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EUCHARISTIE DU XIIP AU XV^ SIECLE

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traires aux déterminations de l’Église. Le chancelier affirmait ensuite la présence réelle et substantielle du corps du Christ dans l’eucharistie et la simple rémanence des espèces sacramentelles. Mansi, ConciL, t. XXVI, col. 718-719 ; Wilkins, Concilia Magnæ Bri~ tanniæ el Hiberniæ, Londres, 1737, t. iii, p. 170. Cette condamnation fut publiée en présence de Wyclif, qui ne se déclara lias convaincu et en appela au roi Richard. Au lieu de se rétracter, il publia des professions de foi, dans lesquelles il avouait ses anciennes erreurs, lorsqu’il pensait comme les docteurs qui, à partir du xe siècle, avaient introduit l’hérésie dans leur enseignement eucharistique ; il déclarait que Bérenger seul n’avait pas erré, et il pensait que Satan était délié et qu’il avait pouvoir dans l’Église parle Maître des Sentences et en tous ceux qui ont prêché la toi catholique en l’eucharistie. Mansi, ibid., col. 720721 ; Wilkins, ibid., p. 171. Sa profession de foi, rédigée en latin, renouvelait ses erreurs touchant le sacrement. Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, Paris, 1874, t. x, p. 209. Les juges d’Oxford avaient adressé à l’archevêque de Cantorbéry la condamnation qu’ils avaient portée contre Wyclif et sa secte, ainsi que les conclusions erronées, qu’ils avaient extraites de ses écrits, mais sans donner les raisons de leur jugement. Mansi, loc. cit., col. 721-722.

Comme Wyclif avait des partisans et que ses doctrines se répandaient au grand scandale des fidèles, l’archevêque de Cantorbéry, Guillaume de Courtenay, réunit à Londres, au mois de mai 1382, un synode provincial, et, le 21 de ce mois, condamna dix propositions extraites des œuvres de Wyclif, comme hérétiques et contraires aux déterminations de l’Église, et quatorze autres simplement comme erronées. Les trois premières de la première série concernaient l’eucharistie : 1° Qiiod substantia punis materialis et vini maneat post consecrationcm ; 2° Quod accidenlia non maneant sine siibjecto post consecrationcm in eodem sacramento ; 3° Quod Christus non sit in sacramento allaris idenlice, vcrc et realiter in propria præscntia corporali. Mansi, ConciL, t. xxvi, col. G95-G96 ; Wilkins, op. cit., t. III, p. 157 ; Hefele, op. cit., t. x, p. 210211. Le 30 mai, l’archevêque écrivit à l’évêquc de Londres et à ses autres suffragants pour les avertir d’avoir à interdire, sous peine d’excommunication, de prêcher ou d’enseigner les erreurs de Wyclif. Mansi, ibid., col. 705.

Le nouveau chancelier d’Oxford, Robert Rygge, et un professeur de cette université, Thomas Brythwell, étaient soupçonnés d’être favorables aux idées wyclifîstes. Le 12 juin, ils furent interrogés sur leurs sentiments réels. Le chancelier déclara que quelques-unes des propositions de Wyclif étaient hérétiques et que d’autres étaient erronées. Brythwell, qui hésita d’abord au sujet de certaines d’entre elles, les reconnut finalement comme hérétiques et erronées. Un bachelier, dont le nom n’est pas mentionné, fit de même. L’archevêque ordonna de publier les propositions erronées de Wyclif à 0.x.ford sans explication, en langue vulgaire et en latin. II défendit de les soutenir dans les écoles et il condamna ceux qui les avaient soutenues. Il chargea le chancelier d’Oxford d’avertir les élèves de l’université de cette condamnation, d’empêcher que les erreurs de Wyclif ne fussent enseignées et d’éloigner des chaires les personnes condamnées. Mansi, ibid., col. 707-710 ; Wilkins, op. cit., t. iii, p. 159-160 ; Hefele, op. cit., p. 214-215.

