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ÉZÉCHIEL (LIVRE D' ;


celle d'Ézccliiel, fils de Buzi, de race sacerdotale, i, 3, transporté par Nabuchodonosor en Babylonie avec le roi de Juda Jéchonias, en l’an 597, i, 2 ; xxxiii, 21 ; XL, i ; fixé à Tell-Abib, sur les bords du « fleuve Chobar » (n'^har-k'^bâr, le nâru kabarii de Nippour, grand canal navigable), iii, 15, dans une maison lui appartenant, iii, 24 ; viii, 1 ; xii, 3 sq. ; appelé au ministère prophétique la cinquième année de sa captivité, I, 2, et mort très probablement sur la terre étrangère. Il paraît avoir été d’abord plutôt mal vu des exilés ses compatriotes, ii, 5, 6, 8 ; iii, 8, 2(), 27 ; XII, 22-27 ; xxi, 5, et avoir restreint sa prédication à ceux qui le visitaient dans sa demeure, iii, 24 sq. ; VIII, 1 ; XIV, 1 ; XX, i, jusqu’au moment où la chute définitive de Jérusalem vint, en confirmant ses prophéties, lui assurer, sinon le plein succès, du moins l’attention universelle, xxiv, 27 ; xxxiii, 22, 30-33. Il a reçu sa mission de Jahvé lui-même, dont il affirme n'être que le porte-parole, et qui lui parle soit directement, soit en vision, passim, spécialement i-iii, 15. Cette mission, qu’il doit remplir per fus et ne/as, iii, 4-9, est double, en tant qu’elle concerne soit la collectivité Israélite, avant la ruine de Jérusalem et la fin de l’autonomie de Juda, soit les individus, après ces événements, au sein de la première dispersion, II, 8-III, 3 ; III, 16 6-21 ; xxxiii, 1-9. Voir plus loin. En la remplissant, il se comporte comme une « sentinelle » dont l’ofiicc est de veiller et d’avertir simplement, limitant ainsi sa responsabilité en cas d’insuccès, iii, 17 ; xxxiii, 2, 7. Les moyens dont il use pour la remplir sont la parole et l’action symbolique. Car Ézéchicl n’a pas été qu’un écrivain, comme le voulait Reuss, Les prophètes, Paris, 1876, t. ii, p. 10 ; il a certainement parlé au peuple, directement, xxxiii, 30-33, ou par l’intermédiaire des anciens du peuple, VIII, 1 ; xiv, 1 ; xx, 1 ; et il est « psychologiquement invraisemblable qu’un homme qui si souvent, plus souvent qu’aucun autre prophète, fait d’une assertion, d’un dire de ses contemporains et compagnons le point de départ de ses discours, viii, 12 ; IX, 9 ; XI, 3 ; xi, 15 ; xii, 22, 27 ; xviii, 2, 25, 29 ; XX, 32 (supposé) ; xxi, 5 ; xxxiii, 17, 20, 24 ; xxxvii, 11, se soit contenté de serrer dans le tiroir de sa table à écrire, en vue de les publier sur le tard, les notes manuscrites que lui suggérait la nécessité de remédier aux soucis et aux doutes de ceux qu’il devait instruire et réformer. » J. Herrmanii, Ezechielstudien, Leipzig, 1908, p. 86 sq. Il y a tout lieu de croire, également, que la plupart des actions symboliques à lui commandées par Dieu ont été réellement exécutées par le prophète. C’est le cas, du moins, de iv, 1-3, 9-12 ; XII, 3-11 ; xxi, 11-12, 24-25 ; xxiv, 16-24 ; XXXVII, 16-20, dont on ne comprendrait pas qu’elles appartinssent à l’extase (Kcil, Hengstenberg), ou qu’elles fussent de pures allégories, de simples artifices littéraires (Havernick, Bleel<, Hitzig, Smend, Kuenen, Toy), attendu qu’elles devaient soit avoir quahté de « signes » , soit être exécutées « sous les yeux » de spectateurs. Une, au moins, de ces actions, XXIV, 2-14, n’a cependant pas été, et même n’a pas dû être exécutée, proposée seulement comme « parabole » , 3, ; la maison d’Israël ; et peut-être faudrait-il en juger ainsi de iv, 4-8 et de v, 1-4. Herrmann, op. cit., p. 89 sq. Réelles ou non, ces actions symboliques ne peuvent en tout cas être considérées comme des « incantations » à rapprocher des incantations babyloniennes (R. Kràtzschmar) ; car elles ne revêtent nullement dans le livre d'Ézéchiel le caractère rituel qui appartient essentiellement à ces dernières. Enfin, orateur et symboliste, Ézéchicl, s’il fut réellement favorisé d’extases, s’il fut même d’une nature extatique, ne peut, sur la foi de textes abusivement interprétés, être regardé comme un malade atteint

