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EXTRÊME ONCTION DANS L’IXRITURE


usafiC’S de l'époque. L’apôtre n’aflinne ihlmiic pas qu’il a toujours lieu : il le recommande pourtant sans réserve ni restriction d’une manière générale. Sa place à ce moment de la vie est toute naturelle. Ou il doit être suivi de la rémission des péchés par la pénitence et alors, comme on le montre ailleurs, voir Confession DANS i.. Bible, col. 832, la sentence de pardon suppose la connaissance du délit. Ou cette confession précède seulement l’onction, rite qui remet les péchés : or, c'était une idée reçue que, « si nous avouons nos fautes. Dieu les pardonne, » I Joa., i, i » ; île nombreux Juifs consentaient à reconnaître leurs péchés avant de recevoir le baptême de Jean, Mattii., iii, 6 ; Marc, I, 5 ; à Éphèse, après la prédication et les miracles de saint Paul, « beaucoup de croyants venaient confessant et déclarant ce qu’ils avaient fait. » Act., xix, 18.

Mais pourquoi, si l’aveu précédait l’onction, n’est-il nommé qu’en dernier lieu ? Il est facile de l’expliquer. Saint Jacques a écrit : « Si quelqu’un est malade, qu’il appelle les presbytres ; » il est tout naturellement amené à dire aussitôt ce que feront les prêtres ; puis énumérant les effets du rite, il indique la rémission des péchés, sa pensée se porte alors spontanément sur l’aveu des fautes. Ou bien encore, l’apôtre avait écrit sa phrase sur les effets de l’onction : c’est le salut et le relèvement par Dieu. A ce moment, il pense à une objection que pourra faire le lecteur : Si j’ai des péchés ? Et il répond : Si vous avez des péchés, ils vous seront remis. La mention de l’aveu suit inévitablement.

Mais la phrase : « Confessez vos péchés les uns aux autres, » ne semble-t-elle pas exclure le concept d’un aveu même non sacramentel fait au prêtre et désigner les seules confidences d’un laïque à un laïque ? Corneille de la Pierre, Commentaria in sacram Scripturam, Paris, 187.5, t. xx, p. 219, explique ainsi ces mots : Soigncz-l’ous les uns les autres signifie : Que ceux cjui parmi vous sont médecins soignent les autres. De même, dire : aidez-vous, instruisez-vous les uns les autres, c’est inviter les riches à aider les pauvres, les doctes à instruire les ignorants. Ainsi, quand saint Jacques recommande aux fidèles de se confesser les uns aux autres, il invite les laïques à faire leurs aveux "aux prêtres. Et, ajoute Corneille de la Pierre, il a raison de s’exprimer de la sorte. S’il disait : Confessezvous aux prêtres, ces derniers pourraient croire qu’ils ne sont pas tenus d’avouer leurs péchés. Cf. Belser, Die Epistel des heiligen Jakobus, Fribourg-on-Brisgau, 1909, p. 199. Saint Paul n’a-t-il pas dit de même : Soumettez-vous les uns aux autres, » Eph., v, 21, c’est-à-dire, sujets, obéissez à vos supérieurs ; et saint .Jacques a écrit, v, 9 : c Ne vous répandez pas en plaintes les uns contre les autres, » ce qui signifie : « Opprimés, ne récriminez pas contre vos persécuteurs. »

Néanmoins, il faut admettre qu’aujourd’hui le langage de l’apôtre paraît étrange aux catholiques. Mais dans la lettre de saint Jacques et à ses contemporains il ne devait pas être choquant. Alors sans doute existait entre les laïques et les prêtres une distinction hiérarchique semblable pour le fond à ce qu’elle est aujourd’hui entre les deux mêmes groupes de personnes. Mais les presbytres étaient des fidèles du lieu, leur famille habitait le pays, ils n’avaient pas reçu ailleurs une longue éducation qui les avait extérieurement et pour toujours séparés des fidèles ; la veille, ils étaient Juifs ou gentils, les égaux de leurs coreligionnaires ; ils n’habitaient pas une maison spéciale, ils vafquaient à des occupations semblables à celles des autres chrétiens. Aussi supérieurs par leurs pouvoirs à leurs frères que le prêtre catholique peut l'être aux laïques, ils se distinguaient moins, ils se distinguaient à peine par le reste de leur vie des autres membres de la communauté. Et les mots : « Confessez-vous les uns aux autres, » pouvaient paraître naturels.

