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DANIEL (LES SOIXANTE-DIX SEMAINES DU PROPHÈTE ;


dans la Cité de Dieu, 1. XVIII, c. xxxiv, P. L., t. xli, col. 593, harmoniser ce trait avec une compilation des semaines, ce n’est qu’au viii c siècle que Bède le Vénérable pensera, dans une explication suivie et cohérente de la prophétie, en utiliser la force probante pour la messianité de celle-ci. Et Origène n’avouait-il pas la méthode en exigeant le mot Chris to dans l’expression cum duce venturo, si on voulait la rapporter à Jésus-Christ ? Car cette dernière aussi, par le mot venturo, âpy_ojxsvu), rapproché avec son socius duce…, ïtfov[).évu>, du Chris tum duce tu, du Xp « r-o-j rjyo’j|/ivou du t. 25, attira fortement la tradition. Ce « chef à venir » , qui pouvait-il être sinon le Christ que beaucoup déjà trouvaient dans le dux de femore de la Vulgate, Gen., xi.ix. 10, et des LXX, *|yoij|ievo< ; èx tûv [xviptiiv, dont Jacob avait dit : donec VBNIAT qui mittendus est ? higoumène divin que, ne le trouvant pas cette fois signalé par son caractère d’èpx<5|J.svo ; dans la Genèse, Isidore de Péluse cherche ailleurs et trouve dans les Psaumes et dans Michée. Dans ces conditions, c’est-à-dire le dux signifiant le Christ et, de plus, le mouvement du texte allant, même à travers les versions, à faire du personnage signalé dans ce. mot le sujet réel du t. 27, ce sujet devait encore être principalement le Christ. Bien peu, avant le Ve siècle, sauf les eschalologues, y ont vu un persécuteur des saints et un profanateur. Donc, exégèse verbale qu’acceptent encore les modernes. Les propositions duꝟ. 2’t ne pouvant convenir qu’au Messie, selon Corneille de la Pierre, loc. cit., t. xiii. p. 117 ; Legrand, loc. cit., col. 195 ; Knabenbauer, p. 233 sq. — la division faisant bloc, « 7 et 62 » considérée comme un hébraïsme, cf. Corneille de la Pierre, t. xill, p. 126 ; Legrand, col. 192-193, Christum ducettt doit être le Messie ex illo ipso CBRISTI ducis noniine, parce que ce nom, ou ces noms (Christtts, dux) lui sont donnés ici sine addito, Legrand, col. 197-198 ; ou encore parce que le premier et le principal, Christus, se retrouve au. 26, accompagné du mot occident, -, et que, chez les prophètes, ls., lui ; Lam., IV, 3, le Messie prsedicitur occidendus. lbid., col. 198. Mais sur quoi fonder ici l’antonomase ? Et le rappel des prophètes Isaïe et Jérémie at-il plus de valeur réelle que celui des Psaumes et de Michée dans Isidore de Péluse ? Que si les passages scripturaires, .1er., xxxi, 31 ; Mal., i. 10, paraissent répondre à con/irmabit pactum et à deficiet kostia de la prophétie daniélique, Legrand, col. 198-199, n’est-ce pas que, Titus ou Vespasien étant le dux du v. 26, et ces personnages ne pouvant, en tant que païens, rien de positif au fœdus novum, non plus qu’au nouveau sacrifice offert ab ortu snlis vaque ad occasuttt, on soit contraint de

nir au Christ du v. 26 [redit Gabriel ad Christum de </ » " egit * 25 et 26, Corneille de la Pierre, t. xiii. p. 128, par l’effel d’une pure attirance verbale ? En réalité, et en bonne critique, l’exégèse des ver 25 et 27 peut être tout autre. Il suffit pour cela que l’on ait confiance dans la coupe duꝟ. 25 dans le texte hébreu et que l’auteur du livre de Daniel ait justement consacré un chapitre ou deux de son ouvrage à une explication authentique de la prophétie, différente, au sens premier, de relie qui prévaut encore aujourd’hui. Que l’oint-prince du. 25 doive apparaître après les 7 premières semaines, il ne peut plus être le Christ, et déjà disparall ou se rompt le fil important qui. par une longue série d’années, nous conduisail dès l’abord et comme préventivement ans temps messianiques. Que l’auteur ail manifesté clairement au c. x son intention d’expliquer au lecteur, su c. xi, les lue di c, vin et ix, celui-ci cont. oanl notre prophétie, immédiatement il faut laisser tomber, .m moint I litre provisoire, les rapports plus éloignés rie ris personnages avec leurs homonymes des autres livres bibliques, pour les chercher eux-mêmes, leun

