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EUNOMIUS

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t. I, col. 1786. C’est par la puissance et l’activité créatrice que le Fils ressemble au Père, sixiov y.a T^pa- ; '. ; tîi ; toO llavTO/.pâTopciç âvspvst’aç, 1. II, COl. 540. Idée qui se retrouve ilans la première apologie, n. 26, P. G., t. XXX, col. 863, et dans i"'l' ; y.9î(Ti ; ii ; <Tretoç, loc. cit., col. 589.

Parmi les êtres créés par le Fils, le Saint-Esprit tient le premier rang, dans l’ordre de production comme pour rexcellence et la dignité, d) ; mpwxov à'pyov xal /.pàriTTOv ToO McivoysvoO ;, .alymiôv ts y.a y.âXXiuTov, 1. II, col. 561. Instrument du Fils dans l'œuvre de l’illumination et de la sanctification des âmes, il est dépourvu de la puissance créatrice et de cette divinité relative qui convient au Fils, ŒdTï]To ; (j.£v xal Squ.iovp-Vr /.fiÇ 6uvi[xE(i) ; à710)c17ro[isvov. Apologet., n. 25, P. G., t. XXX, coi. 861.

La trinité eunomienne se composait donc, comme la trinité arienne, de trois personnes essentiellement hétérogènes, avec progression décroissante et sans immanence mutuelle. Aussi, dans VE-a^zii : kIitzm :, loc. cit., col. 587, Eunomius rejette absolument l’idée d’un Dieu ou d’une seule substance en trois personnes : oC’i SX (xiâî o-jct’aç £'. ; jTroaTârjEcç ipsîç tryvifiaTiîJôuî'/Ov. 2° Incarnation. — Les caractéristiques de la christologie arienne se retrouvent, sans rien de spécial, dans Eunomius. Pour lui, Jésus-Christ ne pouvait pas plus être vrai Dieu que le Verbe lui-même. En Jésus-Christ, le Verbe remplaçait l'âme humaine. Ce dernier point a été contesté par quelques auteurs, notamment Tillemont, Mémoires, t. vi, p. 514, d’après ce passage de T’ExŒti !  ; Tn’cTsojç, dans le texte publié par Valois, loc. cit., col. 589 : àva>, aê6vTa t’ov ex <i’jyrii v-'A (jwij.a--'j ; avOpojTtov ; mais la vraie leçon contient une négalion, au lieu d’une alïirmation : oJz àva/agovra… S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., 1. II, col. 545. (^f. Rettberg, op. cit., p. 517.

Eunomius, comme Arius, maintenait la préexistence physique du Verbe, créateur du monde et révélateur du Père. Aussi, à propos de l’ouvrage cité de Whiston, Fabiicius observe-t-il, Bibliotli. græca, Hambourg, 1804, t. IX, p. 212, que le chef des anoméens gardait du Christ une idée beaucoup plus relevée que les sociniens, et qu’il ne poussait pas l’impudence jusqu'à lui dénier, malgré les témoignages contraires et si formels de la sainte Écriture, toute existence réelle avant sa conception dans le sein de la Vierge Marie.

.'5" Théodicée. — La doctrine d' Eunomius sur Dieu, considérée dans ce qu’elle a de plus caractéristique, porte sur trois points : l’essence et le nom propre de Dieu, la synonymie des noms que nous lui attribuons et l’intelligibilité absolue de l'Être divin.

Eunomius place l’essence de Père dans ràyîvv/jTca, entendue dans un sens qui n’est ni privatif ni purement négatif, mais d’abord et surtout positif ; sens qui semble correspondre à Vesse a se des théologiens et des philosophes scolastiques. Apolog., n. 8, P. G., t. XXX, col. 844 ; S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., . XII, col. 917, 924. En même temps il conçoit, on l’a déjà vii, la simplicité divine d’une façon abstraite et transcendante qui exclut toute distinction, même virtuelle, entre l’essence et les attributs ou les attributs entre eux. Aussi VàL~{vj-rr, nî(x est-elle tout l'être divin. Le terme correspondant, àyÉvvriToç, est en un double sens le nom propre de Dieu : parce qu’il lui convient exclusivement, et parce qu’il exprime parfaitement sa nature.

