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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE ;


siens, au sens « d’une représentation actuelle » de Dieu (Thomassin, Klee, Staudenmayer, Kuhn, etc.). La masse des théologiens soutient, et avec raison, l’opinion contraire ; on trouvera dans ce dictionnaire sous le nom des principaux Pères les textes les plus discutés etleur interprétation historique. La masse des théologiens n’admet donc pas qu’il y ait une tradition patristique en faveur des idées innées. Mais de cette constatation à donner une « note » théologique au cartésianisme, il y a d’autant plus loin qu’en se donnant l’idée de l’infini positif Descartes se donnait toute la théodicée. Les théologiens de l'école se contentent donc de considérer la doctrine cartésienne sur l’origine des idées comme « philosophiquement fausse », et la grande raison des théologiens est que cette doctrine ne peut pas se concilier avec le fait de l’athée par l’ignorance. Cf. Pohle, Lehrbuch der Dogmalik, Paderborn, 1902, t. i, p. 14. Si cependant l’innéisme cartésien est proposé de manière à exclure toute véritable preuve de l’existence de Dieu, per ea quae facta sunt, e rébus creatis, on s’accorde à le regarder comme « téméraire », parce que les preuves de l’existence de Dieu ont un solide fondement dans l'Écriture et dans la tradition. Cf. Granderath, p. 41 ; Pesch, Prxlect. theolog., t. il, n. 27.

c) On connaît l’argumentation que Kant a tirée de Locke pour démontrer l’impossibilité de toute révélation positive sur Dieu. Selon lui, la première idée de Dieu ne peut pas nous venir de la révélation ; donc ni la seconde, car il faudrait apprécier celle-ci par la première. Pendant que dura la controverse traditionaliste, quelques apologistes employèrent une argumentation partant du même principe. Cf. Valerga, Del tradizionalismo, Gènes, 1861, p. 24 sq. La première idée de Dieu ne peut pas nous venir de la révélation ; car la foi est essentiellement libre, nemo assent’Uur aUer’t tiisi volons ; or, pour vouloir donner son assentiment à quelqu’un, il faut déjà le connaître. Donc. Quelques théologiens continuent à se servir de cette réfutation du traditionalisme, et la mettent sous l'égide du concile. Les vues systématiques se manifestent ici ; on veut défendre la théorie d’après laquelle l’existence de Dieu ne peut pas être objet de foi ; et comme il semble bien que le concile du Vatican pense autrement, cf. Didiot, Logique surnaturelle subjective, Lille, 1894, p. 323, n. 178sq. ; A cta, col. 171 ; Pesch, l’ræ.lect. theol., t. il, n. 40 sq.. on s’ingénie à déduire de la condamnation du traditionalisme par le même concile un principe qui sauve l.i thèse préférée. Noua n’avons rien découvert dans les Actes du concile qui nous permette de dire qu’il ; iit résolu cette question : la première idée de Dieu peut-elle nous venir de la révélation ? Acta, col. 127. De ce que le concile affirme que la révélation n’est pas nécessaire à la connaissance certaine de Dieu, en s’appuyant sur des textes révélés et par voie d’autorité, le principe de Kanl ne suit du texte que si l’on démontre que le dogme défini ne peut pas se vérifier autrement. M ; i i - comment fera-t-on cette démonstration ' Su. ne/ s’est posé la question, el a résolu ince 1 objection de Locke et de Kanl, De Deo, 1. I. c. i. n. 3 sq. ; et depuis trois roui-, ans on n’a pas re démontré contre lui l’impossibilité de cet acte : a$seni>)i primo Deum ene e.r testimonio ipritu Dei. D’ailleurs, ceux qui se séparent ici di Suarei et en appellent avec confiance à v ; , ini Thomas, ne paraissent jamais di mandi li li nrs doctrim i a’accor tit facilement avec ce que 'lit le grand docteur de la première grâce d’Adam, question où Suarez, comme tout le monde le tait, suit ci défend saint Thodit I wm, I. III, c. wiir sq. ; s. Tho mas, De verilate, q, xviii, a. 2 sq. Enfin est-il bien dans la méth< ifnl i homaa d.' prou< i r de ruines, là ou ipe de pri

lide de principe douteux, simplement probables,

et d’où on peut tirer aussi bien l’erreur que la vérité? Nous croyons donc qu’après, comme avant le concile, l’argument de raison théologique contre les traditionalistes doit se formuler, sans entrer dans cette question controversée et sans introduire des vues systématiques sur l’obscurité et la liberté de l’acte de foi.

