Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.2.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée
1577
1578
EUSTRATE — EUTHYMIUS ZIGABÈNE


le titre fort long, ! a théorie de ceux qui pensent que les âmes se dissolvent avec leurs corps et n’agissent plus, qu’elles ne retirent aucune utilité des prières et des sacrifices faits pour elles. L’ouvrage paraît avoir été composé du vivant d’Eutychius, avant 582 par conséquent. Il a été édité, mais d’une manière incomplète, en texte grec et traduction latine, par Allatius, dans De ulriusque Ecclesiae occidenlalis aique orienlalis perpétua in dogmate de purgatorio consensione, Rome, 1655, p. 319-580 ; la traduction latine a été reproduite par Migne, Theologiæ cursus complelus, Paris, 1811, t. xviii, col. 461-514.

Photius, Bibliotheca, cod. 171, P.G., t. ciii, col. 500, contient plusieurs erreurs ; Fabricius-Harles, Bibliotheca græca, t. X, p. 725-727 ; Krumbacher, Gescliiclite der byzanliniscfien Litteratur, Munich, 1897, p. 59 ; Vailhé, dans la Revue de l’Orient chrétien, t. x, p. 97 sq.

S. Vailhé.

EUTHYMIUS ZIGABÈNE ou ZIGADÈNE (Zqa êT, vd ;, plus souvent dans les manuscrits : Z'-yaôr^vd ; ou ZjYaôïivci :), théologien et exégète byzantin de la fin du XI'e siècle et du commencement du xii". Le seul renseignement biographique certain qu’on ait sur son compte est fourni par Anne Comnène, Alexiade, 1. XV, P. G., t. cxxxi, col. 1176. Euthymius était un moine du nom de ZuYaSïivdç, très versé dans la grammaire, la rhétorique et la théologie, xh c, 6-{[j.ix to ; oJx a/.'/.rj ; Ti ; £7n(îTâ(i£vû :. En faveur auprès de l’aïeule d’Anne Comnène, il se vit confier par l’empereur Alexis Comnène (1081-1118) le soin de composer un ouvrage contre toutes les hérésies, à l’aide de citations patristiques bien choisies. Ce fut la Panoplie dogmatique, AoY(j.aTtzr| uavoTTÀia, nom qu’Alexis lui-même donna à l'œuvre de Zigabène.

Euthymius fut aidé dans son travail par un autre savant homme, Jean Fournès. Allatius, De Ecclesiæ occidentalis et orientalis perpétua consensione, 1. II, c. X, Cologne, 1648, p. 642-644. L’ouvrage comprend un prologue et 28 titres, -ûzloi ou chapitres, d’inégale longueur. Le prologue débute par un éloge d’Alexis Comnène, sur l’ordre duquel l’auteur a pris la plume. Il nous fait connaître l’occasion, le but et le caractère de l’ouvrage. Les vieilles hérésies ont encore des représentants et de nouvelles surgissent. On a découvert récemment la secte des bogomiles, dont le chef, le médecin Basile, a été brûlé par ordre d’Alexis, à l’hippodrome de Constantinople. Rassembler en un seul livre les meilleures armes forgées par les saints Pères pour réfuter toutes ces erreurs et défendre la foi contre leurs attaques, composer, en un mot, une véritable panoplie dogmatique, à la fois apologétique et polémique, tel est le plan que l’empereur lui-même a tracé à Euthymius. Celui-ci l’a exécuté de son mieux, et de la manière la plus impersonnelle qui fût possible. Jusqu’au titre xxiii, son œuvre n’est qu’une enfilade de textes patristiques empruntés à saint Athanase, aux trois Cappudociens, au pseudo-Denys, à saint Jean Chrysostome, à saint Cyrille d’Alexandrie, aux deux Léonce de Byzance et de Chypre, à saint Maxime le Confesseur, à Anastase le Sinaïte et à saint Jean Daniascène. Le titre xiii, le seul qui vise directement les latins, reproduit un petit traité attribué à Photius sur la procession du Saint-Esprit. C’est une série de treize arguments contre le dogme catholique. Cf. Hergenrôther, Photii palrinrchæ liber de Spiritus Sancti mystagogia, Ratisbonne, 1857, p. xx-xxiii, 113-120 ; P. G., t. cii, col. 273, 391-400.

