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l’aumône, ne pouvait se gagner sans une vraie confession ; au contraire, l’indulgence à gagner pour les morts ne nécessitait pas la confession ; il suffisait de faire l’aumône prescrite. Les pauvres n'étaient point tenus à l’aumône. La prédication de cette indulgence amena un conflit entre le prieur d’Augsbourg et le jiouvoir impérial. Par décret lancé d’Inspruck, le 7 mars 1515, Maximilien L ordonnait aux divers princes et villes impériales de confisquer l’argent ainsi recueilli et d’interdire la prédication de l’indulgence pour Augsbourg. Cf. N. Paulus, Die deulsclwn Dominikancr im Kampfe gegen Luther, F"ribourg-enBrisgau, 1903, Johann Fabcr, p. 294. Quelque temps après, l’empereur, étant venu lui-même à Augsbourg, rapporta son premier décret par un autre du 13 avril 1515 : on s’accordait sur la base d’une répartition des fruits de la prédication des indulgences entre la Chambre apostolique, le chapitre de la cathédrale et le couvent des prêcheurs.

Dans le courant de l'été 1515, Jean Faber se rendit à Bologne pour y disputer avec Jean Speiser, curé (le Saint-Maurice d’Augsbourg, qui souvent dans ses lirédications l’avait pris à parti. On a retrouvé, à l’intérieur de la reliure du codex 18052 de la bibliothèque de la ville de Munich, l’annonce imprimée de cette dispute : Dispiilabnntur Bononiæ anno MDXV (lie viii niensis julii p. Rev. sacre théologie professoreni niagistnim Johannem Fabnim ordinis fr. prcdicatoruni congregalionis Germanie vicarium gêneraient, priorem conventus Aiigiistensis. Ad conciirrentiam renerabilis viri dni Johannis. dccretoriun doctoris, plebani S. Mauricii Augustensis, juxta obligationeni ac sponsionem per ipsiim sepiiis factam in sais concionibus publicis Auguste coram magna populi muliiludine. Quapropter dielis mense et die illic dominatio sua compareal. Cf. N. Paulus, op. cit., p. 295. Nous ne savons si Speiser se présenta. Mais un docteur fameux d’Ingolstadt, Jean Eek, profita de l’occasion pour aller soutenir devant l’université de Bologne ses idées sur le prêt à intérêt. Cf. J. Schneid, D' J. Eek and das kirchliche Zinsverbot, dans Hist. pnl. Blâttern, 1891, t. cviii, p. 241 sq. Le 8 juillet, Jean Faber argumenta sur cette proposition : Assererc papemi non passe pro temporali siibsidio, ad laudem et honorcm Dei ordinalo, indulgentias plenarias pro expialione omnium penarani suarum anima bus in purgatorio, saltem per modum suffragii, concedere, impium, seelestum ac sanctis docloribus omnino contrarium est. Inmw nihil fidci contrarium, sed potius pie credendum /lapam cliam per modum uurtorilidis unimabus in purgatorio cxislentibus indulgentias passe dure, si id fiât pro cis quod in bulla est cxpressum. Sur ce point, .Jean Eek était absolument du même avis que Faber : I ndulgentia'. mariais non Icmtam per modam suffragii, sed aatoritate a papa dari passant. Eckii Orationes 1res, Augsbourg, 1515, fol. 3 « .Les discussions portèrent aussi sur le prêt à intérêt. Sur ce point encore, les deux docteurs se trouvèrent à peu près d’accord, si ce n’est que Jean Eek faisait de l’intérêt une chose due en justice. Voici la position de la thèse de Jean Faber : Ab omni usura cailibel christiano homini sub pena privedionis vite elcrne est abstincndum…Ubi vcro nihil deeisum in contractu aliquo usurarius sit necne, periculasum ac temerarium est, amnes eos damnare qui hujasmodi contractu utuntur. Conlractas, abi Pelrus consignai Johaimi mcrcalori centum, malens (qucaitam in se csbpar(im societedem inire, sed neminem reperit acceplantem, annualim qainque lucri causa recipiens, ilu tamen ut si Joliannes absque lala culpa diminum paciidur, ipse paratus sit proporcionabilitcr lantumdem participare de demxiio cliam in capilali, el non amplias, honcslus, neccssarius et nequaquam usurarius est ccnsendus. hjihir sic cnntrahentes absolule et siuipliciler

