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EXTRÊME ONCTION DU l<" AU IX » S1ÈC[, E


connue la prédication, la controverse, l’exorcisme, le baptême, exitjent l’intervention des membres de la hiérarchie. Ne serail-ce pas l’onction qui, d’après saint Jacques, doit être faite sur les malades par les presbytres ?

r^nfm, le texte de l’apôtre est cite pour la première fois. Origène énumère six moyens cjui permettent au baptisé de se relover du péché, /nLfi'., homil.ii, 4, P. G., l. xii, col. 418 sq. : le baptême, le martyre, l’aumône, le pardon, le zèle, l’amour de Dieu : « Il en reste un septième, mais dur et douloureux, c’est la rémission des pécliés par la pénitence : le pécheur lave sa couclio de larmes, ses pleurs deviennent son pain du jour et de la nuit, il ne rougit pas de révéler au prêtre du Seigneur son péché et de demander un remède, selon celui qui a dit : Je l’ai décidé : je déclarerai contre moi mon injustice an Seigneur et vous avez remis l’iniquité de mon cœur. En cela se réalise aussi ce qu’a dit l’apôtre : .S « quclqu’un est malade, qu’il appelle les presbytres de l'Église et qu’ils lui inywsent les mains, l’oigmmt d’Iuiile au nom du Seigneur et la prière de la foi saul’cra le malade et s’il est dans les péchés, ils lui seront remis. »

Beaucoup de protestants, à la suite de Daillé, cf. Kattenbusch, op. cit., p. 305, estiment que tout le texte doit s’entendre de la pénitence et de la pénitence seulement. C’est elle qui est laborieuse et pénible : aveu des fautes et repentir coûtent au péclieur ; l’extrême onction des catholiques est le sacrement de la miséricorde. Hanté de la tentation d’allégoriser et habitué à ne pas suivre le sens littéral, Origène a vu dans la mal.ulie le péché, dans l’onction la pénitence. N’assimile-t-il pas avec complaisance le prêtre au médecin, les fautes à l’infirmité et la cure spirituelle à la guérison matérielle ? Ne savons-nous pas que l’onction a été parfois employée dans l’Orient pour la réconciliation des pécheurs'? Cette interprétation et ces arguments méritent attention. Des catholiques, Boudinhon, loc. cit., p. 397, ont proposé la même explication.

De nombreux théologiens la repoussent. Ils pensent que pour Origène la septième manière d’obtenir le pardon est la suivante : « La rémission des péchés est obtenue lorsque quelqu’un, la douleur dans l'âme, confesse au prêtre ses péchés, et si celui cjui fait ses aveux est malade, alors s’accomplit aussi ce que dit saint Jacques. » Kern, op. cit., p. 54. De Sainte-Beuve écrit de même : « Origène parle ici de la pénitence du chrétien prise dans sa totalité et qui comprend le sacrement appelé de ce nom et celui de l’extrême onction. » Op. cit., col. 35. Cf. Pesch, Prseleciiones duqmalicæ, 3'^ édit., t. vii, p. 254-256.

Pour justifier ce sentiment, les tenants de cette opinion font valoir plusieurs arguments. Origène, disentils, n’allégorise pas toujours, rien dans son langage n’indique qu’il le fait ici. On pourrait observer cependant qu’inunédiatement avant de citer le texte de saint Jacques, il a appelé la pénitence un remède et il faut bien avouer que le docteur alexandrin est porté à emprunter à l’art médical des termes de comparaison pour décrire la cure des âmes. Kern observe en second 1 eu que, dans l’homélie où ce développement est inséré, le docteur alexandrin a l’idée de comparer aux sacrifices antiques pour le péché les nouveaux modes de rémission de fautes. Il aurait donc tort, conclut Kern, de compliquer son exposé en recourant à des allégories secondaires. Il est facile de répliquer qu’il ne le fait qu’en jjassant et que son besoin de découvrir partout des figures a pu l’amener à commettre ce qu'à tort ou à raison nous considérons comme une faute de goût : la clarté d’ailleurs de la thèse générale de rhojuélie n’est pas en péril. Kern présente un argument plus subtil et peut-être plus fort. Si Origène entend au sens allégo rique la recommandation de saint Jacques, il la rend inintelligible. La phrase de l’apôtre devient la suivante : « Si quelqu’un est malade, c’est-à-dire pécheur, qu’il appelle les presbytres de l'Église et l’oraison de la foi sauvera, c’est-à-dire absoudra le coupable et s’il a des fautes, rémission lui sera accordée. » Il est certain qu’ainsi rédigée, la phrase est ridicule. Mais Origène l’a-t-il prévu'? N’a-t-il pas pu songer au sens général de la recommandation de saint Jacques allégoriquement comprise sans prendre la peine de chercher la signification précise de chacun des membres de la proposition ? Sans faire tort à sa mémoire, on peut le soutenir.

