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1899
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EXTRÊME ONCTION DANS L'ÉCRITURE


Beaucoup d’cxégèles croient que le pluriel est employé pour le singulier, comme il arrive ailleurs dans l'Écriture, ajoutenl-ils, Matth., ii, 20, par exemple. L’explication peut paraitre un aveu d’absence d’explication ; atTirmcr l’existence de cette figure ne suffît pas, il faudrait démontrer son emploi en cet endroit. Aussi, plus justement, d’autres commentateurs voient ici « un pluriel de catégorie « (Fillion). La phrase de l’apôtre signiiie : Si quelqu’un est malade, qu’il fasse venir un des prêtres de l'Église. On dirait de même : qu’il appelle les médecins de la ville, non pour lui conseiller de les consulter tous, mais pour l’inviter à faire venir l’un d’eux. Kern, De sacraincnlo exlremse uncliouis, Ratisbonne, 1907, qui propose cette hypothèse, p. '256, la justifie ainsi : Saint Jacques veut que le malade ait recours aux prcsbijtres de l'Église, ce n’est pas à coup sûr à tous ceux de l’univers chrétien, qu’il devra faire appel, ce ne sera même pas toujours à tous ceux de la communauté locale : ils peuvent être trop nombreux. Appeler les prêtres, c’est recourir à la puissance sacerdotale, comme appeler les médecins, c’est recourir à l’art médical. Le nombre dépendra des circonstances de lieu et de temps. Si une Église n’avait qu’un prêtre, son intervention suffirait : donc la pluralité d’opérateurs n’est pas une condition sine quci non, partout et toujours requise, de la validité de l’acte.

Cette explication est sullisante. Il n’est même pas nécessaire de la produire, le texte n’a besoin d’aucun correctif. Les écrits du Nouveau Testament sont des ouvrages de circonstance composés pour des destinataires déterminés auxquels s’adressent tout d’abord les conseils du livre sacré. Si cliez les contemporains de saint Jacques, chez ceux du moins auxquels il envoyait son Épitre, l’usage était de faire venir auprès du malade plusieurs prêtres, les presbyties de la communauté sans doute encore peu nombreux à cette époque reculée, ou si l’apôtre veut que s'établisse cette habitude, il est tout naturel que la lettre porte ces mots : « Que le malade appelle les presbytrcs de l'Église. » Mais rien ne prouve que saint Jacques ait voulu imposer à tout l’univers, jusqu'à la fin des siècles, la pluralité de dispensateurs de l’onction. Aujourd’liui encore, si un pape recommandait à des orientaux catholiques l’usage du sacrement des malades, il pourrait employer les mêmes paroles : « Faites venir les prêtres de l'Église, » puisque telle est la coutume légitime de ces chrétiens, sans vouloir imposer aux latins l’obligation de renoncer à leur habitude de ne solliciter l’accomplissement du rite que d’un seul prêtre.

Kx nçirjnfj’iiij^MrjU’i =71' ajrôv, a), £ ; l/ïVT : £ ; auTÔv È/.aùo iv T(ii ovou.at ; -ro-j Kupi’ou. Que les prêtres prient sur le malade, l’oignant d’huile au nom du Seigneur. En ces quelques mots, le rite est décrit. Seules sont indiquées l’action et la prière des prêtres. Il n’est parlé ni de la foi ni des supplications du malade. Ce qui est recommandé ici, c’est donc quelque chose d’olliciel, quelque chose qui a une valeur indépendante des dispositions du sujet, une vertu propre. Saint Jacques ne nie nullement l’utilité de la prière du patient, mais il signale un autre moyen de salut. C’est l’intercession et l’onction de presbytres. Qu’ils prient. Ce qu’ils doivent dire n’est pas indiqué. Aucune formule n’est donnée comme essentielle, invariable, fixe à jamais pour tous les temps et tous les lieux. Y en avait-il une, toujours la même, en usage alors ? Saint Jacques ne le dit pas. Il est vrai qu’il écrit aux fidèles et non aux presbytrcs. Les chrétiens doivent recourir aux prêtres : ceux-ci savent ce qu’ils sont tenus de dire et de faire. Très justement toutefois, Kern, op. cit., p. l.')7, observe que le mot choisi 7cpo(T£ijEâT9(j]a-av désigne la déprécation proprement dite, la supplication en faveur de quelqu’un. Déjà ce terme avait été

