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EXTRÊME ONCTION DU I" AU 1.V SIÈCLE


cluait que toute prière était suffisante, « pourvu qu’elle contint la mention exigée par l’apôtre : in nominc Domini. » Et il est certain que cet appel à Jésus ou à la Trinité est presque toujours fait. Néanmoins, quelques formules ne le contiennent même pas. On sait seulement et on est d’accord (écrivains et documents liturgiques) pour afiirmer qu’une prière concomitante est de rigueur, c’est-à-dire soit une supplication proprement dite, soit une phrase attestant le caractère déprécatif de l’onction.

Ministres.

 Bède répète la parole d’Innocent 1° : omnibus christianis uti licel codem oko in

sua aut suorum necessilale ungendo. Mais à plusieurs reprises, il enseigne que l’onction des malades doit être faite par les prêtres. L’unique droit qu’il reconnaisse aux laïques est donc celui de s’appliquer / «  même huile dont l'Église se sert pour l’extrême onction officielle. Saint Bède signale les deux usages, l’un public et l’autre privé. Saint Jean Damascène seul parle comme si le ministre pouvait être n’importe qui : encore faut-il observer qu’il fait allusion à diverses onctions dont quelques-unes ne sont pas sacramentelles. Tous les autres écrivains de l'époque et les livres liturgiques font du prêtre le ministre du rite. Et c’est pour ce motif qu’il est obligé d’aller chercher l’huile, de la garder avec soin, de l’emporter avec lui, de l’offrir à toute réquisition, de connaître le rituel : ainsi l’exige son ministère. En certains cas, l'évêque fait lui-même l’onction : s’il s’agit d’un autre évêque, par exemple (Théodulfe, Hincmar), ou d’un personnage important (saint Adalhard, concile de Pavie) ; les livres liturgiques ont même des formules spéciales réservées pour ce cas (sacramentaire de Saint-Remi).

Plusieurs prêtres sont-ils nécessaires ? De nombreux documents laissent entendre ou afîîrment qu’un seul ministre suffit (Tliéodulfe, saint Boniface, Amalaire, concile d’Aix-la-Chapelle, Raban Maur, Hincmar, Rodulphe, Réginon). Le rituel dont Théodulfe dessine les grandes lignes suppose que trois prêtres viennent, mais qu’un seul applique l’huile. Le sacramentaire de Saint-Remi ordonne que le malade soit oint par un ou par plusieurs ministres. Il contient pour le cas de danger imminent un rituel abrégé qui n’exige que l’intervention d’une seide personne. Le pseudo-Egbert laisse entendre qu’une juridiction est nécessaire : on doit inviter son prêtre. De même le concile de Pavie suppose une intervention spéciale du prêtre du lieu : ces deux documents d’ailleurs font accompagner, pour la collation du rite, le curé par d’autres ministres.

Telle est, en effet, la règle générale. Chez les grecs et chez les latins, l’administration solennelle de l’onction suppose l’intervention de plusieurs prêtres. Le rite est d’ailleurs 1res long ; l’onction est accompagnée, suivie de nombreuses prières, de psaumes, de chants même. Les Ordincs attestent toutefois qu’il y a un célébrant principal et des officiants secondaires. Presque tous les rituels disent formellement que ces derniers ne jouent pas seulement un rôle accessoire, mais qu’ils font des onctions à leur tour. Ou bien chacun applique l’huile et dit la formule sur toutes les parlies du corps qui doivent être ointes (eucologe de Goar), ou bien le travail est divisé : les diverses onctions sont faites, les paroles correspondant à chacune sont dites par plusieurs prêtres (sacramentaire de Saint-Remi), ou enfin, s’il faut en croire certaines rubriques, pendant qu’un ministre opère, un autre récite la forme (sacramentaire dit grégorien d’Hugues Ménard, Ordo 111, IV ci V). Et sic perunguat infirmum… ; elsupplicando, dumun(jiturin[irmus, dicetumis ex sacerdotibus hanc orationem… Ce dernier cas est le plus rare : la plupart des formules démontrent que

