Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée
1003
1904
EXTRÊME ONCTION DANS L’ECRITURE


son abaisse ; iient, i, 9. Le bonheur est d’accomplir la loi parfaite, i, 25 ; nous sommes une vapeur qui paraît un instant et s’évanouit, iv, 15 ; être sur terre, y vivre dans les délices, c’est se repaître comme une victime pour le jour où on doit l’égorger, v, 5. L’apôtre qui tient ce langage ne voit pas nécessairement pour tout malade chrétien le saint dans le retour à la santé. La mort, une fin heureuse et sainte est vraiment la seule délivrance : la coiUinuation de la vie sur cette terre peut être un danger et un malheur. Si pour certains il n’en est pas ainsi, pour eux le salut pourra être la guérison.

Nous concluons que, soit pour ne rien ajouter au texte, soit pour laisser au mot erw^eiv le sens qui s’harmonise le mieux avec la doctrine de l’Épître, il convient de ne pas le préciser et de lui conserver sa portée vague et générale. La prière de la foi apportera à tous le salut, ce qui est pour chacun hic et aune le salut. Il est possible que, pour les uns, ce soit un retour à la vie ; mais le vrai bien, la grâce digne de ce nom pour l’auteur de l’Épître comme pour tous les bons chrétiens de l’époque, c’est surtout l’avènement du Seigneur, la possession du royaume, une mort patiemment acceptée et pleine d’espérance.

Le mot ici employé pour désigner le malade à sauver est xâiavcivra, terme par lequel on désigne souvent les mourants, ceux qui ont perdu leurs forces, cf. Heb., XII, 3, et qui, s’en vont : il s’agit donc bien de chrétiens gravement atteints.

Ka iy^pei aJTov 6 KJpto ;. La Vulgate a traduit : et alleviabit eiim Dominas. F.t le Seigneur l’alléyeia, lui rendra moins lourd ie poids de l’épreuve, de la souffrance et des dernières tentations. Les conunentateurs qui ont pris le mot latin pourpoint de départ ont conclu que l’onction des presbytres console, fortifie, réjouit. Mais le verbe a//t’îu’nft(7 ne correspond pas à l’original âyspÊi ; il est certainement une corruption de allevabit que paraissent avoir lu d’anciens écrivains latins. Le sens du grec n’est pas douteux : le Seigneur mettra debout le malade. Le verbe èysipEiv signifie, en effet, toujours faire lever : tantôt éveiller, faire lever quelqu’un du siège où il dort, Matth., viii, 25 ; Luc, viii, 24 ; Act., xii, 7 ; tantôt susciter, faire lever du néant, .Matth., iii, 9 ; Luc, i, 67 ; iii, 8 ; Act., xiii, 22 ; Rom., ix, 17 ; tantôt édifier, faire lever du sol un édifice, Joa., ii, 19, 20 ; tantôt redresser, faire lever une chose tombée, Matth., xii, 11 ; tantôt mettre debout un lioiteux, une malade couchée, un possédé qui se roule à terre et c’est encore les faire lever, Marc, i, 31 ; ix, 26 ;.^.ct., iii, 7 ; tantôt ressusciter les morts, les faire lever de leur tombeau et dans beaucoup d’écrivains du Nouveau Testament, le mot est employé souvent avec cette signification. Matth., x, 8 ; Joa., v, 21 ; xii, 1, etc. ; Act., iii, 15 ; iv, 10, etc. ; Rom., IV, 24 ; viii, 11, etc. ; Heb., xi, 19 ; I Pet., i, 21. Au sens figuré, le mot se trouve dans la 11" Épître de Pierre, sous la forme de onyiipui : « Je crois de mon devoir de vous tenir en éveil [ou de vous ranimer] par mes avertissements, » i, 13 ; « Je vous écris pour réveiller votre saine intelligence, iii, 1. » Ici encore, apparaît l’idée d’exciter, de mettre (Irhaiil l’esprit.

