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EXTRÊME ONCTION DU 1°’AU IX » SIÈCLE

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l’esprit, consliUUion parfaite. Seigneur, que loule force suianique, tout démon, toute emiyùclie de l’adversaire, tout coup, tout supplice, toute douleur, toute souffrance ou clioc, ou secousse, ou oniljre mauvaise craignent votre saint nom que nous invoqions en ce moment et le nom du Fils unique ; qu’ils disparaissent du dedans, du dehors de vos serviteurs, afin que soit glorifié le nom de c ; ’lui qui piur nous a été crucifié, est ressuscité, a pris nos maladies et nos infirmités, Jésus-Christ, qui viendra juger les vivants et les morts. Car par lui, : ^ vous la gloire et la puissance dans le Saint-Esprit et maintenant et dans tous les siècles des siècles. Amen. Op. cit., p. 13-14.

Ainsi voilà une seconde prière sur l’iiuile, quelques pages après la première. Cette nouvelle formule n’est donc pas ordonnée au même but que la précédente. Les autres oraisons du recueil ne semblent pas faire double emploi ; chacune a sa destination propre. Celle ci n’est pas incorporée dans la liturgie du sacrifice, n’est pas dite sur ce qui est offert par le peuple et remporté par lui. Dans la seconde partie de l’eucologe de Sérapion se trouvent des prières baptismales (consécration des eaux, op. cit., p. 8 ; sur les néophytes, après V Abrenuntio, p. 9, pour le moment de l’introduction i la piscine et sur la sortie, p. 10 ; pour l’onction baptismale et pour la chrismalion, p. 12) ; des oraisons pour l’imposition des mains sur les diacres, p. 10, les prêtres, p. 11, les évêques, p. 12. C’est dans ce groupe que se place la seconde prière sur l’huile des malades qui a été citée plus haut et elle est suivie de l’oraison pour les morts. Op. cit., p. 14. Il semble donc bien que nous possédions dans cette partie de l’eucologe (la suite p. 1930, n’est plus qu’un ensemble de prières du début de la messe qui ont « lieu avant l’oiïrande » , dit le texte, cf. Duchesne, op. cit., p. 75), un embrj-on de rituel. Baptême, ordination, funérailles autant de rites publics, officlels, ordinaires ; celui donc qui vient se placer au milieu d’eux semble être de même nature, de même importance. La formule de bénédiction de l’huile des malades suit innnédiatement les oraisons sur l’huile et sur le chrême des baptêmes : ces deux matières sont d’usage liturgique et non privé, il doit donc en être ainsi de la troisième. Il y a là, semble-t-il, un formulaire complet pour la consécration des huiles ecclésiastiques.

Le texte, d’ailleurs, est très dlfl’érent de celui de la première oraison. L’allu c est plus majestueuse, le langage plus ample, plus solennel, plus précis, plus complet. Le titre n’est plus : sur l’eau et l’huile offertes, mais : sur l’huile des malades. Il j" a un complément, le texte parle du pain ou de l’eau, et il faudra rechercher pourquoi. Mais déjà il est permis d’observer qu’il n’est pas dit : sur l’huile, le pain et l’eau des medades : ce qui est mis en relation directe avec la maladie, c’est r/iinVe seule. Et la prière se rapporte à elle. Dans l’oraison antérieure, le nom de Jésus était invoqué sur cette eau et sur cette huile ; il était parlé de breuvage et d’onelion. Ici, un seul élément est nommé en temps exprès-Dieu est invité à envoyer une force curative dans l’huile et non dans l’eau et le pain. Sans doute, Il est fait mention ensuite de la participation aux créatures ici présentes et cette locution peut s’appliquer Ini.- licitement à l’eau et au pain : encore n’est-ce pas sur. 11 faut avouer du moins que l’huile est mise en un relief spécial.

