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DIEU (SON EXISTENCE)

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de chut ; mais il renvoie â un autre ouvrage ce développement, quia hoc de Deo fine hominis unico multa infert non recepta communiter. A défaut des vues morales d’Elizalde, nous avons aujourd’hui, sur le même sujet, une littérature assez abondante écrite du même point de vue.

Remarquons d’abord que dans son « apologétique nouvelle » Elizalde introduisait deux éléments, la priorité de la connaissance de Dieu et l’appel à la présence intime de Dieu dans l'âme, dont le premier était positivement exclu et dont le second n'était pas einplové par Esparza et Pallavicini. Saint Thomas avaitdéjà remarqué qu’une conception inexacte de l’omniprésence divine conduit au panthéisme, non intelligentes rjuod Deus non sic est in rébus quasi aliijuid rei, sed sieut rei causa, qux nullo modo sui effectui deest. Contra génies, 1. I, c. xxvt, à la lin. Et ailleurs il avait expliqué que, hien que Dieu soit présent à notre intelligence, il ne lui est pas uni comme une forme intelligible, non est tamen ei conjuncla, td forma intelligibilis, quam intclligere possit quandiu lumine glorise non perficitur. Car autre chose est l’union par essence, présence et puissance, autre chose l’union par manière de forme intelligible. De veritate, q. x, a. 11, ad 8 lliii, ll um. Nos habilus sont pour nous intelligibles et Dieu ne l’est pas immédiatement, hien qu’il soit plus présent à notre âme que nos habitas, quia habitas saut proportionali ipsis objectis et actibus et sunt proxima eorum principia, quod de Deo dici non pot est, ibid., a. 9, ad 7, lm ; ce qui donne l’exégèse de Sum. l/ieol., h 1, q. xii, a. 2, et fait de saint Thomas un excellent moliniste au lieu d’en faire un averroïste comme le veut Cajetan. Elizalde se réfugie derrière le texte de saint Paul. Act., xvii, 28. Mais, fait très bien remarquer Yasquez, saint Paul ne parle pas directement dans ce passage de l’omniprésence de Dieu, il exprime simplement que nous pouvons facilement connaître Dieu par ses œuvres, par l’action de sa providence en nous. In 7 am, disp. XXVIII, c. iv, n. 17. Et cette interprétation, outre qu’elle enlève toute base à l’abus que Spinoza a fait de ce passade a l’avantage d'être conforme aux données patristiques. Corneille de la Pierre, Comme71t. in Acta apostolorum, loc. cit. ; Verhoer, In Actus, dans le Cursus conipletus Scripluræ de Migne, t. xxiii, col. 1289 ; Beelen Comment, in Acta aposlolorum, Louvain, 1864, p. 435Patrizzi, In Actus, Rome, 1867, pensent comme Yasquez ; et Chase observe que si saint Paul cite un poète stoïcien, partisan de l’immanence panthéistique du Portique, il a grand soin de maintenir la transcendance divine, cseli et terræ cum sit dominas. Chase The credibilily oft/ie book of llte Acts of the Aposiles Londres, 1902, p. 227. Sur la doctrine chrétienne dé l’immanence divine, consulter Scheeben, La dogmatique, t. ii, n. 234, 24-0, 360. Dans ces conditions, il est facile de comprendre pourquoi un appel à l’immanence divine, ou, pour parler correctement et sans équivoque, à l’omniprésence de Dieu, ne sert â rien pour expliquer la connaissance que nous avons de lui.

Elizalde commet une autre faute. Il suppose que notre première connaissance certaine est celle de l’existence de Dieu. Pallavicini avait expressément rejeté cette opinion. Rejicimus sententiam Henrici asserentis Deum esse id quod primo concipitur in cognitione en lis indéterminable. Kl la raison qu’il apportait est curieuse à noter, si l’on se soinient qu’il écrivait avant Spinoza, en 1652 : Nom primo falsum est quod assumitur, essentiam Dei consistore in hoc quoi ! sit ens et nihil aliud, hoc. est nullam habens dijferentiam ex iis lier i/iius limitatur esse creatum. Ex hoc enim sequeretur Dcum differre a créât urispersolam negationem se tenentem ex parle Dei, aeproinde sequeretur différencias positivas creaturarum qualenus positivas

esse pura mala, et per illas (quæ tamen ut po$iti procedunt a D<o nullam dari aimililudinem in en turis i-iim Dr, , , Confirmatur, quia conceptu$ négation nis non est conceptus entis, adeoque non est < boni, quod est proprielas entis ; sed différentiel ! iront differl a créa turis, est tenta. Ergo. Op. cit., c. iv, n. 29 sq. Cf. S. Thomas, In IV Sent., 1. 1. disl. XXIV, q. i, a. 1, ad 3°'" ; De veritate, q. x, a. 1. ail.">"'".

