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tion terrestre. Il créa, non pas Adam androgyne, comme l’ont pensé, après certains rabbins, Tahnud de Jérusalem, traité Meghilla, i, 9, trad. Schwab, Paris, 1883, t. VI, p. 217-218, surtout les cabalistes, voir le Zohar, i, 2b, 22 b, 34 6, 37 b, 49a ; iii, 19 a, 44 b, trad. J. de Pauly, édit. Lafuma-Giraud, Paris, 1906, t. i, p. 14, 137, 215, 231, 284 ; 1909, t. v, p. 54, 123 ; cf. t. VI, p. 404 ; quelques savants modernes, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, Histoire générale et particulière des anomalies de l’organisation chez l’homme, Paris, 18321836, t. II, p. 52 note 2 ; F. Lenonnant, Les origines de l’histoire d’après la Bible et les traditions des peuples orientaux, 2e édit., Paris, 1882, t. i, p. 52 ; J. Meinhold, Die biblische Urgeschichie, Bonn, 1904, p. 77 ; F. Schwally, Die biblischen Sclwpfun’gsbcrichte, dans Archiv fiir Religionswisscnscliaft, t. ix, p. 159 sq., etc. ; cf. Annales de philosophie chrétienne, t. lxxxi, p. 405436, mais un mâle et une femelle, comme le pluriel du membre de phrase suivant l’indique clairement, selon la juste remarque de saint Augustin, De Genesi ad litteram, 1. III, c. xxii, P.L., t. xxxiv, col. 294, un homme et une femme, le premier couple humain. Il les créa tels en vue de la propagation de l’espèce, qu’il leur imposa comme une loi de leur nature. Il les bénit pour assurer en eux et en toute leur postérité la fécondité, nécessaire à la perpétuité du genre humain.

La première femme, qui n’est pas nommée ici, a donc été créée, elle aussi, comme le premier homme, à l’image et à la ressemblance de Dieu. La parole de la Genèse, i, 27, rapprochée de celle de saint Paul, disant que le mari est l’image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire de son mari, I Cor., xi, 7, 8, a soulevé une difficulté que saint Thomas résout ainsi : Tam in viro quam in muliere invenitur Dei imago quantum ad id in quo principaliler ratio imaginis consista, scilicet quantum ad intellectualem naturam, et c’est ce que signifie Gen., i, 27..Serf quantum ad aliquid secundarium imago Dei invenitur in viro, secundum quod non invenitur in muliere. Nom vir est principium mulicris et finis, sicut Dcus est principium et finis totius creaturæ, et c’est ce que dit saint Paul, I Cor., XI, 7, 8, se référant au second récit de la création de l’homme. Sum. theol., 1% q. xciii, a. 4, ad 1°'" ; cf. a. 6, ad 2°'".

2 » récit. Gen., ii, 18-25. — Ce second récit, plus détaillé, indique la manière dont Dieu créa le premier couple humain. Le premier homme est tiré du limon de la terre et placé dans le paradis terrestre. Gen., Il, 7, 15. Voir t. i, col. 369-370. La création de la femme est l’objet d’un conseil divin spécial. Cf. Gen., I, 26. Dieu, qui avait trouvé bonnes toutes les créations antérieures, Gen., i, 4, 10, 12, 18, 21, 25, jugea qu’il n'était pas bon que l’homme fût seul de son espèce, et il délibéra (selon la Vulgate) ou il se détermina (selon le texte hébreu) à lui faire une aide semblable à lui : une aide dans la société commune de la vie et aussi dans l'œuvre de la propagation de J’espèce, une compagne et une auxiliaire, semblable à lui, de la même espèce, conforme à lui quant à la nature, une aller ego, plutôt qu’un individu adapté par la différence du sexe à l’acte commun de la génération des enfants. Néanmoins, dans l’intention divine, la création de la femme tendait à ce but de la propagation de l’espèce. Cf. S. Thomas, Sum. theol., ii, q. xcii, a. 1. Avant de réaliser son dessein. Dieu en fait, pour ainsi dire, naître le désir dans le cœur <lu premier homme. A ce roi de la nature, il présenta un couple de tous les animaux de la terre et de tous les oiseaux du ciel qu’il avait créés pour lui apprendre l’usage qu’il pourrait en faire et qu’il signifia par les noms qu’il leur imposa. Or, il se trouva qu’il n’y avait pas parmi eux d’aide semblable îi lui, de la même espèce et de la même nature. Gen., ii.