Le 18 juin suivant, ces trois propositions furent soumises, avec les autres, à l’acceptation des chefs du parti lollard à Oxford, Nicolas de Hereford et Philippe Repyngton. Ils déclarèrent, deux jours après, s’en remettre à l’autorité de l’Église et ils expliquèrent par écrit le sens qu’ils leur donnaient. Au sujet de la

première, ils déclaraient : Al sensum, contrarium un dccretali Firmiter credimus, concedimus quod est hæresis ; de la troisième ils disaient : Licet ista conclusio sit ad verba incomposita et intelligibilis, tamen ad sensum, contrarium illi decretali in Clem. Si DoMlyuM, concedimus quod sit heeresis. Pour la seconde, voir Eucharistiques (Accidents). Ils ajoutaient finalement que, sur le sacrement, ils voulaient, tant pour les mots que pour le sens, penser comme l’Écriture, la détermination de l’Église et les paroles des saints docteurs. Interrogés judiciairement sur le sens de la première proposition qu’ils disaient contraire au décret Firmiler credimus du concile de Latran, ils refusèrent de l’exprimer. L’entendent-ils, comme l’archevêque, en ce sens que le pain matériel, le même numériquement, qui, avant la consécration, est placé sur l’autel, demeure selon sa propre substance ou nature après la consécration, et de même pour le vin ? Ils refusèrent d’être plus explicites que dans leur écrit. Au sujet de la troisième proposition, ils ne répondirent pas non plus d’une façon plus expresse et ils refusèrent d’expliquer le sens qu’ils jugeaient contraire à la Clémentine Si Dominum. On leur demandait si le corps du Christ, le même numériquement qui a été pris de la Vierge, est au sacrement secundum seipsum realitcr, secundum’verilatem sues carnalis substantiæ et secundum propriam essentiam et naturam. Ils dirent qu’ils ne pouvaient pas répondre à cette question mieux qu’ils ne l’avaient fait dans leur écrit. Leurs réponses ayant été jugées insuffisantes, hérétiques et dolosives, on leur fit une monition canonique et ils furent assignés pour le 27. Ils ne comparurent pas ce jour-là, et leur jugement fut renvoyé au mois de mars 1383. A cette nouvelle date, ils ne comparurent pas davantage et ils furent condamnés par coutumace et excommuniés. Appel ayant été interjeté, la sentence d’excommunication fut rendue définitivement, le 13 juillet, et ordre fut donné de saisir les coupables. Le 23 novembre, Repyngton [’X sa soumission et fut rétabli dans sa charge de professeur. Mansi, ConciL, t. xxvi, col. 699, 701, 710-715 ; Wilkins, loc. cit., p. 160-161, 162-163 ; Hefele, loc. ciL, p. 215-217.

Le 30 juin, un maître es arts, étudiant en théologie, Jean Ahston, fut interrogé par l’archevêque de Cantorbéry sur les propositions de Wyclif concernant l’eucharistie. Comme il ne répondait en anglais que des impertinences et des sittises, on le pria de parler latin à cause des laïques présents. Il répondit, CJmnie un laïque, qu’il lui suIFisait de croire connue la sainte Église. On lui demanda si le pain, qui demeure après la consécration, était le pain matériel, particulier ou non. Il déclara que la question dépassait son intelligence et il refusa de répondre. Pressé de le faire, il répondit grossièrement à l’archevêque : « Ce materi’a /is-là, mets-le dans ta poche si tu l’as. » Il fut tenu pour convaincu et déclaré hérétique. Il refusa tout répit et fut condamné pour ses erreurs. Mansi, loc. cit., col. 698-705 ; Wilkins, op. ciL, p. 163-161 ; Hefele, loc. cit., p. 217-218. Le 27 novemlare suivant, il les rétracta et fut rétabli dans sa charge. Mansi, ibid., col. 715-716.

Thomas Hilman, qui partageait certaines idées d’Ashton, fut convoqué aussi le 27 juin. L’affaire ayant été remise au 1*^’juillet, il avait comparu seul, ce jour-là, et avait reconnu les propositions de Wyclif comme hérétiques et erronées. Ibid.

Au synode provincial, commencé à Oxford le 18 novembre de la même année, les erreurs de Wyclif furent de nouveau condamnées. C’est alors que Wyclif aurait publié en anglais une nouvelle profession de foi, dans laquelle, au lieu de se rétracter, il aurait affirmé ses erreurs et condamné la transsubstantiation et la per-