L’argument suivant, d’ailleurs classique, paraît satisfaire aux conditions indiquées ; et il vaut contre tous ceux qui, pour expliquer la première connaissance de Dieu, font appel à la foi, ou à la croyance commandée par la volonté libre. Le premier élément et le plus important de la crédibilité de la religion chrétienne est la connaissance certaine de l’existence de Dieu. Si donc on soutient que cette connaissance certaine ne peut être obtenue que par la révélation, ou en vertu d’un acte commandé par notre volonté libre, on est amené à conclure que la foi chrétienne n’est pas évidemment croyable, et par conséquent que l’assentiment de foi ne peut pas être prudent et raisonnable. Or, on démontre qu’il en est autrement. Voir Crédibilité, Foi. Nous préférons cette argumentation à celle qui suppose que la révélation ne peut pas donner à quelqu’un la première idée de Dieu, parce qu’elle nous parait solide et tout à fait conforme au concile du Vatican.

2. Que nous ayons le pouvoir physique de connaître Dieu d’une façon médiate, l'Écriture elle-même nous l’apprend. Les passages classiques sont ceux que nous avons déjà cités souvent, Sap., xiii ; Rom., i, 20 ; et il serait facile d’en citer beaucoup d’autres, par exemple, Rom., Il, 12 sq. ; Act., xiv, 14 sq. ; XVII, 24 sq., etc., où la nature créée nous est présentée comme un miroir où Dieu se rend visible au regard de notre esprit, non certes immédiatement, mais par l’entremise des créatures, que nous voyons placées sous sa dépendance et dont nous saisissons qu’il est la cause. Hien plus, l'Écriture nous apprend que de la contingence des créatures imparfaites nous pouvons passer à l'être nécessaire, ht tcôv ôpo|/ivtov àyaOûv E’ios/ai -'>> 'jvtoc, Sap., xiii, 1, et remonter par discours intellectuel des perfections finies à la perfection divine à l’aide des principes de causalité et de raison suffisante : a nwgnitudine enim speciei et creaturse cognoscibiliter [ « vaX^yait] poterit creator horion videri. Ibid., 5. Cf..lansénius d’Ypres, dans Cursus sacrse Scriptura completus de Mi^ne, t. xvii, col. 5 : >7.

Est-il besoin d’ajouter que l’expression per ea quæ facta sunt est très générale, que notre Ame et toute s.i vie intérieure y sont comprises, comme eut soin de le déclarer le rapporteur du concile : Nam si iliciotits Drum cognosci nnlurali rationis lumine per creaturas, id est per vestigia quæ creaturis omnibus impretta snni ; mulio minus excludimu » imaginent quw. anima immortali hominit viiipresaa estl Aria, col. 132, 149. Est-il besoin de rappeler le soin avec lequel [es Pères et les docteurs scolastiques ont suivi indications scripturaircs'.' Il vaut mieux signaler 8 l’attention du lecteur la magnifique cohérence de la doctrine scripturaire et traditionnelle, reproduite par

n île. Parlant de la création, le concile déclare, conformément i de nombreux témoigi riptu raires, que Dieu a tout créé « à cause de sa bonté el de

ite puissante vertu, non en vue d’augmenter sa béatitude, ni pour acquérir sa perfection, maia pour la manifester par les biens qu’il accorde aux créatun Denzinger, n. 1683, Calvin lui-même avait retenu cet » vérité, lorsqu’il parlait des magnifiques flambeaux allu ii temple du monde pour nous montrer Dieu ; mais Calvin, | >- i esprit de système, noua imaginait aveugles depuis la chute. La doctrine catholique est que, même apn i la chuta, nous somn voyants : le livre du monde non seulement sel ouvert

l, mais nous pouvon I n pi uétTOI Tous