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EXTRÊME ONCTION DU l" AU IX » SIECLE


des malades se fait pendant la messe du jeudi saint au Pater ; sa réponse atteste le caractère sacramentel de l’extrême onction : Qiiid infirmum saloet, hic manijesiat scilicet oruiio fidei ciijiis signuni est olei unctio. Si propterea infirmanliir quia mandiicant corpus Domini indigne quibus tamen subnenit olei unctio, id est, f/ratia Dei per operationem presbijleri, mcrito consecratio de qna nunc agitur consecrationi corporis ctsanguinis Doniini jungilur… Passio Christ i auctor/'m mortis destruxit : gratia ejus quæ siyniflcatur pcr olei unclioneni, arma ejus quæ sunt peccala quotidiana destruxit… Congrue in ca[orationc]conseeratur olcum pro pœnitentibus, ubi eorum sacrificium Deo of/ertur. Puis Amalaire commente la prière de la bénédiction, ce qui l’oblige à indiquer les effets de l’huile des malades : Medelam prœstat sauciatis. Unde in eadem [oratione] ad evacuandos omnes dolores, omnes infirmitates, omnem eegritudinem corporis. yEgritudinem sequitur dolor, dolorem consolatio. Examinant le rite, il observe que l’huile est offerte par le peuple, bénite par le pape et tous les évêques. Il conclut : Quando a populis ofjertur, simplex liquor est, per benedictionem sacerdotum transjertur in sacrcmientum. De ecclesiasticis ofjiciis, 1. I, c. xii, P. L., t. cv, col. 1012-1015.

L’adversaire des conceptions liturgiques d’Amalaire, Agobard, archevêque de Lyon (816-846), mentionne des onctions qui se font à l'église par les mains des prêtres et conformément à l’ordre de saint Jacques : Melius cnim faccrenl, si ad presbyteros Ecclesiæ currerent, ungendi oleo, sccundum præceptum evangelicum et upostolicum. Epislola ad Barlholomxum, n. r2, P. L., t. civ, col. 184-185.

A la même époque, Halitgaire, évêque de Cambrai, insérait dans son traité De pienitentia, 1. iii, c. xvi, le texte de saint Jacques et la réponse d’Innocent. P. L., t. cv, col. 680.

C’est aussi à cette date (8'26) que mourait saint Théodore Studite, « après avoir reçu l’eucharistie et avoir été oint dans ses membres selon la coutume, » raconte le biographe, son disciple. P. G., t. xcix, col. 326. Le fait est confirmé, presque dans les mêmes termes, pour son successeur Naucrace (le saint ayant été oint selon l’usage). Ibid., col. 1846.

Jonas d’Orléans (829) consacre un chapitre entier de son traité De institutione laicali à la visite des malades et à l’extrême onction. Il blâme les chrétiens et ils sont nombreux, pleriquc, qui, pour retrouver la santé, recourent à des devins et non aux ministres de l'Église, non sibi presbyteros Ecclesiæ induci seque sanctiftcato oleo secundum traditionem apostolicam et sanctie Ecclesiæ morem perungi… expetunt. Pour combattre les coutumes superstitieuses, il invoque le récit de saint Marc, la recommandation de saint Jacques, les commentaires d’Innocent L'^ et de Bède. A la règle il oppose les faits : le rite est abandonné par beaucoup : Multis namquc proptcr ignorantiam, multis proptcr incuriam hxc olei unctio ab usu recessit. Quibus autem in usu non est, necesse est ut in usum veniat. Unde oportel ut quando quis infirmalur… ab Eeclesia ejusque sacerdotibus et unctione sanctificali olei sibi remedium non solum in eorpore sed elicmi in anima a Domino Jesu Christo postulet adfuturum. P. L., t. cvi, col. 260-261.

