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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE

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Dans un discours nouveau, Job, tout en constatant que le Dieu vivant lui refuse justice, que le tout-puissanl remplit son âme d’amertume, XXVII, 2, proclame son innocence, 3-7. Il n’a pas les sentiments de l’impie, quand Dieu l’afflige, 8-10. Le riche heureux jusqu’à la mort est puni dans sa postérité, qui ne jouit pas des biens amassés, 11-23. Dieu, qui voit tout et qui a tout créé, a enseigné la sagesse aux hommes, en leur disant qu’elle consiste dans la fuite du mal et la crainte du Seigneur, xxviii, 23-28. Puis, Job décrit les années de sa prospérité, les jours où Dieu veillait à sa garde, quand il le visitait familièrement et vivait avec lui, xxix, 2-5. Il leur oppose par contraste ses misères présentes, xxx, 1-31. Pourtant, en prévision de la récompense que le tout-puissant lui réservait de son ciel, xxxr, 2, lui qui conviait ses voies et a compté tous ses pas, 4, il a mené une vie irréprochable et il ne craint pas le jugement de Dieu, 5-13. S’il était coupable, il ne saurait que répondre à son créateur, 14-34 ; parce qu’il n’a pas fait les crimes qu’il énumère, il ne craint pas de rendre compte à son juge, 35-37.

Un jeune homme, auditeur muet des discours précédents, intervient avec impétuosité. Il rejette la théorie des amis de Job, qui voient dans tous les malheurs un châtiment que Dieu intlige aux coupables, aussi bien que le sentiment de Job, qui trouve dans ses maux une sorte d’injustice de la part de Dieu, xxxii, 13, 14. Ce n’est pas l’âge qui donne la sagesse, mais le souflle du tout-puissant, 8, 9. Créature de Dieu comme Job, le jeune homme est son égal devant Dieu et peut lui faire la leçon, xxxiii, 4-7. La haine que Job a supposée en Dieu qui frappe un innocent, n’existe pas, 8-11. Dieu est plus grand que l’homme, et il n’a de compte à rendre à personne, 12, 13. Dieu parle aux hommes de diverses manières, par la douleur aussi bien que par les songes et les visions, 14-22. La douleur est un ange qui ramène à Dieu et fait reconnaître que la maladie et l’épreuve, même réitérées, sont profitables, 23-30. S’adressant ensuite aux sages, Éliu demande catégoriquement si Job a eu raison de se proclamer innocent et de dire que Dieu lui refusait justice, xxxiv, 5, 6. Il lient ces paroles pour blasphématoires ; c’est une impiété de dire : « Il ne sert de rien à l’homme de chercher la faveur de Dieu, » 7-9. Le tout-puissant est juste ; Dieu ne commet pas l’iniquité ni ne viole pas la justice ; il rend à l’homme selon ses œuvres, il rétribue chacun selon ses voies, 10-12. Il gouverne le monde et il veille sur lui pour le conserver ; s’il ne pensait qu’à lui-même, s’il retirait son esprit et son souffle, toute chair expirerait et l’homme retournerait à la poussière, 13-15. Du reste, un ennemi de la justice ne peut avoir le pouvoir suprême ; le juste, le puissant ne fait pas acception des personnes, il condamne les grands, qui sont mauvais, il ne regarde pas le riche plus que le pauvre, parce que tous sont l’ouvrage de ses mains. Ses yeux sont ouverts sur les voies de l’homme ; il voit toutes les iniquités ; il n’a pas besoin d’ouvrir d’enquête ; il frappe les impies et les puissants injustes, les individus aussi bien que les peuples, 17-32. Job a donc parlé contre Dieu, 37. Il n’est pas juste de dire : « J’ai raison contre Dieu, » xxxv, 2. La méchanceté des hommes n’est pas plus nuisible à Dieu que leur justice ne lui est utile, 6, 7. Mais Dieu n’exauce pas les discours insensés et le tout-puissant n’écoute pas les reproches immérités, 1316. Le créateur est juste, en effet, xxxvi, 2, 3, car il est puissant et ne dédaigne personne ; il punit le méchant et il fait justice au juste malheureux, 5-7. Si les bons sont aflligés, c’est pour les éloigner du mal ; s’ils comprennent la leçon, ils sont heureux ; sinon, ils périssent comme les impies, qui ne crient pas vers Dieu quand il les frappe. Dieu sauve le malheureux, en l’instruisant par la souffrance, 8-15. Que Job craigne que Dieu, irrité contre lui, ne lui inllige un châtiment ir rémédiable. 18. Dieu est sublime dans sa puissance ; il est le maître ; personne ne peut lui tracer sa voie et lui reprocher d’avoir mal fait. Ses ouvres sont admirables ; il est souverainement grand et éternel ; il est tout-puissant sur la nature et sur les peuples, 22-33. Il commande à la foudre, il fait tomber la neige et la pluie, il commande à la nature pour que les hommes reconnaissent leur créateur, xxxvii, 2-13. Il produit des merveilles dans la nature ; sa majesté est redoutable, sa toule-puissance sans bornes. Il est grand par la force, par le droit et par la justice ; il n’a pas égard aux sages qui veulent lui en remontrer, 14-24.

