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EUSÈBE DE NICOMÉDIE — EUSÈBE DE THESSALONIQUE


ment les singuliers usages iutioduits dans l'Église par Eusèbe de Nicomédie.

2° Canons de Sardique condamnant les translations épiscopales. — Au concile de Nicée, on avait déjà con- ! damné par le canon 15, Lauchert, op. cit., p. 41, les ; translations des évêques d’un siège à un autre, et décidé qu’on ôterait à l'évêque transféré son second siège tout en lui conservant le premier. La mesure était sage, car elle avait pour but de remédier au désordre et à la confusion que les translations occasionnent et de faire respecter l’ancienne discipline ; elle était, de, plus, fort modérée, puisqu’elle ne comportait pas de sanction pénale. Elle condamnait du moins implicitement la conduite d’Eusèbe, qui était déjà passé du siège de Béryte sur celui de Nicomédie. Ce canon n’empêcha pas plus tard, comme nous l’avons vii, le même Eusèbe dépasser du siège de Nicomédie sur celui de Constantinople. En agissant de la sorte, Eusèbe avait montré le peu de cas qu’il faisait du canon d’un concile où il avait siégé. Bien mieux, au concile in encœniis, à Antioche, en 341, lorsque, déjà évêque de Constantinople, il n’avait plus rien à désirer, il signa, sans crainte sinon sans confusion, le canon 21. Or, ce canon, conforme à celui de Nicée, interdisait aux évêques de passer d’un siège à un autre, nec se sua sponte ingerens, nec a populis vi adaclus, nec ab episcopis necessitate compulsas, comme porte sa traduction latine. Lauchert, op. cit.. p. 48. La translation des évêques paraissait donc, même aux yeux des eusébiens, comme un usage détestable. Aussi, à Sardique, le vieil Osius, se souvenant des translations scandaleuses d’Eusèbe, proposa de supprimer radicalement un tel abus. Il fit porter une peine sévère contre ceux qui s’en rendraient coupables et il écarta les faux prétextes dont on couvrait cette pratique. Concile de Sardique, can. 1, 2, Lauchert, op. cit., p. 51, 52 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. i, p. 760-762.

Le parti d’Eusèbe contre Athanase.

Les troubles

soulevés contre saint Athanase par Eusèbe de Nicomédie devaient se renouveler et s’accentuer encore, grâce aux eusébiens. Voir t. i, col. 1818-1821, 1835, 1837, 2149-2153. Mais finalement, le parti fut mis en déroute. Voir t. i, col. 1831-1834.

Il est question d’Eusèbe de Nicomédiedans les histoires de l'Église.à propos des concilesdeNicée.deTyr etd'^Vntioehe. Voir en particulier la bibliographie donnée à l’art. AriaNISME, t. I, col. 1862-1863. Voir aussi Tillemont, Mémoires pour servir à l’hisloire ecclésiastique des six premiers siècles, 2e édit., Paris, 1701-1709, t. v, p. 508, 770, 771 ; t. vi, p. 251327, 646-662 ; Ceillier, Hist. çiénérale des ailleurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1864, t. iii, p. 415-456 ; J. A. Mœhler, Athanase le Grand et l'Église de son temps en lutte avec l’arianisme, trad. Cohen, Paris, 1840 ; de Broglie, L'Église et l’Empire romain au ive siècle, 5- édit., Paris, 1865, t. I, III, passim ; Kolling, Geschichte der arianischen Hdresie, Gutersloh, 1874-1883 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 354, 431, 436, 442, 448, 450, 634, 639-647 ; Hergenrôther, Histoire de l'Église, trad. Belet, Paris, 1880, t. i ; Gwatkin, 67u(iie.s of arianism chieflij rejerring to tlic caracter and chronologij of the reaction ivhirli followed the concil of Nicœa, 2e édit., Londres, 1900 ; A. Lichtenstein, Eusebius von Nikomedicn, seine Persônlichkcil, sein Leben und seine Fiihrersctialt ini arianischen Slreit, 1903 ; Mgr Duchesne, Histoire ancienne de l'Église, 2e édit., Paris, 1907, t. ii, passim ; Hauck, Realencyklopddie jïir protestnnlische Tlicologie und Kirche. : i<' édit., Leipzig, 1897 ; Kraus, Reat-Encijklopàdie der cliristliclien Allerttmmer ; Welzcr et Welte, Kircixenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau ; Smilh et Wace. Diclionary of Christian biographii, hondres, 1877 sq. ; V.ChevuUcr, Bépcrtoire. Biobibliogrdphic, Paris, 1905, t. i, col. 1414. Voir t. i, col. 17791849.

