Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée
1749
1750
EXODE


8, 9, l’annonce du secours divin, 15, 18, 1e passage de la mer Rouge et la submersion des Égyptiens, 21-23, 26, 27a, 28, 29, la chute de la manne au désert de Sin,

XVI, 1-3, 6-24, 31-35 a, le campement à Raphidim,

XVII, la, l’arrivée au désert de Sinaï, xix, 1, 2a, la montée de Moïse dans la nuée, xxiv, 1, 2, 156-18a, la législation qui lui est donnée, xxv, 1 - xxxi, 18a, la descente de Moïse du Sinaï, xxxiv, 29-36, l’exécution des ordres divins, xxxv, 1 - xl, 36. L’histoire sert de cadre à la législation, qui comprend encore tout le Lévitique et une bonne part du livre des Nombres. Pour les caractères du document, voir Lévitique. Le livre daterait au plus tôt de la fin de la captivité des Juifs à Babylone. Cf. E. Mangenot, op. cit., p. 131-138, 154-172.

Le livre actuel de l’Exode, qui est une compilation d’une partie de ces trois documents, ne serait donc pas l'œuvre de Moïse et sa rédaction définitive, comme celle du Pentateuque entier, serait au plus tôt antérieure à Esdras, sinon même postérieure. Sa valeur historique serait bien mélangée, puisque le livre combinerait des traditions différentes, en partie légendaires, et la législation, qui est elle-même une combinaison d'éléments disparates et de lois de diverses époques, n’aurait rien de mosaïque.

IV. Authenticité mosaïque.

1° Existence et rôle historique de Moïse. — 1. Existence historique. — Les critiques, qui se disent indépendants, ne reconnaissent guère de valeur historique à la tradition hébraïque sur Moïse, consignée dans l’Exode. Quelques-uns même doutent de l’existence de Moïse ou la nient résolument. H. "Winckler explique par l’astronomie la légende de Moïse, lequel n’est, à ses yeux, qu’une personnification de Jahvé-Tanimouz de la steppe. Geschiclite Isræls in Einzeldarslellungen, II « partie, Leipzig, 1900, p. 86-95 ; Die Keilinschriften und das Alte Testament, Berlin, 1902, p. 209-212. Pour Gheyne, art. Moses de V Encijclopiedia biblica, Londres, 1902, t. iii, col. 3203 sq., Moïse était primitivement le clan de Jahvé, qui habitait au nord de l’Arabie. La tradition a appliqué ensuite ce nom ethnique à un individu, dont l’histoire légendaire reproduit quelques traits de l’histoire réelle du clan. Edouard Meyer pense qu’on ne peut prouver historiquement la personnalité de Moïse ; selon lui, nous ne connaissons que le Moïse de la légende. -Die Isræliten und ihre Nachbarstamme, Halle, 1906, p. 451, note. Cependant la plupart des critiques les plus rationalistes admettent l’existence historique de Moïse, et presque tous les historiens s’accordent à dire que les faits qui se rattachent à l’exode d’Israël hors de l’Egypte exigent la présence et l’action d’une personnalité très puissante ; ils ne s’expliqueraient pas autrement. Il n’y a aucune raison de rejeter la donnée qui fait de Moïse un membre de la tribu de Lévi. Exod., Il, 1. La plupart des égyptologues contemporains pensent que son nom hébreu est la transcription du mot égyptien, mes, mesu, qui signifie « enfant » et qui était employé à l'état isolé ou en composition, par exemple, dans les noms propres Amosis, Euthmosis. La tradition juive n’a pas perdu son souvenir, et on le retrouve chez les prophètes, Isaïe, lxiii, 11, 12, Michée, vi, 4 (avec Aaron et Marie), Jérémie, xv, 1, Malachie, iv, 4, et dans quelques psaumes, lxxvi, 21 ; xcviii, 6 ; civ, 26.