Dieu, du sein des nuées, répond à Job qui a obscurci sa providence, xxxviii, 1-3. Il l’interroge, et il trace un magnifique tableau de son œuvre créatrice, XXXVIII, 4-xxxix, 30. Que peut répondre le censeur du tout-puissant ? XL, 2. Job est réduit au silence, 3-5. Dieu n’est pas seulement tout-puissant, il est juste encore, 8, 9, lui, le créateur de l’hippopotame et du crocodile, 15-33. Si personne n’ose provoquer le crocodile, qui oserait résister à Dieu en face ? Dieu ne doit rien à personne, et tout ce qui est sous le ciel lui appartient. xli, I, 2. Job confesse la toute-puissance de Dieu ; personne ne peut obscurcir sa providence, et Job reconnaît qu’il a eu tort de se plaindre de la providence divine, xi.ii, 1-6. Dieu blâme ensuite les trois amis du patriarche, parce qu’ils n’ont pas parlé de lui selon la vérité, 7. Il rétablit Job dans son premier état et lui rendit le double de ses biens, 10.

Y. DANS LA PBÉDICATIOK DES PnOPBÊTES DP VJIP M vie siècle. — D’après les critiques rationalistes, c’est au viiie siècle seulement que le monothéisme remplaça en Israël la monolâtrie nationale. Les prophètes de cette époque conçurent de Jahvé une idée bien supérieure à celle qu’on en avait eue auparavant. Il fut, pour eux, non plus seulement le Dieu unique de leur nation, mais l’unique vrai Dieu, et un Dieu nettement spirituel et moral. Jahvé tout-puissant et saint punissait Israël de ses nombreuses infidélités, en faisant marcher les nations contre lui, et ne voulait plus d’un culte purement extérieur, mais désirait d’être aimé et obéi par des adorateurs, amis de la justice et fidèles observateurs de la loi morale. Les dieux des autres peuples n’existaient pas et étaient des non-dieux. Les prophètes seraient donc les créateurs du monothéisme, du monothéisme pur et absolu. Voir Kuenen. cité par l’abbé de Broglie, Questions bibliques, 2e édit., Paris. 1904, p. 248.

Personne ne nie que les prophètes de cette période n’aient été les ardents prédicateurs du monothéisme et les adversaires résolus de l’idolâtrie. Mais de l’exposé précédent, il résulte qu’ils n’ont pas été les créateurs de l’idée du Dieu unique et universel. Les Israélites. avant eux, avaient cette idée, bien que leur conduite pratique ait été souvent polythéiste. Si on veut que les prophètes aient été les créateurs du monothéisme, il faut considérer Moïse comme le premier d’entre eux. Les prophètes, d’ailleurs, ne donnent pas leur théologie comme une doctrine nouvelle : ils prêchent l’adoration du Dieu de leurs pères ; loin de prétendre innover, ils ne veulent que conserver la religion antique. Ils ne supposent jamais contestable pour un enfant d’Israël le principe qui réserve au seul Jahvé l’hommage de son peuple ; ils parlent comme avant pour eux, non l’évidence de la raison, dont il n’est pas question, mais le droit traditionnel ; ils ne croient pas avoir à plaider leur propre cause, à défendre des opinions particulières, ils admettent implicitement, et sans chercher de preuves, comme si le fait ne prêtait pas à discussion, que toute pratique polythéiste vient d’une influence étrangère. De quel droit nous inscririons-nous en faux contre ce jugement, qui. pour n’être pas le résultat d’une étude archéologique, n’est pas davantage