G. Bakeii.i.e. 7. EUSÈBE DE THESSALONIQUE, adversaire des aphlhartodoeétes. — L Vie. II. Lettre. III. Ouvrage.

I. Vie.

Nous ne devons la connaissance de l’existence d’un évêque de Thessalonique, du nom d’Eusèbe, à la fin du vie siècle, qu'à un incident rapporté par le pape saint Grégoire le Grand et à l’analyse d’une lettre et d’un ouvrage faite par Photius. En dehors de cela, nous ignorons la date de sa naissance et de sa mort ; mais il est constant que cet évêque fut un adversaire déclaré et éclairé de la secte des aphthartodocètes.

Saint Grégoire le Grand avertit Eusèbe de Thessalonique de la mésaventure arrivée au lecteur Théodore, son mandataire. Epist., 1. XI, epist. lxxiv, P.L., t. Lxxvii, col. 1213. Théodore, porteur d'écrits de son évêque qu’il était chargé de remettre au pape, lej confia sans défiance à un certain moine, nommé André, de la secte des aphthartodocètes, alors enfermé dans le couvent de Saint-Paul à Rome, ce qui n'était point pour le recommander. En possession des écrits de l'évêque de Thessalonique, André n’hésita pas à les falsifier et à leur donner une couleur hétérodoxe. Il n'était pas à son coup d’essai. Déjà il avait fait circuler quelques sermons en grec sous le nom même du pape. Saint Grégoire le savait et ne fut pas dupe de la nouvelle supercherie. Sans mettre en doute la parfaite orthodoxie d’Eusèbe de Thessalonique, il lui écrit pour le prier, s’il vient à découvrir ces faux sermons, de les supprimer, de dénoncer le faussaire et de mettre en garde contre lui ceux qui seraient tentés de se laisser prendre à ses écrits. André fut du reste condamné peu après dans un concile romain. Baronius, Annales, an. 601.

II. Lettre.

André, payant d’audace, écrivit à Eusèbe, non pour se disculper, mais pour soutenir sa doctrine erronée ; il lui envoya une lettre singulière, dite UapavaYvwG-Ti/.ôv, en le conjurant de la lire. Le pape avait traité ce moine de imperitus litlerarum et divinæ Scripturse ncsckis. Eusèbe, à la lecture de cette épître, n’eut pas de peine à se convaincre combien le pape avait raison. Il aurait donc pu se dispenser d’y répondre ; il le fit pourtant, mais non sans signaler tout d’abord le défaut de culture de son correspondant occasionnel. Puis il releva quatre erreurs principales. 1° De quel droit, lui dit-il, ne prendre le mot sôopà, corruption, que dans une seule acception pour ne l’appliquer qu’au péché, alors que les Pères s’en sont servis dans d’autres sens, notamment pour marquer la corruption des corps ? 2° Dire que le corps du Christ est devenu hnmortel, impassible et incorruptible au moment de son union avec la divinité, ainsi qu’avait osé le soutenir Julien (d’Halicarnasse), et cela dans une lettre où l’on se pose en contradicteur de ce même Julien et de Sévère (d' Antioche), c’est à la fois une erreur grossière et une inconséquence fâcheuse. 3° C’est une autre erreur de soutenir que le corps d’Adam n’avait été créé ni mortel ni corruptible, alors qu’il faut dire, pour se conformer à l’enseignement unanime des Pères, que le corps d’Adam était de sa nature mortel et passible et que, s’il a été préservé jusqu’au moment de la chute de la souffrance et de la mort, c’est uniquement par une pure grâce divine. 4° Et c’est encore une erreur de prétendre que ce monde est incorruptible et immortel, quand il faut tenir pour certain qu’il est sujet au changement et à la corruption. Eusèbe terminait sa réponse en exlaortant André à corriger des opinions aussi hétérodoxes. Le moine faussaire s’en garda bien ; il s’entêta et reprit la plume pour les soutenir de nouveau, mais sans apporter la moindre preuve convaincante.

III. Ouvrage.

Eusèbe, au lieu de négliger un adversaire si peu redoutable, se mit au contraire à le réfuter en règle dans un ouvrage en dix livres, actuellement perdu, mais dont Photius nous a gardé l’ana-