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EXPLICITE ET IMPLICITE

EXTASE

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c. xiii, Patres aposlolici, Funk, Tubingue, 1901, t. i, p. 240 ; Ad Eph., c. vii, p. 218 ; Ad Polyc, c. iii, p. 290 ; cirMarhjrium Polycarpi, c. xiv, ibid., p. 330 ; à l’Église, "s. Irénée, Cont. hser., 1. I, c. x, n. 1, P. G., t. VII, col. 549 ; à la grâce et au péché originel. Cf. S. Augustin, Conl. Julianum, 1. I, n. 5, 20, 32, 33, P. L., t. xLiv, col. 643-654, 662-665. — 2<= stade : simple croyance à laquelle s’adjoint un essai encore imparfait d’explication et d’exposition, sous l’influence d’une préoccupation apologétique. C’est à ce stade qu’il faut rapporter les œuvres des premiers Pères apologistes ; et c’est par l’imperfection de leur exposition qu’il faut expliquer les textes un peu difficiles que présentent çà et là leurs défenses de la doctrine catholique. Voir EspritSaint, col. 696-701. Cf. Dogme, t. IV, col. 1628, l’explication de Bossuct. — 3 « stade : explication ou définition précise, sanctionnée ordinairement par les décisions de l’Église. C’est la période des premiers conciles œcuméniques.

Il semble nécessaire, pour éviter les confusions, de bien distinguer ces deux sortes de passages de l’implicite à l’explicite, qui vont parallèlement, sans toutefois se confondre. Mais, dans les deux cas, il y a plus qu’un passage de l’implicite vécu à l’implicite connu : il y a toujours connaissance, puisqu’il s’agit de vérités à croire.

3 » Institution impticile ou explicite. — Dans l’ordre des moyens de sanctification, on peut constater le même progrès que dans l’ordre des vérités à croire. De même que tous les dogmes ont été formellement révélés par Dieu, quoique tous ne l’aient pas été explicitement, de même l’Église, les sacrements ont été formellement institués par Notre-Seigneur, quoique tous les éléments actuels de l’Église et dés sacrements n’aient pas été institués explicitement. Bien plus, de même que certaines vérités n’ont été révélées que virtuellement et elles ne s’imposent que de foi ecclésiastique, voir Foi ; ainsi, certains éléments de l’Église ne peuvent prétendre, quoique s’imposant à nous, à une institution formelle de Jésus-Christ : tout ce qui est de droit purement ecclésiastique n’est institué par Jésus-Christ que d’une manière virtuelle implicite ; de même aussi certaines parties liturgiques des sacrements.

Cette théorie est extrêmement hnportante pour expliquer les développements et aussi les variations que l’on constate à travers les âges, soit dans la discipline de l’Église, ’^ soit dans sa liturgie, soit dans la manière de conférer les sacrements. On ne peut que l’mdiquer sommairement ici, les applications particulières devant être étudiées, chacune à part, dans des articles spéciaux.

En exégèse, on doit signaler également l’emploi des termes implicite et explicite appliqués aux citations que peuvent renfermer les Livres saints. La question des citations implicite sera examinée à l’art.

iNSPIIiATION.

A. Michel.

    1. EXTASE##


EXTASE. Si je commençais par définir l’extase, peut-être m’accuserait-on de préjuger la question. Je vais donc d’abord étudier des faits. J’ai fait effort pour les puiser à des sources sûres, d’ailleurs je donne mes références.

Cependant, comme il s’agit ici de théologie catholique, il est bon de dire, dès le début, que l’Église catholique entend d’abord et surtout, par extase, l’extase divine. C’est vraiment un abus étrange d’appliquer ce nom à des maladies et à des états qui n’ont rien d’extatique. Contraint par la nécessité et pour suivre les adversaires sur leur terrain, je donnerai à ce mot des sens qu’il n’aurait jamais dû avoir. — 1. Aperçu général. II. Efpets. III. Critique des faits. IV. Extase diabolique. V. Extase divine.

