Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/497

Cette page n’a pas encore été corrigée

(17'.)

DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE)

980

qu’il n' avait pas de Uieu sur toute la terre, en dehors d’Israël, 15, et qu’il n’offrirait plus désormais d’holocaustes aux dieux étrangers, sinon à Jahvé, 17, quoi(|ii’il pensât pouvoir assister avec son roi au culte de Remmon, sans que Jahvé en fût offensé, 18, 19. Le roi de Samarie attribuait à Jahvé la famine, survenue durant le siège de sa capitale par Benadad, roi de Syrie, vi, 33. Mais Jahvé annonça pour le lendemain l’abondance des vivres, vii, 1. Benadad malade lit consulter Jahvé sur l’issue de sa maladie, viii, 8. Elisée apprit de Jahvé que le roi mourrait de mort violente, qu’Hazaël lui succéderait et causerait beaucoup de maux à Israël, 10-13.

Joram, fils de Josaphat, épousa une fille d’Achab et introduisit l’idolâtrie en Juda. Jahvé cependant ne voulut pas perdre Juda à cause de la promesse qu’il avait faite à David, 18, 19. Ochozias suivit les traces de Joram, son père, 29. Jéhu fut élu par Jahvé pour régner en Israël et frapper la maison infidèle d’Achab, ix, 3, 6-10, 12, 26, 36 ; x, 10, 17. Il abolit le culte de Baal en Israël, x, 18-28, mais il y maintint celui des veaux d’or à Béthel et à Dan, 29. Parce qu’il avait accompli les volontés de Jahvé contre la maison d’Achab, Dieu promit le trône à sa postérité jusqu'à la quatrième génération, 30, mais parce qu’il avait conservé les institutions religieuses de Jéroboam, Dieu prit Israël en dégoût, 31, 32. Quand le grand-prêtre Joiada établit le jeune Joas roi de Juda, il fit un pacte entre Jahvé, le roi et le peuple pour faire reconnaître les droits exclusifs de Jahvé sur le royaume, et le peuple renversa les autels et les images de Baal, xi, 17, 18. Joas ne détruisit pas cependant les hauts-lieux, xii, 2. Après la mort de.loaida, il se livra à l’idolâtrie et tua le grandprêtre Zacharie qui lui reprochait sa conduite. Il Par., xxiv, 18-22. Il en fut puni par Dieu, 24. En Israël, Joachaz, II (IV) Reg., xui, 2-6, Joas, II, furent idolâtres, et cependant Jahvé les exauça, quand ils recoururent à lui, 4, 5, 23, ne voulant pas encore ruiner entièrement Israël. En Juda, Amasias conserva les hautslieux, xiv, 3, 4, et se livra à l’idolâtrie. II Par., xxv, 14-16. En Israël, Jéroboam II suivit les voies de Jéroboam I » ', II (IV) Reg., xtv, 21 ; néanmoins, Jahvé ne fit pas encore périr Israël, 26, 27.

Durant cette période, les faits le prouvent, Jahvé est demeuré le Jahvé de Moïse. Malgré de trop fréquentes apostasies de la masse de la nation, il était le Dieu unique, maître du monde, le Dieu tout-puissant et juste par excellence, bien que les idées qu’on se faisait parfois de sa justice aient été imparfaites et gâtées par le vieux principe de la vengeance rigoureuse, qu’on attendait de lui et qu’on lui demandait. Il ne souffrait point de rival et punissait sévèrement les infidélités de son peuple. L’adoration d’autres dieux était une faute, à laquelle on se laissait entraîner trop souvent par l’imitation des cultes grossiers et sensuels des peuples voisins. Parfois, la masse du peuple a pu, dans ses pratiques religieuses et sa vie morale, ne pas dépasser de beaucoup le niveau d’une monolâlrie, à moitié païenne. Le monothéisme était néanmoins connu. Jahvé n’a jamais manqué de fidèles adorateurs ni en Israël ni en Juda. Son nom entre en composition dans les noms de presque tous les rois de Juda à partir d’Abia. Les rois les plus impies d’Israël lui vouent leurs enfants. Achab nomme son fils Ocbozias, « Jahvé me possède », et sa fille Athalie, « Jahvé est ma force ». Jahvé est considéré comme étant la cause de tous les phénomènes naturels et des principaux événements de l’histoire, comme une sorte d’agent universel et la providence spéciale d’Israël. Lien qu’il ait des droits à gouverner l’univers, il semble n’exister que pour Israël et n’exercer que les fonctions d’un dieu national. Cependant, il s’occupe dis peuples voisins d’Israël, il règle leur sort et il s’en sert comme ministres de sa colère contre