Faut-il préciser ici le sens du verbe faire lever ? Certains auteurs ont cru devoir l’essayer. Les uns ont pensé qu’il s’agissait exclusivement de la résurrection ou du rétablissement escliatologique, von Soden, op. cit. ; Cahntii, Êpitres callioliques, Paris, 1905, n. 21 ; et il est vrai qu’en un très grand nombre de passages âyetpciv signifie ressusciter, mais cette faveur est accordée à des morts ; ici, saint.lacques parle des malades vivants. Plusieurs commentateurs pensent au contraire que le réveil promis, c’est toujours le retour à la santé, Puller, Anointing of the sick, Londres, 1901, p. 19 sq. : mais il est facile de constater que le

mot dont se sert saint Jacques ne désigne que quelques cas de guérison miraculeuse : nous les avons cités. Au reste, tous les chrétiens malades sont invités à recevoir l’onction ; s’ils le font, ils seront relevés, dit l’apôtre et cela sans hésiter, sans mettre aucune restriction, sans apposer la condition qui serait alors nécessaire (s’il plaît à Dieu) ; d’autre part, saint Jacques sait bien que tous les malades ne seront pas guéris, que les fidèles ne sont pas immortels. Quant à entendre exclusivement le verbe âysipstv de faveurs spirituelles comme le font beaucoup de catholiques, théologiens et exègètes, n’est-ce pas ajouter au mot, et presque en modifier le sens, puisqu’il est peu ou qu’il n’est pase : iiployé avec la signification figurée ? Il semble plus sage de n’e.xclure aucun de ces sens et de conserver au mot relever sa signification la plus générale. Que devaient comprendre les destinataires de la lettre’? Sans doute, l’expression relever un malade, les faisait penser naturellement à la guérison qui délivre du lit, qui met debout. Les récits de la vie du Christ et des débuts de l’Église présents à leur mémoire les aidaient à accepter l’idée d’une cure due au Seigneur : il pouvait faire pour les malades ce qu’il avait accompli ea faveur de ses contemporains, ce qu’avaient obtenu de lui les apôtres au profit des premiers chrétiens. D’autre part, les lecteurs de l’Épître — on admet qu’ils sont d’origine juive, ce sont les douze tribus — étaient habitués au langage biblique d’après lequel les justes se tiennent debout au jugement ; chrétiens, ils attendent le dernier jour où Dieu fera surgir du tombeau les cadavres et ira à la rencontre des vivants. Les idées de guérison et de résurrection devaient se présenter, l’une et l’autre, à leur esprit, quand ils lisaient la promesse : Le Seigneur fera lever le malade. Saint Jacques n’a pas dit autre chose : n’ajoutons rien. Ce serait retrancher d’ailleurs, car pour être moins précis, son langage est plus compréhensif. Mettre debout tel malade, ce sera le faire sortir de son lit. Mettre debout tel autre, ce sera lui permettre de demeurer droit, à l’avènement du Seigneur, de ne pas tomber sous le coup du jugement, v, 12. Mettre debout, puisque par la patience et l’espoir s’affermissent les cœurs, puisqu’une fin pareille à celle de Job est une grâce insigne ménagée par un Dieu plein de compassion et de miséricorde, v, 11, puisque cette faveur est obtenue par la patience, v, 10-11, c’est, le lecteur de l’Épître peut aussi le présumer, supporter l’épreuve, i, 12, l’âme robuste et remplie de confiance. Cette grâce est accordée par le Seigneur. Et si, au verset précédent, ce mot s’applique au Christ au nom duquel l’onction est faite, il semble bien qu’ici encore, il soit désigné.

Ki’v àij.apTiai ; r, 7r£Ttorf|-/.(L ;, àpsÔriUcTai a-jTJo, et s’il a fait des péchés, rémission lui sera accordée.

Ce passage vraiment difficile a été expliqué de diverses manières. Il est impossible de l’étudier sans avoir auparavant décidé si les recommandations qui suivent se rapportent au même sujet ou sont le début d’un développement nouveau. Le texte reçu porte : ’ESo ; j.o>.oy£Ï(j6î àÀ>.r|/, ot ; ri 71apa7rT(ôiJ.aTa xa’i e-j/ectSe ÛTtàp à>.V/î"/, (Dv, ô-Kt » ;  ! a6r|TE. Entre È ?0[xo>.oyEt(78E et a/.-Àii ).oi. :, s. A, B, K, P, et les cursiꝟ. 5, 7, 8, 33**, 36, 69, 73, 177 insèrent le mot ojv en faveur duquel déposent plusieurs versions (Vulgate, sahidique, bohairique, philoxénienne, etc.). Cette addition de la plus grande importance est communément admise. Il y a une autre variante : au lieu de Ta TiapaTrTaJfjiaTa, on lit dans les grands onciaux Ta ; à(xapTtaç, et les éditeurs modernes préfèrent ce mot. Le texte devient ainsi le suivant : Confessez donc les uns aux autres vos péchés et priez les uns pour les autres afin que vous soyez guéris.

Y a-t-il lieu de rattacher ces mots à ceux qui pré-