Après avoir dit un mot, dans le prologue, de l’athéisme d'Épicure et du polythéisme grec, peut-être pour rappeler à Michel Psellos et à sou école que tout n’est pas à admirer dans les anciens philosophes, l’auteur fait exposer par les Pères les dogmes de l’unité divine, de la trinité des personnes en Dieu, de la

création et de rincarnation, tit. i-vii. Il dresse ensuite ses batteries contre les Juifs, tit. vxii, Simon le Magicien, les manichéens et les gnostiques, tit. ix, Sabellius, tit. x, Arius et Eunomius, tit. xi, Macédonius et les pneumatomaques, tit. xii, Apollinaire, tit. XIV, Nestorius, tit. xv, Eutychès et les monophysites, tit. xvi, les aphthartodocètes, tit. xvii, les théopaschites, tit. xviii, les agnoètes, tit. xix, les origénistes, tit. xx, les monothélites, tit. xxi, les iconoclastes, tit. xxii.

A partir du titre xxiii, Zigabène s’occupe des hérésies contemporaines et son œuvre devient plus personnelle et plus intéressante. Les citations patristiques sont plus rares ; il expose et réfute lui-même les erreurs qu’il combat. Ses arguments n’ont d’ailleurs rien de bien original et sont généralement des réminiscences d’auteurs plus anciens. Dans le titre xxiii, consacré aux Arméniens, il reproche à ceux-ci, entre autres choses, l’usage du pain azyme dans la célébration du sacrifice eucharistique. Il fait à ce propos des déclarations d’une largeur de vue surprenante chez un Byzantin sur la liberté qu’a l'Église de modifier ses rites selon les exigences des temps, déclarations qui contrastent du reste singulièrement avec l'étroitesse d’esprit qu’il manifeste dans la manière d’envisager cette question des azymes. P. G., t. cxxx, col. 1179-1182. L’azyme, dit-il, est quelque chose de tout à fait judaïque. Il reconnaît que Notre-Seigneur mangea la Pâque légale avec du pain azyme, mais il affirme qu’il se servit de pain fermenté pour l’institution de l’eucharistie, parce qu’il anticipa d’un jour la célébration du festin pascal. Ibid., col. 1182 ; Comment, in Matth., 63. P. G., t. cxxix, col. 651-660. Un petit traité d’Euthynie sur cette question est encore inédit. On le trouve dans le Valic. græc, 361, fol. 123124, du xve siècle, incipii : 6'{/ta ; Y£vo(j.évri ;. Cf. Stevenson, Codices manusc. palatini græci bibliolh. Vatic., Rome, 1885, p. 212.

Les titre- ; xxiv et xxv sont dirigés contre les pauliciens. Photius, saint Jean Daniascène et les trois Cappadociens en font presque tous les frais. Le titre XXVI attaque les massaliens et le titre xxvii les bogomiles. Ce dernier traité est de tous le plus important, parce qu’il nous renseigne sur une secte contemporaine de l’auteur. Le texte qui se trouve dans P. G., t. cxxx, col. 1289-1332, et qui reproduit 1 édition princeps de Tergovist, 1710, doit être confronté avec celui qu’a publié G. Ficker, d’après le Cod. græc. 3 de la bibliothèque de l’université d’Utrecht. Die Phundagiagiten, Leipzig, 1908, p. 89-111. Il existe, en effet, entre les deux des divergences notables et pleines d’intérêt. L’introduction est totalement différente ; la disposition des matières n’est pas la même. La courte réfutation que l’on trouve dans la patrologie, après l’exposé de chacun des points de la doctrine bogomilienne, est omise dans le manuscrit d’Utrecht. Sathauaël, le dieu des bogomiles, est constamment appelé Samaël.

Le dernier titre de la Panoplie est consacré aux Sarrasins, appelés « Ismaélites » , c’est-à-dire aux musulmans. Zigabène y réfute brièvement, mais vigoureusement, la doctrine de Mahomet. Pour montrer qu’en Dieu il y a trois personnes, il fait appel à l’argument que saint Athanase produisait contre les ariens : le Verbe de Dieu et son Esprit sont inséparables de celui à qui ils appartiennent, car Dieu ne saurait être aXoYo ; et airvou ;. P.G., loc. cit., col. 1337.

On a mis sous le nom de Zigabène quatre autres petits écrits dogmatiques que Migne a reproduits, P. G., t. cxxxi, col. 10-58. Ce sont : 1° une Exposition du symbole nicéno-constantinopolitain, publiée par F. Matlhai dans ses Lecliones Mosquenses ; 2° Un dialogue avec un philosophe sarrasin sur la foi clrétienne.