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DANSE


l'épaule de son cavalier, comme si elle s’abandonnait à lui. D’autres fois, surtout dans les danses à allure rapide, la danseuse est, à diverses reprises, soulevée par le danseur, ou bien elle saute en s’appuyant sur lui : tout cela, aux sons d’une musique enivrante ; dans un milieu saturé d’une douce chaleur, ou de parfums pénétrants ; sous la vive lumière de lustres nombreux qui, par leur éclat, ajoutent encore à la fascination de cet ensemble, où tout semble réuni pour séduire les yeux et le cœur.

Ces rapprochements, ces contacts et les dangers auxquels ils donnent lieu, se produisent surtout dans ce qu’on appelle les danses tournantes. La forme type de celles-ci est la valse, en allemand Waker, du verbe wâlzen, tourner en cercle. Cette danse, l’une des plus fascinantes, était française depuis quatre cents ans, mais elle avait été un peu oubliée en France, quand elle y fut, comme une chose nouvelle, importée d’Allemagne, en 1795. Cf. Castil-Blaze, L’académie de musique, n. 18, 2 in-8 «, Paris, 1847-1856, t. il, p. 71 ; Fétis, Dictionnaire de musique, v° Valse, 8 in-i°, Paris, 1860-186."). C’est pour l’Allemagne la danse de prédilection, et les compositeurs célèbres, Strauss, Farbach, Metra, ont écrit pour la valse des morceaux très remarquables. La règle fondamentale de la valse est que chaque couple de danseurs, composé d’un cavalier et d’une dame, fait un tour sur lui-même et, par ces évolutions successives, décrit en tournoyant, en même temps que les autres couples, parfois fort nombreux, un cercle ou une ellipse, suivant la forme de la salle affectée au bal. II y a plusieurs espèces de valses : les unes sont à allure plutôt modérée, et les autres à mouvement rapide, selon que le mouvement du danseur est à trois ou à deux temps.

La polka a été importée de Pologne en France, vers 1845, ainsi que la mazurka qui est la danse nationale polonaise. Celle-ci est d’un mouvement un peu moins vif ; mai- ; la polka est une danse tournante à deux temps. Pendant les évolutions et durant tout le tourbillon de la danse, le cavalier passe son bras droit autour de la taille de la danseuse, dont le bras gauche repose sur l'épaule du cavalier. En même temps, celui-ci lui bou tient la main droite dans sa main gauche, à la hauteur de la ceinture. La rédowa, danse bohème, est une sorte de aise, qui participe à la fois de la polka el de la mazurka. Cf. G. Vuillier, La danse, c. VIII, La n hi polka ; les l>ah publies, in-4°, Paris-Milan, 1889, p. 20l-2'.'i

Comme son nom l’indique, la scottish est d’origine Cette danse a beaucoup d’analogie avec là polka qu’elle a précédée en France, mais qui l’a de l.i'.-iiiroup éclipsée. Le mouvement de la scoltish est plus b nt. quoiqu’elle suit ; m^si et peut-être plus voluptueuse . Dcore.

Que ces rapprochements entre personnes de différents contacts, ces enlacements, tous ces aniplextts la n ses tournantes soient très dangereux, puissent donner lieu souvent à de fortes tentations, et occasionnent fréquemment des fautes graves, ce n’est que trop éi ident. Les gens du monde les moins suspects de scrupules déplacés le reconnaissent eux-mêmes :

vez jamais vu d’un œil de colère if et circulaire, EfleulUei ! irant le Femmes et lei fleurs…

Victor Hugo, Feuilles d’automne, 2, 't. i se livre avec pin de langueur…

de Musset, A me, tv.

D’autn », comme M. de Saint-Laurent, Quelques mots

sur U modernes, ne crai( nent pas de dire que

la val d i. polka, mazurka, ^rotiish, etc.,

itation a la débauche, un pn Inde ou une réminiscence des plus coupables volupti

Revue des Deux Mondes, 1 er novembre 1865, p. 204. Cf. Deschamps, Le mari au bal, 2 in-8°, Paris, 1816 ; De Goncourt, Mystères des théâtres, in-8°, Paris, 1853 ; La Société française pendant le Directoire, 2 in-8°, Paris, 1864 ; M me de Bassonville, Le monde tel qu’il est in-8°, Paris, 1853 ; La jeune fille chez tous les peuples, in-8°, Paris, 1861 ; L’entrée dans le monde, in-8°, Paris, 1862.