les siens. Son caractère de Dieu universel était reconnu, quoique ses relations avec les nations païennes n’aient pas encore été clairement définies. Son caractère moral est nettement dessiné, bien qu’il doive s'élargir et s'épurer dans la prédication des prophètes. C’est un Dieu juste et saint, aimant la justice et préférant l’obéissance du cœur aux sacrifices offerts par des méchants. Il règne dans les cieux, d’où il veille sur la terre pour y faire sentir sa providence tutélaire sur les bons et sa justice vengeresse sur les impies et les méchants. Kt ces caractères de Dieu résultent des seuls livres historiques de la Bible. Par conséquent, nos conclusions seraient les mêmes, si on ne voulait pas tenir compte des Psaumes, que nous avons regardés comme l'œuvre de David, ni de la doctrine d’une partie des Proverbes, que nous avons attribuée à Salomon.

Un nouveau nom est donné à Dieu durant cette période ; c’est celui de Jahvé ou d'Élohim Sabaotfa ou Dieu des armées. Quel que soit le sens que ce vocable prendra plus tard, il ressort des documents les plus anciens où il est employé, qu’il désigne Jahvé, comme chef des armées d’Israël. Il a certainement ce sens dans plusieurs textes du livre de Samuel. On le trouve sur les lèvres de Samuel, rapportant à Saùl un oracle dans lequel Dieu ordonne de faire la guerre aux Arnalécites. I Sam., xv, 2. Le jeune David court au devant de Goliath au nom du Dieu des armées, du Dieu des bataillons d’Israël. I Sam., xvii, 4, 5. A ce titre, Jahvé fit prospérer David, devenu roi, en lui donnant la victoire sur ses ennemis. II Sam., v, 10. D’ailleurs, Jahvé, honoré à Silo où était l’arche, est souvent nommé le Dieu des armées. I Sam., i, 3, 11 ; iv, 4 ; II Sam., vi. 2, 18. Or, l’arche était emportée dans les batailles comme symbole de la présence de Jahvé à la tête des armées de son peuple. Jos., iv, 6-16 ; I Sam., iv, 3-1 1. Enfin, un ancien document était intitulé : « Le livre des guerres de Jahvé. » Xuin., xxi, 14. Ce nom de chef des armées d’Israël convient à Jahvé à une époque de luttes et de combat. Cf. J. P. P. Valeton, dans le Manuel d’histoire des religions, de Cbantepie de la Saussaye, trad. franc., Paris, 1904, c. viii, § 48, p. 202-205 ; M. Lôhr, Untersuchungen zum Bach Amos, Giessen, 1901, p. 59-65 ; Stade, Biblisclie Théologie des A. T., t. i. p. 73-74 ; J. Touzard, Le livre d’Amos, Paris, 1909, t. lix-lx.

D’après le livre de Job.

Par sa langue, ce livre appartient à l'âge d’or de la littérature hébraïque, qui s'étend de David à Isaïe. Sa composition peut donc être fixée entre Salomon et Ézéchias, quoique des critiques modernes la rapportent au temps qui a suivi le retour de la captivité. Comme la théodicée de ce poème est très développée, il importerait grandement de fixer exactement sa date pour marquer chronologiquement les progrès de l’idée de Dieu en Israël. Toutefois, l’importance de cette question est diminuée par cette considération certaine que la doctrine du livre de Job, exposée à propos du problème de la souffrance du juste et de l’innocent, n’a qu’un rapport éloigné avec celle qui précède et celle qui suit. Elle forme donc une étape distincte et presque complètement isolée des autres. Elle doit donc être étudiée à part et elle peut l'être même en dehors de son époque certaine, tant elle est spéciale. Chaque lecteur la replacera mentalement à la date précise qu’il assigne à ce livre.

Un homme intègre, droit, craignant Dieu et éloigné du mal, passe de la plus grande prospérité à une extrême misère. Dieu permit à Satan d'éprouver s’il craint Dieu, en le frappant dans ses biens et sa personne, sauf la vie. Soumis à la volonté du Seigneur, qui lui reprenait les biens qu’il lui avait donnés, le vertueux Job, loin de s’irriter contre Dieu, bénit son nom au milieu de ses afflictions malgré les reproches <l femme, qui le poussait à maudire Dieu, auteur de ces maux. H recevait de sa main le mal comme le bien,