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DIEU (SON EXISTENCE)


façon pourquoi tout péché est théologique. On sait que saint Thomas, contre l’opinion la plus commune des théologiens, parle d’un devoir strict pour l’homme parvenant à l'âge de raison de se tourner ou convertir à Dieu, le souverain bien. Sum. theoh, Ia-IIæ, q. lxxxix, a. 6. Nous n’avons pas à discuter ici cette opinion, ni les interprétations divergentes que l’on a essayé de donner au texte. Cf. Vasquez, In l jm 11 3 —, disp. CXL1X ; d’Aguirre, Theologia sancti Anselmi, t. i, tr. I, disp. VI, sect. iv, n. 40-44 ; Salmanticenses, De vitiisetpeccatis, disp. XX, dub. i, n. 17, édit. Palmé, t. viii, p. 498. Il nous suffit de rappeler l’interprétation donnée par Cajet.m, 7/i Il' m II x, q. x, a. 4 ; Médina, Jn7 am JJ B, q. lxxxix, a. 6, concl. 1 ; Jean de Suint-Thomas, In 7 am, q. ii, disp. III, a. 1, n. 19, édit. Vives, t. i, p. 537. Ces auteurs pensent que pour remplir cette prétendue obligation il suffit de connaître Dieu in communi et confuse ; et que la conversion totale à Dieu que demande saint Thomas se fait suffisamment, si l’on adhère à Dieu en tant que Dieu est renfermé dans l’idée générale du bien conforme à la raison. Communior sententia, disent les carmes de Salamanque, tenet sufficere amorem Dei /mis naturalis implicilum, contentant in ipso amoreet eleclioneboni honesti et in proposito virendi secunclum reclani ralioncm. Cf. Zumel, /, , ; » m Hx t q. lxxi, a. 6, p. 174. Donc, pour reprendre la psychologie du jeune barbare de Le Tellier, l’inquiétude et l’avidité insatiable du cœur humain, qui le porte toujours à souhaiter plus qu’il ne possède, à aspirer à un état plus heureux, supposent en lui nécessairement quelque idée d’un bien souverain et capable de contenter tous ses désirs. Et il faut le noter, l’idée du souverain bien ne doit pas être ici disjointe, dans l’opinion des thomistes que nous rapportons, de celle d’un législateur souverain. « On ne doit point accorder, disent les carmes déjà cités, que personne puisse commettre un péché sans connaître au moins implicitement qu’il y a quelqu’un au-dessus de lui qui a droit de lui commander par la loi et qu’il est obligé de lui obéir ; ce qui renferme une connaissance au moins virtuelle et implicite de Dieu en tant que législateur ; de sorte qu’il sait ou peut savoir qu’en violant la loi il agit contre cet être supérieur et qu’il l’offense. » Tr. XIII, De peccatis, disp. VII, dub. iii, n. 18.

Noua n’avons pas à discuter les diverses et graves questions morales qui se présentent ici, soit dans l’hypothèse de Le Tellier, soit dans celles des thomistes cités. Cf. Lacroix, Theologia moralis, 1. Y, q. vi, n.25 ; q. xii, n. 19. Nous constatons seulement qu’ils admettent tous une connaissance implicite de Dieu contenue soit dans le dictamen de la conscience, soit dans le désir du souverain bien et dans la conscience de l’obligation. Peul on de cette connaissance implicite passera un jugement orique sur l’existence de Dieu ? Oui, répondent beaucoup d’auteurs catholiques. Il est peu probable que dans la fjenèsi de la connaissance spontanée île l’existence de Dieu les choses se passent comme le supposent c.i-u des thomistes qui suivent ici Cajetan. SI toutefois on l’admet, la connai sance certaine de 'nci' de Dieu pourraite déduire de l'étal décrit ide du principe de causalité et de finalité', exactement comme dans l- as du barbare de Le Tellier. Un trouvera le procédé di loppé a ec des nuancée dans Hontheim, ii, titutionei theodiceæ, i ribourg, 1893, n. 387-399 ; Schiffini Ditp lalione » metaph

