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EUNUQUES


spirituel, que les eunuques loues dans l'Évangile ne, sont autres que ceux que la grâce di’ine a formés, et que la gardienne de la chasteté, c’est la charité, fondée sur l’humilité : pio proposilo conlinenles, corpus iisquc ad contemplas nuptias castiganles, seipsos non in corpore scd in ipsa concupiscentiæ radice castrantes. De viryinitatc, 24. Non ciistodit bonnm virginale nisi Deus ipse qui dedil, et Deus carilas est. Custos crgo virginitatis caritas ; locus autem Imjus custodis, liumilitas. Ibid.. 52. De viribus vesiris cvpertes cavete, ne, quia ferre aliquid potuislis, inj’iemini ; de inexpertis autem orale, ne supra quam potestis ferre lentemini. Ibid.. 53, P. L., t. XL, col. 409, 426, 427.

En Orient, la race des eunuques était une plaie sociale ; elle n'était que trop représentée à la cour. Les Pères ne pouvaient que la déplorer et la condamner. Le pseudo-Basile reprochait à ces mutilés non seulement de perdre la liberté et le mérite de la chasteté en déshonorant l'œuvre du créateur, mais encore et surtout de laisser subsister les passions sensuelles et la concupiscence qui en est la source, d'être d’autant plus incontinents d’esprit et de volonté qu’ils y étaient moins aptes physiologiquement et d’autant plus esclaves de la volupté qu’ils s’y livraient plus impunément et plus ignominieusement. De vera virginitatis inlegritate, 61, P. G., t. xxx, col. 793. Or, par leur inlhience funeste sur l’esprit de l’empereur, les eunuques de la cour de Constance s'étaient mêlés des questions religieuses : partisans plus ou moins avérés de l’erreur arienne, ils étaient les ennemis déclarés de la divinité du Fils de Dieu, dont ils ne voulaient pas entendre parler, parce que, selon la remarque de saint Atlianase, ils étaient réduits, autant par nature que par volonté, à une complète stérilité morale : -h TiapâSo^ov Tr|Ç l-K-.&o-^kr, :  ; 'oOtô laTiv, ort r, àpîiavïi atp£171 ; àpvou[j.évv) xôv TiôvToiJ ©oO, è^ eûvoûy/.iv £^£1 Tïiv poriOsiav, otTiVEç, ûç T/j cpucEi, 0'JT(.)ç /.atàTr, '/ i|>'j)(r)v àpeTTiÇ ayovoi xuy/âvovTcÇ, O’j <pÉpo’J(7tv àx’iûïtv Slo) ;

T£p Tîo-j. Hist. arian. ad monachos, 38, P. G., t. xxv,

col. 737. C’est à ces '.-jvat/.wSeiç, âv àvSpotCTiv àvàvSpo-jç, à|j.itfidvou ; TÔ yévor, comme il les caractérise, que saint Grégoire de Nazianze attribuait toutes les violences de l’empereur contre les défenseurs de la foi de Nicée. Oral., XXI, 21, P. G., t. xxxv, col. 1105. Devant ce mal endémique et autrement redoutable, au point de voie social et moral, que l’existence d’une secte religieuse d’eunuques perdue dans un coin de l’Arabie, peut-être ignorée et d’ailleurs peu menaçante à cette époque de luttes doctrinales, on comprend que les Pères, adversaires résolus de la castration, aient fait entendre une protestation indignée contre les eunuques de cour transformés en brandons de discorde religieuse et en persécuteurs. Sans doute il y avait les lois impériales qui interdisaient sévèrement la mutilation. Au dire de Suétone, Domitien avait défendu la castration : Caslrari marcs vetuil, Domitianus, 7, et Duguet ajoute qu’Hadrien fut encore plus sévère : Medico quidem qui excideril, capikde erit ; item ipsi, qui se sponle excidendum præhuit. Conférences ecclésiastiques, diss. LI, Cologne, 1742, t. ii, p. 287. Elles furent même observées pendant un certain temps puisque, d’après saint Justin, Apol., i, 29, P. G., t. vi, col. 373, les médecins d’Alexandrie refusèrent de prêter leur concours à un jeune chrétien qui, pour prouver aux pa’iens que rien d’obscène ou d’impudique ne se passait dans les assemblées chrétiennes, avait présenté une requête au préfet Félix dans le but de se faire faire eunuque. Mais, en Orient, elles finirent par tomber en désuétude. Il n’en est pas moins vrai, comme le remarque saint Jérôme, //( Gal., 1. III, c. v, 12, P. L., t. XXVI, col. 405, que cette funeste habitude jjassait pour tellement détestable que non seulement celui qui pratiquait la castration sur autrui était puni par

les lois, mais que celui qui la pratiquait sur lui-même était regardé comme infâme.

