Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/15

Cette page n’a pas encore été corrigée
1329
1330
EUCHARISTIE D’APRÈS LE CONCILE DE TRENTE


29 membres, elle présenta le texte ainsi refondu. De nouvelles corrections furent reconnues nécessaires ; la commission les opéra le 27 et proposa son nouveau texte à la congrégation générale du 28. Tous les canons y furent approuvés, à l’exception du 8'^, sur lequel le général des servîtes fit une réserve. Enfin, le 31 mai, dans une congrégation générale présidée par les cardinaux del Monte et de Sainte-Croix, toute hésitation disparut et les canons furent approuvés sans restriction.

Il n’y avait donc plus, semblait-il, qu'à tenir une session solennelle pour prononcer la définition ; elle devait avoir lieu le 2 juin ; mais le nombre trop restreint des prélats présents imposait sur ce point la plus extrrme réserve. Le 30 mai, les légats avaient reçu de Rome une lettre datée du 28, où le cardinal Farnèse leur faisait connaître la volonté formelle du pape de différer la définition, au moins jusqu'à la fin d’août. En conséquence, le l'^ juin, le cardinal del Monte proposa d’en fixer la date au 15 septembre et donna les raisons de cette prorogation : on comptait sur l’envoi des légats a tatere à l’empereur et au roi de France pour faire cesser l’opposition de l’un et obtenir l’adhésion de l’autre ; de plus, ce retard permettrait de mûrir davantage les questions si importantes sur lesquelles il fallait prendre une décision et de préparer les canons de réforme qui, d’après l’usage suivi à Trente et auquel il ne convenait point de déroger, devaient être promulgués en même temps que les canons dogmatiques. Massarelli, dans Merkle, op. cil., t. I, p. 658. A la X'^session qui eut lieu le 2 juin, on approuva le délai proposé.

Mais, dans l’intervalle, la situation ne s'était pas améliorée. Dans la congrégation générale du 14 septembre, le cardinal del Monte dut donc demander un nouveau délai, en se basant sur les raisons suivantes : des prélats français, deux seulement étaient présents ; douze autres étaient en route et ne pouvaient tarder d’arriver ; or, il ne convenait pas sessioncm sine tali et tanla nalione ce/eôrarI. Le cardinal rappela l’arrivée récente de plusieurs évêques qui n’avaient pas encore eu le temps de se mettre au courant des questions qui devaient être tranchées. Il invoqua l’importance de ces questions et la nécessité de ne les point décider sans de mûres délibérations. Il fit allusion enfin aux complications politiques causées par la mort du duc de Plaisance et à l’imminence d’une guerre pour la défense des États de l'Église. Massarelli, dans Merkle, op. cit., t. i, p. 695. En conséquence, on prorogea de nouveau la future session ad beneplacilum synodi.

3° Reprise de la discussion et definilion à Trenle, en 1551. — Elle devait se faire attendre plusieurs années. Le 17 septembre 1.549, en effet, Paul III envoyait aux quelques évêques qui étaient encore à Bologne l’ordre de se séparer ; ce fut seulement le 14 novembre 1550 que l’ancien cardinal del Monte, devenu le pape Jules III, convoqua de nouveau le concile à Trente pour le 1° mai de l’année suivante.

Mais, au jour fixé, les Pères étaient trop peu nombreux pour qu’on pût espérer faire tout de suite un travail utile. De la XI « à la XIl'^ session (1" ma11" septembre 1551), on attendit que l’on fût en nombre. A cette dernière date, en dehors du légat, des présidents et du cardinal Ma<lruccl, évêquc de Trente, il n’y avait encore au concile que sept archevêques et vingt-six évêques. Theiner, op. cit., t. i, p. 487. On décida cependant de ne pas différer plus longtemps et de reconmiencer sans retard la discussion sur l’eucharistie.

