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EUNUQUES — EUPHRATÈS LE PÉRATIQUE


donner de sa continence, observe saint Atlianase, Be fuga, 26, P. G., t. xxv, col. 677, en fut une de son dérèglement ; il avait préféré se séparer de son propre corps plutôt que de sa compagne, et il fit, pour continuer le scandale, ce que l’Évangile conseille (spirituellement ) pour le faire cesser. Et c’est très vraisemblablement à cause de ce fait tout récent, à l’époque de la tenue du concile, que les Pères de Nicée, dans le but d’éviter désormais parmi les membres du clergé le retour de pareils scandales, portèrent le canon cité plus haut. De semblables dispositions sont prises dans k’s Canons apostoliques, avec cette différence que le canon 21 consent à la promotion de celui qui est eu-Jiuque de naissance ou qui l’est devenu soit par la violence des hommes, soit comme victime de la persécution, à la condition qu’il en soit digne par ailleurs, et que le canon 22 l’interdit absolument pour celui qui s’est mutilé lui-même : 6 à/.pwTr.piàaa ; àa-jTÔv jxy) , ".vl( ; 6(o x), r|pr/.ôç* a-JTOçov£’jTïi ; Yâp ecTiv âauro-j /.a : irfi toj 0EO-J 6r, [xio’jpYia ; lyj)yj :. Lauchert, op. cit., p. 3.

S. Épiphane, Hier., lviii, V. G., t. xli, col. 1009-1016 ; Tilleniont, ^Icnioires pour seruir à Vliisloire ecclésiastique (les six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. iii, p. 262 ; Dugiiet, Conférences ecclésiastiques, Cologne, 1742, t. ii, p. 283-288 ; Migne, Dictionnaire des hérésies, Paris, 1847, l.i, col. 684-686 ; Hetele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1907, t. i, p. 528-532.

G. Baheille.

    1. EUPHRATÈS LE PÉRATBQUE##


EUPHRATÈS LE PÉRATBQUE. — I. Le chef des pérates. II..Sa doctrine.

I. Le chef des pérates.

L’homme.

Eujdiratès

le Pératique est un personnage dont l’existence n’est attestée cpie par Origène, l’auteur des Philosophoiimena, et Théodoret, qui dépend uniquement des Philosophoumena. Origène n’en parle qu’en passant et par oui-dire comme d’un chef des ophites. « Ces impies, dit-il, comme s’ils étaient eux-iftêmes des serpents et non des hommes, se glorifient du nom d’oïiavo : ’, emprunté à la bête la plus ennemie des hommes et la plus horrible, et vantent tant qu’ils peuvent un certain Euphratès, dont ils ont reçu leur doctrine impie. » Contra Celsum, vi, 28, P. G., t. xi, col. 1337. Sans entrer davantage dans le moindre détail biographique, l’auteur des Philosophoumena se contente de donner à Euphratès le surnom de pératique, ô Trepariy-oç, et d’en faire le chef d’une secte ophite, celle des pérates, o irspâiat, ou pératiques ô a ! p£oi ; Tî^paTt/tr, . Cette secte, d’après Clément d’Alexandrie, Slrom., Vil, 17, P. G., t. ix, col. 555, tirerait son nom d’un nom de lieu, àn’o toC totto-j, celui sans doute de son origine ou de son action ; mais on ignore l’endroit précis désigné par un tel vocable au II » siècle. Cette expression géographique assez vague pourrait bien n’être employée que pour marquer des sectaires venus de l’Orient, de l’au-delà, irspav ; car on qualifiait de pératique soit la gomme, soit l’encens, qui provenaient de l’Arabie, de la Médie de la liabylonie ou de l’Inde. Bunsen, Hippolytus nnd seine Zeit, Leipzig, 1852, a conjecturé qu’Euphratès était de l’Eubée, tout comme son compagnon, ’Ax :  ; jS ; |Ç, ’A51|j.ri ; ou Ks/ooç ; celui-ci, en elTet, est toujours qualifié de Carystien, ô xap v-rnoç, et son nom est toujours accolé à celui d’Euphratès. Or, le titre de Carysticn désigne évidemment un homme originaire ou habitant de la ville de Garystios, située dans l’ile d’Eubée ; celui de pératique désignerait donc, sans autre précision topographique, un homme de la même île, puisqu’on appelait souvent l’Eubée -^ uépav ; d’où le nom de ses disciples : les pérates ou pératiques, c’est-à-dire ceux de l’au-delà. Il n’y a à cette hypothèse ingénieuse qu’un inconvénient, c’est qu’elle ne cadre nullement avec l’explication que ces sectaires donnaient de leur doctrine. « Nous sommes les seuls, prétendaient-ils.

