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ÉVANGILES APOCRYPHES


Pelri ApocaUjpsis guæ sup^rsunt, Paris, 1893 ; voir aussi Preuschen, Anlilogomena, p. 15-20.

Sur la littérature considérable suscitée par la découverte de Bouriant, voir A. Ehrhard, Die allchristliche Lilteralitr und ihre Erforschung von 1881-1900, Fribourg-en-Brisgau, 1900, p. 127 sq. ; Hennecke, Handbuch, p. 72.

4° Fragment d'Évangile du Fayoum. — Dans un lot de papyrus originaires du Fayoum, acquis en 1882 par l’archiduc Rainer, Bickell a découvert et déchiffré en 1885 un très court fragment de texte cvangélique, en grec, synoptique de Marc, xiv, 26-30, et de Matthieu, xxvi, 30-34. Le dialogue entre Jésus et Pierre est plus vif, plus bref et de forme en apparence plus originale que dans les textes canoniques. On a voulu voir dans ce fragment un reste d’un Évangile perdu, peut-être de l'Évangile des Hébreux ou de l'Évangile des Égyptiens (Harnack). Mais plusieurs critiques le considèrent simplement comme une citation plus ou moins libre d’un Évangile canonique (probablement Marc), insérée dans une homélie patristique. Zahn déduit cette hypothèse du fait que la phraséologie, différente de celle des Synoptiques, vise à une grécité plus classique. La question ne semble pas encore tranchée.

Bickell a publié pour la première fois le texte dans Zeitschrifl fur kalliolische Théologie, 1885, t. iii, p. 498 sq. On le trouvera aussi dans Preuschen, Anlilegomena, p. 21. — Harnack, Dos Euangelienfragment von Faïum, dans Texte und Untersuclumgen, 1889, t. v, lasc. 4, p. 493 sq. ; Zahn, Geschictile des N. T. Kanons, t. ii, p. 780-790 ; Savi, Le fragment évangtlique de Faijoum, dans la Reuue biblique, t. i, p.321-344(tient le texte pour un fragment d'Évangile). Littérature plus complète dans Ehrhard, Die altebristliche Litteratur und ihre Erforschung von 1884-1900, p. 123-124.

Les fragments d’Oxyrhinque.

Beaucou]) plus

importants que le fragment du Fayoum sont les papyrus découverts à plusieurs reprises à Behnesa, l’ancienne Oxyrhinque, par Grenfell et Hunt. Ces messieurs publiaient d’abord, en 1897, une série de sept sentences de Jésus inscrites au recto et au verso d’un feuillet qui devait faire partie d’un livre. Ce sont des Logia détachés et précédés chacun de la formule : Jésus dit. » Le texte n’en a pas toujours été restitué avec une parfaite certitude. Tels qu’ils sont, plusieurs se trouvent parallèles à des passages des Synoptiques (1° = Luc, VI, 42 ; Matth., vii, 5 ; 5° = Luc, IV, 24 ; 6° = Matth., v, 14) ; les autres sont indépendants et nouveaux. Le plus curieux, mais aussi le plus difficile à expliquer, est incontestablement le 4 « : « Là où deux ou trois sont réunis, ils sont avec Dieu, et si quelqu’un est seul, moi je suis là ; soulève la pierre et là tu me trouveras, fends le bois et là je suis. » Faut-il voir dans ces derniers mois un sens panthéistique ? Les conjectures les plus diverses ont été faites sur l’origine de ces sentences. Avec un peu trop d’empressement, quelques-uns y ont vu les togia dont parle Papias et qui seraient la source de nos Synoptiques ; d’autres ont cru y retrouver les fragments d’un Évangile perdu, soit l'Évangile des Égyptiens (Harnack), soit un Évangile inconnu, dépendant de la tradition synoptique et apparenté comme caractère à Luc et à Jean.