1. Discussion des arlicles par les théologiens. — Le 3 septembre, en effet, on reprenait, comme si rien n’avait encore été fait, le travail si longtemps inter rompu et on livrait à l’examen des théologiens un projet de dix articles jugés condamnables et on indiquait le 8 pour leur examen. S. Merkle, op. cit., t. ii, p. 243. A part un léger changement dans l’ordre suivi et quelques modifications où l’on avait tenu compte des principales observations faites en 1547, le texte est identique au projet primitif ; aussi ne le reproduisonsnous que lorsqu’il s’en écarte. « 1. Dans l’eucharistie, il n’y a pas réellement le corps et le sang, ni la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais seulement comme en signe (cf. a. 1 de 1547). 2. Dans l’eucharistie, le Christ nous est donné ; mais il ne peut être mangé que spirituellement par la foi, et non sacramentellement (cf. a. 2 de 1547). 3. Dans l’eucharistie, il y a le corps et le sang de Notre-Seigneur JésusChrist, mais en même temps que la substance du pain et du vin ; ainsi il n’y a pas transsubstantiation, mais union hypostatique de l’humanité avec la substance du pain et du viii, en sorte qu’il est vrai de dire : ce pain est mon corps, ce vin est mon sang (cf. a. 3).

4. L’eucharistie a été institupe seulement pour la rémission des péchés (art. proposé en 1547 par Lainez).

5. (Reproduit l’a. 4 de 1547.) 6. (Reproduit les a. 5 et 10.) 7. (Reproduit l’a. 6.) 8. C’est une loi divine que même le peuple et les enfants communient sous les deux espèces ; il y a donc péché à obliger le peuple à ne se servir que d’une seule (a. 7, 1°). 9. (Reproduit l’a. 8.) 10. La foi seule est une préparation suffisante à la réception de l’eucharistie ; la confession n’est pas requise, mais libre, surtout aux doctes. On n’est pas tenu de communier à Pâques (cf. a 9). » Raynaldi. Annales, an. 1551, n. 39-40 ; Le Plat, op. cit., t. IV, p. 258-260 ; Theiner, t. i, p. 488.

En même temps, ou réglementait, autant que possible, les discussions : les théologiens devaient parler brièvement, sans se lancer dans des questions superflues, sans se laisser aller à des paroles blessantes ou à des discussions opiniâtres ; ils devaient tirer leurs arguments « de l'Écriture sainte, des traditions apostoliques, des saints conciles approuvés, des constitutions et décrets des souverains pontifes, des écrits des saints Pères et du consentement de l'Église catholique. » Tlieiner, op. cit., t. i, p. 489.

De fait, la discussion fut rapidement menée, soit à cause de ces sages réglementations, soit à cause du travail déjà fait auparavant.

Les réunions des théologiens eurent lieu du 8 au 16 septembre. "Vingt-quatre docteurs y prirent la parole, parmi lesquels les deux théologiens du pape, les jésuites Lainez et Salmeron, et les trois théologiens de l’empereur, Jean Arze, Melchior Cano et Jean d’Ortega. S. Merkle, op. cit., t. ii, p. 243.

Les art. 1, 3, 5, 6 (première partie), 7 et 8 parurent à tous hérétiques. Les avis se partagèrent et les observations furent nombreuses sur les autres. Le 20 parut à beaucoup superflu, soit parce qu’il se trouvait contenu implicitement dans le l'"', soit parce que, sous la forme qu’on lui avait donnée, aucun hérétique ne l’avait soutenu. Il eût mieux valu, remarqua Martin d’Olave, Theiner, op. cit., t. i, p. 496, présenter la rédaction suivante qui serait une erreur réellement soutenue par Œcolampade : Le Christ n’est donné sacramentellement qu'à ceux qui le reçoivent spirituellement. Le 4'= fut trouvé ambigu. Sans le mot solam, il serait catholique, dit Martin d’Olave, puisqu’en fait l’eucharistie produit la rcnaission des péchés ; mais justement, observèrent Ambroise Storch ou Pelargus et Reginald de Gênes, Theiner, op. cit., t. I, p. 196, 499, aucun héré'aque n’a prétendu que l’eucharistie n’ait été instituée que pour la rémission des péchés. La fin du 6= article réclamait aussi des iJrécisions ; on eût préféré la rédaction suivante : « En aucun cas, même s’il y a nécessité, même pour