflit, lui paraissait une matière purement temporelle, que le roi avait pu régler de son autorité propre, sans blesser aucun droit de l’Église ; et il a pu exprimer ce sentiment dans les consultations qui lui étaient demandées, soit par les cardinaux et autres membres des Congrégations romaines, soit par les agents de la France auprès du saint-siège. Cela ne suffit peut-être pas pour autoriser à dire qu’il « professait des doctrines gallicanes, » comme l’écrit M. Michaud, Louis XIV et Innocent XI, t, iii, p. 218. En tout cas, le P. Fabri n’approuva d’aucune façon les quatre articles de la Déclaration du clergé de 1682. Dans ses mémoires déjil cités, il donne pour origine à cette Déclaration les intrigues des jansénistes. Lin de ses écrits inédits répond à cette question, si les quatre articles sont susceptibles d’un sens que tous les catholiques puissent admettre et dans lequel il soit permis de les enseigner. Il montre comment, à force de subtilité, les termes des articles se prêteraient à un sens parfaitement catholique, mais qui n’est pas le sens de leurs auteurs, et il conclut qu’ils ne doivent pas être enseignés même dans le sens atténué. Dans ses mémoires, il nous apprend aussi que l’édit prescrivant d’enseigner les quatre articles fut sollicité par les évêques et donné par le roi en l’absence du P. de la Chaize, qui, observe-t-il, l’aurait peut-être empêché, s’il avait été à la cour. Le P. Fabri termina sa laborieuse carrière à Rome, le 8 mars 1688. Il laissait denombreux manuscrits inédits, sur toute sorte de sujets ; la plupart sont conservés aujourd’hui à la bibliothèque de la ville de Lyon.

Aleganibe-Sotwell, JSiWioWieca scriptorum SocietatisJesu, p. 350 ; De Backer-Scmmervogel, Bi’WioWKÎque de la C" de Jésus, t. iii, col. 511-521 ; t. ix, coi. 309-310 ; Hurter, No. menclalor, t. iv, col. 613-615 ; DôUinger-Reusch, Gescliichtc