employé avec cette signification par saint Jacques : Quelqu’un est-il dans le malheur, qu’il prie, TrpoTô'jy ; o6(i), c’est-à-dire, évidemment, qu’il appelle le secours de Dieu. Est-il dans le contentement, qu’il chante, c’est-à-dire qu’il loue le Seigneur ; cette fois, c’est la prière d’actions de grâces et d’adorations, opposée à la supplication. Plusieurs expressions employées plus loin confirmeront le sens ici attribué au verbe tioog£u|â(79tu(jav.

On a voulu justifier cette interprétation à l’aide des mots : sur lui. Que les prêtres prient sur le malade, c’est-à-dire en sa faneur, pour lui. La conjonction ini, super, n’est pourtant pas d’ordinaire employée pour rendre cette pensée ; c’est -JTtîp, pro, qui est usité avec cette signification. Un peu plus loin, saint Jacques écrit : Priez les uns pour les autres, jrtîp à), Àf|), tov. Supplier sur le malade, c’est donc, sinon lui imposer les mains comme le supposent certains exégètes, mais, étant debout auprès de la couche ou du siège du patient, dire au-dessus de lui des prières. L’expression confirme ce qui a été remarqué plus haut ; nous sommes en face d’un fidèle vraiment et bien malade.

Que les prêtres oignent d’huile, c’est-à-dire, évidemment, du produit de l’olivier : tel est en Palestine le sens de ce mot. Si la matière de l’onction que décrit l’Exode, XXX, 23-24, est aromatisée, elle est à base d’olive. Saint Jacques ne parle ni de la préparation de l’huile, ni du lieu, du mode, du nombre des onctions. C’est aux fidèles qu’il s’adresse et non aux presbytres, il ne donne pas ici à ces derniers des leçons de théologie pastorale ou de liturgie.

Actes et prières se font simultanément : que les prêtres supplient sur le malade, l’ayant oint. Le rite et les formules semljlent composer un tout religieux, unique et ordonné au même but qui va être immédiatement décrit. Belser, Die Episteldes heiligenJakobus, Fribourg-en-Brisgau, 1909, p. 196, croit même pouvoir conclure de ces expressions entendues le plus littéralement possible que l’onction précède la prière et est ensuite accompagnée par elle. Il n’est pas nécessaire de recourir à une interprétation aussi stricte du participe aoriste : il est plus prudent même de moins presser les mots et d’affirmer seulement la simultanéité des deux actes.

C’est au nom du Seigneur que les prêtres agiront. Saint Bède, Expositio super divi Jacobi epistolam, P. L., t. xciii, col. 39, observant que ces mots suivent immediatement la mention de l’onction, croit qu’ils s’appliquent à elle seule et attestent que l’huile à employer doit être bénite cm nont du.Seigneur. Cette dernière conclusion dépasse évidemment la portée du texte. Il est probable que ces derniers mots ainsi placés à la fin de la phrase visent tout ce qui précède et le rite et la prière des presbytres. Au reste, puisque onction et supplication se font en même temps et composent un tout, si l’huile est répandue au nom du Seigneur, la prière est dite de la même manière. Reste à déterminer le sens précis de la locution. Dans l'Épître de saint Jacques, KJpio ; est parfois synonyme de Dieu (c’est le mot Jahvé de l’Ancien Testament), I, 7 ; III, 9 ; iv, 10 ; v, 11 ; mais il sert aussi à nommer Jésus-Christ, i, 1 ; ii, 1 ; v, 7, 8 (f, Trapo’juia to-j Kvpc’ov) ; et la lettre, écrite lors de la conférence de Jérusale ; n par divers personnages au milieu desquels saint Jacques tient une place éminente, parle des » hommes (Barnabe et Paul) qui ont exposé leur vie powr le nom de A’otrc-Seigneur Jésus-Christ. » Act., xv, 26. Si l’on se souvient que dans les Actes, les Épîtres de saint Paul, de saint Pierre, de saint Jean, l’expression au nom de, très fréquemment, employée est suivie des mots Jésus, Fils ; si l’on observe que, dans certains de ces passages et dans plusieurs autres des quatre