. Turin. 1888, i. n. p. il. n. 397 ; de Broglie, La

mora Heu, Pari 1886, p. 307 ; d’Hulst, Confé Notre-Danu. Pari - 1892, p S q.. Sertil Dieu t fond du raisonnement revient à dire ; L’Imp ires ! donné parla i onsi ieni i

Dieu, il ne - explique paa, n i p i an te ; donc le vrai Di< u i Isti I

raisonnement, remarque Ms r d’Hulst avec bon droit, est fort différent de celui de Kant dans la Critique de la raison pratique, parce qu’on ne s’est pas confiné comme lui dans le cercle infranchissable des conceptions subjectives. Voir, sur les défauts de l’argumentation de Kant. Naville, ies philosophies nrgatives, Paris, 1900, p. 159.

Il résulte assez clairement, pensons-nous, de cet exposé que la solution scolastique du problème de la connaissance spontanée de Dieu satisfait bien à toutes les conditions que nous avons énumérées. Sans nier l'élan subjectif qui nous porte à l’affirmation de Dieu, elle assigne des moyens faciles, rationnels qui, le principe de causalité intervenant toujours, distinguent Dieu de ses œuvres et le manifestent de telle sorte que le devoir du culte s’impose en même temps que le respect de la loi morale. Mais il faut préciser le contenu de cette connaissance.

D’après les agnostiques croyants ou dogmatiques, quel que soit d’ailleurs le moyen qu’ils assignent à la genèse de l’idée de Dieu, toute notre connaissance de Dieu, et par conséquent notre connaissance spontanée de la divinité, se réduit au fait brut de l’existence, sans que nous puissions jamais parvenir à porter sur Dieu considéré en lui-même, sur sa nature intrinsèque, prxdicalum identification, aucun jugement objectivement valable. Quelques-uns, comme Avicenne et Maimonide, admettent que l’existence de Dieu nous est connue par la causalité, et donnent des arguments péripatéticiens ; mais, disent-ils, la causalité ne nous apprend rien <le Dieu considéré en soi, hors le fait de son existence, pas plus que la phrase : « c’est Zéid qui a charpenté cette porte, » ne nous renseigne de soi sur la capacité artistique de Zéid. Beaucoup d’autres, surtout parmi les modernes, conçoivent que nous désignons Dieu par de pures dénominations extrinsèques fondées sur nos états subjectifs et non sur la causalité. Si nous écrivons à un ami dont la correspondance avec nous est en retard : Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? nous exprimons notre état subjectif d’attente par une pure dénomination extrinsèque ; l’existence de cet état, c’est toutee que peut, par notre lettre, connaître avec certitude notre correspondant, mais les modalités intrinsèques de notre désir de recevoir des nouvelles lui échappent. Le langage lui-même est souvent construitsur de telles dénominations, comme saint Thomas en fait la remarque. In IV Sent., I. III. dist. XXVI, a. I, ad 3° 1 ". Celui qui attend, dit-il, a coutume de regarder souvenl si l’objet de son désir intérieur arrive, et ideo d sitio prædicta quielis cum niotu appctilus expectatio dicitur. Nous ne nions pas que souvent nous ne pensions ainsi et désignions les existences de fait à l’aide dépures dénominations extrinsèques. Saint Thomas le concède explicitement a Maimonide. De veritate, q. ii, a. 1. Mais pensons-nous toujours ainsi '.'et quand il s’agit de Dieu, sommes-nous réduits à ce mode de peu D’abord, bien que nous signifions le rail | gique

de l’attente par des dénominations extrinsèques, il est faux que nous n’en connaissions rien de plus : la conscience psychologique noua en dit bien davant et tout autre chose. Quand donc nou m Anne,

m' Inné, ne vois-tu rien venir ? noua-même el notre > intellectuellement autn

chose qu’une pure dénomination extrinsèque. Hume, dont le nominalisme allait jusqu'à confondre l'éti la coi site est percipi, n. sera jamais suivi

par le bon sens. Kant va moins loin, mais il est induit n nominalisme, quand il prétend que

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