On a voulu voir en "particulier une légende dans la circonstance qu’il fut sauvé des eaux. Elle aurait son point de départ dans cette idée que le libérateur des Hébreux a dû la conservation de.sa vie à un dessein providentiel de Dieu. D’autres personnages de l’histoire ancienne, Sémiramis, Œdipe, Cyrus, Romulus, ont été de même préserves de grands dangers à leur naissance. A. Jeremias, Das Alte Testament im Lichte

des alten Orients, Leipzig, 1904, p. 254-258. Le nom égyptien de Moïse a été interprété plus tard en ce sens et a reçu la signification de « sauvé des eaux » . Cette étymologie, trouvée après coup, ne prouve pas la réalité du fait, dont elle prétend donner l’explication. C’est aussi pour glorifier leur libérateur que les Hébreux ont imaginé son adoption, fort invraisemblable en elle-même, par la fille du Pharaon, son éducation à la cour royale et son instruction dans la science et la sagesse des Égyptiens. Ses rapports réels avec les Madianites et les Qénites ont été enjolivés dans la légende de son séjour auprès de Jéthro. Tout au plus avait-il épousé une femme de l’une de ces tribus. C’est des Qénites qu’il aurait appris à connaître Jahvé, le dieu du Sinaï, si Jahvé n'était pas le dieu de sa famille ou de son clan, et il aurait présenté à ses contribules ce dieu comme le dieu de leurs ancêtres. Peut-être aurait-il fait de la sortie d’Egypte une question de religion, d’où seraient venues les apparitions divines au Sinaï et la mission de délivrer son peuple.

Il n’est pas étonnant que le futur libérateur des Hébreux, vivant à une époque de persécution et destiné par Dieu à une grande mission, ait eu dans ses origines des circonstances extraordinaires. La comparaison avec des personnages légendaires ne prouve absolument rien. Le Pharaon faisant périr les enfants Israélites à leur naissance, la mère de Moïse a bien pu trouver dans son cœur maternel l’idée d’exposer son fils sur le Nil, et la providence a veillé particulièrement sur la sauvegarde de l’enfant, sans miracle, par un concours de circonstances toutes naturelles. Le nom égyptien de leur libérateur, adopté par les Hébreux, a été rattaché à une racine hébraïque, dont le sens convenait au fait de la délivrance des eaux. L’adoption de l’enfant trouvé par la fille du Pharaon n’est pas impossible ni invraisemblable, et si le nom égyptien de Moïse avait la signification que lui donnent la plupart des égyptologues modernes, il prouverait qu’il a été imposé à l’enfant par la princesse égyptienne qui ne parlait pas hébreu. L’enfant adopté aurait naturellement reçu une éducation semblable à celle des autres enfants de la cour. Ses rapports avec Jéthro ne sont pas des enjolivements légendaires, si on admet qu’il a été en relation avec les Madianites. Nous avons réfuté déjà l’origine qénite de Jahvé, voir t. iv, col. 959-961, et montré que ce nom divin avait été révélé par Dieu lui-même à Moïse. Ibid., col. 954-959.

2. Rôle historique de Moïse.

Le silence des monuments égyptiens sur le séjour d’un peuple de pasteurs en Egypte, en un pays si bien administré, et sur la fuite de ces étrangers pour échapper à la domination égyptienne, rend la tradition de l’Exode peu croyable et la relègue dans le domaine de la légende. H. Winckler, Geschichte Isræls, Leipzig, 1895, t. i, p. 55 sq. Cependant la profonde impression qu’ont laissée dans tout l’Ancien Testament la sortie d’Egypte et les merveilles qui l’ont accompagnée, Is., x, 24, 26 ; XI, 16 ; Jer., ii, 6 ; xvi, 14, 15 ; xxiii, 7, 8 ; Ps. lxxvi,

    1. LXXVII##


LXXVII, LXXIX, LXXX, CIV, CV, CVI, CXIII, cxxxiv, ctc,

et l’accord unanime de la tradition Israélite à rattacher la révélation de Jahvé et sa législation au Sinaï prouvent la réalité historique des événements principaux qui sont racontés dans l’Exode. Abbé de Broglie, Questions bibliques, édit. Piat, Paris, 1897, p. 224-241 ; kl., Le caractère historique de l’Exode, dans les Annales de philosophie chrétienne, mail887, t. cxiv, p. 105-138 ; B. Bæntsch, Exodus, Leviticus, Numeri, Gœttingue, 1905, p. Lxx-Lxxi. Aussi la plupart des critiques rationalistes admettent-ils que la tradition de Moïse, libérateur de son peuple, a un fondement historique auquel la légende s’est mêlée. Toutefois, il se pour-