à connaître la nécessité de la génération et les voies par lesquelles l’homme vient en ce monde ; seuls nous pouvons franchir et traverser la corruption, TtEpâ^at T-^v cp90pàv |j16voi S’jvàjxEÔot. » Philosoph., 1. V, 16, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 199. Ce ne serait donc pas d’un nom de lieu qu’ils tireraient leur nom, mais leur nom viendrait plutôt du verbe Ttio-xM, traverser, et signifierait proprement « ceux qui traversent » . Ils auraient pu tout aussi bien s’appeler o’t irpoio^Teioi ton ; aiŒpoç, comme le porte le titre d’un de leurs livres, Philosoph., V, ii, 14, p. 197 ; car ils se regardaient comme des êtres transcendants, supérieurs à tous les hommes, tl’origine céleste, et seuls à même d’être exaltés jusqu’aux astres, de monter aux cieux ou d’être sauvés. Deux de leurs chefs nous sont connus, Euphratès, toujours nommé en première ligne, et Acembès ou Kelbès ; et ces chefs doivent sans doute être les auteurs de leurs livres sacrés, ils en possédaient plusieurs ; mais c’est tout ce que nous savons d’eux, aucun liéréséologue de l’époque, ni saint Irénée, ni Tertullicn, ni plus tard saint Épiphane, n’en ayant parlé, et l’auteur des Philosophoumena s’étant borné simplement à rappeler leurs noms.

La secle des pérates.

C’est le nom donné aux

disciples d’Euphratès, qui formèrent un parti distinct parmi les ophites, sans avoir joué un rôle bien marquant ni exercé une grande iniluence. Leur doctrine seule nous intéresse. Elle est assez longuement exposée, mais avec peu de clarté. L’auteur des Philosophoumena n’hésite pas à la qualifier d’hérétique sans montrer bien en quoi consiste précisément leur hérésie. Il y voit surtout un abus arbitraire de l’astrologie chaldaïque et un système gnostique caractérisé par la prépondérance du rôle donne au serpent. Il n’a pas aperçu, croyons-nous, ce qu’elle paraît bien être au fond, à savoir l’enseignement ésotérique d’une société secrète à fausses prétentions chrétiennes, mais adonnée en réalité aux pires pratiques. Il s’est laissé prendre à l’appareil pseudo-scientifique dont elle s’enveloppait, et qui n’était qu’un trompe-l’œil pour masquer aux profanes ce qui en constituait l’obscénité. Du reste, la longue citation qu’il emprunte à l’un de leurs livres déjà signalé n’est qu’une allusion à peine voilée aux divers phénomènes et aux diverses circonstances de la génération, où interviennent les noms de personnages, empruntés pour la plupart à la mythologie de la Grèce et de l’Egypte, ainsi que quelques noms hébreux. C’est qu’à propos des vrais astres du ciel, les pérates imaginaient un écoulement ou une émanation qui détermine ici-bas les phénomènes de la vie, plus particulièrement celui de la transmission de la vie ; et c’est surtout aux actes ou aux états physiologiques, simultanés ou successifs, de la transmission de la vie humaine qu’ils donnaient le nom de divers astres, supposant à ceux-ci une infiuence décisive dans le sens du bien ou du mal. Et amalgamant à ces images quelques données bibliques, ils prétendaient être les seuls capables de traverser indemnes les eaux de la corruption. Gnostiques par leur théorie de l’émanation, ophites par le rôle qu’ils prêtent au serpent, les pérates appliquaient à l’ensemble du monde un processus semblable aux phénomènes physiologiques qu’ils attribuaient, d’après la science de leur temps, à l’économie humaine. Les citations bibliques ou cvangéliques qu’ils faisaient intervenir ne doivent pas faire illusion ; et s’ils parlent de triade et de sauveur, il n’y a là rien de spécifiquement chrétien. Le point central et le fond de leur système, c’est l’exaltation du sens génésiquc ; et leur secte n’a été qu’une secte occulte abominable.

II. Doctrine.

Rôle du serpent.

Étant les