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EXTASE


exemples. La mystique divine, t. ii, p. 550, 551. Cette lumière, blanche d’ordinaire, est parfois rouge, pâle ou jaunâtre ; parfois encore c’est une simple transparence lumineuse qui laisse aux différentes parties du corps leur couleur naturelle.

Le docteur Grasset, Idées médicales, p. 184, rapporte que, dans certaines conditions spéciales d’expérimentation, M. Maxwell a pu constater des effluves lumineux entre les doigts du médium ; la main même paraît devenir translucide ; il aurait vii, sur le corsage d’Eusapia, de grosses gouttes phosphorescentes. Enfin, Mac Nab a observé dans toutes les expériences bien réussies « la formation de points lumineux ressemblant à des feux follets ; « ils « se déplacent comme de petites comètes, courent les uns après les autres comme des papillons. »

6. Feu intérieur. — Sous l’action de l’extase, il arrive que, dans le cœur, s’allume un foyer d’amour qui rayonne sur tous les organes. Une colonne de fumée s’élève au-dessus de la B= « Julienne de Cornillon en prière, Acta sanctorum, au 5 avril, p. 470, n..39 ; saint Wencestas, duc de Bohême, visitant les éghses, la nuit, pieds nus, en plein hiver, disait à son secrétaire qui avait froid aux pieds malgré ses chaussures, de mettre ses pas dans l’empreinte des siens, et cela suffisait à le réchauffer, ibid., au 28 septembre, p. 780, n. 6 ; il fallait appliquer des hnges mouillés sur la poitrine de saint Stanislas, Brcviarium romanum, au 13 novembre, et de la vénérable mère Agnès de Lantages. Vie de la vén. mère Agnès, part. III, c. V, t. II, p. 133. Des faits analogues se rencontrent dans la vie de beaucoup de saints ; qu’il suffise de citer saint François d’Assise, saint François-Xavier, sainte Madeleine de Pazzi. Il arrive que, sous l’action de ce feu intérieur, le corps des saints brûle les objets qu’il touche ; la tunique de laine de saint Paul de la Croix était toute roussie au contact de son cœur, Breviarium romamim, ’nu 28 avril ; saint Pierre d’Alcantara, enflammé d’amour divin, court se jeter dans un réservoir d’eau glacée pour éprouver quelque rafraîchissement, la glace se liquéfie et l’eau entre en ébuUition. Acta sanctorum, au 19 octobre, p. 757, n. 221.

7. Larmes.

Presque tous les extatiques ont le don des larmes, qu’elles viennent de la douleur, du désir ou de l’amour. Au nom de Jésus, les yeux de saint Ignace de Loyola coulent comme deux fontaines, Acta sanctorum, au 31 juillet, t. xxxiv, p. 539, n. 624 ; la vénérable Marie d’Oignies verse des torrents de pleurs qu’aucun effort humain n’est capable d’arrêter, ibid., âu 23 juin, t. xxv, p. 551, n. 17, et jendant les « xtases de la B^<= Véronique de Binaxo, on en recueille parfois dans un vase de terre déposé dans sa cellule, jusqu’à deux livres de Milan. Ibid., au13 janvier, t. II, p. 174, n. 11-15. Montalembert écrit de sainte Elisabeth de Hongrie : « Plus elle se sentait heureuse et plus elle pleurait ; mais ses pleurs coulaient comme d’une source tranquille et cachée, sans jamais rider son visage, sans altérer en rien ni la pure beauté, ni la placidité de ses traits ; ils n’y ajoutaient qu’un charme de plus : c’était le dernier épanchement d’un cœur auquel nulle parole ne pouvait plus suffire. » Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, c. xxviii. Sainte Thérèse raconte qu’arrivée à l’oraison d’union, et dans les premiers temps où elle eut le bonheur d’en jouir, elle se trouva t inondée de larmes, très douces, sans les avoir senties couler, sans savoir quand ni comment elle les avait répandues. Vie, c. XXIX, au début.

Chez des hystériques, on a noté très souvent des pleurs, avec un caractère franchement convulsif et indépendamment de toute cause de tristesse. Grasset, Traité pratique des maladies du syslème nerveux, p. 936.

