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DIEU (SA NATURE D’APRES LA BIBLE)


aucune attache ni à un lieu spécial, ni à une force de la nature, ni à un objet animé ou inanimé. La conception première va à Dieu sans s’arrêter à tout le reste : il est l’au-delà. » Ibid., p. 82. Ces idées très relevées des anciens sémites ont pu passer chez les ancêtres des Hébreux avec le nom de El. Cf. Barns (Lagrange), La révélation du nom divin « tétragrammalon », dans la Revue biblique, 1893, t. ii, p. 339 340.

b) FA Roi. — Agar, ayant fui au désert, eut une vision et donna à la personne divine qui lui parlait le nom d"Êl Roi. Gen., xvi, 18. Dans le récit, c’est.Tahvé qui reçoit ce nom. Primitivement, il devait être question de El, de qui est venu le nom d’Ismaël et que Vir appelle El Ro’i. On entend généralement ce nom dans le sens du Dieu qui voit partout ; le Dieu qu’Agar a vu est le Dieu dont le regard s'étend sur tous les pays. Il pourrait aussi signifier dans la bouche de cette femme, qui vise la vision qu’elle a eue, le Dieu de l’apparition au sens actif du mot.

c) 'El 'Olâni. — Abraham, après avoir fait une alliance solennelle avec Abimélech, plante un tamaris et invoque le Dieu de l'éternité. Gen., xxi, 33. C’est Jahvé qui est désigné sous ce vocable, parce qu’il est identique à El. El est donc le Dieu de la durée, qui vivra toujours à l’avenir, tandis que l’homme passe. L’idée de Bæthgen, Deilragezur semitischen Religionsgeschicltle, Berlin, 1888, p. 292, suivant laquelle Abraham opposait le Dieu « lu vieux temps à celui des temps nouveaux, ne repose sur rien.

d) 'Kl 'Elyôn. — Melchrsédech, roi de Salem, est prêtre du Dieu très haut ; il bénit Abraham au nom du li --Haut, qui a créé le ciel et la terre, et il bénit ce Dieu, dont la protection a donné au patriarche la victoire sur ses ennemis. Abraham, de son côté, jure par le Très-Haut, mailre du ciel et de la terre. Gen., XIV, 18-20, 22. Ce nom désigne le Dieu suprême et marque

ublimité etsa transcendance.

e) 'i-'A Saddaï. — On adonné au qualificatif Saddaï des significations bien différentes. Les uns le font venir de iâdad, qui signifie « dévaster », et le traduisent, comme a fait la Vulgate, par « tout-puissant » ; il exprime donc pour eux la vigueur et l'énergie avec laquelle Dieu accomplit des prodiges dans la nature et

ige pour punir. Gesenius y a vu plutôt un pluriel de majesté, dérivant de Sâd, « fort ». à la première personne, et il a traduit : mei potentes, di mei, ou mi drus. Thésaurus, p. 1366-1367. Ch. Robert, à la suite ald, a rattaché ce mol a la racine Sddâh, qui signifie répandre avec abondance et d’où vient le mot melli Par til Kl Saddaï désigne Dieu la puissance qui donne la fécondité dans les familles, les troupeaux et les champs. Cet exégète a ensuite montré, par l’examen de (oules passages de la Genèse, xvii. I ; icxviii, '. : xxxv, 1 1 ; xi ni. 1 1 ; xlviii, 3 ; xiix, 25, que Dieu s’est nanifesb ous cet aspect aux patriarches. ElShaddai et léhovah, dans Le Mu éon, I -main, 1891, t. x. [>. 361-370 ; l.n révélation du nom divin Jéhovah, dans la Revw biblique, I891, t. iii, p. 162-164. I t. p. 76 : M. Hetzenauer, op. cit., t. i. p. 383. Sur I I seul ou né d'épith P. Lagrange, El et hthvi. dan la Revue bibl 1903, l. mi. p. 362-370, article que j’ai mis largement itribuli.n dans les pa Di iver, The p 102 H o M I : u m ch a cru ri

qu’honorait Abraham, un dieu

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titrait la religion en un dieu snpi I. —, Tubil

