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ÉVÈQUES. ORIGINE DE L'ÉPISCOPAT


des évoques ne dépassait pas soixante-quinze au commencement du lu*-e siècle et atteignait cent cinquante à la mort de saint Cyprien (257). L’apparition du donatisme accéléra le mouvet ent. Catholiques et schismatiques se renvoyaient le reproche d'établir des évêques dans les moindres localités, mîme là où il y avait peu ou point de fidèles. Lors de la fameuse conférence de 411, S. Augustin, Brcpiciilus collationis cum donatislis, I, 14, édit. Pctschenig, Leipzig, 1910, p. 46-48, les donatistes présentèrent deux cent soixante-dixiieuf signatures ; il est vrai qu’ils avaient fait signer quelques absents et même un mort. Les catholiques étaient au nombre de deux cent quatre-vingt-six ; il y avait cent vingt absents, sans compter quelques malades présents à Carthage. et soixante sièges vacants. Cela fait un total d’environ sept cent cinquante. Pour ramener les dissidents, on adopta la méthode préconisée à Nicée, can. 8 : quand un évêque donatiste rentrait dans l'Église avec son troupeau, il conservait son siège, à condition qu’il n’y eût pas d'évêque catholique dans le même endroit. De ce fait, i'épiscopat catholique put s’augmenter de quelques membres. En 482, sous Hunéric, quatre cent soixante-six évêques (quatre cent cinquante-trois, en défalquant cinq évêques de Tripolitaine et huit de Sardaigne) furent représentés à Carthage pour un pays comprenant seulement la Tunisie, l’Algérie et le Maroc actuels. Victor de Vite, édit. de Vienne, 1881. — c) L’Asie Mineure fut toujours la terre classique de I'épiscopat. Harnack évalue à quatre cents le nombre des évêques de cette région avant le concile de Nicée. Die Missiin iind Ausbreitung des ClirislenUuns, etc., p. 408, note. Il croit que ce nombre n’augmenta plus guère, car il y eut plus tard une tendance à supprimer les chorévêques et les sièges peu importants. D’une manière générale, il a raison. Cependant nous voyons saint Basile créer un certain nombre de suffragants pour contrebalancer l’influence d’Anthime de Tyane qui, lorsque la Cappadocc eut été divisée en deux provinces ecclésiastiques, s’arrogeait le titre de métropolitain, réservé de temps innnéniorial à l'évêque de Césarée. Ce fait montre avec quelle facilité on fondait un nouveau siège épiscopal. Trois conditions suflisaient : le désir ou l’assentiment de la population, l’agrément de l'évêque sur le territoire duquel se formait le nouveau diocèse, le consentement du métropolitain. C’est ainsi qu’Augustin divisa son diocèse et établit un évêque à P^ussala qu’il trouvait trop distant d’Hippone.

0 » Lu question des vhorcvêques. — Cette question, qui send)lerait tomber hors du cadre des origines, touche incidemment notre sujet en tant qu’elle concerne la diffusion de I'épiscopat. Les chorévêques n'étaient pas de simples prêtres de campagne, comme le prétendent, avec les presbytériens, certains théologiens catholiques, tels cjue Graticn et Estius ; c'étaient de vrais évêques, mais des évêques ruraux (tt, ; /wf^ï ; âTtid/.oTToi), qui dépendaient de l'évêque de la cité voisine et dont la juridiction était limitée. Saint Athanase semble distinguer clairement les chorévêques des simples prêtres lorsqu’il dit que le pays nommé Maréotis dépend du siège d’Alexandrie et qu’il n’y a dans cette contrée ni évêque ni chorévêquc, mais que les prêtres gouvernent chacun l’un des principaux villages au nombre de dix ou davantage. Apol, 85, P. G., t. xxv, col. 399. Le texte cependant n’est pas tout a fait décisif, car les chorévêques pourraient n'être que des prêtres résidants par opposition au v prêtres d’Alexandrie chargés du soin de ces bourgs. La distinction est plus apparente dans le canon 13 du synode de Néo-Césarée (315) : « Les prêtres de campagne (è7 : i/(opioi Trpeuo-j-repot) ne