8. Danses.

Les accès qui constituent la seconde période des attaques hystériques, sont bien connus : la malade entre en fureur contre elle-même, elle tâche d’échapper aux mains des infirmières, elle court, la tête renversée, les cheveux au vent ; ses mouvements répétés ressemblent à ceux d’une bête fauve enfermée dans sa cage, elle pousse des cris rauques, cherche à mordre ; la camisole de force ne la maintient qu’à grand’peine.

Vraiment il est pénible de rapprocher de ce clownisme indécent, dont j’ai été bien loin de décrire toute l’odieuse inconvenance, les transports de joie et les danses respectueuses de saint Pascal Baylon devant la statue de la très sainte Vierge, Acta sanctorum, au 17 mai, t. xvii, p. 53, n. 17, ou celles de saint Gérard de Majella, ou même de Christine l’admirable. Au milieu d’une extase, le corps de cette sainte se mit à tourner sur lui-même, comme une toupie d’enfants, avec une telle vitesse qu’on ne pouvait distinguer la forme des membres. Revenue à elle, Christine, ivre d’amour de Dieu, s’écria : « Amenez-moi toute la communauté, et chantons les merveilleuses et infinies bontés de Jésus. » Acta sanctorum, au 24 juillet, t. xxxii, p. 656, n. 35, 36.

9. Légèreté extatique.

« Souvent, écrit sainte Thérèse, mon corps me semblait devenir léger au point de n’avoir plus de pesanteur, parfois j’en arrivais à ne plus sentir, en quelque sorte, mes pieds toucher le sol. » Œuvres complètes, t. i, p. 254. Le corps de Marie d’Agréda saisie par l’extase s’élevait comme s’il eût perdu son poids, il se balançait au moindre souffle, comme une plume légère. Ribet qui cite ce fait, La mystique divine, t. ii, p. 591, donne aussi des extraits des bollandîstes ou de différents auteurs qui permettent d’affirmer que saint Pierre d’Alcantara, saint Philippe de Néri, saint François-Xavier, saint Joseph de Cupertino, saint Paul de la Croix, avaient, pendant le saint sacrifice, des extases aériennes. On peut encore consulter Imbert-Gourbeyre, La stigmatisation, t. ii, p. 262 sq. Les faits sont trop nombreux pour qu’on puisse les nier. Un jour de l’Ascension, la B’^ Agnès de Bohême psalmodiait l’ofiice, au jardin, entre deux de ses compagnes. Bénigne et Prisca ; soudain elle s’élève à leurs yeux et ne redescend à terre qu’une heure plus tard, Acta sanctorum, au 6 mars, t. vii, p. 510, n. 10 ; sainte Colette s’élevait parfois si haut dans les airs que ses compagnes la perdaient entièrement de vue. Ibid., au 6 mars, p. 558, n. 83. Un jour de l’Immaculée Conception, saint Joseph de Cupertino invite le Père Gardien à dire avec lui Pulchra Maria. Les mots à peine prononcés, le saint entre en extase, saisit son supérieur et l’emporte avec lui dans les airs, tous deux répétant : Pulchra Maria, Pulchra Maria. Acta sanctorum, au 18 septembre, t. xlv, p. 1022, n. 37, 38.

Saint Pierre, à la voix de Notre-Seigneur, marcha sur les eaux, Matth., xiv, 25-31 ; souvent le même prodige se rencontre dans la vie des saints. Saint Raymond de Pennafort, ayant étendu son manteau sur les eaux, parcourt en six heures les cent soixante mifiesqui séparent Majorque deBavcelone, Breviarium romanum, au 23 janvier ; saint Hyacinthe fait monter ses compagnons sur son manteau, et, comme dans une barque, leur fait traverser la Vistule. Ibid., au 16 août. Cf. Acta sanctorum, au même jour, t. xxxvii, p. 316, n. 40, 41. -ki

Les phénomènes de lévitation sont connus. Grasset, Idées médicales, l’occultisme, p. 175, résume assez bien la question. Il cite plusieurs expériences, il rappelle la lettre du professeur Chiaïa à Lombroso : « Cette femme (Eusapia Paladino) s’élève en l’air, quels que soient les liens qui la retiennent ; elle reste ainsi, paraissant couchée dans le vide, contrairement