usararios appellare, frivolum ae lemercu’ium piarumquc aurium offensivum est. Jean Faber ne demeura que quelques jours à Bologne et n’y enseigna pas, comme le dit Echard, t. ii, p. 80, se basant sur un texte mal interprété de Leandre Albert I, De viris illustribus, etc., Bologne, 1521, fol. 142 a. De retour à Augsbourg, il reçut le titre de conseiller impérial, mais il ne fut jamais, comme on l’a dit, ni confesseur, ni prédicateur ordinaire de Maximilien P"'. Il eut à surveiller l'érection d’un grand couvent pour 60 religieux et en même temps, dépendant du couvent, la fondation d’une Académie pour l'étude du grec et du latin, l’une et l’autre fondation étalent hautement patronées par l’empereur. Cf. A. Lier, Der Augsburgische Humanislenkreis, dans Zeitschrift des histor. Vereins fiir Schwahen, 1880, t. vii, p. 76. C’est pour obtenir la bienveillance de Léon X en faveur du futur établissement que Jean Faber se rendit à Bome en 1517. Là il prononça l’oraison funèbre du capitaine de la garde suisse, attribuée faussement à Jean Fabri de Leutkirch : Oralio funebris habita in exequiis Gaspcuis de Silinon capitanei Helveliorum : a cuslodia secreliori corparis pont. max. Leanis X habita Rome MDXV II, die XXVI augasli, in-40, s. 1. n. d. La mort de Maximilien pr (12 janvier 1519) vint ruiner le projet d’un Athen.ieum. Jean Faber fut chargé de prononcer l’oraison funèbre : Orcdio funebris in depositionc gloriosis. imp. cœs. Maximiliani… in oppido Wels… per fralrem.Joannem Fabrum Aaguslanam, Iheologam ordinis fralram prædiccdorum, habita cmno Christi MDXVIIIJ, die xri januarii, in-4°, Augsbourg, 1519. Jean Faber avait été nommé, en 1511, vicaire général de la congrégation dominicaine de Germanie supérieure avec, sous sa direction, les couvents d’Augsbourg, Wurzbourg, Spire, Constance, Fribourg, Zurich, Strasbourg, Haguenau, etc. Dans une lettre du 12 août 1519, adressée à Pirkheimer, nous voyons, en même temps que les causes de l’opposition que Jean l’aber rencontra dans son gouvernement, quelles idées il professait touchant la renaissance des études, même au point de vue thèologique. Il dit qu’un des plus forts griefs que l’on a contre lui, c’est de ne pas faire chorus avec tous les autres contre Beuchlin et les autres humanistes savants d’Allemagne. C’est pourquoi il a besoin qu’on l’aide. Sans doute, l’empereur, en 1518, lui a donné raison, mais depuis sa mort, ils se sont unis contre lui au cardinal Cajetan. Il ne les craint pas pour le moment, placé qu’il est sous la protection des commissaires royaux… Lui aussi désire une vie réformée, mais autre qu’eux. On lui a reproché son dédain de la théologie : la vraie théologie, au contraire, a toujours eu son plus grand respect, et il voudrait pouvoir passer sa vie à l'étudier de toutes ses forces, mais d’une autre façon qu’eux. Depuis sa jeunesse, il a eu en horreur tous ces sophlsmes et ces questions inutiles. Il désire que les théologiens parlent un bon latin et qu’ils suivent, pour traiter des mystères de Dieu, des méthodes des anciens Pères, de saint Augustin, de saint Jérôme. Parmi les moines, quelques-uns au moins devraient savoir le grec et l’hébreu. Sans la mort de Maximilien, il serait arrivé à ses fins ; il espère que Charles-Quint reprendra le projet de son grand-père pour le mener à bien, etc.

Dans un voyage que Jean Faber fit à la fin de l’année 1520 avec le cardinal Math. Lang, dans les Pays-Bas, dans le but d’Intéresser le nouvel empereur à sa cause, il eut l’occasion de se lier, à Louvain, avec Érasme. Le dominicain humaniste fut vite en faveur. Érasme, en plusieurs lettres, le recommande aux personnes les plus inducntes : le 3 octobre, au trésorier Impérial Jacob Willinger, t. iii, p. 583 ; au chancelier Mercurius Cattinara, 4 octobre, ibid., p. 584 ; le 8