Pesch, loc. cit., insiste beaucoup sur la circonstance de l’onction et s’efforce de démontrer que ce rite, mentionné par Origène, n’a jamais été un moyen de remettre les péchés, même en Orient. Il lui est facile de faire justice de quelques-uns des arguments invoqués par les adversaires. Ils citent le 35 « canon du concile de Nicée attribué à saint Marouta, évêque de Maipherkat. Or, ce document n’est peut-être pas de lui ; il nous est parvenu, non sous sa forme primitive, mais dans une rédaction nestorienne du V siècle, il vise seulement le cas spécial de réconciliation publique après apostasie et ne peut être invoqué comme témoin d’une coutume contemporaine d’Origène. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. I, p. 403 ; Braun, De sancta nicœna synodo. Munster, 1898, p. 84. A plus forte raison, Pesch peut-il rejeter la preuve tirée du canon 19 du synode du catholicos Mar Joseph en 554, cf. Hefele, o/j. c ; 7., t. iii, p. 1204, d’après lequel les fidèles convertis de la superstition recevront Vhuile de la prière. A coup sûr, il est impossible de démontrer que l’onction a été employée à Alexandrie du vivant d’Origène, non seulement pour la réconciliation officielle et publique des hérétiques, mais pour l’exomologèse sacramentelle. Cette remarque faite, la question se pose encore : l’onction n’est-elle pas entendue par Origène au sens figuré? A dire vrai, rien ne le prouve. Mais l’interprétation de Kern et de Pesch laisse subsister une grosse dillicullé. Puisque, d’après eux, le texte de saint Jacques s’applique à l’exti'ême onction, pourquoi est-il choisi comme témoignage en faveur de la pénitence ? Et ces théologiens n’expliquent pas pourquoi Origène, en citant la parole de saint Jacques, opère une addition et une soustraction. Nous lisons dans l’homélie alexandrine : « Si quelqu’un est malade, qu’il appelle les prêtres de l'Église et qu’ils lui imposent les mains, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. »LTn rite nouveau est introduit. Les mots « qu’ils prient sur lui » sont omis. Dire qu’Origène a cité de mémoire est une réponse commode et qui pourrait être admise si les changements étaient insignifiants. Or, l’un d’eux tout au moins, l’addition, est une importante modification. PuUer, Anointing of the sick, p. 43 sq., recourt à son hypothèse sur l'évolution du rite recommandé par Jacques. La première partie du conseil s’adresse, selon lui, à tous les malades, leur prescrit l’onction pour la guérison de leur corps. La deuxième vise les malades chargés de péchés et les invite à la pénitence qui seule peut leur donner le pardon. Origène n’a pensé qu'à cette seconde partie : Et s’il a péché, rémission lui sera accordée. C’est cette promesse seule cju’il devait citer. Mais cette proposition conditionnelle ne se suffit pas. Et voilà pourquoi il a dû reproduire le commencement de la phrase où il s’agit de l’onction seule. L’explication est ingénieuse. Mais elle pèche par la base. La recommandation de saint Jacques ne se laisse pas décomposer ainsi en deux conseils dont l’un s’applique à l’onction seule, l’autre à la pénitence seule, dont l’un promet exclusivement la guérison et l’autre la rémission des péchés. Voir Extrême onction d'.près