noms, leur caractère et leurs gestes, parmi les réalités que signale à l’attention le développement explicatif des visions et des oracles. Supposons ladite intention clairement manifestée, voir col. 96 sq., il est impossible de ne point voir une équation parfaite entre « les troupes » qui, « sur l’ordre » d’Antiochus Epiphane, « profanent » , xi, 31, « le sanctuaire…, y font cesser le sacrifice perpétuel, et y dressent l’abomination, » et le populus cum duce venturo qui, ix, 26, 27, dissipabit sanctuarium et, selon l’hébreu, < fera cesser le sacrifice et l’offrande, » ce qui amènera « l’abomination » dans le temple. Au c. xi encore, il est dit qu’Antiochus sera « hostile à l’alliance sainte » , ꝟ. 28, qu’il sera « furieux contre elle » , >. 30, qu’il « séduira » les transfuges de cette alliance et s’en fera des partisans, ꝟ. 30, 32 : nouvelle équivalence du « chef » qui, ix, 27, « fait alliance avec plusieurs, » ou, suivant une meilleure interprétation de l’hébreu, « fait trahir l’alliance (sainte) à plusieurs. » Un « oint est extirpé, » ix, 26, et « l’oint » pour les temps qui suivent la captivité de Babylone c’est, dans l’idéal, la dynastie davidique revêtue d’un caractère messianique, Ps. cxxxii, 10 ; lxxxix, 39-52 ; cxxxir, 17, etc., dans la réalité le grandprèlre, Ps. lxxxiv, 10 ; cf. Lev., iv, 3 sq. ; vi, 15, héritier des prérogatives honorifiques et effectives de la royauté, Zach., iv, 14 ; actions de Simon I, Eccli., l, 123 ; il est ici ou détrôné, ou mis à mort. Or, l’explication de la prophétie nous signale encore, xr, 22, « un chef de l’alliance (sainte) » brisé par Antiochus, chef en qui beaucoup reconnaissent avec raison le grandprêtre Onias III, dépossédé de sa charge, exilé, assassiné. II Mach., iv, 33-36. Enfin, reporté par la division du il. 25 aux temps daniéliques ou de peu postérieurs à l’époque présumée du prophète, à savoir à l’époque de « Cyrus le Perse » conquérant de Babylone ou des « deux oints » , Zach., iv, 14, Josué fils de Josédec et Zorobabel fils de Salathiel : le premier, grand-prêtre, le second, gouverneur de Juda, les deux sous Cyrus déjà peut-être, sous Cambyse et Darius fils d’Hystaspe certainement, Agg., i, 1, 12, 14 ; II, 2, 10, 21 ; Zach., i, 1, 7 ; ni, iv, 1’« Ointprince » , ix, 25, doit osciller, ainsi que l’ont bien compris Clément d’Alexandrie, , 1. Hilarianus, saint Hippolyte et d’autres, entre ces trois personnages : Cyrus, prince et roi des Perses, oint par le Seigneur pour « rebâtir Jérusalem » , ls., xlv, 1, I, ô. 13 ; Josué, oint « prince de l’alliance » en qualité de grand-prêtre ; Zorobabel, prince de la lignée davidique I Par., iii, 17-19, oint idéalement dans le groupe messianique constitué par cette lignée. Que si l’on ne veut diviser l’hébreu au v. 25, ou si l’on s’étonne de ne point trouver au c. xi de passage corrélatif à ce verset, ou si l’on juge trop verbale encore la relation de 1’« Oint » avec des personnages bibliques comme Cyrus, Josué, Zorobabel pris en dehors du livre de Daniel, il reste que l’Oint ou sera le même personnage aux versets 25 et 26, ou n’aura pas eu besoin d’explication, au jugement de l’auteur, parce qu’il indiquait pour l’époque, ou voisine, ou contemporaine de la prophétie, un homme, roi, prince ou prêtre, bien connu du lecteur et auquel revenait de droit divin, liturgique ou dynastique, la principauté.

3° Computation dei semaines, — I. Depuis le ir sii cle de 1ère chrétienne jusqu’à la fin du moyen Age, les écrivains patristiquec ou ecclésiastiques qui se sont occupés de la question n’ont pas érigé moins de vi deux serines plus ou inoins différents les uns des

autres sur la manière de compter les années figurées par les Tu semaines daniéliques, pour en (aire cadrer le déclin avec les temps du Christ. Sont exclus de ce relevé général : Origène, qui allégorise et choisit comme point de dépari de toute la série la création d’Adam et comme point d’arrivée l’an 86 environ de la ruine, ie Jérusalem ; Julius Hilarianus, dont il