Jurisprudence canonique.

L'Église, impuissante à supprimer radicalement une telle plaie, voulut

au moins en préserver ses membres et assurer un recrutement ecclésiastique digne de tout respect. C’est pourquoi, dans son premier concile œcuménique, à Nicée, en 325, elle porta le canon suivant :

E'{ Ti ; év voTto -JTtô taSi quelqu’un a été fait

-piiiv £XP°^PT"'ÎS"11 'Ô '^'^'i eunuque ou par des chirur fJapêiptov ÈSertJi.7|6r|, o-jrw ; |J.ev£TO ÈV T(i) x).rip(i). El

Ss Ti ; ûyiai’vtov éauTÔv iiéTS|J.E, toOtov xa"i âv -cri) xXr|p(i> sÇ£Tapo[ji, Evov TcETîaO(TÔai 7rpo(T^X£i, y.al È-I. toO

ÔEÙpO [J.r|SEVa TÔiv TOlOVTtOV

ypîjvai TrpoâYcCTÔat. Can- 1.

gicns en maladie, ou par des barbares, qu’il demeure dans le clergé. Mais celui qui, étant en santé, s’est mutilé lui-même, doit être interdit, s’il se trouve dans le clergé ; et, désormais, on ne doit en promouvoir aucun.

Ce canon, Lauchert, Die Kanoncn der wichligsten altkircidichen Concilien, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 37, distingue deux cas, celui de la castration nécessitée par la maladie ou subie par la force, et celui de la castration volontaire ; dans le premier cas, il n’y a pas de sanction pénale ; dans le second, il y a interdiction pour les membres du clergé. Mais, en outre, ce canon décide que la castration, quelle qu’en soit la cause, constituera pour les fidèles im cas d’irrégularité qui les empêchera d'être promus aux ordres. Était-ce là un décret motivé par la secte des valésiens ? C’est possible, mais rien ne le dit. Il est plutôt à croire que le concile a voulu désormais fermer l’accès de la cléricature aux eunuques, surtout volontaires, à raison de certains faits précis, dont deux au moins nous sont connus, qui n’avaient pas été sans soulever quelque scandale. Le premier de ces faits, celui d’Origène, datait de plus d’un siècle. Tout jeune encore, le catéchiste d’Alexandrie, chargé de l’instruction religieuse des hommes et des femmes, s'était mutilé tant pour accomplir à la lettre la parole du Sauveur que pour ôter aux pa’iens tout prétexte de suspecter sa chasteté. Son acte bientôt connu ne lui attira pas d’abord la disgrâce de son évêque, Démétrius, qui l’encouragea au contraire à remplir avec plus de zèle ses délicates fonctions ; mais peu après, quand Tliéoctiste de Césarée et Alexandre de Jérusalem, sans tenir compte de l’acte d’Origène, élevèrent celui-ci à la prêtrise, Démétrius incrimina l’ordination faite par ses collègues, en dénonçant comme un scandale l’acte de jeunesse de son diocésain, qu’il avait autrefois admiré. Eusèbe, H. £., v. S, P. G., t. xx, col..536-537. Huet a cru qu’Origène, en agissant comme il l’avait fait, avait été poussé par les valésiens ; ce n’est là qu’une hypothèse assez invraisemblable, car rien ne prouve que ces sectaires existassent déjà à cette époque. Quant à Origène, lorsque, plus tard, il reconnut son erreur, en décrivant les incommodités et l’inutilité d’un remède qui porte le désordre dans le corps sans procurer à l'âme ni le repos ni la tranquillité. In MatUi., tom. xv, 3, P. G., t. xiii, col. 1257 sq., il blâme énergiquement ceux qui entendent le passage évangélique dans un sens purement littéral et ne dit pas un mot des valésiens. Le second fait était tout récent. Léonce, prêtre d’Antioche. qui, une fois passé à l’arianisme, devait, en dépit des canons, s’asseoir et mourir sur le siège d’Antioche, avait reçu défense de cohabiter avec une jeune fille, du nom d’Eustolic, à cause du scandale qu’il donnait. Or, pour confirmer à vivre librement avec elle, il se fit eunuque, sans réussir toutefois à écarter tout soupçon. Mais son évêque Eustathe le déposa. Socrate, H. E., ii, 26, P. G., t. Lxvii, col. 269 ; Théodoret, H. E., ii, 19, P. G., t. Lxxxii, col. 1057. La preuve qu’il avait prétendu