Le prologue de la prière insiste sur la qualitjg de Sauveur qui revient au Père et au Fils. Les effets mentionnés sont très nombreux. La guérlson de toute maladie ou Inlirmité n’est certes pas oubliée ; l’auteur semble n’avoir voulu passer sous silence aucune des douleurs du corps humain. Mais il n’a pas pensé qu’aux membres. L’huile délivrera de tout esprit impur, mauvais. Elle apportera la bonne grâce, la rémission des péchés, le remède de vie et de salut, la santé, l’intégrité de l’âme, de l’esprit. Tout assaut, embûche du démon.

son ombre même est conjurée. Beaucoup des prières des pontificaux, rituels catholiques du moyen âge et des temps suivants ne sont pas plus explicites, plus précise-, plus complexes. Pour bénir l’huile de l’extrême onction entendue au sens catholiqu, l’Église pourrait user, aujourd’hui encore, si elle le jugeait à propos, de la fornmle de Sérapion.

Enfm, comme l’observe Brlgtmann, .tournai of theologieal studies, 1900, t. i, p. 260, cette prière liturgique, comme toutes celles qui se trouvent dans le recueil de Sérapion, devait être d’un emploi courant, onicicl, elle ne pouvait pas être réservée, tout le montre, pour les bénédictions d’huile qui préludaient aux miracles des thaumaturges racontés plus haut.

Puller a senti vivement toute la force de ce texte qui ruine par la base sa thèse sur l’évolution de l’extrême onction, rite médicinal pendant toute l’antiquité, spirituel seulement dans le moyen âge. Il a fait, pour éluder ce témoignage, des cITorts désespérés et inutiles. On ne s’attend guère, dit-il, à voir un contemporain de saint Athanase faire un éloge si enthousiaste de la sainte eau et du saint pain. Op. cit..p. 92. Il est aisé de répondre que dans le corps de la formule seule l’huile est nommée expressément, que partout l’accent est mis sur elle ; peut-être même, dans la prière, l’eau, le pain ne sont-ils pas Implicitement désignés. Ce point sera examiné plus loin. Puller observe aussi que, dans un document de l’époque, la lettre de l’évêque égyptien Ammon à Théophile d’Alexandrie, c. ii, n. 10, Acla sanctorum, t. m mali, p. 350, l’eau miraculeuse bénite par le pieux Théodore de Tabenna est appelée cf âpij.av.ov cwTopi’jc.-, remède de salut. Mais Il faut observer d’abord que cette expression est placée dans la bouche d’un laïque sans autorité ni compétence théologiques, simple inconnu pour nous, le père de la malade : le sacramentaire de Sérapion reproduit le langage liturgique olTlclel. Les mots remède de scdut ne sont d’ailleurs pas l’équivalent de remède de vie et de salut. Et si cette locution devait être abandonnée par les défenseurs de l’extrême onction, Il en resterait d’autres que Puller ne peut expliquer. Il essaie bien de se débarrasser aussi du soultait fmat : que l’huile apporte Srt/Uc, intégrité de l’âme, du corps, de l’esprit. La maladie, dit-il, n’atteint pas seulement les membres, mais encore l’esprit et l’âme. La prière de Sérapion demande que l’homme tout entier échappe aux influences morbides. Nous l’admettons volontiers, et nous concluon. que déjà Il ne s’agit plus seulement de la guérlson du corps, mais de ce que les docteurs du moyen âge et les catholiques modernes appellent le soulagement spirituel du malade, rlïct très certain de l’extrême onc tion, d’après eux. « Reste, avoue Puller, une clause qui n’est pas susceptible des mêmes explications. » Op. cit., p. 95. L’huile accorde bonne grâce et rémission des péchés. La formule est, d’après ce critique, une Interpolation du viiie siècle. De quel droit son authenticité est-elle niée ? Parce que les manuscrits liturgiques sont plus que tous les autres soumis à des altérations. Soit, mais encore faut-Il démontrer que ces mots sont une addition. La preuve, dit-on, qu’ils ont été insérés après coup, c’est qu’au viiie siècle seulement on attribue à l’onction une efficaclté spirituelle ; auparavant on ne l’avait jamais fait. Déjà nous avons établi, et plus loin nous établirons que cette assertion est absolument Inexacte. Et si aucun des huit premiers siècles n’attribuait à l’huile la vertu de remettre les pécliés, d’accorder la grâce, devrait-on a priori et sans autre motif soutenir que ce passage ne peut pas reconnaître à cet élément pareille efficacité ? (ie serait poser en principe qu’un document ne conlient jamais que ce que contiennent les autres pièces de l’époque. Pourquoi, d’ailleurs, au VIII'e siècle, aurait-on ainsi modifié l’eucologel