Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/454

Cette page n’a pas encore été corrigée
885
886
DIEU (SON EXISTENCE


tingue pas explicitement les propriétés caractéristiques de l’objet. A laquelle de ces deux sortes de connaissance confuse faut-il rapporter la connaissance spontanée de Dieu, commune à tous les hommes ?

On sait que beaucoup de nos contemporains opinent en faveur de la connaissance par pures dénominations extrinsèques : tous les agnostiques croyants ou dogmatiques en sont là. Cette manière de voir est loin d'être nouvelle. Plusieurs philosophes arabes et juifs, entre autres Avicenne et Maimonide, l’ont soutenue au moyen âge. Il est impossible de rapporter ici tous les arguments, voir Dictionnaire apologétique, Paris, 1909, 1. 1, col. 30(><> ; voici le fond de leur raisonnement. Les preuves ordinaires de l’existence de Dieu sont valables, mais, si elles prouvent le fait brut de l’existence de Dieu, elles ne nous apprennent rien de sa nature. Car tous lis noms de Dieu expriment un rapport causal ; or, d’une part, un rapport causal ne nous renseigne pas nécessairement sur la nature de la cause, puisque par exemple on peut dire « c’est Zéid qui a charpenté cette porte, sans penser à la capacité artistique de Zéid ; » d’autre part, nous pensons toujours Dieu relativement : cum Deus dicitur primus, non intelligitur nisi relatio essenlix ejus ad esse alterius ; et cum dicitur polens, non intelligitur per hoc nisi quod esse, quod est realiler necetse esse, est ad aliquid quod potest haberc esse ab eo, Avicenne, VIII Metaphys. ; cf..1. Bacon. In IV Sent., l. I, dist. II, q. i, a. 1, Venise, 1527, fol. 22 ; mais il ne peut y avoir en Dieu aucun rapport réi 1. non pas même de similitude, entre Dieu et la créature. Maimonide, Cuide des égares, Paris, 1856, t. i, p. 201, 203, 227. Donc toute notre connaissance de Dieu se réduit à de pures dénominations extrinsèques et nous ne saurions porter aucun jugement affirmatif sur Dieu considéré en soi. Kant est arrivé

an mé résultat. Poussant plus loin le nominalisme

que ne l’avait fait Maimonide, il rejette les preuves classiques de l’existence de Dieu par voie de causalité et cherche à s’expliquer ou plutôt à se légitimer l’idée de Dieu par la loi morale. Voir col. TS-J. Là où Avicenne et Maimonide désignaient Dieu par de pures dénominations extrinsèques fondées sur la causalité, Kanl recourt lui aussi à de semblables dénominations, mais fondées sur la moralité : Dieu devient le postulai de notre vie morale et la condition de notre bonheur. Depuis Kant un grand n bre de philosophes sont entrés

dans cette voie et ne conçoivent Dieu <|u’en « fonction du i i nt de la réalité divine dans l’homme. »

Le le el critique, p. 134 ; Tyrrell, T/nougli

Sri//' arybdis, Londres, 1907, p, 289, I ncorc

li iii i ra il ipassent-ils ici les juifs et les arabes du moyen âge i t Kant. En effet, Maimonide n'écrivail que pour les esprits cultivés, Kant composait ses fameux Prolé pour une métaphysique future : ions

accordaient que la masse pi nse autrement que la phi phie nominaliste. Depuis Spi ncer et Ritschl, beauns des religions, les proies ta ni s libéraux lernistes considi n ni que la connaissance par dénomination ; extrinsèques est une loi de nature, ef. I.e Roy, l, , c. cit., p, 133 ; Tyrrell, op. cit.,