I. Aperçu général.

Pour échapper aux étreintes de la douleur physique ou morale, pour fuir la monotonie d’une vie banale, un malade ou un blasé aspire quelques bouffées de gaz, se fait une légère injection sous-cutanée, mâche ou fume une préparation végétale ; sous l’influence de l’éther, du chloroforme, du protoxyde d’azote ou bien sous celle du mescal, du haschisch, de l’opium, voilà le corps qui devient insensible, voilà le cerveau incapable d’associer pensées et sentiments ; la volonté est anéantie, il n’y a plus ni choix, ni acte, c’est un retour à la vie végétative, et au dire de plusieurs, c’est une extase. L’alcool y suffît quelquefois et l’ivresse elle-même, dans quelques livres, s’appelle une extase, ou un état mystique, W. James, L’expérience religieuse, p. 329 ; le mot d’ailleurs ne semble pas plus mal choisi dans ce dernier cas que dans les précédents. D’autres procédés sont plus nobles, et des littératures religieuses ou philosophiques de l’Inde et de l’Orient on pourrait facilement extraire une méthode pour atteindre l’extase, une sorte de manuel opératoire. Pour parvenir au nirvana, le yoghi doit se tenir solitaire, immobile, dans une contrée pure, assis sur un siège élevé que recouvre une peau de gazelle, et regarder fixement le bout de son nez. Quand, par ce régime, il a triomphé de sa nature inférieure, il entre dans le samâdhi, état où « il se trouve face à face avec des faits que nul instinct et nuUe raison ne peuvent connaître… Il n’y a plus de sentiment du moi et pourtant l’esprit agit, délivré du désir et de l’impatience, sans objet et sans corps. » V. James, L’expérience religieuse, p. 339.

Les bouddhistes, par les mêmes procédés matériels que les Hindous, montent les quatre degrés supérieurs de la Dhyâna, qui est la forme supérieure de la contemplation et de l’extase. Au premier degré, l’esprit, tout enveloppé de bonheur, est détaché de tout désir, il distingue cependant et relie encore ses pensées ; au second degré, tout jugement a disparu, reste seulement au fond de l’âme un plaisir intime qu’on ne juge pas, qu’on ne comprend pas ; au troisième degré, l’indiflérence a fait place au plaisir, le sage ne garde plus qu’une conscience obscure de lui-même ; au quatrième degré, tout sentiment est perdu, même celui de l’indifférence, c’est l’impassibilité aussi complète qu’elle peut l’être dans cette vie. Barthélémy Saint-Hilaire, Le Bouddha et sa religion, p. 136, 137. Cf. C. F. Koeppen, Die Religion des Budha, Berlin, 1857, t. i, p. 585 sq.

Dans le Ihia, le Persan Algazel († 1111), l’un des plus grands docteurs de l’islamisme, nous indique certaines méthodes et certains exercices qui prédisposent l’âme à l’extase ; l’auteur ne pense pas en effet que l’homme puissent atteindre par lui-même à cet état, qu’il considère comme un effet surnaturel de la grâce divine. Jeûne, veiUe, silence, retraite absolue ; assis à terre, le néophyte doit commencer à répéter le mot Aflah jusqu’à ce que le mouvement de la langue cesse, et que le son sorte des lèvres de lui-même ; les lèvres se taisent, l’image du mot seule reste dans le cœur ; l’image doit même disparaître à son tour, il ne demeurera plus rien sauf l’idée signifiée, llùa, III, 15, 57. Cf. M. Asin y Palacios, La philosophie de l’extase chez deux grands mystiques musulmans, dans Cultura espanola, février 1906. Comme les mystiques bouddhistes et hindous, Algazel fait consister le plus sublime état de la vie unitive, l’extase, dans l’inconscience absolue du sujet (alfanâ) qui oublie le monde extérieur, ses propres modifications psychiques, son existence efle-même. Les moyens extérieurs, les procédés artificiels peuvent produire l’extase, nous venons de le voir, ils n’y sont pourtant pas nécessaires : une vive im-