Ces idées sur Dieu unique, omniprésent, éternel, très haut, et principe répandant partout la fécondité, les Israélites les ont reçues de leurs pères et les ont portées en Egypte. Tandis que, dans cette contrée, la masse demeurait fidèle à l’El des sémites et au Dieu des ancêtres, Deut., xxvi, 6-8 ; Exod., iii, 7, quelquesuns versèrent dans l’idolâtrie égyptienne. Jos., xxiv, 14 ; Ezech., xx, 7, 8. Avant de les constituer en peuple, spécialement voué à son culte, et pour affirmer la foi ancienne, Dieu voulut se faire mieux connaître aux fils de Jacob et il leur révéla sa nature intime par le ministère de Moïse.

/II. RÉVÉLATION » r : JAHVÉ A MOÏSE. — 1° Double révélation. — Dans l’Exode, il y a deux récits successifs de la manifestation de Jahvé à Moïse. Le premier, Exod., iii, 12-25, que les critiques attribuent au document élohiste, contient une explication plutôt qu’une révélation du nom divin. Le second, Exod., VI, 2-8, qui dériverait du code sacerdotal, affirme un changement de nom divin et la substitution de Jahvé à 'El Saddaï.

1. Première révélation. Exod., iii, 2-15. — Dieu, voulant choisir Moïse pour délivrer les Israélites esclaves en Egypte, se révéla à lui au pied de l’Horeb au milieu d’un buisson ardent. Il se nomma d’abord comme le Dieu de son père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, G ; il lui promit son secours pour l’accom, plissement de la mission difficile qu’il lui confiait, 12Moïse, sachant ainsi que le Dieu des ancêtres lui parle. lui demande quel est son nom propre, afin de pouvoir le dire aux Israélites qui l’interrogeront, et Dieu répond d’abord à Moïse : « Je suis celui qui suis. » C’est d’avance la définition du nom qui va être prononcé. Puis, ayantainsi préparé son interlocuteur, ! comprendre son nom, il le lui révèle : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Je nuis m’envoie vers vous, » 14. Enfin, il affirme que Jahvé est le nom du Dieu des pères et que ce sera désormais et pour toujours son nom propre et caractéristique, 15. Le nom que le Dieu des pères prend et explique est contenu dans les quatre consonnes hébraïques mn », d’où lui est venu le nom grec tétragrammalon.

a) Prononciation de ce nom. — La lecture Jéhovah, à laquelle nous sommes habitués, est généralement tenue pour inexacte. Les rabbins modernes l’ont admise cependant, et elle a été défendue par quelques érudits, entre autres par Michælis, Supplementa ad lexica hebraica, 1792, t. i, p, 524, par Drach, De l’harmonie

l’Eglise et la Synagogue, Paris. l, Si i, |. i, p, 572 488, par J. II. Lévy, The Tetra(9)grammaton, dans Jcwish quarterly Review, octobre 1902, p. 97-99, et par l’rquhart, Die Bûcher derBibel, Stuttgart, 1904, 1. 1. p. 24. Les rabbins y trouvaient l’expression simultanée du présent, au passé et du futur. Voir Drach. op. cit., t. I, p. 319-333. Cette lecture suppose une forme vermonstrueuse ; elle est donc inadmissible. On prétend généralement qu’elle est d’origine moderne, et on l’attribue à llalalin, qui l’aurait mise en vogue vers 1520. Or, Galalin a déclaré qu’elle était connue et renie de son temps. Arcana catholù itis, Paris, 1516, p. 77. De fait, elle était employée au xvi « par tous les protestants et par plusieurs catholiques. Denys le Chartreux 1402 1471 l’empruntait au x. rie ; i Nicolas de Lyre et A Paul de Bui ' in Exod., a. II. Opéra, Montreuil, 1896, t. t, p. 521, 522. Porchetti, théologien du début du xiv siècle, s’en

en I. Cf. D sacri, Amsterdam, 1698, t. tfe, col. 351. Enfin Raymond Martin, que Galatin ; > copié, l’employait dans son /' » gio fidei (écrit vers 1270), part. III, dist. II. c. tu, lii.M. p. lis. —, | Quoi qu’il en soil de l’union 'fis voyelles du nom AdanaX avec les consonnes I ont ïjoul i i c les