Paschase Radbert (en 831), après avoir présenté la maladie comme une suite du péché, indique le remède « d’après saint Jacques » : l’onction n’est pas oubliée. Prius adhibenda est con/cssio pcccati, deindc oratio plurimorum, post sanctificatio unctionis. Liber de eorpore et scuiguine Domini, c. viii, n. 7, P. L., t. cxx, col. 1292. Paschase a conservé le souvenir d’un trait intéressant de la vie de saint Adalhard. Ce pieux personnage allait mourir. L'évêque de Beauvais, Hildemann, se demandait si le moment où le malade

devait être oint n'était pas venu. L’entourage hésitait, scmble-t-il, parce qu’il connaissait la sainteté d’Adalhard. Le moribond réclama l’onction : … cum cœpissel idem sanctus episcopus a nobis percunctari, utrum benedictionis oleo sicut a becdo apostolo sancitum est debcrcl perungui ; intcrrogavimus cum utrumne vellet quem procul dubio sciebamus peccatorum oneribus non delincri. Quod ille audiens… cominus obsecrabat ut fieret. Et après avoir été oint, Adalhard se félicita d’avoir reçu tous les sacrements : percepi omnia fui mysterii sacramentel. De vita sancti Adalhardi, n. 80, P. L., t. cxx, col. 1547.

Vers 833, Walafrid Strabon, dans son commentaire de saint Marc, reproduisait la glose de Bède. C’est aussi au texte de ce docteur qu’il renvoie, dans son explication de l'Épitre de Jacques. Evangelium secundum Marcum, P. L., t. cxiv, col. 201 ; Epislola ccmonica beati Jacobi, col. 679.

En 836, le concile d’Aix-la-Chapelle ordonne aux évêques de ne pas négliger comme ils le font, mais d’accomplir chaque année, le jeudi saint, selon la tradition apostolique et les ordonnances des décrets, la bénédiction des huiles des malades, … olei in quo salvatio infirmorum creditur. C. ii. De doctrina episcoporum, can. 8, Hardouin, op. cit., t. iv, p. 1395. Des devoirs très graves incombent aux prêtres : baptiser, assurer la confirmatioii, instruire et corriger, donner aux malades les secours nécessaires : confession, prière, onction, recommandation de l'âme, communion, sépulture chrétienne : Si subditus infirmitate depressus juerit, ne confessione atque oratione sacerdolali necnon unctione sacrcUi olei per ejus [prcsbyteri] negligentium carcal. Deniquc si finem urgenlem perspe.rerit, commendct animam christianam Domino Deo suo more sacerdolali cum aceeptione sanctæ communioins. C. n. De vita et doctrina infcriorum ordinum, can. 5, ibid., p. 1397.

Même sollicitude de la part du concile de Maycnce (847) : Ab infumis in periculo positis per presbyteros pura inquirenda est confessio peccatorum… et ideo secundum canonicam auctoritatem ne illis janua pielntis clausa vidcatur, orationibus et consolatio ni bus eeclesiasiicis sacra cum unctione Dci animait secundum staluto sanctorum Patrum comnmnione viutici reficiantur, can. 26. Hardouin, op. cit., t. v, p. 13.

Le président de cette assemblée, Raban Maur, rappelle d’un mot, en renvoyant à saint Jacques, que l’onction est pour les malades un remède contre le désespoir. Conmientarium in Ecclesiasticum, 1. VIII, c. xiv, P. L., t. cix, col. 1032. Dans une étude sur les bénédictions liturgiques, il montre pourquoi l’huile est consacrée : Renedieitur oleum ex aposlolica auctoritate, ad infirmorum medicamentnm, Jacobo apostolo hoc ila præeipiente. Il explique le rôle que jouent la prière de l’homme et la grâce de Dieu : Deprecatur quidem pro sainte hominum pia saccrdotis intentio et prœstat eum dii>inæ pietatis devotio ; sicque fit ut eharitas quæ exlnbet in sacerdote deprecationem, ipsa prœstet a Domino integram scmitedem. De clericorum institutione, 1. II, c. lv, P. L., t. cvii, col. 368.

Amolon, évêque de Lyon (milieu du ixe siècle), après avoir rappelé les principaux devoirs de la vie chrétienne, sans omettre la réception des sacrements, recommande l’onction : 6'i autem et languores aliqui ne débilitâtes accidunt, juxta evangelicum et aposlolorum prœceptum præsto habet umisquisque ut indueai presbyteros Ecclesiæ et orent super eum, etc. Epist. ad Iheodboldum episcopum Lingoncnsem, P. L., t. cxvi, col. 82.

Haimon, évêque d’Hulberstadt (841-853), cite dans une homélie leꝟ. 13 du c. vi de l'Évangile de Marc, le conseil de saint.Jacques et une phrase tirée du commentaire (le Bède. Homil., cv, P. L., t. cxviii, col. 573.