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DIEU (SON EXISTENCE)


fait aujourd’hui de la psychologie comparée avec les animaux ; les scolastiques en ont fait à leur manière à propos des anges et d’Adam ; et l'étude de ce qu’ils en ont dit est utile pour connaître toute leur pensée sur notre propre psychologie. Mais, prendre pour des faits toutes leurs hypothèses en ces matières serait de la naïveté ; transporter ces faits à notre cas serait un défaut radical de méthode. Je sais bien qu’on le commet souvent de nos jours pour rapprocher, croit-on, l'École de la pensée moderne ; mais ce souci ne saurait autoriser la construction d’une apologétique sans solides fondements. De même pour les états mystiques ; ils sont dits mystiques, parce qu’ils sont en marge de la psychologie de tout le monde. Quand même les choses se passeraient dans les états mystiques comme le prétend le P. Ju vénal, quand il serait prouvé qu’il ne répugne pas que par l’intuition de notre âme, de nos dons surnaturels infus ou actuels, de nos actes el états affectifs religieux, on peut arriver à une connaissance abstraite mais immédiate de Dieu existant et présent, la solution du problème que nous étudions ne serait pas avancée d’une ligne. Tout cela ne nous donnerait pas la certitude rationnelle de l’existence de Dieu que nous cherchons ; etqui dira que tout homme venu en ce monde a expérimenté ce que décrivent les mystiques ? Que notre Ame est faite à l’image de Dieu, nous n’y pensons pas toujours, et beaucoup n’y pensent jamais. Cf. S. Thomas, De veritate, q. x, a. 11, ad 11 » 1 ". — c. On a répondu que l’on peut supposer un secours (h' Dieu tel que notre attention soit dirigée sur cette similitude, qu’il est possible que le secours de Dieu lui-même nous la manifeste. Le lecteur a déjà vii, col. 859 sq., combien ce recours à une action spéciale de hieu, soit naturelle, soit surnaturelle, est délicat ; ensuite, on arrive par cette voie à exclure le monde extérieur du nombre des moyens par lesquels nous pouvons naturellement connaître Dieu, col. 812, 853. Inutile d’insister.

Hypothèse métaphysique. — Le lecteur sait que plusieurs de nos conlemporains onl essayé île trouver une voie raccourcie pour parvenir à l’existence de Dieu m moyen de nos tendances naturelles. Accordant comme acquis les résultais de la critique kantienne et spencérienne, ils se sont demandés s’il ne serait pas possible de trouver Dieu sans passer par la causalité, efficiente ou finale. Comme ces auteurs Faisaient des emprunt'- assez luges aux doctrines issues des quatre hypothèses pr ! ment à la doctrine

il immanence, on a donné à leur méthode le nom de méthode d’immanence. Le détail de la gamme des nuances entre ceux qui de près ou de loin se sont ralliés à cette méthode serait infini et ne saurait trouver place ici. Quelques théologiens espagnols et romains du xvir siècle se sont |i isé exactement le même problème ontre de nos apologistes actuels, en rei tant dans les limites de la plus -tricle orthodoxii tuteurs, i h effet, d’une part admettaient la valeur démonstrativi d"> preuves classiques de l’existence de Dieu, d’autre part ilne mêlaient a leur hypothèse [lie. i in trouve donc chez eux i l'étal pur tout ce qui peut faire l’intérêt du probli mi traité par les philosophie ! de l’action, du dogmatisme

moral, du pragmatic Si après avoir eu un moment « le vogue, leui ont onl été abandi

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saint Anselme, en partant de l’idée de Dieu considéré en soi, à prouver son existence, et cela par la finalité interne. Mirabilis theologi Antonii Père : … in i am parlem tractalus quinque, opus posthumum, Rome, 1656, 1. 1, disp. I, c. iv sq. Le même auteur avait aussi essayé de prouver Dieu considéré en soi directement par nos tendances ou comme on dit aujourd’hui par l’action et par nos jugements de valeur. Cette voie avait été ouverte par Scot, dont l’esprit subtil s'était un jour amusé à « colorer », comme il dit, l’argument de saint Anselme. Ver illud potest colorari ratio Anselmi de sumnio cogitabili. Intclligenda est descriptio ejus sic : Deus est quo, cogitato sine contradiclione, majus cogilari non potest sine contradiclione… Sequitur autan laie gamme cogilabile esse in re, per quod describitur Deus. Quo oslendi tur primo de esse quiddilativo : quia in tali cogitabili summo summe quiescit intelleclus ; ergo est in ipso ratio primi objecti intelleclus, scilicet enlis, et in summo. Ultra de esse existentiæ : summum cogitabile non est tantum intelleclu cogitante, quia tune possel esse quia cogitabile ; et non possel esse, quia ralioni ejus répugnât esse ab alio. Scot, De primo rerum omnium principio, c. iv, n. 24, édit. Vives, t. iv, p. 778. Voir In IV Sent., l. I, dist. II, q. ii, n. 32. Perez reprit le procédé indiqué par Scot : demander la concession d’une idée de Dieu correspondant à nos tendances naturelles : in summo cogitabili summe quiescit intellectus, et de cette tendance conclure, par un appel implicite au principe de finalité interne, que la réalité correspondant à cette idée existe ; il prétend même que cette manière d’argumenter est facile et populaire et, d’après lui, c’est à cet argument que se réduit le raisonnement fameux d’Aristote : non est bona multitudo principum : entia volunt bette gubernari ; uno ergo principe. Ibid '., n. 57 sq. D’après beaucoup de scolastiques l’argument île saint Anselme vaudrait si la possibilité de l’essence divine était prouvée. Sylvester Maurus essaya de montrer cette possibilité à l’aide du procédé de Scot et de Perez. Quia cenlrum ad quod impelus et volutitas summo impetu feruntur ut in co quiescanl non est ./ impossibile ; il le montre parce que si le centre ('tait impossible les graves n’y tendraient pas. datur aliquod ens carens defeclu in quo quiescat intellectus cnntemplans et volunlas amans, eo quodnihil in ipso displiceat, ac per displicentiam stimule/ a<l quærendum melius. Qussstiones philosophicæ, q. xii, phytico-nietaphysica, Rome, 1670, édit. Liberatore, Paris, 1876, t. iii, p. 349. On se lama dans ces sortes d’argumentations, qui n’ont pas encore complètement disparu de nos jours. Cf. Lepidi, cité par de Munnynck,

L, p. 19 ; Cuevas, allégué par Urraburu, op, t. vii, p. 63. Et l’on pensa prouver l’existenci de Dieu en déduisant directement de nos tendances naturelles son éternité, sa nécessité, son infinité. Par exemple, nouspercevons le principe de contradiction comme permanent : mais il faut un vérificatif à toute proposition vraie ; donc un éternel existe. Ou bien, la >

île nous donne l’idée d’un impraferibile, d’un

qui ne peut déplaire 4 nul non sensé ; mais seul

unet re peut être impraferibile, ou quodnulli

sapienlidù semery, Friennium phi'

bicum, R 1688, t. m. p. ils. Ou encore, la conscience morale nous donne l’idée d’un être non hos

', uni fugibile ub aliquo ; ted omne habeni defec aliquem vel imperfectionem est honeste odibile nul fugibile ab aliquo ; donc l’objet que non conscience moi i omble de la perfection,

infini ; doue il existe. Esparza, Cwiut th I, I. q. ii, .i- 7, Lyon, 1666, t. i. I lison nemi nta -ont Indiqués dans tous les manuels qui dîscutent -i foml l’argument de..uni Anselme, 1 1 faciles à découvrir. D’ailleurs, bien qu’on n