La synonymie des noms que nous ai)pliquons à Dieu se rattache intimement à cette doctrine. Car, si àyi.vr.To : est le vrai et le seul nom proprenu’nt dit de l'Être suprême et si la transcendante simplicité de cet Être ne permet pas de lui appliquer des noms ayant une signification différente, cette alternative s’impose par rapport aux noms nniltiples que nous at tribuons à Dieu : ou ils ne peuvent signifier l’essence divine que par synonymie avec l'àysvvriijia, ou, fondés sur des conceptions de raison, ils ne sont que de pures dénominations subjectives ou verbales, sans portée réelle. Eunomius insiste surtout sur la seconde alternative, quand, dans sa première apologie, il oppose le terme àyjwïiro ; aux dénominations xat' dnivotav ou fondées sur les conceptions de l’esprit humain. Apolog., n. 8, col. 841 ; S. Basile, Aduersus Eunom.,

I. I, n. 5, col. 520 sq. Mais il admet aussi la première alternative, car il parle de noms différant matériellement, zarà T>|V è/.ywvriTiv, et signifiant, néanmoins, la même chose, par exemple : l'Être et le seul vrai Dieu, oj ; tÔ 5v, xocI u.ôvo ; a), r)61vbi ; &tùç. Apolog., n. 17, col. 852. Ailleurs, il exprime, avec une parfaite net teté, le principe de la synonymie des noms, quand il s’agit de Dieu : « Il est impossible que la vie soit une et que la notion d’incorruptibilité ne s’identifie point avec celle d’aséité. Où yàp S-jvaTÔv, triv tj.àv îwi-, v slvai [Aiav, Tov 6è To-j àaOâpTou Xoyov [xï) tôv a’jrbv elvai ko to-j àysvvriTO’j. » S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., 1. XII,

I col. 1068.

Un dernier point s’ajoute, qui complète la théodicée

I anoméenne. Arius avait considéré l'être divin comme incompréhensible, non seulement pour les hommes et pour les anges, mais même pour le Verbe. Voir Aria i nis : me, t. I, col. 1786. Eunomius, au contraire, affirme l’intelligibilité absolue de l’essence divine. Cette prétention est attestée par ceux des contemporains de l’hérésiarque qui l’attaquèrent, en particulier par saint Basile, Advcrsus Eunomiam, 1. I, n. 12, col. 540, et saint Grégoire de Nysse, Contra Eunom., 1. X, col. 825 sq. Elle est confirmée par l’anoméen Philostorge, qui taxe précisément d’erreur Arius et Eusèbc de Césarée, pour avoir soutenu le contraire, i, 2 ;

II, 3 ; x, 2, t. Lxv, col. 461. 468, 583. Elle est confirmée par Eunomius lui-même, quand il applique à ses adversaires le reproche adressé jadis par Jésus-Christ aux Samaritains, Joa., iv, 22 : Vos adoratis quod ncscilis ; car c’est ignorer Dieu que d’ignorer ce qu’il est. De même, quand il les accuse de méconnaître le caractère et l’excellence de la révélation chrétienne : vainement Notre-Seigneur se serait appelé la porte, la voie et la lumière, si personne ne parvenait à la connaissance et à la contemplation du Père. S. Grégoire de Nysse, Contra Eunom., 1. III, col. 602 ; 1. X, coI. 828.

Quelle fut la genèse de cette doctrine sur l’intelligibilité absolue de l'Être divin ? Les eimoméens l’adoptèrent-ils, comme on l’a dit souvent, dans un intérêt polémique, pour enlever aux catholiques la réponse qu’ils faisaient aux objections ariennes contre la génération du Verbe, en invoquant l’incomjjréhensibilité de l’essence et de la vie divine ; ou furent-ils amenés à cette doctrine par leurs principes philosophiques, et de quelle manière ? Question difficile à trancher avec le peu qui nous reste des écrits de la secte.

Des écrivains modernes de grande autorité ont pensé qu’il y eut, chez les anoméens, confusion entre l'être divin, infini dans sa plénitude, et l'être abstrait, d’autant plus facile à épuiser par l’intelligence qu’il est plus vide de détermination. Hefele écrit, en s’inspirant d’une idée déjà émise par plusieurs écrivains, spécialement par Dorner : « Les anoméens conçoivent Dieu d’une façon purement abstraite qui n’embrasse aucune réalité concrète de la vie divine ; Dieu est pour eux la simplicité absolue, l’unité complète et indivisible ; c’est, à proprement parler, le ov et non pas le Ml, quelque chose d’analogue à cet Être suprême dont parlait le xviiie siècle… Si l'Être divin n’est autre que la substance existant par elle-même, la substance simple et abstraite de la monade non engendrée, et si l’on adopte, à l’exclusion de toute autre,