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EUCHARISTIE DU XIIP AU XV" SIÈCLE


loquenlis. Sum. Ibcol., III", q. lxxviii, a. 1, 4. Il en résulte que le ministre, qui agit in personaChristi, doit avoir reçu du Christ le pouvoir d’agir en son nom. Or le prêtre seul, à l’ordination, reçoit le pouvoir de consacrer l’eucharistie au nom du Christ, et il est placédans la classe hiérarchique de ceux à qui le Seigneur a dit : Hoc facile in meam commemoralionem. Luc, xxii, 19. Le pouvoir de faire ce sacrement est donc propre aux prêtres. Ibid., q. lxxxii, a. 1. Le laïque juste, uni au Christ d’une union spirituelle par la foi et la charité, et non par l’ordination sacerdotale, a le sacerdoce spirituel, qui lui permet d’offrir à Dieu des hosties spirituelles ; il n’a pas le i ouvoir de consacrer l’eucharistie, ad 2°". Ce pouvoir n’est pas réservé aux seuls évêques, ad 4°™. Le mauvais prêtre, malgré sa malice, demeure le ministre du Christ et il peut donc consacrer validement, a. 5. Les prêtres hérétiques, schismatiques et excommuniés, ayant reçu à leur ordination le pouvoir de consacrer l’eucharistie, consacrent validement, sed peccanl facienles, a. 7. Ce pouvoir étant attaché au caractère sacerdotal et ce caractère indélébile n'étant pas enlevé par la dégradation, le prêtre dégradé consacre validement, a. 8. Plusieurs prêtres peuvent concélébrer et ne consacrer qu’une seule hostie, comme cela se fait aux ordinations en quelques églises, a. 2. Le prêtre, qui est le ministre consécrateur de l’eucharistie, en est aussi le ministre dispensateur, a. 3. Le diacre, qui est proche de l’ordre sacerdotal, a une part de son office, celle de distribuer le vin consacré ; mais, il ne peut dispenser le corps du Christ qu’en cas de nécesité, par ordre de l'évêque ou du prêtre, ad 1° "'. Cf. In IV Sent., 1. IV, dist. XIIL Selon Richard de Middletown, tout prêtre, puisqu’il a le caractère sacerdotal qui est indélébile, peut consacrer de fait, quoique, de droit, les irréguliers, les interdits, les suspens, les excommuniés, les schismatiques, les hérétiques et les dégradés ne puissent le faire sans commettre un très grave péché. Aucun laïque ne peut le faire, car Dieu a voulu que les prêtres seuls soient d’office les intermédiaires entre lui et le peuple. Les prêtres seuls aussi sont par office les ministres de la dispensation de l’eucharistie ; les diacres le sont en cas de nécessité par ordre de l'évêque ou du prêtre ; il ne convient pas que les laïques le soient. InIVSent., 1. IV, dist. XIII, a. 1, q. i-iii. Duns Scot enseigne aussi que la consécration ne peut être produite que par la seule puissance divine. Aucune créature ne peut l’opérer comme agent principal. Tout prêtre peut consacrer validement. In IV Sent., 1. IV, dist. XIII ; Reportata, ibid. Voir t. IV, col. 1916. Voir aussi Durand, In IV Sent., 1. IV, dist. XIII, où il donne des précisions nouvelles notamment sur la concélébration, q. iii, qui sont discutées par Capréolus. In IV Sent., 1. IV, dist. XIII, q. i, a. 3, § 1. Voir Communion, t. iii, col. 486-492.

5. Effets.

Voir Alexandre de Halès, Siimma Ibeologix, part. IV, q. x, m. viii. Après avoir exposé les effets de l’eucharistie sur les justes et les pécheurs, saint Bonaventure résume son efficacité en ces mots : Magis unire, forlificare, tollere peccata venialia et ad augmentum virtutum et charitatis prodesse. In IV Sen !., dist. XII, part. II, a. 1, q. m. Au début de son traité, Albert le Grand indique les diverses utilités de l’eucharistie : 1 « son utilité propre est de rendre les forces perdues ; 2° elle est la nourriture de l’homme spirituel ; 3° elle unit les membres du corps du Christ ù la tête par la charité ; 4° elle augmente le mérite de la foi ; 5° elle élève l’espérance ; 6° elle dilate la c.arité ; 7° elle diminue les pécliés véiicls. Jn. V Sent., 1. IV, dist. VIII, a. 1. Sur la doctrine de saiil Thomas, In IV Sent., 1. IV, dist. XI', q. ii ; Sum. tbeol., III-', q. lxxix, voir Communion, t. iii, col. 505-514. Voir Richard de Middletown, In IV Sent., 1. IV, dist. XII, a. 5. Sur celle de Duns Scot, voir t. iv, col. 1916.

J. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degert, Paris,

1903, t. V, p. 483-509 ; J. Turmel, Histoire de ta tliéologiè positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, Paris,

1904, p. 313-31 G, 443-447 ; J.-A. Chollet, ' La doctrine de l’euclmristie clicz tes scolastiques, 3' étlit., Paris, 1908, p. 4258 ; K. G. Goctz, Die Iieutige Abendruatilsfrage in ilirer geschiclilliclwn Entivicktung, Leipzig, 1907, p. 22-29 ; A. Bassani. De transsubstanliatione ad mentem S. Thomæ Aquinatis, Rome, 1911.

III. Erreurs de Wyclif sur l’eucharistie. — 1° Sentiment de Wyclif.

Tout en reconnaissant dans

l’eucharistie le plus saint et le plus vénérable des sacrements, Wyclif nia publiquement la transsubstantiation et enseigna l’impanation. Dès 1379, il aurait posé les principes de son sentiment, qu’il soutint ouvertement, à pai’tir de 1381, jusqu'à la fin de sa vie dans ses sermons, ses thèses, ses écrits polémiques, ses dissertations et, enfin, dans un traité spécial De eucharislia. Il traitait de « nouveau » l’enseignement traditionnel de l'Église, qu’il avait précé lemment admis, et il se donnait comme le successeur de Bérenger, qui avait conserve la doctrine de l'Église primitive. A ses yeux, le changement d’une substance en une autre et la persistance des accidents sans sujet d’inhérence étaient des impossibilités, des propositions hérétiques et des inventions sataniques. Si Innocent III les a soutenues, cela prouve qu’il n'était qu’un insensé. Pour lui, le sacrement contenait naturellement le pain et le viii, et, d’une façon sacramentelle seulement, le corps et le sang du Christ. Après la consécration, qui n'était que la sanctification de la substance, l’hostie demeurait du pain localiter et substantialiler, mais elle était concomilamment le corps du Christ, qui était présent sacramentaliier et que les croyants recevaient spiritualiler. Le pain et le vin persistaient donc dans leur nature propre et non pas seulement sous leurs accidents. Le corps du Christ ne descend pas du ciel, où il est et où il demeure substantialiler, corporaliler et dimentionaliter ; il n’est dans l’hostie que virlualiter et sacramentaliier. Wyclif essayait d’expliquer sa pensée par diverses images ou comparaisons. De même qu’il y a une vision corporelle et une vision spirituelle, ainsi la manducation de l’eucharistie est double : celle du pain et celle du corps du Christ. Nous ne voyons pas le corps du Seigneur par les yeux de notre tête, nous ne le voyons que par la foi, dans un miroir et par figures. De même que l’image entière d’un objet est reproduite en chaque point d’un miroir, ainsi le corps du Seigneur existe dans l’hostie consacrée. On ne peut le toucher, le prendre dans ses mains, le broyer sous ses dents ni le manger corporellement, mais seulement spirituellement. Le but de Wyclif, en répandant ses idées, était de inittre l’eucharistie à l’abri des attaques « païennes » , suivant lesquelles chaque prêtre pouvait « faire » le corps du Christ. Les i rêtres n’ont pas le pouvoir extraordinaire de créer ; c’est rabaisser Dieu que de prétendre que le prêtre crée à nouveau le corps du Christ, en consacrant le sacrement. C’est une autre injure, faite à Dieu, que d’adorer l’hostie à la place du créateur. Voir Wyclif et Eucharistiques (Accidents).

Sa condamnation.

Guillaume Berton, chance-ILr

de l’université d’Oxford, censura, en 1382, deux propositions de Wyclif, relatives à l’eucharistie : 1° In sacramento allaris, substanlia panis mater ialis et vini, quæ prius jucrunt anle consecrationem, posl consecra. tionem realitir rémunère ; 2°quod exseerabilius est auditu, in illo venerabili sacramento non esse corpus Ctiristi et sanguin m hic cs ::cnti Hier, cubstanlialiter née cliam eor ; oralitir, std fiijur tiv seu trop ce, sic quod Cbristus non sil ibi veracilcr in sua propria præsentia corporali. Ces propositions faisaient péricliter la foi catholique, diminuaient la croj’ance du i euple et diffamaient l’université. Elles étaient, d’ailleurs, erronées et con-