M 11  » ponU nt l’humanité pi nsi i e

Maimonide comme chez Kant, 1

pn sente que comme une attitude com idie par la réllexion philosophique ; pour les n

litial. Noti ince ipontam e

de Dieu i n duirail dont < ne. di i. nation de I

-ii pul’altitude que l’idée de Dieu i ommande ou pai 'efficcu ité a 't’in mil m-, que de l’obji I di d’il" tationi doui échapperai ! tota ut

que notn atanée ds Dieu

ill-dessiis d’uni

dénominations extrinsèques ? Non, pour des raisons théologiques, et aussi pour des raisons philosophiques. Saint Paul déclare les païens inexcusables, parce que, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas honoré et ne lui ont pas rendu grâces. Rom., i, 20. Il ne s’agit pas seulement, comme l’a soutenu Calvin, de la connaissance de « quelque Dieu », ni comme l’a imaginé Flaccus Illyricus, de la connaissance i des faux dieux ». Voir col. 765 sq., 773sq. Car saint Paul parle du vrai Dieu. Les païens ont donc connu le vrai Dieu, et de telle façon que le devoir du culte et de l’action de grâces s’imposait. Mais pour qu’il y ait culte, il faut que l’homme tienne pour certain que l’objet de son culte lui est supérieur, et du moment que nous sommes des êtres intelligents et libres, cette supériorité ne va pas sans quelque connaissance au moins implicite d’un Dieu personnel. Voir col. 837, 857 sq. ; Dictionnaire apologétique, 1. 1, col. 7, 21 sq. Kant a vu juste lorsque, dans son système agnostique, il a conclu à l’impossibilité de toute relation intime enlrc Dieu et l’homme et rejeté la prière. Cf. Herzog, Realencyclopàdie, art. Theismus, p. 592. Que devient en effet la prière, si Dieu n’est pas personnel, provident ? Si l’on objecte que les Athéniens honoraient « le Dieu inconnu », il faut remarquer qu’ils sacrifiaient à un être qu’ils pouvaient croire supérieur à ses adorateurs, ce que ne peuvent pas logiquement faire nos contradicteurs, et que saint Paul n’a pas considéré que les Athéniens aient en cela suivi la nature. Ensuite, il est certain que les Pères ont admis chez les païens une connaissance spontanée de Dieu telle que, suffisante pour commencer la vie morale et religieuse, elle était capable de progrès et renfermait implicitement diverses aflirmations catégoriques sur la nature intrinsèque de la divinité. Toute l’argumentation des Pères contre les païens montre que telle était leur pensée. Ils supposent, en effet, toujours que les païens ont avec eux de la divinité un concept naturel commun. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xiii, a. 10. Cf. Vasquez, in loe. ; Lossada, Summulæ, Barcelone, 1882, disp. VI. c. v sq., p. 132, et noter le mot singulcu’is, Denzinger, n. 1631 ; voir Acta concilii Vaticani, col. 99, emend. 13 ; col. 106. Ils supposent ensuite que c ? concept est explicitahle. Donc, dans la pensée des Pères, l’idée spontanée de Dieu chez les païens ne se bornait pas à de pures dénominations extrinsèques. In effet, si elle est réduite a de telles dénominations, d’une part, aucun concept commun sur Dieu n’eut existé chez lis fidèles i i i Ife2 les païens, puisque les païens n’eussent jamais pensé Dieu que par ce que l’Ecole appelle terminus indiffèrent ad Deum verum oui ftclum, ce que ne font pas les chrétiens ; d’autre pari, l’idée sponi de Dieu des païens n’eût jamais pu se développer en affirmations catégoriques. M. William.lames, un fervent des nouvelles doctrines, aboutit à penser que, si l’on prend rigoureusement pour bise les états religieux subjectifs dans la détermination de l’objet religieux, le polythéisme satisfait au^sj bien que le monotin sine aux données duproblé.Varieties of religions

e, Londres, 1902, p, 526. En rigueur logique, conclusion est exacte ; et cette exactitude pi invinciblement que les l’eus qui montraient aux païens que le monothéisme seul répondait !  !

aspirations religieuses, a leur idée naturelle de la divinité, ne partageaient pas lepréjugés nominalistes

de M. V..lames. D’où il f.iul COncl |Ue d

la tradition, par l.i connais ance religieuse naturelle el spontanée, l’homme ne distingue pas Dieu du resta dea par de purei dénominal n èqui

A i lues, ajoutons un -n gument

pnn ne m philosophique. Le nominalisme, emp ou idéaliste, ail le résultai dune savante et difficile réflexion de |, itioni qui

fera -i