celui qui parle est celui qui a^ : l : Ungolr… Que faut-il penser de l’onction accomplie par un prêtre pendant qu’un autre oint ? Kern n'éprouve aucune difficulté à déclarer que si, en quelque église, le sacrement a été réellement ainsi conféré, le rite était valide. Op. cit., p. 265. Les deux personnes n’en faisaient qu’une, l’une offrait sa main, l’autre sa bouche, si bien que celui qui n’oignait pas pouvait cependant dire : Ungo te… Très justement aussi, Kern observe qu’il est difficile de bien comprendre ces vieux Ordincs : car à tout instant et sans explication, ils passent du pluriel au singulier. De plus, il est visible qu’il y a eu des surcharges, des retouches. Les rubriques sont trop succinctes. Certains renseignements semblent parfois passés sous silence. Ne pourrait-on pas supposer, insinue Kern, toc. cit., que, pendant l’onction, un prêtre qui, n’opérant pas, gardait les yeux fixés sur le manuscrit, prononçait tout Iiaut la prière, le ministre la disant tout bas ? La précaution eût été sage, car les formules étaient nombreuses, variées et longues parfois. Nous croyons que cette supposition est confirmée par les faits. Nous pouvons observer d’abord que les rituels ont le souci de ne pas laisser s'établir de silence pendant les onctions : ils ordonnent tantôt des antiennes, tantôt des prières. Et dans le sacramentaire dit grégorien, édité par Hugues Ménard, un de ceux où se trouve la rubrique ici examinée (dum ungitur infirmus dicat unus ex sacerdotibus hanc orationem ; suitune prière de dix lignes), on lit : « Beaucoup de prêtres oindront aussi les infirmes sur les cinq sens du corps… Sur tous ces membres, qu’ils fassent une croix avec de l’huile consacrée, disant : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » N’aurions-nous pas là une mention de la courte formule que disait le ministre pendant qu'à voix haute, un autre prêtre prononçait une longue oraison ? S’il en était ainsi, puisque les mots dits par l’opérateur lui-même étaient très courts, simples, bien connus de lui, puisqu’il ne devait pas les lire, on s’explique pourquoi le manuscrit ne les porte pas d’ordinaire : c'était doublement inutile. 6° Effets.

Les promesses de saint Jacques sont

rappelées parles écrivains, les conciles et les livres liturgiques. Le concept qui est très souvent exprimé et qui résume tout est le suivant : l’extrême onction est le remède de l'âme et du corps (Bède, concile de Chalon, Amalaire, Jouas, Raban Maur, concile de Pavie, divers rituels). Chacun des effets que les catholiques attribuent aujourd’hui au sacrement a été plus d’une fois exalté. Les grâces spirituelles sont mises en relief, la rémission des péchés est souvent attestée (Bède, Théodulfe, Amalaire, Radbert, concile de Pavie, Ilincmai", etc.). Les rituels signalent tous cette heureuse suite de l’onction. D’autre part, ils font précéder de la confession l’application d’huile ; conciles et écrivains adoptent le même processus. Bède et ceux qui le reproduisent observent même avec une visible insistance que, sans confession, les péchés ne peuvent être remis. Que conclure ? Sinon que l’extrême on(tion était alors considérée comme complétant l'œuvre de la pénitence. C’est bien, sinon notre langage, du moins notre pensée : le sacrement des malades ôte les restes des péchés. Le pseudo-Egbert le dit : après l’extrême onction l'âme est pure comme celle de l’enfant après le baptême. Tel est encore le sens d’une prière liturgique medendo nequitiarum putredinem lalitemtem{Ordo IV et ailleurs) : l’onction débarrasse de la poussière secrète des fautes. Aussi est-elle considérée comme une source de salut ; grâce à elle, le malade ne défaille pas (capitulaires, Amalaire, concile d’Aix-la-Chapelle, Raban Maur, etc.). Elle est donc une préparation à la mort (Radbert, Hincmar, Vie d’Adalhard, etc.). Elle est aussi une source de force, de patience, de consolation, de joie ; les livres litur-