peuvent pas offrir [le saint sacrifice] dans l'église de ! a ville, en présence de l'évêque ou des prêtres de la ville, ni distribuer le pain consacré ou le calice ; mais, en leur absence, s’ils sont appelés seuls à la liturgie, ils le peuvent. Quant aux chorévêques, qui sont figurés par les soixante-dix disciples, ils reçoivent l’honneur d’offrir [le saint sacrifice], en tant que participant à la liturgie, à cause du soin [qu’ils prennent] des pauvres. » L’office des chorévêques était un poste de dévouement et, malgré leur humble situation et leur juridiction limitée, il était juste qu’ils fussent placés au-dessus des simples prêtres. Nous les voyons assister aux conciles (à Néo-Césarée, à Nicée, à Éphèse) et en souscrire les actes en leur propre nom avec le titre de leur Église et non pas comme délégués d’un autre évêque. Cependant le rôle des chorévêques tendait à décliner et leur existence devint de plus en plus précaire. Le synode d’Ancyre (314) leur interdit d’ordonner des prêtres et des diacres, can. 13. Dans son canon 8, le concile de Nicée dispose que, là où se trouve un évêque catholique, l'évêque novatien converti prendra rang parmi les prêtres, à moins que l'évêque ne veuille lui maintenir le nom et les honneurs épiscopaux ; sinon l'évêque catholique lui procurera ailleurs une place de chorévêque ou de prêtre, afin qu’il n’y ait pas deux évêques dans la même ville. Les chorévêques sont donc encore distincts des prêtres ; le concile d’Antioche leur permet de donner des lettres canoniques (dimissoriales) aux ecclésiastiques qui désirent changer de diocèse, pouvoir que n’ont pas les prêtres, can. 8 ; il les autorise aussi à ordonner des lecteurs, des sous-diacres et des exorcistes, mais leur défend « d’oser ordonner un prêtre ou un diacre sans l'évêque de la ville dont ils dépendent eux et leur région, » can. 10. D’après le même canon, c’est l'évêque de la ville qui consacre le chorévêque, tandis que trois évêques étaient requis de droit — mais non pas sous peine du nullité — pour la consécration des évêques proprement dits. Nous voyons encore des chorévêques assister au concile de Chalcédolne (451), mais seulement en qualité de délégués d’autres évêques. (^est une déchéance. Depuis le concile de Laodicée(360), leur existence même était menacée, can. 57 : « Il ne faut pas établir d'évêques, mais des visiteurs (Tiîpioîe-jTai) dans les villages et dans les campagnes (îv xac ; ytôpai ;) ; quant à ceux qui sont déjà établis, qu’ils ne fassent rien sans l’aveu de l'évêque de la ville [dont ils dépendent]. » A partir de cette époque, se manifeste la tendance de réduire le nombre excessif des sièges épiscopaux plutôt que de les augmenter encore. Le concile de Sardique, can. 7, donne la raison de cette mesure : « Il ne faut pas établir d'éwque dans un village ou une petite ville, là où un seul prêtre suffit… afin de ne pas avilir le nom et l’autorité de l'évêque. »

VIL Systèmes modernes sur l’origine de L'ÉPISCOPAT. — Nous ne pouvons nous occuper ici que des chefs d'école. Sur les auteurs de moindre importance on trouvera des renseignements chez St. von Dunin-Borkowski, Die neæren Forschangen iiber die Anfànge des Episkopals, Fribourg-en-Brisgau, 1900 (supplément n. 77 aux Slimmen ans MariaLaacli).

Identité originaire des évêques et des prêtres.


Dans ce système, qui comprend un grand nombre de subdivisions, on admet l’identité absolue, de nom et de fait, entre les prêtres et les évêques à l’origine ; et il s’agit alors d’expliquer pourquoi et comment l'évêque est devenu supérieur au prêtre, de manière à constituer la hiérarchie ecclésiastique. — 1. Explication de Baur. — Au commencement, l'Église se composait de petites communautés autonomes dont le personnage le plus considérable, par une sorte d’accord spontané et tacite, était naturellement le