Sur la manière dont l’aveu ou l’onction produisaient leurs effets, saint Jacques ne donne aucun renseignement sûr. Sans doute, il dit : la prière de la foi sauvera le malade ; c’est donc au rite lui-même qu’est attribuée la collation de la faveur. L’expression semble favoriser l’idée d’une causalité ex opcre operato, d’une vertu instrumentale de la prière ; il faut se souvenir pourtant qu’on trouve dans l'Écriture des mots comme ceuxci : « L’aumône délivre de la mort, efface les péchés, fait trouver la miséricorde et la vie éternelle. » Tob., XII, 9. Et si la première promesse de Jacques semble attribuer au rite lui-même une action causale, la seconde ne met en relief que le Seigneur ; c’est lui cjui relèvera le malade. De même qu’il serait injuste de conclure de cette seconde proposition que l’onctiou n’est pas un instrument productif du relèvenent, de même il est imprudent de recourir à la première pour soutenir que la prière des presbytres sauve ex opère operato. La manière dont est présenté le troisième effet est encore nouvelle : saint Jacques emploie la forme impersonnelle : « Si le malade a commis des péchés, rémission lui sera accorder. » De ce langage, Kern, op. cit., p. 70, conclut que le pardon des fautes est un effet secondaire qui découle des deux autres. L’apôtre n’attribue ni à la prière de foi, c’est-à-dire au rite, ni au Seigneur la rémission des péchés, cette grâce est donc implicitement contenue dans ce qu’accordent la prière de la foi et le Seigneur, c’est-à-dire dans le salut et le relèvement. La base de cette argumentation paraît des plus fragiles.

Kai E’j/e^Gc iiKÏa àX).r, lwi ottio ; oLb-fxs. ; priez les uns pour les cuitres afin que vous soyez guéris. Aucun motif n’oblige à entendre le retour à la santé, au sens figuré. Au contraire, puisqu’il s’agit de malades, il est plus naturel de penser à une guérison proprement dite. A la rigueur, l’attention étant surtout dans la suite portée sur le salut, on pourrait croire que l’apôtre songe à tous les effets de l’onction, mais sans exclure le regain de la santé. Comme un peu auparavant, saint Jacques a parlé de la prière que les presbytres devaient faire pour le salut des patients oints par eux, c’est de cette supplication qu’il convient d’entendre ces mots. On saisit maintenant très bien la suite du développement. Infortunés, priez. Heureux de la terre, chantez. Malades, appelez les presbytres. Et saint Jacques dit alors quel rite sera accompli, quels efl’ets seront produits ; puis il conclut : La’iques, confessezvous ; prêtres, priez pour la guérison des fidèles. L’emploi des mots " les uns pour les autres » ne peut faire obstacle à cette interprétation ; il confirme même ce qui a été dit plus haut de cette expression. Plusieurs interprètes ont soutenu que les personnes invitées à prier sont tous les fidèles. Cette explication isole la phrase de ce ((ui la précède et de ce qui la suit.

Après avoir recommandé cette supplication, l’apôtre donne le motif de son conseil et propose un exemple pour le confirmer. « Car la prière fervente du juste a beaucoup de puissance. Élie était un homme de même condition que nous : il pria instamment qu’il ne tombât point de pluie, et la pluie ne tomba pas sur la terre pendant trois ans et six mois ; il pria de nouveau et le ciel donna de la pluie et la terre produisit ses fruits… Inutile de commenter chacun de ces mots ; il suffit de relever dans ce développement ce qui s’harmonise avec ce qui précède. Le mot qui signifie prière au verset l(i, SÉ/iTiç, désigne bien une demande adressée à Dieu. Puisqu’il a été parlé précédemment de la supplication des prêtres en faveur du malade, il est permis de se demander pourquoi saint Jacques l’appelle la prière du juste et la déclare fervente : les presbytres ne sont pas nécessairement les personnages les plus saints de la communauté. Évidemment, on doit présumer que ces dignitaires étaient choisis parmi les plus pieux. Et

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