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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE'


car le sentiment est incapable de résoudre objectivement cette question. Il est vrai qu’on cberche dans le système à suppléer à cette insuffisance par l’expérience. Mais l’expérience n’est elle-même dans l’espèce qu’un sentiment à l'état fort, dont l’intensité peut bien entraîner une persuasion plus grande de la réalité de l’objet religieux, si déjà l’on a des éléments intellectuels objectifs de cette persuasion, mais ne peut pas suppléer ces éléments. Denzinger, n. 2106 sq.

La connaissance rationnelle de Dieu et la vie intérieure.

Avant l’encyclique, les modernistes ont souvent fait appel aux mystiques et aussi à la vie religieuse ordinaire des chrétiens pieux pour conclure au manque de portée ontologique des notions religieuses, en debors de la « vie de foi » ou en dehors de la « vie de foi, qui opère par la charité ». Depuis l’encyclique, M. Tyrrell a prétendu que le pape avait décrété la mort de la piété dans l'Église. Il n’est pas douteux que les modernistes n’aient réussi à s’attirer les sympathies de plusieurs catholiques plus fervents qu’instruits par cette argumentation, qui ne tend à rien moins qu'à rendre ou impossible ou sans valeur toute connaissance naturelle de Dieu. Il faut donc exposer les faits, l’objection qu’on en tire, et donner une solution.

1. Les faits discutés.

Tout homme de quarante ans et qui pense, s’il est vraiment religieux et aussi capable d’un retour nettement réfléchi sur sa vie morale, fait un jour ou l’antre cette découverte, que Dieu est maintenant pour lui, habituellement ou à certaines heures, un Être bien différent de celui qu’il priait et adorait dans son enfance ou même à vingt ans. Prier, adorer, ces mots semblent n’avoir plus le même sens qu’ils avaient dans la famille, au collège ou au lycée, à la faculté. La définition abstraite qu’on en donnerait, est bien la même que celle du catéchisme de première communion ou du manuel de séminaire ; mais combien plus profondes en sont dans l'âme les répercussions ; combien modifié le sens perçu, vécu ; combien transformée, l’attitude intérieure que ce sens commande. Et du côtéde Pobjel : Dieu représenté sous des attributs moins distincts, plus uns, parce que plus dégagés des triées d’anthropomorphisme, que ceux qui avaient soutenu les premiers pas vers le devoir ; Dieu connu par

oncepts moins abstraits, moins métaphysiques ou, plus exactement, moins théoriques, moins académiques et scolaires, que ceux qu’avaient élaborés les efforts juvéniles de la spéculation personnelle. Dieu, essentiellement, au concret, distinctement, se présente sans ellort et comme spontanément à l'âme, meilleur que notre bonté', plus vrai que notre vérité, plus grand que nos hommages ; non seulement autre et différent de ses œuvres — cela il l'était dés le commencement — mais dessus d’elles, el cependant intimement

m', dissemblable à tout, et pourtant et surtout infiniment digm d'être aimé.

tte impression (l’une connaissance vraiment nouvelle, autre, grandit encore, si le Seigneur invite l'âme

iter combien il est doux, gustate et vide te, plutôt

entiment que par lumières : pise devotionis cru diamur affectu, 'lit la liturgie. Supposons le cas,

tiques pour se faire entendre, où nous

n.ninonjamais goûté de miel. On pourrait par le

raisons démonstratives nous

donni i. mi que is j touchions, quelque Idi

ir et de son parfum omettrions, soil

pai la loi au | : pa r raison scientifi

que li miel est doui La connaissanci que nous s de Dieu pai la raison naturelle, el au