Qu’il en soit souvent ainsi, ce n’est malheureusement que trop vrai. Mais peut-on transformer ce verdict sévère en règle générale ? Au point de vue théologique, y a-t-il là un acte essentiellement et intrinsèquement mauvais ? En d’autres termes, parce qu’une personne a dansé une valse, une polka, ou une scottish, doit-on et peut-on, sans plus d’examen, la juger a priori coupable de péché mortel ? Une affirmation d’une telle étendue et d’un pareil absolutisme serait certainement exagérée. Les ample.rus, dont il est ici question, ne sont pas toujours en soi, metaphi/siceet theorice loquendo, mortellement coupables. Ils ne constituent une faute grave qu’en raison de la passion charnelle dont ils seraient la manifestation, ou qu’en proportion du danger auquel ils exposent la vertu de ceux qui se les permettent. Si l’on suppose qu’il n’y ait pas de passion charnelle, et cette supposition n’est pas chimérique, car il serait absurde de croire que toutes les personnes amenées, quelquefois par une rencontre fortuite, ou pour tout autre motif, à danser ensemble, s’aiment, par ce seul fait, d’un amour impur et passionné ; si, en outre, les circonstances amoindrissent le péril qui naît d’ordinaire de ces rapprochements, la faute sera d’autant diminuée et pourra même totalement être évitée. Ces amplexus, faits par manière de jeu, ou par suite d’usages reçus auxquels il est parfois très difficile de se soustraire, ne doiventdonc pas être considérés comme ayant toujours pour premier mobile la passion. Dès lors, ils n’en sauraient avoir la malice, et ils sont loin de présenter l’extrême gravité que certains rigoristes prétendent y trouver toujours. Le jeu, le divertissement, la récréation, disons même la légèreté, sont parfois une circonstance atténuante ; les usages reçus en sont une également. Cette remarque contre laquelle beaucoup seraient portés peut-être à s’insurger, en la taxant, à première vue, de laxisme, est cependant très fondée en fait et en droit. Depuis longtemps, d’ailleurs, elle a été clairement formulée par les princes de la théologie. Mulla si serin fièrent, dit l’angélique docteur, gruria peccata essent, qute quidem JOCO îw i a, vel nulla, vel leiia simi… Mnjiia enini sunt peccala propter solam intentionem (pravam) quam quident intentionem excluait Indus, cujus iulenlio ad deleclalionem (recreationeni) fertur… et in talibus ludus excusât a peccato, vel peccalum diminuit. Sum. theol., II* II", q, CLXVIIt, a. 3, ad l" m. Le jeu a pour intention première le divertissement, la récréation. Plus cette intention est vive, plus elle est prépondérante, et plus, dans les actes qui

ne sont pas en soi intrinsèquement mauvais, elle écarte une intention vicieuse qui s' glisserait peut-être el même tics probablement, si l’esprit n'était pas si fortement distrait par une autre préoccupation : celle du divertissement lui-même.

Quelques pages auparavant, saint Thomas était entré, à ce sujet, dans d’autres détails, s il. mi posé la question : ii ru m ni tactibus et osculis [inter iriruni et fatm m n m i consistai /", catwnx mortale 'il répond : Oscu

limi, mn/ilr i us.rrl tOCtUS, srrmidum Suam ru liulirm.

seu specieni suam, non nominant peccata mortalia ; , <i r, iii, i hsec absque libidine fleri, oel propter coneuetudineni patries, vel propter aliquam nécessitatrm, aut rationabilem causant. II* II', q. cuv, a. 2. Quand les Imposent comme une, ipèce

de tyrannie, > laquelle on ne peut se aouatraire, mm l’aliéner l’esprit d n avec qui on est cependant