par moments île catalepsie, offrant en sa personne des phénomènes d’hémiplégie, d’anesthésie et d’alalie, qui lui auraient enlevé l’usage de ses membres ou de la parole (Klostermann, dans Theologische Studicn nnd Kritiken, Leipzig, 1877, p. 391 sq.) ; car les passages où le prophète doit être « lié avec des cordes, » III, 25 ; IV, 8, que l’on interprète des i invisibles chaînes de la paralysie cataleptique » (Kriitzschmar, p. 40, 48), peuvent fort bien s’entendre au sens propre, de liens réels, matériels, jilus aptes qu’un état maladif à symboliser, dans le premier cas, un arrêt monien[ tané du ministère prophétique d'Ézéchiel nécessité I probablement par un premier insuccès, et, dans I l’autre, l’inutilité d’espérer qu’un changement quel ! conque pût se produire dans l'état de choses amené ! par le siège de Jérusalem ; tandis que ces autres pasi sages où la langue du prophète « attachée à son palais, »

puis libérée dans sa « bouche ouverte » afin qu’il « ne

I soit plus muet » , iii, 26-27 ; xxiv, 25-27 ; xxxiii, 21-22, I loin de déceler chez lui une alalie intermittente d’orij gine pathologique, encore qu’ils puissent s’interpréter j au figuré, cf. xvi, 63 ; xxix, 21, ne s’appliquent en réalité qu'à un silence relatif à l’objet de la mission prophétique. Voir, du reste, Herrmann, op. cit., p. 71-81. La plupart des critiques s’accordent aujourd’hui à attribuer à Ézéchicl lui-même non seulement la rédaction de ses oracles, mais encore leur groupement dans le recueil que nous possédons sous le titre de livre d'Ézéchiel. Le prophète ayant été favorisé de sa première vision la cinquième année de son séjour en Babylonie, i, 1, son livre fut écrit, par suite, dans l’intervalle de temps qui s'écoula de l’an 593 à sa mort. Le dernier de ses oracles se trouvant daté de la vingtseptième année de sa transportation, xxix, 17, c’est donc vers l’an 571 et suivants qu’il dut mettre la dernière main à son ouvrage. Cf. A. Van Hoonacker, Le titre primitif du livre d' Ézéchicl, dans la Revue biblique, 1912, p. 241-253. — On mentionnera seulement ici pour mémoire les théories : a) des rabbins du Talmud qui font écrire le livre par les « hommes de la Grande Synagogue, » Bnbu bathra, 14 b, expliqué par Mar.x, Traditio rabbinorum veterrima de V. T. ordinc cdquc origine, Leipzig, 1884, p. 48, 51, et par W’ildeboer, Geschichic der Litteratur des A. Testaments, Gœttingue, 1895, § 15, rem. 5 ; b) de Spinoza, qui ne voit dans le livre d'Ézéchiel qu’un résumé de ses prophéties, puisqu’il ne commence qu'à la trentième année et qu’il est dit au c. xvii que Sédécias est conduit à Babylone, tandis que Josèphc, Ant. jud., 1. X, c. ix, rapporte qu'Ézéchiel a prédit que ce roi ne verrait pas Babylone, Tractatus theologicopoliticus, Hambourg, 1670, c. X, Œuvres, trad. Prat, 2'= série, Paris, 1872, p. 245-246, et que réfutent Huet, Vcmonstrcdions évangéliques, Venise, 1765, p. 293, et Carpzov, Introductio ad libros ccmonicos V. T., Leipzig, 1757, t. iii, p. 208 sq. ; c) de quelques modernes, cf. Skinner, Dictionari] of the Bible, Edimbourg, 1898, t. i, col. 818, qui refusent à Ézéchiel, pour l’attribuer à un auteur plus récent, la composition des c. xl-xlviii, et cjue réfute amplement Herbst-Wclte, Historisch-kritischc Einleitung in die heiligenSchriften des A. r., Carlsruhc et Fribourg, 1840-1844, t. ii, 2, p. 72 sq., opinion reprise de nos jours par P. Volz, Die vore.xilische Juhveprophelie und der Messias, 1897, p. 84, et réfutée par Bertholet, Das Buch Hesekiel, 1897, p. 251 sq. ; d) de Zunz, Gottendienstliche Vortrâge der Juden, Berlin, 1832, p. 157 sq., qui attribue le livre entier à l'époque persane, et de Seinecke, Gcsehichte des Volkes Israël, Gœttingue, 1884, t. ii, p. 1 sq., qui le fait écrire en 163-164, au temps des Machabées, et que réfute, en même temps qu’il résout quelques objections de Geiger, de Vernes et de Ilavet, Toy, Encijclopœdia biblica, Londres, 1901, t. ii, col. 14()0.'