: an quelq mblableé celle

que nonaurions de la douceur du m

donn di, i. votion ressi mble

plol oe que nous am Ion di

du miel, si nous venions à en goûter pour la première fois. A ces moments bénis, cette connaissance parait suivre l’expérience que nous faisons de l’amour divin. Cet amour nous pénètre et, sans raisonnement, un regard amoureux de notre àme perçoit confusément la douceur des perfections divines. Ce n’est pas Dieu tel qu’il est en lui-même et face à face, puisque nous sommes dans l’exil ; mais ce n’est pas non plus autre chose que Dieu, qui fait l’objet de cette sorte d’intuition, que les mystiques nomment regard intérieur. Dès lors, pour l'âme, le cruciiix de son prie-Dieu, le Dieu de ses méditations, ce Dieu toujours présent et qu’elle sent tout près d’elle, comme dans l’obscurité on sent un ami près de soi sans le voir ni l’entendre, paraît autre qu’on ne le décrit dans les livres, autre qu’on ne le prouve par les philosophies : il est bien l'Être nécessaire, l’Etre suprême, l'Être des êtres, le Père des idées, le ijuo majus cogitari naquit ; mais il paraît différer en bien, beaucoup plus que ressembler à ce qu’autrefois l’esprit saisissait, non sans peine, dans ces formules abstraites. De même, le rédempteur, auquel s’adresse le culte, et sur lequel s’appuie toute l’espérance de l'âme exilée, à qui va lout son amour, paraît au regard intérieur, vraiment plus rédempteur que dans le symbole : cruci/ixus sub Pontio Pilalo, plus divin, dans sa divine et miséricordieuse condescendance, que dans la formule conciliaire : consubslantialis. Cf. Acta sanctorum, Anvers, 1643, t. i. p. 197, n. 70. Enfin, le mystère île Jésus paraît plus réel que tous les syllogismes, tous les textes et toutes les conclusions de l'École sur ce même mystère. Il est réel comme une relation de personne à personne : ce qu’il n’est pas dans les livres.

Oui, à mesure qu’on progresse dans la vie intérieure, l’objet religieux paraît à l'âme plus réel : elle le « réalise », disait Nevvman. En même temps, cet objet devient pour elle plus certain. Sans raisonner sur la vérité des paroles divines, sur la fidélité des promesses, l'âme prend conscience d’une certitude des réalités divines et surnaturelles, qui paraît indépendante du motif d’autorité divine, el uniquement fondée sur l’expérience qu’elle a de ces réalités. Quand toute l'Écriture et tous les écrits des Pères seraient brûlés, ma foi resterait la même, disait un grand saint, tant il était sur de celui à qui il s'était donné et dont il avait goûté les incompréhensibles perfections.

Tels sont les faits, qu’indubitablement perçoit lies souvent la conscience religieuse des pieux fidèles. Schématiquement, la situation est la suivante ; la description de Dieu traditionnelle, la définition des actes du culte, également traditionnelle, ne paraissent plus, a la pensée réfléchie, adéquates à leur objet ; bientôt même la pensée directe de Dieu à l’aide des concepts s’accompagne de cet épi phénomène : « Cela n’est pas tout, H n’est pas tout à fait cela, mais plus ; i et pour parler le langage de saint Augustin, l'âme « distingue Dieu. qui n’est pas lui „ beaucoup plus par l’abandon

l’aveu de son néant, par la confiance en lui que par un discours métaphysique. I. I tre suprême n épi

plus le contenu île l’idée île Dieu. Ile contenu, qui trefois paraissait à l'âme venir du dehors par le moyen Compliqué des Concepts abstraits (le la formule |

chismale ou métaphysique, paraît maintenant.ire réalisé sans ell.nl par un mouvement qui vient du dedans.

Quand, p.ula mémoire, le sujet compare ta i. pi talion mentale, qui accompa iffectil ai luel, ii nnes, d.s juvéniles représentations religieuses, l’aperci ption actuelle déborde tellement le contenu primitif, le modifie et le transforme . ce point que la formule catéchismale, associée dan l’esprit a vi i parall ni plui.'ire qu’uni -..rie de schème vide, Im el, une de projection maladroite et.t, , , 1, tel qu’il eal maintenant p. r a. El il (li