Laissons donc de côté l’apologétique dangereuse et lidéiste d’Elizalde et voyons si la doctrine d’Espai/.i. de Pallavicini, etc. telle qu’ils l’ont exposée, est susceptible d’utilisation en apologétique. Deux de leurs contemporains montrèrent clairement qu’elle ne l’est pas, â savoir Izquierdo, Pharus sciei disp. ii,

q. iii, n. 135 sq. : disp. X, q. 1, n. 39, Lyon, 1659 ; 0 theologicum… de Deo uno, Rome, 1664, t. i, tr. I, disp. I, q. viii, n. 155 ; t. il, disp. XXIII, q. VI, n. I et Haunold, Theologia speculativa, Ingoldstadt, 1670. 1. I. tr. I, c. i, cont. i sq. En effet, disent-ils, l’at ! quand on lui fait remarquer qu’il ne peut pas penser que rien n’existe, et que l’idée du bonheur s’impose à lui, concédera l’observation ; mais de cette nécessité il refusera de conclure â Dieu. Car quand on lui parle des vérificatifs objectifs nécessaires de ces sortes d’idi il répondra qu’il convient de l’existence éternelle île quelque chose et que cela suffit à vérifier la nécessité du principe de contradiction ; il pourra ajouter que les nécessités subjectives et objectives dont on lui parle ont leur raison suffisante dans la collection totale de tous les êtres qui se succèdent, que l’apparition â un instant donné aussi bien que la possibilité de chacun de ces êtres dépend de l’ensemble de la collection ; et ainsi on ne pourra jamais le forcer à s'élever au-dessus de l’idée d’une nature universîlle ; il restera matérialiste ou panthéiste tant que par un appel au principe de causalité on ne lui montrera pas que l’ensemble de la collection des êtres de l’univers dépend d’une cause supérieure. Deus ergo nonnisi per illationem ex creaturis rimenlaliler cognilis certo cognosci potest /telle est la conclusion fort sage de l’Ecole.

4. Preuves qui de fait produisent la première certitude rationnelle et personnelle de l’existence de Dieu. — Dans la détermination de ces preuves le problème â résoudre est le suivant. Tenir compte de l’inlluence de nos tendances générales et particulières qui nous inclinent à l’idée de Dieu et à l’admission de son existence ; assigner cependant un moyen non purement subjectif, mais rationnellement valable, qui remplisse les conditions suivantes : qu’il soit facile, à la portée de tous ; qu’il aboutisse à une connaissance qui distingue réellement Dieu de tous les autres êtres, de façon â ce que l’homme puisse commencer sa vie morale et religieuse, mais de manière aussi à ce que la possibilité de toute erreur sur Dieu ne soit pas exclue. tout en laissant la voie ouverte au progrès dans la connaissance religieuse. Ces conditions sont requises par la nature même du cas envisagé, et aussi pour rester en harmonie avec l’ensemble des données scripturaires et patristiques. Yoici les preuves que l’on pense y satisfaire.

L’action de la providence divine dirige toutes nos tendances et puissances actives â leuractes conformément aux vues du créateur. Prseter operalionem enim t/ua Deus naturas rerum iustiluil, singulis formas cl virtutes proprias tribuens, quibus possent suas valûmes exercer e, operatur etiam in rébus opéra pro}idenlim, omnium rerum virtutes propriis actibus dirigendo. S. Thomas, In Boethium de Trinitate, q. i. a. 1. Sans même faire avec Vasquez l’hypothèse d’une faveur spéciale de Dieu, lu 1*">, disp. XCI, c. xiv ; disp. XCY1I. c. v. n. 33 ; cf. col. 856, sans recourir à une grâce surnaturelle avec quelques thomistes, Sal-