19, 20. Ce désir secret du premier homme devait avoir pleine satisfaction, d’autant qu’au jugement de Dieu lui-même la création de l’espèce humaine n'était pas parfaite sans la formation de la femme. Dieu donc compléta son œuvre.

Dieu fit tomber sur l’homme un sommeil profond, non pas un simple sommeil naturel, mais un sommeil extatique, ï-ag-xhi’i, ont traduit les Septante, qui enlevait à Adam la sensibilité naturelle, tout en lui laissant peut-être la conscience pleine et entière de ce qui s’accomplissait. Cf. S. Augustin, De Genesi ad litteram, 1. IX, c. xix, P. L., t. xxxiv, col. 408 ; S. Thomas, Sum. theol., 1°, q. xciv, a. 1. Dieu prit une des côtes d’Adam endormi, la treizième du côté droit d’après les targums du pseudoJonathan et de Jérusalem, par suite une côte supplémentaire, qui, selon saint Thomas, Sum. theol., I", q. xcii, a. 3, ad 2°"", n’aurait pas été superflue en Adam, car si elle n’appartenait pas à sa perfection individuelle, elle lui était nécessaire comme principe de l’espèce humaine. De cette sorte, Adam n'était pas un monstre avant la création de la femme, pas plus qu’il n'était incomplet comme individu après l’ablation de cette côte supplémentaire. La semence, qui est nécessaire à la perfection du générateur humain, se résorbe, naturellement, sans imperfection pour l’individu. A plus forte raison, la côte supplémentaire d’Adam a pu être enlevée par la puissance divine sans détriment pour lui et même sans douleur. Mais la supposition d’une côte supplémentaire n’est pas nécessaire pour l’interprétation du récit sacré, et il est plus simple de penser que la côte enlevée fut remplacée aussitôt par Dieu par une autre, formée de la chair d’Adam. Au lieu d’une côte arrachée au flanc d’Adam, les partisans de la création d’un androgyne ont prétendu qu’il s’agissait d’un côté tout entier du premier homme, qui était un individu double, à la fois mâle et femelle, un exemple de ce que l’on appelle l’hermaphrodisme latéral. Dieu aurait séparé les deux côtés de cet être double, et du côté où se trouvait l’organe sexuel féminin, il aurait formé la première femme. F. Lenonnant, op. cit., t. i, p. 54 ; Robert, Origine du monde d’après la tradition (par Motais), Paris, 1888, Introduction, p. xlvi. Bien que le mot hébreu ybï signifie souvent « côté » dans la Bible, il ne peut avoir ici ce sens, puisqu’il est dit que Dieu prit une des mvbï d’Adam (ce pluriel exclut deux côtés) et qu’il en bâtit une femme (ce qui n’aurait pas eu lieu dans le dédoublement d’un hermaphrodite). D’ailleurs, nous l’avons déjà dit, le premier homme n'était pas androgyne. Il s’agit donc d’une véritable côte d’Adam. Les saints Pères l’ont toujours entendu ainsi, aussi bien que le peuple chrétien, témoin ce mari qui appelle sa femme « sa côte » . Voir col. 337. Sur les raisons de convenance de ce choix, voir saint Thomas, Sum. theol., 1^, q. xcii, a. 3. Toutefois, des paroles qu’Adam prononça à la vue de la femme, en reconnaissant en elle l’os de ses os et la chair de sa chair, Gen., ii, 23, quelques commentateurs infèrent « que Dieu avait formé la femme d’un os revêtu de chair, et que l’os seul est montré comme prévalant dans cette formation. » Bossuet, Élévations sur les mystères, v<= semaine, ii « élévation. Quant au mode de cette formation, saint Thomas l’explique par une addition de matière nouvelle à la matière prise à Adam. Ibid., ad l""". Il en conclut que Dieu seul a pu fonner la femme d’une côte de l’homme, comme seul il a pu façonner le corps d’Adam du limon de la terre. Ibid., a. 4. Avec saint Augustin, De Genesi ad litteram ; 1. IX, c. xv, P. L., t. xxxiv, col. 403, il déclare que nous ignorons si les anges ont servi de ministres à Dieu dans cette œuvre, mais qu’il est certain qu’ils n’ont pas plus formé le corps de la femme d’une côte de l’homme qu’ils n’ont façonné le corps