En 1904, les mêmes chercheurs ont publié une nouvelle série de Logia, et un fragment indépendant d’un autre Évangile. La série des sentences de Jésus est introduite par un petit prologue que MM. Grenfell et Hunt proposent de lire ainsi : « Voici les sentences (admirables ?) que Jésus le Seigneur vivant prononça devant (Céplias ?) et Thomas, et il leur dit : Quiconque entendra ces discours ne goûtera pas la mort. » Suivent cinq sentences dont les quatre premières sont introduites par les mots « Jésus dit » ; la dernière commence

i par une question des disciples à Notre-Seigneur. La première est étroitement apparentée à une citation de

' l'Évangile des Hébreux faite par Clément d’Alexau

drie ; il est impossible d’identifier les autres avec des

1 passages connus d'Évangiles canoniques ou apocryphes. Le fragment d'Évangile perdu, publié en même temps que cette collection âcLogia, t. d’ailleurs en fort mauvais état, contient la conclusion d’un discours de Jésus analogue à une partie du sermon sur

' la montagne. Les premières lignes sont sensiblement parallèles à des passages de Matthieu et de Luc, mais

i la forme est plus abrégée. Cf. Matth., vi, 25, 28, 27 ;

i Luc, XXI, 23 ; xii, 27, 25. La fin du fragment est ainsi conçue : « Ses disciples lui dirent : Quand te manifesteras-tu à nous et quand te verrons-nous ? Il dit : Quand vous serez déshabillés et que vous n’en aurez pas de honte. » Cette réponse de Jésus rappelle un mot de l'Évangile des Égyptiens, cf. Preuschen, Antilegomena, p. 2, 1. 30, cité par Clément d’Alexandrie. Slrom., ni, XIII, 92, édit. Stahhn, t. ii, p. 238 ; P. G., t. VIII, col. 1192. La forme plus simple du logion et l’allusion plus directe à Gen., iii, 7, indique une date plus primitive que celle du texte actuel de l'Évangile des Égyptiens. Bien qu’il soit possible que ce fragment représente une tradition indépendante des Synoptiques, il est plus probable que l'Évangile auquel il appartenait, mettait en œuvres des matériaux trouvés dans Matthieu et dans Luc, en y ajoutant d’autres données. A ce compte, on pourrait le dater de la première moitié du iie siècle.

Enfin, dans la campagne de 1905-1906, Grenfell et Hunt ont encore découvert à Oxyrhinque un nouveau fragment de 45 lignes se rattachant à l’histoire de Jésus et qu’ils ont publié en 1908. Il s’agit d’une discussion du Christ avec les pharisiens relativement aux purifications légales. Jésus, étant entré dans le hiéron sans avoir pris le bain réglementaire, subit les reproches d’un pharisien, qui était grand-prêtre. La réponse du Sauveur présente quelque parallélisme avec Matth., xxiii, 16, 25, et aussi avec Matth., xv, 1-20 ; Marc, vii, 1-23, mais on est assez loin des idées et des expressions de la Synopse ; le symbolisme de quelques phrases sur les eaux vives rappellerait plutôt la manière du quatrième Évangile. Le P. Lagrango propose de voir dans ce morceau un fragment de l'Évangile selon les Hébreux, sans donner d’ailleurs de preuves sullisantes à l’appui de son opinion.

Les textes ont été publiés par Grenfell et Hunt dans Tlic Oxijrynclius papyri, i, 1897 ; iv, 1904 ; v, 1907, et aussi séparément :.i-f.a. 'Iri(703. Saijings of our Lord from an earlij greel ; papyrus, Londres, 1897 ; New sayings of Jésus. Londres, 1904 ; Fragment of an uncanonical Gospel from Oxyrynclnis, Oxford, 1908. Les deux premiers groupes ont été réimprimés dans Preuschen, Antilegomena, et aussi dans la Palrologia orienlalis(avec fac-similés), t.iv, p. 151158, 158-172, 177-182.

Ou trouvera une recensionde la littérature extrêmement abondante provoquée par ces diverses découvertes, pour la première partie dans Ehrhard, Die ultchristliche Litteratur, cic, p. 124-127 ; pour la deuxième dans Heinrici, Theologisclie Sludien und Kritil<en, janvier 1905. Sur la troisième partie, voir Biichler dans Tlie jewisli quarlcrly reuicw, janvier 1908 ; Preuschen, dans Zeitsclvift fiir neutestamentliche Wissenschafl, 1908 ; Lagrange, dans la Revue biblique, octobre 1908.

II. Évangiles hérétiques et gnostiques.

Ils sont extrêmement nombreux, très différents d'âge et d’origine. Hofmann, après Fabricius, en a dressé une liste qui ne comprerul pas moins de 27 numéros. Il n’en reste souvent que le titre et des allusions plus ou moins sommaires dans les écrivains ecclésiastiques. Les uns portent le nom d’un apôtre : Matthias, Barthélémy, André, Barnabe, Judas Iscariote ; d’autres, celui du fondateur de l'école, Valenlin, Basilide, Cérinthe.